Chapitre III ! De la sueur, du suspense, des larmes !

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(faut bien que je fasse ma promo... toi aussi, vote par SMS pour le personnage de ton choix !)

Bon, eh bien j'espère que vous avez tous passé un bon week-end, moi oui Et avec le retour au boulot, vient le retour du roman-de-la-mort-qui-tue-la-vie-mais-qui-n'a-toujours-pas-de-titre...

Comme d'habitude, commentaires, suggestions, critiques sont les bienvenues, c'est ce qui me permet d'avancer et de progresser.

Vous avez aussi le droit de donner des idées ou de parier sur la survie de tel ou tel personnage, hein


Introduction
Chapitre I
Chapitre II

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« J’ai entendu dire qu’il y avait des éclaireurs barbares dans le coin. C’est vrai ? » demanda Shareen, autant pour se rassurer que pour briser le silence.
« Oui » répondit Rekk.
Bien joué. Je suis encore moins rassurée, et le silence est loin d’être brisé…

Ce n’était pas la première tentative en ce sens qu’elle avait fait. Depuis près de trois heures qu’ils avançaient dans la toundra, elle avait tenté maintes fois d’engager la conversation. Mais Rekk, Rekk le faiseur-de-veuves, Rekk le Démon Cornu… Rekk n’était pas très bavard. Elle soupira.

Il avait neigé fortement lorsqu’ils étaient partis, mais très vite, les flocons s’étaient espacés. C’était une bonne chose, bien sûr. Shareen ne supportait plus ce froid intense, même si elle avait pu attraper une pelisse plus conséquente au château. Les poils d’ours lui chatouillaient désagréablement le cou, et le vêtement avait une odeur de sueur masculine absolument écoeurante, mais du moins lui tenait-elle chaud.
Rekk, par contre, parut se renfrogner encore plus lorsque la neige cessa de tomber. Il lançait parfois un regard contrarié vers les belles traces, toutes fraîches, qu’ils laissaient dans la neige. Mais il finit par hausser les épaules avec fatalisme, et il ne se retourna plus.

Shareen ne pouvait toujours pas se faire à l’idée qu’elle voyageait avec lui. Chevauchant quelques pas derrière lui, elle ne pouvait détacher son regard de ce dos large, de cette épée redoutable qu’il portait en bandoulière et qui avait déjà éteint tant de vies.

Lorsque les jeunes gens avaient discuté des meilleurs épéistes, quelques semaines auparavant – Quelques semaines ? Déesse Vierge, j’ai l’impression que cela fait un an ! - Rekk était apparu dans la conversation comme un quelconque épouvantail, un croque-mitaine destiné à faire peur aux enfants. Shareen avait de vagues souvenirs, enfant, des menaces que proférait sa mère à son encontre, lorsqu’elle ne voulait pas manger le gruau de blé qui constituait leur ordinaire. Elle détestait le gruau de blé. Sa mère était douce, mais ferme, et lorsque Shareen faisait plus de difficultés qu’à l’accoutumée, elle lui parlait des Démons Faucheurs qui viendraient la chercher dans son lit, des Glavorins errants qui la plongeraient dans des barriques de soupe… et de Rekk le banni, qui viendrait mettre le feu à sa maison. Elle avait toujours mangé sa soupe, alors.

On racontait des choses affreuses, sur lui. Oh, elle pouvait bien imaginer que les bardes exagéraient. Pour une piécette ou deux, ces piètres chanteurs inventaient toujours les pires horreurs, pour effrayer les enfants et faire frissonner les parents. Mais, même si la moitié n’était qu’exagération, cela laissait toujours le pire boucher que l’Empire ait jamais connu. Et c’est le père de… Déesse, protège-moi. Shareen avait des doutes sur la bienveillance que la Déesse des Vierges voudrait bien poser sur elle, qui ne l’était plus depuis longtemps. Mais la prière venait de son enfance. Le fait qu’elle l’utilise montrait bien à quelle point elle était perturbée.

