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Bon, eh bien voici le chapitre IV.
Avec de nouveaux personnages, rien que pour vous, mais aussi des anciens ! Mais où s'arrêtera-t-il donc ? Avec des vrais morceaux de violence et de méchanceté dedans. Avec une fille nue, sisi, il faut juste la trouver. Vous aussi, votez pour un titre pour l'histoire ! Comme d'hab, avis, commentaires.... Introduction Chapitre I Chapitre II Chapitre III ------------------ La neige avait commencé à se raréfier. Ce ne fut d’abord que quelques rochers qui émergeaient de l’immensite blanche, sur lesquels s’aggripaient désespérément la mousse et le lichen. Puis ce fut les arbres qui remplacèrent les arbustes. Au début, leurs branches étaient recouvertes de neige, mais bientôt, même ici, elle disparut. Le marron remplaça le blanc sur le sol, et les sabots des chevaux s’enfonçaient dans la boue avec un horrible bruit de succion. « Nous n’allons pas tarder à nous arrêter pour nous reposer » lança Rekk derrière son épaule. Shareen cligna des yeux, étouffant un baillement. Elle avait attendu cette phrase depuis si longtemps ! Cela faisait une éternité qu’ils chevauchaient, semblait-il, ne s’arrêtant que pour laisser les chevaux grignoter quelques buissons. Elle n’avait pas dormi depuis plus d’une journée, et la fatigue et le froid commençaient à avoir raison d’elle. Je voulais m’enfuir. Bah ! Je ne ferais pas deux pas avant de m’endormir… Rekk, pour sa part, semblait résister tant à la température qu’à l’absence de repos. Il avait fait tout le trajet tête nue, alors que Shareen restait emmitouflée dans sa pelisse. Clairement, il avait décidé de s’arrêter pour ménager la jeune fille, et pas pour son propre confort. « Il y a un village à quelques lieues d’ici » observa Rekk « mais ils me connaissent trop bien. Je ne voudrais pas que la nouvelle de mon voyage arrive trop vite. Nous dormirons donc dehors » Shareen émit un gémissement en pensant au froid qui l’attendait. Mais Rekk se contenta de hausser les épaules. « J’ai plusieurs couvertures. Une de moins ne me fera pas grand mal. Je t’en donnerai une » « Merci » balbutia la jeune fille, surprise de cette attention. Mais Rekk ne l’écoutait pas. Tendant l’oreille, il semblait écouter quelque chose. Lorsqu’il se retourna, son sourire était satisfait. « Je ne me trompais pas. Il y a une rivière pas loin. Nous allons pouvoir puiser de l’eau, monter le camp et faire un feu » Shareen haussa un sourcil. Si elle se forçait à rester attentive, il lui semblait entendre un léger murmure cristallin, elle aussi. Mais peut-être était-ce son imagination ? Qu’est-ce que j’ai sommeil… je vais m’endormir sur place... C’était étonnant ce que la fatigue pouvait faire aux gens. Quelques heures auparavant, Shareen n’aurait pas même imaginé passer la nuit dans le même endroit que cet homme, décrit comme un meurtrier et un violeur. Elle avait échafaudé de nombreux plans en silence, pour empêcher son esprit de penser au froid, mais aucun ne semblait attirant désormais. Elle ne voulait plus qu’un bon feu, et la couverture que l’homme lui avait promise. Ils avancèrent encore quelques minutes, jusqu’à atteindre enfin l’endroit que cherchait Rekk. C’était un endroit protégé, caché de la route par une haie d’épineux, qui donnait directement sur un ruisseau d’eau claire. « Un affluent du Verdoyant » fit Rekk, satisfait. « Je savais bien qu’il était par ici » Il descendit de cheval, et tendit de nouveau la main pour aider la jeune fille à descendre, comme il l’avait fait à chaque halte. Cette fois-ci, Shareen la prit. Elle se sentait la tête légère, et doutait de pouvoir démonter seule. Ce fut une véritable épreuve que de s’arracher de sa selle. « Il était temps que l’on s’arrête » grommela Rekk en considérant la jeune fille d’un œil critique.« Les barbares ne s’aventurent pas autant au sud. Nous devrions être en sécurité… » Il haussa les épaules. «… autant que faire se peut » Comment est-ce qu’il pense que je peux me sentir en sécurité avec un assassin partageant le même feu que moi ? Déesse Vierge ! Shareen avait mis ses dernières forces dans ce sursaut d’indignation. Elle se laissa glisser sur la couverture qu’elle avait apporté et, comme il l’avait promis, Rekk lui en jeta une autre pour se couvrir. « Ne dors pas tout de suite. Je vais faire cuire un peu de viande.» Shareen se préparait à protester, mais un simple regard de ses yeux noirs, si noirs, la convainquit de ne pas ouvrir la bouche. Elle se contenta