A l’aube, je fus soulagée d’apercevoir la fin de ces maudits bois. En voyageant, l’elfe m’expliqua qu’il s’appelait Falguim Then-athil, il faisait partie de l’escorte d’un convoi commercial transportant une grosse cargaison de minerais de fer pour la ville de Tyr . En route, le convoi fut attaqué par une armées de pillards guidée par Sortar : le seigneur de guerre.
Les troupes protégeant la caravane furent très rapidement mises en déroute malgré leur nombre important et Falguim parvint à s’enfuir avec l’aide de quatre autres elfes en direction des bois.
En traversant la vaste étendue boisée de la forêt morte, ils tombèrent sur une embuscade d’halflings qui s’emparèrent d’eux et les amenèrent dans leur village. Là il vit ses quatre compagnons se faire dévorer vivants. Leur agonie fut lente et douloureuse me dit il.
Alors qu’il me racontait comment ses amis furent tués, je vis des larmes couler sur son visage asséché par le soleil. Pendant un long moment, notre marche se fit en silence, Falguim était en train de réaliser qu’il était, comme moi, devenu orphelin de sa tribu.
Notre escapade à travers les hauts plateaux rocheux dura trois jours et trois nuits, nous chassions de petits lézards pour nous nourrir et buvions les dernières réserves d’eau dont Falguim disposait.
Le quatrième jour nous venions à bout de toute notre réserve, au loin s’élevait sous des rafales de vent, un nuage de poussière signe annonciateur d’une tempête. A la tombée de la nuit, la tempête s’abattit sur nous comme une pluie de lames tranchantes, il nous était impossible de poursuivre.
La tempête nous obligea à nous aménager un abri de fortune au pied d’un gros rocher.
En pleines nuit, Falguim me réveilla brusquement, le vent avait cessé de souffler mais j’entendis un autre son, celui d’un cor à plusieurs centaines de mètres de notre position.
Furtivement, je grimpa en haut du rocher et vis au loin un groupe de trois humains à dos de crodlus, Falguim vint me rejoindre et me souffla que nous pourrions marchander un peu d’eau avec eux contre les derniers objets de valeurs qu’il nous restaient. Même si c’était peut être la seule solution possible pour ne pas servir de nourriture aux charognard, cela ne m’enchantait guère de tenter de marchander avec des inconnus en plein désert, qui plus est armé et en surnombre.
Mes expériences précédentes m’avaient faites perdre confiance aux humains et ma conscience me dictait que ceux-ci n’étaient pas différents de ceux auxquels j’avais eu affaire auparavant.
Alors que je les observais plus attentivement, Falguim avec sa maladresse habituelle voulu descendre mais il glissa et dégringola en bas du rocher dans un vacarme à réveiller les morts.
En entendant le cri de Falguim, les trois inconnus se tournèrent dans notre direction et à bord de leur montures se séparèrent chacun dans une direction différente.
Je félicita Falguim pour ses nouvelles prouesses et me dirigea vers un groupe de larges buissons et rochers pour me dissimuler.
Falguim se releva et en boitant tenta de venir me rejoindre, un des cavaliers surgit alors dans mon champs de vision et fonça à vive allure vers le pauvre elfe en le frappant avec un long bâton.
Falguim chuta sous l’effet du choc et très vite, les deux autres cavaliers vinrent les rejoindre. L’elfe était encerclé, l’un des cavaliers s’exprima alors en langage commun, il menaçait de tuer Falguim si je ne me montrait pas et ne lâchai pas les armes.
Je ne pouvais tenter quoi que se soit, ils étaient trois et de plus semblaient assez expérimentés dans l’art du combat, j’étais seulement sûre d’une chose c’est qu’ils ne ressemblaient pas à des pilleurs des sables. Leurs façons de monter et de se battre étaient différentes de celles des pilleurs.
Je me mis à découvert les mains levées et en me voyant je pu percevoir sur leur visage un vif étonnement. Ils virent que j’étais différente des êtres qu’ils croisaient habituellement, il n’avait sûrement jamais vus d’elfes comme moi.
