Autisme: comment sortir la France du Bas Moyen Age?

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Oui, le titre est orienté, mais je viens de lire (encore) un article sur l'autisme en France. Un très long article à charge sur l'Independent, disponible ici: http://www.independent.co.uk/news/lo...-a8161416.html

Quelques morceaux choisis:

Citation :
France lags about four decades behind countries such as the United States and the United Kingdom when it comes to diagnosing and treating autism, says Danièle Langloys, president of the advocacy group Autisme France
40 putain d'années de retard pour un pays qui se veut moderne.

Citation :
One 2015 study pegs the prevalence of autism in France at 0.36 per cent, well below the 1 per cent reported in the UK and roughly 2.5 per cent reported in the US. Among children who are diagnosed with autism, only about one in five attends a mainstream school.
Diagnostiques de merde, et soutiens de merde, on préfère les laisser crever à la maison.

Citation :
The Council of Europe, a Strasbourg-based organisation that focuses on human rights across the continent, condemned France five times between 2004 and 2014 for discriminating against people with autism
Multi condamnations de la France. Dommage que des pénalités de plusieurs milliards par an ne soient pas possibles pour faire bouger les choses.

Citation :
In a 2012 survey of 1,000 French adults, 22 per cent claimed that some kinds of parent-child interactions can cause autism, and another 23 per cent said the condition can result from stressful life events. These disproven ideas are also common among psychoanalysts in France. “There are still groups that resist scientific information on autism and who continue saying that with a developmental and behavioural approach, you are doing ‘dressage’ of children,” or training them like horses, Rogé says. “They say [psychoanalysis] is a very humanist, flexible model, but I think it resembles more a sect, a religion, because it is based on faith and not on scientific facts.”
45% des français se trompent monumentalement sur les causes de l'autisme, et tout ça à cause de la propagande de parasites qui se sont arrogés miraculeusement un vernis de respectabilité scientifique alors qu'ils s'opposent à toutes les découvertes issues de la recherche scientifique. L'article propose l'explication suivante, qui je suis sur, fera baver les joliens membre de cette secte:

Citation :
Psychoanalysis is a “dictatorship of thought” in France that, over the past 40 years, has become part of the national culture, Langloys says. In the 1950s, there were only about 150 psychoanalysts in France, compared with thousands in the US. By the early 21st century, though, the number in France had soared to about 10,000 – with a sharp increase during the late 1960s connected to a rise in anti-establishment politics. “Medicine was part of the establishment,” anthropologist Roy Richard Grinker explains in his 2008 book, Unstrange Minds: Remapping the World of Autism. By contrast, psychoanalysis was seen as a way to empower individuals against institutions.

Bref, les faits sont là: la France sous diagnostique, n'arrive pas à intégrer et soigner les autistes, et les idées issues de la psychanalyse sont toujours fortement ancrées.

A cela, je pose la question suivantes: si aujourd'hui un médecin tentait de soigner avec des saignées en se basant sur la théorie des humeurs, il serait radié, interdit de pratiquer voire condamné en justice.

Pourquoi, aujourd'hui, tolère-t-on que des citoyens se fassent passer pour des professionnels de santé et administrent des traitements/diagnostiques allant contre toutes les évidences de la communauté scientifique. Tous ceux qui persistent et refusent de se remettre en cause, ne devraient ils pas être envoyé au tribunal pour mise en danger d'autrui et interdit de pratiquer avec effet immédiat leur charlatanerie?

Je veux bien qu'il y a des plans instigués par le gouvernement qui vont dans le bon sens, mais sûrement une action qui aurait un effet immédiat serait d'arrêter les mensonges de se répandre et d'infecter les esprits, tout en permettant à ceux qui veulent aider ces enfants de se former aux diverses techniques modernes de soutien. Pourquoi attendre et permettre à ce cancer de garder pied dans l'inconscient collectif et de briser la vie de 1% à 2.5% de la population?
C'est un peu hors sujet mais il y a un truc qui m'agace, c'est cette manie que l'on a de se rabaisser plus bas que terre.

