[Orcanie] Une lettre de notre père VI

 
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Je ne sais comment je suis parvenue à rejoindre le port de Gothwaite tant mon tourment était grand. C'est comme une folle que je chevauchais à travers les terres désolées de l'île d'Avalon, cravachant sans ménage ma pauvre monture. J'étais hantée par les dernières paroles de l'esprit de Lehonis : Maudit...
Oui, maudit, et cela à jamais. Car comment défaire une malédiction si puissante, oeuvre des forces démoniaques des monstres de Morgane.
Et surtout...
Avoir fait condamner deux innocents et cela au nom de la Lumière. Plus jamais la Lumière n'apportera son soutien aux nôtres.
Arrivé au port, je décidais d'écrire une lettre à ma soeur Hatice pour la prévenir de cette terrible nouvelle. Tremblante je m'installais dans la grande salle de Caer Gothwaite et essayais malgré mon trouble d'écrire à ma chère petite soeur que je savais en combat dans les lointaines terres enneigées de Midgard.


Ma chère soeur

Je souhaite de tout mon coeur que cette lettre te parviendra dans les meilleurs délais, car il est difficile pour un courrier de parvenir dans les terribles frontières des barbares du nord.
C'est avec une tristesse sans partage que je dois t'annoncer que notre famille s'est maudite en condamnant les Autreterre pour un crime qu'ils n'ont pas commis. Ne me demande pas comment je le sais, je n'ai ni la force ni le temps de t'expliquer dans cette missive.
Oui, j'ai peu de temps, car ma quête n'est point terminée et je crains de perdre mon âme dans cette aventure.
Sache que mon coeur et mes pensées t'accompagne dans ton dur combat contres les hordes barbares.
Je te dis à bientôt sinon sache que mon amour au-delà de la mort restera toujours aussi fort pour toi.
Ma tendre et belle paladine sarrasine...
Je te laisse.

Leonora de Karaes
Ta soeur pour toujours


Je cachetais la lettre et la remettait au greffier avec une pièce d'or pour qu'elle parte aujourd'hui même. J'allais partir quand le greffier m'appela :

"Dame de Karaes...
- Oui ?
- J'ai une lettre pour vous dont la provenance est inconnue..."

Il me tendit un pli sans cachet.
J'ouvris et lu la lettre écrite avec de l'encre rouge et dont le haut était frappé d'un dessin aux motifs étranges représentant une plante tortueuse emmêlée dans une animal aux mâchoires béantes.
Qu'etais-ce donc que cette lettre dont je ne connaissais pas la provenance. Assise sur un banc de la salle, je me mis à lire la lettre.

KARAES

Je suis depuis quelques temps dans les terres d'Albion. Oui, je suis là et je vous observe paladine. Vous et vos amis riez gaiement et vous pavanez dans vos jolies armures brillantes sans soucis du lendemain si ce n'est votre pitoyable guerre contre des forces que vous ne connaissez même pas.
Quelle belle quiétude que la votre...
Moi et ma soeur n'avons pas eu cette chance : orpheline des le plus jeune age, un père que nous n'avons jamais connu et dont on nous a interdit de prononcer le nom. Et notre mère qui ne nous reconnaissais même plus après avoir sombré dans la folie due à son chagrin.
Je vous hais Karaes !
Vous et vos beaux idéaux de chevalerie et de cette maudite Lumière.
Mais profitez de cette douceur ! Je grandis de jour en jour et je vous ferez payer l'injustice dont mon père et ma mère ont été victimes.
Je vous dis à bientôt et ce jour là vous regretterez votre naissance...

Maliviane Autreterre, sorcière et fille de Jehan et Vaïla d'Autreterre


Je repliais la lettre les yeux dans le vague.
Souffrance... Nous n'avons su que donner souffrances à des êtres innocents. La haine de Maliviane était légitime et mon seul devoir était à présent de réparer l'irréparable.
Je sortit du hall de Caer Gothwaite et demandait au palefrenier ou se trouvait une grande forêt dans l'île d'Avalon. Il m'indiqua la direction de Fort Gwyntell.
J'enfourchais mon destrier et me mis en route...

A suivre
 

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