L’un des trois, probablement le chef, chuchota quelques mots à l’oreille des deux autres. Le plus menaçant continuait à pointer Falguim avec son arbalète et les deux autres s’avancèrent à ma hauteur exhibant leurs armes dans ma direction.
Il me prirent mon sabre et me ligotèrent, le chef m’examina de plus près comme pour m’analyser ou tenter de trouver chez moi d’autres « anomalies ». Ensuite, ils nous attachèrent à leurs montures et ils reprirent la route en direction de la cité-état de Tyr.
Après une heure de route, j’aperçu au loin la grande cité qui s’étendait sur plusieurs kilomètres avec ses grandes portes et au-delà ses dédales de ruelles avec leur amoncellement d’habitations, le haut palais de Kalak le roi-sorcier surplombait tout le paysage.
Des centaines de petites habitations de fortune et des tentes avaient été érigées aux abords de la cité car seul les nobles et certaines familles marchandes avaient le droit de s’installer à l’intérieur des enceintes et de bénéficier de la protection de la ville.
On nous fit descendre à proximité d’une série de cage où étaient enchaînés une trentaine d’esclaves, toutes races confondues : elfes, humains, nains, mûls, thri-kreens et même halflings. En nous voyant arriver, un nain très élégamment vêtu s’approcha de nous pour nous examiner. Il se tourna ensuite vers le chef des gardes et ils partirent tous deux à l’arrière d’une tente pour marchander.
Quand ils revinrent, le nain affichait un large sourire de satisfaction, le garde quand à lui fit un signe à ces deux autres compagnons et ils prirent tous trois la direction des portes de la cité.
Après quelques heures passée dans une des cages, un semi-géant sous ordre du nain nous amena ligotés sur une large plate forme en pierre. Sur celle-ci se tenait debout et alignés six autres esclaves vêtus de haillons. En face de nous se trouvaient une importante foule d’humains, pour la plupart des commerçants et parmi eux quelques mendiants et vagabonds, ils étaient en train de marchander le prix des esclaves. Nous étions sur un marché aux esclaves et nous allions être vendus à un de ces humains comme du bétail. C’est là, qu’à ma plus grande stupéfaction, je vis Del-Antar , il était comme nous attachés aux autres prisonniers, il portait les cicatrices de son combat contre les gardes de Sargal mais il semblait avoir récupéré de ses blessures.
Je tentai de m’approcher de lui mais très vite, la poigne du semi-géant me rappela à l’ordre. Malgré le fait que je sois à nouveau ligotée et emprisonnée, j’étais heureuse de voir Del-Antar à nouveau vivant. En me voyant, il me retourna un sourire mais je pus voir qu’une lueur de tristesse émanait dans son regard, il devait être déçu de me retrouver dans une pareille situation et je l’étais aussi.
J’avais tellement besoin de lui parler…
Soudain le nain qui nous avait acheté aux gardes s’avança devant la foule et m’exposa face à elle, il m’obligea à me tourner pour leur exhiber les moindres parties de mon corps. Il mis les enchères à quinze pièces de céramique, très vite un acheteur se proposa, c’était un humain gras et bedonnant, il avait l’air presque aussi répugnant et vicieux que Sargal.
Heureusement, un autre humain monta la barre à vingt pièces de céramique c’était un vieil homme d’apparence noble, il était grand et portait une courte barbe grisonnante. L’humain bedonnant poursuivit et éleva les enchères à vingt cinq pièces de céramique, à peine eut il finit sa phrase que le vieil homme en proposa cinquante. Le bedonnant jura et cracha avant de se retourner pour quitter la foule. Le vieil homme s’approcha de la plate-forme pour remettre la somme au nain, lorsqu’une mystérieuse voix surgie du fond de la foule proposa cent pièces de céramiques. Le vieil homme se retourna pour voir d’ou venait la voix et elle émanait d‘un étrange homme portant un long manteau capuchonné foncé dont l’ombre recouvrait la totalité du visage.
L’homme lança alors une bourse qui atterrit juste au pied du nain, celui-ci se précipita pour récolter son gain et s’empressa de me tirer jusqu’au mystérieux acheteur…
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