Fatiguée, aussi. Il avait voulu partir sur le champ, comme ça. Sans qu’elle n’ait pu manger, ni dormir. Il s’était emparé d’une épée encore plus énorme que celle qu’il avait faite brûler. Il s’était vêtu d’une armure de cuir bouilli, qui avait visiblement vécu bien des combats, mais qui semblait épouser son corps comme un gant. Shareen se rappelait vaguement d’une discussion orageuse avec un homme qu’il appelait « chambellan », et de problèmes qui auraient surgi à la frontière, et de la nécessité de sa présence. Mais Rekk avait balayé tout cela d’un revers de main, affirmé à l’homme qu’il avait toute sa confiance et avait coupé là la conversation.
Il avait jeté sur ses épaules une cape en peau de loup blanc, s’était rendu dans les cuisines pour prendre quelques provisions, puis avait sauté à cheval. Shareen s’était laissée porter par les événements, toute à son horreur et à sa stupéfaction de découvrir l’identité de l’homme devant elle. Lorsqu’elle avait repris ses esprits, elle était à cheval, à plusieurs lieues de la moindre habitation, en compagnie de l’épouvantail de ses nuits d’enfance.
« Tu aurais pu me prévenir, Deria » murmura-t-elle misérablement, luttant pour ne pas laisser ses yeux se fermer.

Mais beaucoup de choses qu’elle ne comprenait pas au sujet de son amie trouvaient maintenant un éclaircissement. Pourquoi elle était aussi secrète, et réservée. Pourquoi elle n’avait jamais parlé de sa famille à Shareen, qui était pourtant sa plus proche confidente. Avec une paternité comme cela, la vie ne devait pas être facile tous les jours !
Meurtrier, pillard, assassin, violeur, traître… Shareen lança de nouveau un regard inquiet à l’homme qui chevauchait devant elle. Ce n’était peut-être pas une si riche idée, finalement, que de voyager avec lui. Elle baissa les yeux. Il ne lui restait plus qu’à prier.

« Parle-moi d’elle » fit Rekk de sa voix grave alors qu’elle se préparait à sombrer dans le sommeil.
Il lui fallut un instant pour revenir à la réalité.
« Quoi ? »
« Parle-moi de ma fille. Je ne l’ai pas revue depuis qu’elle est allée dans cette Académie. Comment était-elle ? »
Shareen leva des yeux craintifs vers l’homme, mais celui-ci ne la regardait pas. Il parlait sans se retourner, dirigeant son cheval avec aisance entre les congères traîtresses. Elle soupira, cherchant une réponse que l’homme apprécierait.
« Elle était… étrange » finit-elle par dire. « Courageuse, et forte, mais ce n’est pas ce que les hommes attendent des femmes, en général. L’Académie modèle les gens, elle ne voulait pas se laisser modeler »
Rekk hocha la tête, comme s’il comprenait. Ses épaules s’affaissèrent un peu et, tout d’un coup, il avait l’air moins redoutable.
« Elle avait des amis ? »
Shareen resta un moment silencieuse.
« Je pense qu’elle n’était pas au bon endroit pour se faire des amis. Il est difficile de s’intégrer à la noblesse lorsqu’on n’est pas noble soi-m… »
Elle se tut brutalement. Si ses souvenirs étaient exacts, Rekk avait été anobli, il y avait longtemps. Il était baron, lui semblait-il, ou comte…
Rekk semblait lire dans ses pensées. Il eut un sourire cruel.
« Je suis baron, petite. Baron. Tu sais ce que j’ai du faire, pour cet honneur ? Tu sais les crimes que j’ai dû commettre ? » Il cracha. « Bien sûr, que tu le sais. Les chansons sont pleines de mes exploits. Eh bien, laisse-moi te dire, la baronnie, ce n’est pas tout ce qu’on en dit. C’est du vent. De la pisse de sanglier »
Ils restèrent un instant à chevaucher en silence, l’un visiblement perdu dans ses pensées, l’autre trop effrayée pour parler. Ce fut lui qui reprit la parole, étrangement hésitant.
« Est-ce que… est-ce qu’elle était heureuse ? »
Il avait un air peiné sur le visage, et cette expression s’accomodait mal de ses yeux cruels.
« Elle ne le montrait pas, et elle se mettait souvent en colère, mais… je pense qu’elle l’était. Je pense que, d’une certaine façon, elle aurait été heureuse en toute circonstance. Elle avait un optimisme inébranlable, et elle était certaine que tout s’arrangerait. Mais… » Shareen haussa les épaules « Elle était frustrée, aussi. L’Académie ne correspondait pas à ses attentes. Je ne pense pas qu’elle ait appris quoi que ce soit à l’épée durant cette année »
Rekk se retourna enfin. Il avait un sourire étrange.
« Je ne l’ai pas envoyée là-bas pour qu’elle apprenne l’escrime. C’est moi qui l’ai entraînée, je suis sûr qu’elle aurait pu battre facilement n’importe lequel de ces maudits fils de nobles. »
« Alors… pourquoi ? »
Il haussa les épaules, refusant de répondre. Il talonna sa monture, s’éloignant de quelques pas de la jeune fille. Le moment d’intimité était passé.

