Affolée était un bien faible mot pour décrire l’état de Mëryl. Elle se retrouvait en plein Menzoberanzan avec deux amis inconscients sur les bras, recherchés par une horde de drows en colère, avec comme seul espoir… non, en y réfléchissant il n’y avait plus d’espoir. Elayne était dans le coma, Sano gravement blessé, Fröhnir bien que toujours combative devrait bientôt faire face aux séquelles de ses tortures passées, comme Delroth sans doute ; Fëriany et Druss avaient disparus et elle-même était blessée au bras.
N’étant pas elfe à céder au désespoir, elle tira plus qu’elle ne porta ses deux amis à l’abris d’un gros rocher, et se mit en devoir de les soigner. Elle n’avait pas emporté grand chose et n’avait guère de talent de guérisseuse, néanmoins elle partagea la dernière potion de guérison qu’elle avait, et en fit avaler et à Sano et à Elayne, puis avec l’un de ses poignards, elle découpa un nouveau morceau de sa robe et pensa le dos du voleur qui avait déjà presque cessé de saigner.
En rhabillant l’humain, elle trouva les papiers qu’il avait dérobés à Matrone Baenre. Une lueur fit jour dans son esprit. Elle grimpa sur le rocher pour se repérer et avisa un grand lac souterrain qui bordait la limite Ouest de la ville. Au bord paissait tranquillement un troupeau de Roth. L’un des animaux était attelé à une sorte de petite carriole.
« - Voilà la solution ! » s’exclama-t-elle un peu trop fort.
Avec une prière pour Correllon elle abandonna ses deux amis et, toujours sous son déguisement d’elfe noir, se faufila jusqu’à l’endroit qu’elle avait repéré.
Deux gardes faisaient office de bergers, les berner ne serait pas chose aisée.
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Fröhnir et Fëriany de leur côté progressaient dans un dédale de couloirs sombres aux parois grossièrement taillées, sans doute destinées à abriter la myriade de passages secrets qui existait dans toute la ville. Une petite échelle de fer dont les barreaux étaient enchâssés dans la pierre elle-même leur permit de sortir de là, mais les rues de la ville étaient loin d’être un endroit propice à une promenade pour une elfe et une demi-elfe de la surface.
Alors qu’elles se rapprochaient des portes de la ville, une troupe de mineurs Duergars les encercla. Leur chef, un gaillard d’au moins un mètre vingt armé d’une hache presque aussi grande que lui adressa la parole aux deux femmes :
« - Quelle belle prise les gars, regardez-moi ça, des elfes blanches ! alors mes mignonnes, on fait une promenade ? C’est qui votre copain noir ? »
« - Toi le chien gris, je vais te faire ravaler tes paroles ! » répliqua Fröhnir.
« - Ecoutez-la, elle se prend pour une prêtresse ! On aura tout vu ! »
« - Tans pis pour toi, tu vas mourir ! »
Fëriany avait déposé Delroth à terre et s’était saisie d’une masse ramassée sur le corps de l’une des prêtresses qu’elles avaient écrasée dans leur précédente chute, mais au moment de passer à l’attaque, le chef des duergars sembla hésiter. Puis il se parla à lui-même en regardant successivement à gauche et à droite :
« - Bien sur votre seigneurie, tout de suite, sans le moindre problème, nous sommes à vos ordres ! »
Et le cercle se brisa.
« - Vous pouvez y aller… » fit-il servile.
Avec un regard étrange à Fröhnir, Fëriany ramassa Delroth et reparti à la suite de l’elfe en direction des portes de la cité drow.
Vingt mètres plus haut, une forme encapuchonnée avec des tentacules en guise de bouche lévitait tranquillement dans les ombres de la caverne…
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