A ce sujet, je vois un demi aveu, disons une possible lecture positive, dans le "quitte à revenir sur les détails".
Hum... Je crois que l'aveu est ailleurs... Dès mes premiers mots, ainsi que dans la référence à Queneau.
Mais soit, j'ai choisi de me faire l'avocat du diable, il ne sera pas dit que je suis incapable de défendre un autre point de vue que le mien.
Finalement, on s'aperçoit que l'argumentation adverse n'a pas toujours tort sur tout les points
D'autant que je suis pour moi même l'argumentation adverse.
La charge est sévère. Qui se sentira visé ?
En premier lieu, la charge est pour moi-même. D'aucun peuvent penser que je suis mal placé pour reprocher l'élitisme des autres, cela introduit une certaine ironie dans ma position, que je savoure comme il se doit.
Et puis le procédé est entendu : une charge efficace est une charge bruyante, peut importe les dégâts réellement infligés.
cela fait fi en bloc de l'autre catégorie de paroles des dits élitistes sur ce fil : à savoir qu'ils aiment recevoir, découvrir des mots qui, prenant le risque de l'ardu, prennent aussi celui de la pertinence.
Dans un premier temps, je le conçois, je l'ai même admis en préambule.
Par contre, va s'effectuer insidieusement un tri entre les interlocuteurs acceptant ou non de jouer le jeu.
Cette sélection est naturelle, et il ne me viens pas à l'esprit de la condamner.
Par contre, le niveau des discussion va par la suite s'élever imperceptiblement, à mesure que les intervenants arriveront à se rapprocher. Puis, lorsque cette communautarisation sera suffisamment établie, que des liens se seront tissés, les nouveaux venus auront un fossé bien plus large à franchir pour pouvoir participer aux différents débats.
Je l'accorde, cela est commun à la grande majorité des groupes finissant par se souder, qu'ils soient des groupes d'amis d'enfance ou des confréries d'un jeu online, pour ne citer que ceux là. Par contre, ce qui l'est moins, c'est qu'ici, les signes de reconnaissance du groupe renvoient le profane à sa propre ignorance, là où les autres communautés le renvoient à une ignorance des rites communautaires.
D'où l'aspect élitiste que je mentionnais.
Quant à dire que nous n'avons pas tous la même perception du langage, c'est une grosse évidence et la raison même de ce fil. La question est : vers où aller ? (question personnelle s'il en est).
En fait, je crois que je vais plus loin que ce que tu admets comme évident.
Je crois que le langage, lors de son apprentissage, nous permets de structurer notre pensée, et sous-tends cette pensée.
Mais, dans le même temps, l'apprentissage
personnalise ce langage : Nous avons en quelque sorte chacun notre langue, et ces différentes langues sont certes très voisines, mais différentes.
C'est pour cela que je doute de la pertinence de chercher dans le vocabulaire l'expression des finesses de nos arguments.
Pour prendre une image : avec une règle graduée en centimètres, il est illusoire de vouloir mesurer des dixièmes de millimètres.
C'est pareil avec la langue : Intrinsèquement, elle ne permets pas de tout exprimer, car, au delà d'une certaine précision, le langage n'est plus un moyen de communication, mais uniquement un support de notre pensée
1.
Pour ta question, je dois dire que je ne le sais pas.
Car ne pas se satisfaire d'un mot, c'est aussi repenser (et comme toute reconstruction de savoir, elle ne peut qu'être humble) une idée, la tordre de nouveau, et la réexaminer d'un oeil neuf.
N'est-ce pas très proche de ce que tu préconises, au final ?
Je l'admet. Et, dans la mesure où nos objectifs sont identiques, je me suis permis de souligner comment ce que vous préconisiez pouvait être dévoyé contre son but premier.
Mais qui ira jusqu'à croire qu'un posteur, même lorsqu'il s'amuse à inclure quelques mots inusités et quelques clins d'oeil plus ou moins littéraire n'a pas l'envie d'être compris de tous ou, au moins, du plus grand nombre ?
De là à, volontairement ou pas, songer à "exclure" quelques lecteurs, il y a un fossé, non ?
Pas forcément. On écrit aussi pour se sentir membre d'une communauté, pour avoir le sentiment d'être écouté, et, quelque part, pour se renvoyer une certaine image de soi-même.
Parfois, lorsqu'on apprécie particulièrement certaines personnes, l'image de nous-même que nous retournent ces
amis prends le pas sur les autres intervenants, et l'on se mets à écrire pour eux, bien plus que pour le plus grand nombre.
1: On pourra m'objecter que l'on peut fréquemment faire preuve de pensées non-verbalisées, ce qui tendrait à invalider mon discours. Néanmoins, je crois que ces pensées non verbalisées ne permettent pas une réflexion novatrice, mais juste de reproduire des schémas de pensée préétablis.
[édit] Arf, vous avez tous répondus... Bon, je répondrai demain matin, là, je risque de ne plus être capable de vous donner du fil à retordre. (Si tant est que j'en ai été capable un jour
)