Shareen était perplexe. Au château, lorsqu’il avait appris la mort de sa fille, l’homme avait réagi comme une bête sauvage, comme la bête sauvage qu’en faisaient les histoires. Pourtant, à cet instant, il s’était montré différent. Il y avait quelque chose dans ses yeux, quelque chose d’indéfinissable. L’amour d’un père pour sa fille. Cela correspondait difficilement à toutes les légendes qui couraient sur son compte.

Comme il l’avait dit lui-même, nombreuses étaient les chansons qui contaient ses exactions. Shareen se rappelait particulièrement de l’une d’entre elles, qui l’avait fortement marquée lorsqu’on la lui avait racontée. L’histoire remontait à près de vingt ans. Cette année, la crue du Verdoyant avait été particulièrement forte, et il avait débordé de son lit en plusieurs endroits. Les libellules avaient envahi les champs, et une grande partie des récoltes avait été perdu pour de nombreux villages. L’un d’eux n’avait pas pu, ou pas voulu, fournir l’impôt qui était dû à l’Empereur.

Il était un village heureux
Tout perdu au milieu des champs, des champs !
Un village de briques bleues
Un village peuplé d’enfants, d’enfants…

Mais le village mourait de faim
Le village manquait d’argent, d’argent !
Pas de récoltes, pas de pain
Et rien pour nourrir les enfants, enfants…

Et l’impôt ne fut pas payé
Ils n’avaient pas assez d’argent, d’argent !
Ce qu’ils avaient, ils le gardaient
Pour laisser vivre leurs enfants, enfants…

Rekk se contenta de sourire
Mais ses yeux respiraient le sang, le sang !
« Si vous ne pouvez les nourrir
Je vais tuer tous vos enfants, enfants »

Plus personne n’emprunte ces rues
Elles sont remplacées par des champs, des champs !
Ce village n’existe plus
Il est mort avec ses enfants, enfants


Cela faisait plus de dix ans que Shareen n’avait plus pensé à cette chanson, mais elle ressurgissait maintenant, avec sa mélodie lancinante et ses notes plaintives. Elle se rappelait le visage du barde, mouillé de larmes alors qu’il faisait gronder sa voix pour imiter celle de Rek, et sa mère qui la serrait très fort contre elle, et son père qui caressait le manche de sa cognée d’une main tremblante.

Rekk le boucher, le tueur d’enfants, le meurtrier. Il est là, devant moi.

Shareen tremblait de dégoût. Elle n’avait jusque là pas encore complètement réalisé ce qu’elle faisait, mais la chanson lui remettait les idées en place. Non, la personne en face d’elle n’était pas un simple père éploré pour sa fille. Peut-être était-il triste qu’elle soit morte, mais il avait lui-même égorgé des dizaines d’enfants sans pensée ni remords. Si Shareen n’avait pas aussi bien connu Deria, elle aurait pu dire qu’il s’agissait d’un juste retour des choses. Deesse Vierge, qu’est-ce que je dis ?