Nous, Français, on est nuls. Nous, Français, on est .... (remplacer par le commentaire le plus rabaissant)

Alors oui, on est clairement en retard sur la gestion de l'autisme car il n'y a aucune volonté (comprendre argent) à mettre dans cela.

Le défaut diagnostic est une chose mais il n'y a pas de volonté d'accompagnement des parents et de plus certains médecins sont réticent avec la méthode ABA et pas rien qu'en France.

C'est tout un programme. Le problème est qu'il faut des fonds et une volonté. Or il n'y a ni l'un, ni l'autre. Le reste, c'est du blabla fumeux.
Citation :
Publié par Gratiano
C'est un peu hors sujet mais il y a un truc qui m'agace, c'est cette manie que l'on a de se rabaisser plus bas que terre.

Nous, Français, on est nuls. Nous, Français, on est .... (remplacer par le commentaire le plus rabaissant)

Alors oui, on est clairement en retard sur la gestion de l'autisme car il n'y a aucune volonté (comprendre argent) à mettre dans cela.

Le défaut diagnostic est une chose mais il n'y a pas de volonté d'accompagnement des parents et de plus certains médecins sont réticent avec la méthode ABA et pas rien qu'en France.

C'est tout un programme. Le problème est qu'il faut des fonds et une volonté. Or il n'y a ni l'un, ni l'autre. Le reste, c'est du blabla fumeux.
Bah déjà, je ne suis pas français, mais je suis profondément amoureux de la France, et de tout ce qu'elle représente. Et du coup ça m'agace au plus haut point que le reste du monde et les anglo saxons soient tellement en avance dans un domaine. On ne parle pas d'un simple retard, on parle d'une France plongée dans un Ère ou un Age sorti d'un passé lointain. Si tu es français, au lieu de mettre des putains d’œillères, trouve un peu d'orgueil. Et si tu ne l'es pas, pense au côté humain de la chose et aux vies brisées qui pourraient être sauvées en y mettant de l'effort et en arrêtant les superstitions sous couvert de médecine.

Ensuite, un putain de pays comme le RU, grippe sou sur le social, dirigé par des tories qui ne rêvent que d'un retour à l'ère victorienne, trouve le moyen de financer ces systèmes de soutien. Et sans parler de presque tous les autres pays occidentaux développés, donc l'excuse du financement est un cache sex. FFS, même les putains d'USA y arrivent! Les USA!

Pour continuer, même si l'article parle de ABA, il y a plein d'autres méthodes, à tester et utiliser selon l'individu concerné (oui, tous les autistes ne se ressemblent pas). Et la plupart des autres pays utilisent une palette de techniques sans se limiter à la méthode la plus connue dans la presse.

Finalement, ça ne résout pas le problème que je soulève. C'est comme si on venait de découvrir le besoin de stériliser les instruments médicaux, mais que les médecins de la générations précédentes insistaient encore à frotter leurs instruments dans des bouses de vache sacrée, entraînant derrière eux une partie de la population dans leur croyances néfastes pour la société et les individus malades. Il faut interdire aux charlatans de pratiquer s'ils ne se mettent pas à jour!
Oui je suis français mais à mon échelle (petite), je ne peux pas y faire grand chose.

Comme je te le disais, c'est une volonté au niveau de l'état qui manque pour le prise en charge de l'autisme.

Ensuite, redescend sur terre, tu regarderas le niveau de revenus des gens aux RU et aux USA qui y "arrivent" et ce ne sont clairement pas les plus pauvres hein. Les pauvres, le RU, les USA s'en cognent et ils peuvent crever...

