C'est beau un métro un jour de grève

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Depuis quelques jours à Paris c'est la bérézina dans les transports en commun. Sur le bas-côté des chemins de fer, on peut voir la poussière soulevée par des cohortes humaines fuyant la morne plaine familiale et maudissant, un peu plus à chaque petit monticule de mégots, un train dont on ne voit même pas la queue.

Dans les gares, c'est la cohue. Le long des artères du métro, c'est la débandade. Aux ascenseurs, points taxi, et arrêts de bus, on a soudainement l'impression de voir la population de la capitale tripler comme une vulgaire station d'hiver aux premières neiges.

Je pénètre avec alacrité dans le RER A dont je prends conscience pour la première fois depuis longtemps, un peu comme une femme oubliée dans une cuisine. Il aura aujourd'hui l'insigne honneur de m'amener au pied du "bonnet d'âne"; c'est le nom de la tour au sein de laquelle je me suis résigné à passer environ un tiers de ma vie en échange d'un peu de blé dur pour subsister quand l'hiver sera rude.

Encerclé par le quadragénaire en sueur à l'haleine de bique et la lycéenne aux tétons pointus senteur Thierry Mugler, je tente désespérément, tout en évitant l'attouchement, de sortir un bouquin, heureusement au format poche. Ainsi confit dans la foule, j'attends patiemment que le véhicule s'ébranle pour tenter de comprendre cette phrase que je viens de relire une douzaine de fois.

Sans tomber dans le cliché d'une société déshumanisée, comment faire comprendre que les fois où l'on peut se frotter langoureusement à des inconnus en toute impunité et sans aucuns sentiments, sont devenues extrêmement rares, et en ce sens, précieuses ?

Alors que d'ordinaire le pélerinage quotidien vers mon lieu de travail me fait penser à un ballet de fantômes, aujourd'hui c'est la mêlée. On se touche. On s'empoigne. Puis on s'invective, d'ailleurs toujours pour les mêmes raisons..."il faut que je sorte monsieur !". Une rame plus loin ça se pousse, ça chuchote ou ça crie, et -une fois n'est pas coutume- la masse compacte s'écarte pour laisser un strapontin à une femme de 60 ans qui a l'air au choix enceinte ou gonflée de métastases...miracles de la médecine.

Une grève et c'est un siècle d'anémie progressive des relations humaines qui vole en éclats. Ces voyageurs, que l'on ne voyait que pour mieux les éviter, s'imposent à nous et deviennent des compagnons d'infortune. Une hésitation du cheminot et c'est la rame qui éclate de rire. On retrouve un temps le goût de l'autre, et ces inconnus qu'on croyait d'un autre monde nous deviennent étrangement proches. Moi que pourtant répugne la phrase inutile, je souris à cette cette grand-mère, dont je devine le goût de la tarte aux pommes rien qu'à son odeur d'automne, et me fends d'un "y'a plus de saisons ma brave dame" de connivence. Le regard humide et désespéré elle se jette dans mes bras, prétextant un freinage un peu brusque. Je me laisse faire.

Pschhhh...décompression à la Défense, ou soupir des sardines en costumes & tailleurs. Les bovins ont déjà recommencé à compter les 427 dalles en béton les séparant de leur casier, et empruntent l'escalier, un peu hagards et honteux après ce micro-orgasme collectif. Nous redevenons transparents les uns les autres.

C'est beau un métro bondé.

Avram
Le métro est un vrai plaisir en ce moment, c'est bien pour cela que je ne perds mon habitude de ne pas le prendre, je préfères marcher ou bien prendre le bus.
détournement mineur de citation :
Extraits du message de Avram

...on ne voit même pas la queue....c'est la débandade. ...Je pénètre... une femme oubliée dans une cuisine... au sein de laquelle je me suis résigné... tout en évitant l'attouchement... les fois où l'on peut se frotter langoureusement... On se touche... se pousse... ça crie... s'écarte... On retrouve un temps le goût de l'autre... rien qu'à son odeur... humide... dans mes bras... Je me laisse faire... Pschhhh... soupir... un peu hagards et honteux après ce micro-orgasme... C'est beau ...


- désolé.



Patum Ursus.
@Elladan: 1 min entre nos 2 posts...t'essayerais pas de me faire croire que tu as lu mon post pas hasard ?

@Seiyar: La lycéenne, c'était le printemps fait femme. Un rire cristallin comme étude de Paganini. Des formes de paddle de playstation 2. LA lycéenne quoi

@Patum: Je vois que tu as compris le besoin pressant que j'ai eu de faire l'amour avec la rame de RER ce matin. De moi on ne pourra même plus dire qu'il n'y a que le train qui ne m'est pas passé dessus... :sourire lubrique:

@Grenouille:
Je n'ai pas bien compris cette phrase, si tu pouvais éclairer ma lanterne

Citation :
Personnellement, je me suis fait draguer durant trois stations par un homo.
- Qu'est ce qui t'as fait penser qu'il était homo ?
- Qu'entends tu exactement par "draguer" ?
- Qu'est ce qui me prouve que c'est pas toi qui l'a allumé avec ta mini-jupe, ton slip gucci en dentelle côtelée, et tes cuisses fuselées ? (à moins que ton corps ne soit, pour hommes, femmes et grenouilles, un parangon de beauté irrésistible, auquel cas tu me serais utile pour demander une augmentation...)
- Et enfin, ce matin, j'ai effectivement longuement caressé un jeune cadre dynamique au corps d'éphèbe voilé par un costard soyeux comme un divin duvet, avec un bras environ épais comme une liasse de test psychotechniques, pendant *compte sur ses doigts*

OMG...3 stations !