Il y en avait d’autres, des chansons. Des douzaines d’autres, des centaines d’autres, toutes sur des thèmes identiques. Comment il avait massacré des manifestants. Comment il avait étranglé ceux qui lui résistaient. Comment il avait pillé, tué, assassiné sans jamais montrer la moindre pitié. Comment…

« Pas trop fatiguée ? »

Shareen revint brusquement à la réalité. L’aube était toute proche, et la neige avait enfin cessé de tomber.Je ne m’en suis même pas rendue compte !. Si elle ne se trompait pas, cela voulait dire qu’ils avaient voyagé plus de six heures ! Elle n’avait absolument pas vu le temps passer, perdue dans ses pensées comme elle l’était.

Rekk démonta d’un mouvement fluide, puis lui tendit la main pour qu’elle descende. Avec un frisson de dégoût, elle se détourna, puis sauta de selle par elle-même. L’homme fronça les sourcils.
« Pourquoi est-ce qu’on s’arrête ici ? » s’enquit Shareen. « Je croyais que vous ne vouliez pas vous arrêter avant d’être sorti des plaines gelées ? »

Rekk haussa les épaules. Il se massait tranquillement les jambes pour faciliter la circulation du sang.
« Tu ne tenais plus en selle. Je vais te laisser faire quelques pas, histoire de te dégourdir les jambes. On repart dans quelques minutes » Il eut un drôle de sourire.

Shareen le regarda, les lèvres serrées. La seule raison pour laquelle je suis avec toi, espèce de porc immonde, c’est pour que tu me protèges des éventuels barbares. Dès qu’on est en terrain plus civilisé, je te laisserai te débrouiller tout seul. Et tu pourras bien crever

« On n’a vu personne pendant notre voyage, et je n’avais croisé personne non plus en allant à votre château. Vous êtes sûr qu’il y a des barbares dans cette région ? »
« Vous aimeriez en voir ? ». Le rictus de Rekk était tout sauf plaisant. « Vous en aurez peut-être l’occasion un jour. Remerciez pour l’instant les dieux que vous priez de vous les avoir épargnés »
« Lorsque je suis venue, vos hommes me gardaient et auraient pu se battre. Mais qu’auriez-vous fait, seul, si jamais nous étions tombés sur des sauvages ? »
Rekk la regarda comme si elle était stupide.
« Je les aurais tués, bien sûr »
« Même s’ils étaient nombreux ? » insista la jeune fille.
Un sourire apparut et disparut sur les lèvres de l’homme.
« Je suis plutôt bon, à ce jeu ». Je vais tuer tous les enfants, enfants… « De toute façon, nous n’avons pas le choix. Je ne vais pas prendre la responsabilité de dégarnir mes remparts pour assurer ma sécurité » Il cracha sur le sol. « Nous sommes déjà trop peu nombreux, que l’Empereur soit maudit »
« Vous devez combattre souvent ? »
Rekk tourna un regard hanté vers elle ;
« Tout le temps, gamine, tout le temps. Quand ils n’essaient pas de nous contourner, ils lancent un assaut frontal. Lorsqu’ils ne tentent pas de faire passer des éclaireurs, ils incendient les fermes du sud. C’est un massacre perpétuel, et j’ai de moins en moins d’hommes, et l’Empereur ne m’envoie plus personne. A croire qu’il n’envoie plus personne en prison, de nos jours. » Il siffla entre ses dents.
« En prison ? Comment ça ? »
Rekk éclata de rire.
« Tu crois que les hommes d’armes qui sont sous mes ordres viennent de leur plein gré ? Qu’est-ce que tu veux qu’ils gagnent, ici ? La gloire ? L’or ? Les femmes ? L’or, je n’en ai pas, j’ai à peine de quoi nourrir mes troupes. Les femmes, il n’y en a pas, ou alors des petites barbares qui ne survivent pas longtemps. Et la gloire… » Son visage s’assombrit encore plus, si tant est que cela fût possible. « La gloire ne mène à rien dans ce monde s’il n’y a pas un foutu barde pour chanter vos exploits. Et personne à Musheim ne se soucie de ce qui se passe au nord. Personne ! »
Il tremblait de rage, maintenant, et ses mains serraient convulsivement le manche de son épée.
…Mais ses yeux respiraient le sang, le sang…