Ce n'est pas une question de prise de conscience mais de prise en charge. Cela peut te paraitre froid mais tu frappes à la mauvaise porte. Le prise en compte collective ne changera rien si l'état ne met pas la main au portefeuille et je pense pas que ce soit la priorité du moment.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Gratiano
Alors oui, on est clairement en retard sur la gestion de l'autisme car il n'y a aucune volonté (comprendre argent) à mettre dans cela.

Le défaut diagnostic est une chose mais il n'y a pas de volonté d'accompagnement des parents et de plus certains médecins sont réticent avec la méthode ABA et pas rien qu'en France.

C'est tout un programme. Le problème est qu'il faut des fonds et une volonté. Or il n'y a ni l'un, ni l'autre. Le reste, c'est du blabla fumeux.
Non.
Mais genre, vraiment non.

Je pense que ta réaction est plus pavlovienne que réellement documentée. L'origine du problème soulevée par Hellraise n'est pas de près ou de loin ce que tu racontes, ou aucune des hypothèses que tu soulèves.
L'origine du problème est, pour faire court, la psychanalyse.
Elle était mentionnée dans el post d'ouverture ( et figurer d'emblée dans les hypothèses privilégiées).
Le problème c'est qu'en France la science n'est pas l'arbitre dans le diagnostique et le traitement des trouble comportementaux dont l'autisme. Faute de quoi, la prise en charge et le traitement sont, pour reprendre les termes d'Hellraise, moyen-ageux.
On est dans l'age sombre de la psychothérapie en France et on est un des rares pays au monde à donner à la psychanalyse une place proéminente par rapport à des pratiques scientifiques.
Du coup, oui, on est à l'ouest sur l'autisme.
C'est pas parce qu'on est nul, c'est parce qu'on se laisse faire par le lobby de la psychanalyse, et qu'il n'y a pas de lobby pro-science digne de ce nom (et d'ailleurs, peut il seulement exister ?)
Plus que l'autisme, c'est surtout contre la psychanalyse que tu es remonté non ?
D'ailleurs, j'imagine que l'autisme n'est pas le seul problème, la psychanalyse traite tout le genre de malades.
La dernière émission de la Tronche en Biais parlait justement de la psychanalyse et en particulier du fait que dans certaines universités en France, il dit qu'il existe des cursus exclusivement psychanalytiques. (EDIT : ici il semble qu'il se trompe. voir le message de Mr Croque plus bas).

Aller jusqu'à interdire la psychanalyse en France, je pense que c'est plutôt compliqué étant donné à quel point elle est ancrée dans la culture. En revanche, forcer la diversité, c'est à dire interdire les cursus exclusifs, ça me parait nécessaire.
Pour ce qui est des praticiens, il me semble qu'on touche à d'autres problématiques (en particulier le fait que certains vieux praticiens n'ont pas de diplômes). J'imagine qu'on pourrait trouver des compromis (obligation de passer une formation de "remise à niveau", mais ça pose des questions sur le contenu de la formation et de qui la fait), ou bien simplement attendre qu'ils partent la la retraite, former les nouveaux serait déjà un pas vers l'avant.

Dernière modification par Olorim ; 17/01/2018 à 12h00.
Ouais mais là on est loin du règlement de compte.

Tu as un problème avec la psychanalyse ? Je pense que c'est pas le bon endroit. Je n'en suis pas un et je doute que certains trainent ici donc le dialogue sera dans un seul sens.

Et quant à parler de lobby psychanalyste, il se lézarde depuis pas mal de temps. Des neurologues, des psychologues les flinguent régulièrement dans les médias et des sommités pas des péquins..

Qu'il y ait un problème sur l'autisme ok mais charger un corps de métier, mouais bof...
Message supprimé par son auteur.
Et sinon oui le traitement des Autistes en France est un scandale mais comme l'est aussi les personnes atteintes de polyhandicap et comme d'autres.