de hocher vaguement la tête. Dans un semi-brouillard, Shareen l’observa rassembler quelques branches encore sèches, puis allumer le feu. Il n’avait pas l’air si effrayant, quand elle le regardait s’activer ainsi, et il lui fallait des efforts de volonté pour se souvenir du regard qu’il avait parfois, de cet éclat meurtrier qui le désignait bien comme le Boucher de la légende. Bientôt, un bon feu se mit à brûler, et il entreprit de cuire plusieurs lamelles de viande séchée. « Cela fait plus de vingt-quatre heures que tu n’as pas mangé, et plus de vingt-quatre heures que tu n’as pas dormi. Il va falloir que tu fasses l’un et l’autre si tu veux voyager demain » Rapidement, un fumet délicieux se répandit dans la clairière. Shareen avait du mal à garder les yeux ouverts mais l’odeur lui rappelait soudain qu’effectivement, elle n’avait rien avalé depuis longtemps. Si.Une pomme. Elle sourit en regardant Rekk jurer, alors qu’une flamme s’élevait plus haute que les autres et lui brûlait les doigts. « Vous n’avez pas l’air méchant, finalement » murmura-t-elle, à demi endormie. Rekk lui lança un regard vif. « Comment ça ? » Stupide, je suis trop stupide. Pourquoi est-ce que je parle de ça ? Demain, je pouvais partir tranquillement et ne plus jamais entendre parler de lui…. « Je… » elle hésita. « Je ne voulais pas vous fâcher… mais j’ai été très surpris d’apprendre que vous étiez Rekk… beaucoup de légendes courent sur vous » Au lieu de se fâcher, l’homme se contenta de hausser les épaules. « Ce ne sont pas les guerriers qui font les légendes, mais les bardes et l’or avec lequel on les paye. Il ne faut pas croire une réputation, petite » « On vous dit cruel » fit Shareen, perplexe. « Vous n’avez pas l’air cruel, maintenant. Peut-être les bardes ont-ils un peu exagéré » Rekk éclata de rire, et il planta son couteau dans la viande d’un geste souple. « Tu ne sais rien, gamine. Tu ne sais absolument rien. Rien de ma vie, rien de mon histoire, rien de mes actions. Et cela n’a aucune importance, de toute façon. » Il soupira. « La moitié des jeunes gens me prennent pour une légende, quelqu’un qui n’a jamais existé, et c’est aussi bien comme ça. J’aurais préféré ne jamais refaire surface » Il serra les poings, et son visage s’assombrit. Sa fille. Il pense à sa fille ! « Je… suis désolée » balbutia Shareen. Rekk ricana, un rire déplaisant. Puis il se leva et agrippa la jeune fille par le col de son manteau, la soulevant bien haut, jusqu’à ce que ses pieds s’agitent à plus de trente centimètre du sol. « Je pourrais t’écraser comme une punaise, petite. Je pourrais te tuer, ici et maintenant, sans que tu ne puisses faire la moindre chose pour l’empêcher. Mais je ne le fais pas. » Avec un rictus mauvais, il la projeta à terre comme un sac de légumes. Elle heurta violemment le sol, et l’air s’échappa de ses poumons avec un grand whoof. Elle leva les yeux, gémissant sous la douleur, pour voir l’homme dressé devant elle, son épée à la main. Jesuismortejesuismortejesuismorte…. « Je suis beaucoup de choses » murmura-t-il doucement, « mais il y a aussi des choses que je ne suis pas. » Il compta sur ses doigts. « Je ne suis pas un violeur » Un. « Je ne suis pas un traître » Deux. « Je ne suis pas un voleur » Trois. Il sourit, puis leva un quatrième doigt. « Je ne suis pas susceptible, non plus. Remercie tes dieux pour cela. » Il rengaina son épée et se détourna. « Si les ménestrels ont chanté que j’étais l’un quelconque de cela, alors ils ont menti. Pour le reste… » Il mordit sauvagement dans la viande, et attendit d’avoir avalé avant de terminer. « Ils n’ont probablement rien exagéré » Pas un violeur ? Pas un traître ? Mais alors… Mais le reste est vrai ? Tueur d’enfants ? Faiseur de veuves ? Qu’est-ce que… Shareen resta longtemps étendue sur le sol, tremblante. Je suis en vie ? Je suis en vie ! Elle ne comprenait pas ce qui l’avait pris de parler ainsi, et comprenait encore moins comment elle pouvait encore être en un seul morceau. Misérablement, elle rampa jusqu’à ses couvertures, et se glissa dessous. Demain, il avait dit. Demain, elle allait pouvoir partir. Si jamais il avait voulu la tuer, il l’aurait fait, tout à l’heure. Et ce n’est pas un violeur. Ce n’est pas un traître… qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Elle avait beau être épuisée, le sommeil tarda à venir. |
08/04/2003, 13h15 |
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Grenouillebleue |
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