Shareen secoua la tête pour essayer de se débarasser de cette stupide chanson. Le regard de Rekk était effrayant, mais sa colère n’était pas dirigée contre elle, visiblement. Elle ne comprenait pas vraiment tout ce qu’il disait, mais certaines rancoeurs vieilles de dix, de vingt ans, remontaient enfin à la surface.
« Alors… ce sont des prisonniers ? » fit-elle enfin.
Rekk la regarda.
« Des violeurs, des voleurs, des pillards, des traîtres, des faux prophètes… ou des gens embarassants pour l’Empereur. Plutôt que de les nourrir en prison, il préfère me les envoyer, pour qu’ils meurent bravement en gardant les frontières. Et ils meurent, je peux te dire » Il haussa les épaules. « Certains s’endurcissent. Beaucoup meurent, et sont remplacés par les nouveaux arrivants… mais ce n’est plus le cas, plus depuis deux ou trois ans au moins »
« Et ils ne cherchent pas à fuir ? A s’échapper ? »
Rekk eut un rire cruel
« Pour aller où ? J’ai des guetteurs partout, des hommes à moi, des hommes fidèles. Et tous savent parfaitement le châtiment que je réserve aux fuyards. Et puis… » son regard perdit de son intensité « certains prennent goût au travail que l’on fait. Je parlais de gloire tout à l’heure. On ne gagne pas de gloire, à Château Bertholdon, mais on y regagne peut-être un peu d’estime de soi. Lorsqu’on a commis beaucoup d’erreur, il faut bien trouver un moyen de les expier… d’une manière ou d’une autre »

Shareen regarda un instant le visage hanté de l’homme devant elle. Peut-être n’était-il pas si mauvais que cela, après tout ? Peut-être… Mais l’étincelle cruelle retourna dans les yeux noirs alors que Rekk secouait la tête.
« Beaucoup d’hommes sont morts pour protéger ces crétins habillés de soie qui osent se prétendre nobles, alors qu’ils n’ont rien fait d’autre d’exceptionnel que de naître à un bon endroit, du père ou de la mère qu’il fallait. Je crache sur eux et sur leur descendance. Si cela ne tenait qu’à moi, je les égorgerais tous… »
Il se lécha les lèvres avec gourmandise.
Les paroles de la chanson revinrent hanter Shareen alors que Rekk remontait en selle.



Malek donna un violent coup de pied dans la neige, de frustration. Enfin, le brouillard s’était levé, mais cela n’avait plus aucune importance, maintenant. Il allait bientôt faire jour, il avait perdu plusieurs heures à grelotter dans sa cachette, et il était d’humeur massacrante.

« Que les Dieux soient maudits, eux et leurs jeux stupides » gronda-t-il, avant de cracher sur le sol pour conjurer le blasphème.
Evidemment, il n’y avait plus la moindre trace où que ce soit. La neige avait tout recouvert et, de toute manière, la piste était désormais froide. Si les hommes qui l’avaient enlevé voulaient du mal à Shareen, alors le pire était déjà arrivé, et il n’avait plus rien à faire ici.

De dégoût, Malek cracha de nouveau sur le sol.
« Cela valait bien la peine de déserter, pour un pareil résultat » grommela-t-il. « La prochaine fois, je resterai bien au chaud près du feu. Pah ! »
Il était bien décidé à rentrer. De toute manière, ses provisions allaient bientôt être épuisées, et elles lui suffiraient tout juste à effectuer le trajet du retour – si tant est qu’il se dépêche.

Il monta en selle, grimaçant lorsque ses courbatures se rappelèrent à lui. Tenter de dormir dehors alors qu’il neigeait n’était peut-être pas la meilleure idée qu’il ait eu, après tout.
Mais ce n’est pas la pire, non plus. La pire, c’est d’avoir suivie cette foutue Shareen dans son foutu voyage dans ce foutu pays. Par les enfers, il fait froid !