Il y a des choses à changer, à faire évoluer, à renverser mais malheureusement c'est long et en général cela coûte des sous et là, s'il n'y a pas un rapport direct avec la popularité c'est encore plus compliqué et long ;-).
Citation :
Publié par Mr Croque
En France tu n'as pas de cursus exclusivement psychanalytique, tu peux te spécialiser à l'entrée du Master et ils ne sont pas nombreux en France (2-3). Par contre tu as des disciplines propres à la psychologie qui utilisent la psychanalyse comme support théorique : la psychologie clinique, la psychopathologie et la psychiatrie.
Ok, merci des précisions, j'édite mon message.
Citation :
Publié par Mr Croque
Je ne comprends pas cette haine viscérale contre la psychanalyse et des approches cliniques s'y référant,
Peut être car je dois avoir déjà entendu ce problème il y a une quinzaine d'années, et peu de progrès ont été fait?

Toute la recherche mondiale indique que l'approche de l'autisme par la psychanalyse française est non seulement dépassée, mais dangereuse. Les chiffres sur l'autisme en France montrent bien aussi que les soins et accompagnements proposés n'ont quasi aucun succès (déjà que c'est très loin d'être parfait ailleurs), et pourtant, on s'acharne à laisser pratiquer cette approche erronée et néfaste.

Quelques trucs sur la psychoanalyse dans le cadre de l'autisme, et le corporatisme honteux dont ils font preuve

Citation :
A study carried out by the INSERM (The French National Institute of Health and Research) concluded that psychoanalysis therapy is far less effective than other psychotherapies including cognitive behavior therapy. However, the Minister of Health at the time, Minster Douste-Blazythe, had the results of the study removed from the official Ministry of Health website after psychoanalysts complained to him
Tentatives de censure en 2012
Citation :
The psychoanalysts are seeking to have the film banned. The Wall highlights the treatment -- psychoanalysis -- that families are offered in France when seeking help for their child with autism.
Il y a diverses citations d'universitaires, chercheurs, médecins sur le net qui disent en substance que "l'approche de la psychoanalyse sur l'autisme est complètement fausse d'un point de vue scientifique et est une prise de posture idéologique en opposition avec les intérêts des autistes et de leur familles"


Nous avons donc une approche rejetées mondialement par la communauté scientifique et médicale, et surtout qui a quasiment zéro résultat, mais pourtant ses praticiens sont toujours autorisés à détruire la vie des gens et répandre leurs idées. Ont pourrait multiplier par 10 les budgets, mais si l'approche ne change pas.. Dites vous qu'il n'y a même pas 5 ans, ces gens là enroulaient les autistes de serviettes imbibées d'eau glacée... et croient toujours au mythe de la mère frigidaire comme facteur principal ou majeur du développement de l'autisme... Et qui soutiendront mordicus cette opinion, autant discuter avec des platistes..
Citation :
Publié par Mr Croque
En France tu n'as pas de cursus exclusivement psychanalytique, tu peux te spécialiser à l'entrée du Master et ils ne sont pas nombreux en France (2-3). Par contre tu as des disciplines propres à la psychologie qui utilisent la psychanalyse comme support théorique : la psychologie clinique, la psychopathologie et la psychiatrie.
Sauf que c'est faux. C'est en contradiction directe avec ce que dit Joel Swendsen;
En France tu as des université qui proposent des cursus exclusivement psychanalytique (12 ou 13, en fait).
Et 1 seule qui propose un cursus sans psychanalyse.
Message supprimé par son auteur.
De toute façon à partir du moment où tu vois un candidat majeur à l'élection présidentielle sortir au journal de 20H "Mais je comprends parfaitement, je ne suis pas autiste!" et le répéter plusieurs fois ensuite, ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi la France à du retard.
Ben ça pour moi c'est clairement pas une raison suffisante. Certes, si la culture générale des français comprenait une compréhension exhaustive de ce qu'est l'autisme, son diagnostique et son traitement il serait peu probable que dans la pratique la prise en charge ne soit pas à la hauteur, mais l'inverse n'est pas vrai;
Avec la formation adéquate, le corps professionnel pourrait être à la hauteur sans que le quidam y connaisse quoi que ce soit. Du coup j'aurais tendance à dire que le problème n'est pas culturel à la base.
Citation :
Publié par Lugi Sakabu
https://www.youtube.com/watch?v=RBd2sm-0eyM
à 1h13min.
Ce qui est dommage, c'est que pour les université parisiennes il ne précise pas le n°.
Il est utile de préciser qu'il s'agit là de la formation de psychologie clinique.
Pour la psycho clinique, elles le font toutes à un moment donné donc cela doit concerner les universités Paris 5 (Descartes), Paris 7 (Diderot), Paris 8 (Saint Denis), Paris X (Nanterre) et Paris 13 (Villetaneuse).