Av'
Re: détournement mineur de citation :
Citation :
Provient du message de Patum Ursus
Extraits du message de Avram

...on ne voit même pas la queue....c'est la débandade. ...Je pénètre... une femme oubliée dans une cuisine... au sein de laquelle je me suis résigné... tout en évitant l'attouchement... les fois où l'on peut se frotter langoureusement... On se touche... se pousse... ça crie... s'écarte... On retrouve un temps le goût de l'autre... rien qu'à son odeur... humide... dans mes bras... Je me laisse faire... Pschhhh... soupir... un peu hagards et honteux après ce micro-orgasme... C'est beau ...


- désolé.

Patum Ursus.
En effet, son texte serait idéal pour un commentaire composé...et encore, tu en oublies(dites, les lycéens, ça existe encore, les commentaires composés? )



Pour ma part, j'ai relevé 2 références à Napoléon:
Citation :
Provient du message de Avram
Depuis quelques jours à Paris c'est la bérézina (...)fuyant la morne plaine (...)
Tu écris tout le temps comme ça... vraiment je ne sais pas où tu trouve tout cet élan.
... merci pour ton sourire et ton talent. Voilà.
Citation :
Provient du message de Avram
@Grenouille:
Je n'ai pas bien compris cette phrase, si tu pouvais éclairer ma lanterne

- Qu'est ce qui t'as fait penser qu'il était homo ?
- Qu'entends tu exactement par "draguer" ?
- Qu'est ce qui me prouve que c'est pas toi qui l'a allumé avec ta mini-jupe, ton slip gucci en dentelle côtelée, et tes cuisses fuselées ? (à moins que ton corps ne soit, pour hommes, femmes et grenouilles, un parangon de beauté irrésistible, auquel cas tu me serais utile pour demander une augmentation...)
- Et enfin, ce matin, j'ai effectivement longuement caressé un jeune cadre dynamique au corps d'éphèbe voilé par un costard soyeux comme un divin duvet, avec un bras environ épais comme une liasse de test psychotechniques, pendant *compte sur ses doigts*

OMG...3 stations !

Av'
quand tu es un mec tu es rarement en mini jupe & slip en dentelle, et rarement tes cuisses tu montres
et quand en temps que mec tu te fais lourdement approcher par un autre mec, tu en deduis habituellement que l'autre mec est homo, enfin je crois
Citation :
Provient du message de Masklinn
quand tu es un mec tu es rarement en mini jupe & slip en dentelle, et rarement tes cuisses tu montres
et quand en temps que mec tu te fais lourdement approcher par un autre mec, tu en deduis habituellement que l'autre mec est homo, enfin je crois
Et alors ? C'est si gênant que cela de se faire draguer ? Ca fait discuter au moins, le métro parisien je ne l'ai connu que triste et morose, les yeux des gens étaient éteints, et lorsque nous avions l'outrecuidance d'éclater de rire les regards hautain des passagers nous signifiaient d'aller vivre ailleurs.
Enfin peut-être suis-je tombée à de mauvaises heures de pointe ?
*ah généralités quand vous me tenez*
*note dans son calepin en peau de zébu*

Au moment de l'ultime jouissance le wagon de RER fait : Pschhhh

*referme son calepin*

Je m'en doutais

>> Xeen : J'aime rencontrer les gens, mais je n'aime pas que l'on me les impose et qu'ils me bousculent sans raison, je comprend parfaitement ce qu'a ressenti Avram.
Je n'aime pas la foule sous quelque forme que ce soit car c'est un autre être qui prend naissance, un être monstrueux alors et je ne l'aime pas.
Je l'ai rencontré dans les manifs, chez les supporter de foot, dans les grandes files, dans les embouteillages, dans les trains et bus bonder, dans les casernes de l'armée, dans les discothèques à la musique "pulsante"
Non je ne l'aime pas ce monstre hideux qu'on appelle la foule, elle n'a plus rien de son humanité individuelle à mon sens.

J'aime les petits groupes d'ami où chacun peut parler et où chacun peut être écouter, pas le grondement sourd de la masse.
Citation :
Provient du message de Xeen
Et alors ? C'est si gênant que cela de se faire draguer ? Ca fait discuter au moins, le métro parisien je ne l'ai connu que triste et morose, les yeux des gens étaient éteints, et lorsque nous avions l'outrecuidance d'éclater de rire les regards hautain des passagers nous signifiaient d'aller vivre ailleurs.
Enfin peut-être suis-je tombée à de mauvaises heures de pointe ?
*ah généralités quand vous me tenez*
alors la je dois dire que je ne comprends pas DU TOUT le but de ce message xeen, tu pourrais me l'expliquer stp?
j'ai pas dit qu'il etait genant de se faire draguer dans le metro par une personne du meme sexe que toi, ca m'est arrive, pose la question a grenouille pour ca
En lisant ton texte j'ai eu l'impression d'être là: j'ai ressenti l'angoisse, le dégoût, la tristesse, la solitude... Comme a dit Xeen, merci de partager avec nous ta sensibilité et ton talent

Citation :
Non je ne l'aime pas ce monstre hideux qu'on appelle la foule, elle n'a plus rien de son humanité individuelle à mon sens..
J'aime les petits groupes d'ami où chacun peut parler et où chacun peut être écouter, pas le grondement sourd de la masse.
Encore des mots justes et bien trouvés, merci aussi

Les sentiments ici décrits on les a tous ressenti je crois. Dans ces cas là pour guérir mon esprit je vais jusqu'à la plage et je plonge mon regard dans la mer. Alors je me sens libérée.
(ben koi, les hordes de teutons n'ont pas encore débarqué )

Ligeia, qui quitte la foule du métro parisien pour retourner dans son île

PS: Patum: espèce de vieux pervers va
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