Le chemin du retour parut plus long qu’à l’aller. Peut-être parce qu’il avait un but, alors, tandis qu’il se sentait aujourd’hui totalement abattu. Ou peut-être l’adrénaline du combat contre le barbare lui avait-il donné l’illusion d’un voyage court.
Mais il chevauchait depuis des heures déjà, et toujours le désert blanc était autour de lui. Rien ne changeait, rien ne bougeait ; ça et là, on pouvait voir quelques buissons maigrelets, mais même ceux-ci se ressemblaient d’une lieue à l’autre. Il avait peur de trop pousser son cheval, de trop l’épuiser, et son allure était désespérément lente.
Avec ma chance habituelle, je vais de nouveau tomber sur des brigands, je le sens. Shareen, je te hais !

Machinalement, il posa la main sur le pendentif qu’il portait autour du cou. C’était un cadeau de Deria, peut-être le seul qu’elle lui ait jamais fait. A bien y réfléchir, peut-être le seul qu’elle ait jamais fait à qui que ce soit. C’était à l’époque où ils s’entenda ient bien, l’époque où ils s’entraînaient souvent ensemble. C’était à l’époque où elle croyait qu’il était un ami, et qu’un ami ne la regarderait jamais uniquement pour sa poitrine ou ses fesses. Mais, pour dire la vérité, il avait du mal à ne pas laisser son œil vagabonder ; parfois sa main.

Et où était le mal ? La plupart des filles de l’Académie – Que les enfers m’engloutissent, la plupart des filles de Musheim ! – étaient toutes prêtes à ouvrir leurs jambes pour lui. Pourquoi Deria avait-elle réagi différemment ? Pourquoi avait-elle paru si déçue ?

Il haussa les épaules, et tripota de nouveau le pendentif. Il représentait une épée à l’intérieur d’un cercle, et il semblait avoir une grande valeur pour la jeune fille. Mais elle le lui avait donné. C’était le jour où il avait finalement réussi à la battre, la seule et unique fois où il était parvenu à rentrer sous sa garde, et la toucher au plexus. Elle lui avait donné le bijou, alors, en souriant jusqu’aux oreilles.
« Je suis content que quelqu’un ici ait réussi à pénétrer ma garde » avait-elle dit.
« Mais ce n’est pas la seule chose que j’aimerais pénétrer » avait-il répondu.
Elle lui avait donné un coup de poing, alors, qui l’avait envoyé à terre. Pas une gifle, mais un coup de poing. En y repensant, sa mâchoire lui faisait mal.

« Je suis désolé, Deria » murmura-t-il finalement. « Je n’ai rien pu pour toi, et je ne peux rien pour ton amie » Il haussa les épaules, et son sourire se fit mélancolique. « Tu me disais que je ne me souciais de rien… j’aimerais que tu me voies, maintenant »

Il leva les yeux au ciel. Etait-ce son imagination ? Une étoile parut briller plus intensément.
Il chevaucha un instant ainsi, le regard tourné vers le ciel. Il se sentait inexplicablement triste. Lorsqu’il revint enfin à lui, il y avait des traces fraîches, dans la neige. Deux chevaux.

Sans réfléchir, il les suivit.
je t'ai lu, et je te relis encore ...

gaffe a etre bon comme ca , tu va devenir un de mes auteurs preferés

GG comme d'hab !



le texte passe comme une lettre a la poste , fluide , de mieux en mieux construit !

j'adore !

MERCI merci

c'est un "grand" merci ça
__________________
7 Days to Die

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Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
Merci m'sieur Gannon !

Ca fait plaisir d'avoir au moins un lecteur
paske nous on compte pas

*reve de cuisses de grenouilles grillées pour la peine*
J'ai commencé à le lire ce matin, et je l'ai fini à l'instant (je suis pas beaucoup devant mon écran pendant la journée).

Du coup, j'avais l'histoire dans la tête tout le temps

C'est vraiment sympa, vivement la suite

<espère voir Rekk mettre au pas quelques bourgeois>

ironie ON
<se dit que la barbare était vraiment un noob>
ironie OFF
Ah !! Je viens de le lire, relire, rerelire: gros progrès !!

Cette fois je ne vais pas t' embêter avec des remarques, elles ne sont que légères ( bon pour un chapitre encore une fois, ça me parait court ^^)

Bon boulot !! Si tu continue comme ça, on va bientôt avoir un roman qui tient la route !!

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