Si cela n'a pas changé parce que mes connaissances des universités commencent à dater sérieusement ;-).
Citation :
Publié par Olorim
La dernière émission de la Tronche en Biais parlait justement de la psychanalyse et en particulier du fait que dans certaines universités en France, il dit qu'il existe des cursus exclusivement psychanalytiques. (EDIT : ici il semble qu'il se trompe. voir le message de Mr Croque plus bas).
Citation :
Publié par Lugi Sakabu
Sauf que c'est faux. C'est en contradiction directe avec ce que dit Joel Swendsen;
En France tu as des université qui proposent des cursus exclusivement psychanalytique (12 ou 13, en fait).
Et 1 seule qui propose un cursus sans psychanalyse.
Sauf que Swendsen dit n'importe quoi.
Il faudrait déjà dans un premier temps que le quidam moyen arrive à différencier correctement la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse et la psychothérapie.

La psychologie est composée de différentes spécialités (pathologie, développement, santé, travail, social, neuro, cognitive etc). La licence est construite sur la base d'un tronc commun où l'étudiant est familiarisé avec l'ensemble de ces spécialités. Un début de spécialisation s'opère à partir de la troisième année de licence, qui est renforcé à partir du Master 1 pour être total à partir du Master 2.

L'histoire de la psychanalyse est enseignée dans toutes les universités de France puisque la psychologie est un héritage de cette dernière, tout comme elle a hérité de la philosophie et de l'ethnologie (qui sont enseignés dans certaines universités). L'enseignement de la psychanalyse est prolongé et approfondi dans une seule spécialité, la psychopathologie. Sans pour autant être exclusif.
Nous sommes également formés à la recherche / réalisation d'étude, quelque soit la spécialité.

Autre point important, la génération de psychiatres des années 80 a été formées à la psychanalyse. Certains la pratique même.
A savoir que le débat en France est très passionné.
Pour avoir travaillé dans une structure utilisant des méthodes style ABA mais aussi dans une clinique portée sur la psychanalyse je considère qu'il y a du bon et du mauvais partout. D'un côté des psychiatres se prenant pour Dieu et l'autre un peu de fanatisme qui amène parfois à des techniques semblables à du dressage pour chien.

Au delà de l'autisme, la psychiatrie est le parent pauvre en France. Ce n'est pas pour rien que les prisons sont remplis de fous. Par contre je me méfie beaucoup de la ''nouvelle psychiatrie'' que de puissants lobby essaient d'importer en France. C'est un courant qui essai de prouver que les gens sont fous à cause de tel ou tel chromosome ou de tel ou tel neurotransmetteurs et ce faisant de trouver (et de vendre, surtout de vendre) tel ou tel nouvelle molécule.
C'est en glissant la dedans qu'aujourd'hui un schizophrène en grande souffrance aura pour tout suivi une visite chez son médecin une fois par mois (voir moins) pendant 15 minutes le temps de refaire la même prescription que les précédentes. Bien entendu si il fait une crise il atterrira certainement aux urgences avant de partir le lendemain matin sans suivi. Si il a de la chance (ou pas) il aura droit à un enfermement/chambre l'isolement/contention au lit 24h sur 24 avant de repartir sans suivi. Voici le tableau réaliste (un peu pessimiste j'avoue) de la vie des fous de nos jours. A noter que la contention est en grande augmentation depuis que la nouvelle psychiatrie est arrivée en France.

Ah, si vous avez de la chance d'y voir a peu près claire dans votre tête mais que, par exemple, votre enfant meurt et que vous êtes encore triste après 3 semaine la nouvelle psychiatrie recommande quelques mois d'anxiolytiques et d'antidépresseurs. Sympas non ?

La psychanalyse est critiquable sur de nombreux points, ou tout du moins de nombreux psychanalystes (psychiatre ou pas) sont critiquables dans l'approche de la pratique, mais tout jeter me semble une grosse bêtise.

Dernière modification par Haesik ; 17/01/2018 à 23h30.
Il y a des choses totalement vraies dans cet article et d'immenses conneries. Je vais devoir quand même écrire un pavé pour expliquer.

Ce qui est totalement vrai, c'est que la France a pendant été très longtemps victime de l'école psychanalytique qui a imposé un quasi monopole avec ses vues pseudoscientifiques. Les mères ont été accusées d'être responsables de l'autisme de leur enfant par leur comportement. Et les institutions pouvaient exclure les autistes s'ils apprenaient que les parents étaient allés voir un neuropédiatre ou un généticien. Heureusement ça change, mais il en reste encore pas mal de traces, certains pédopsychiatres restent encore de cette école et refusent d'admettre cette immense erreur. A l'inverse, d'autres pédopsychiatres sont maintenant dans l'optique totalement inverse et font des diagnostics génétiques par excès. Par exemple, quand, en tant que généticien, on leur dit qu'on a trouvé un variant de signification inconnue en séquençage, eux ils n'en démordent pas, c'est le diagnostic, et chose grave, ils vont le dire aux parents et l'écrire dans leur compte-rendu. Ils ne comprennent pas que ce type de variants peuvent être retrouvés chez tout le monde.

Il faut savoir que cette fracture entre psychiatres en France est une véritable guerre qui se règle devant les tribunaux à coups de procès en diffamation.

Donc ça, c'est vrai, la pédopsychiatrie a de gros soucis en France dans la prise en charge de l'autisme par pure idéologie, ça se règle petit à petit, en tombant parfois dans l'excès inverse.


Ce qui est une énorme connerie dans cet article, c'est quand on compare le taux d'autistes en France et dans les pays anglo-saxons et qu'on en déduit qu'en France on a tort et aux USA ils ont raison. Les anglo-saxons, au fur et à mesure des versions du DSM n'ont fait qu'élargir jusqu'à l'absurde les critères de l'autisme ce qui fait qu'on met maintenant dans le même sac une personne un peu timide ou peu sociable et un gamin qui a pas de langage et qui passe ses journées à se balancer sur une chaise. Personnellement, j'ai fait des tests et je suis autiste, ma femme aussi alors qu'on est juste casanier et geek, on préfère les jeux vidéos à aller en boîte de nuit. Je vous invite à y aller, je suis certain que beaucoup ici seront considérés comme autistes.

Ensuite on confond l'autisme en tant que maladie et l'autisme en tant que symptôme d'une autre maladie. Par exemple, un patient qui a une encéphalopathie épileptique, qui passe son temps à convulser, bah bizarrement on va trouver que ses interactions sociales sont fortement altérées et il va remplir tous les critères de l'autisme. Idem pour les patients qui ont une déficience intellectuelle profonde.

Donc les américains quand ils vont rechercher une cause génétique chez des patients autistes, qu'est-ce qu'ils vont trouver : des gènes de déficience intellectuelle et des gènes d'encéphalopathie épileptique et ils vont dire qu'ils ont trouvé la cause de l'autisme.
En France, on les fait les diagnostics chez ces patients, juste que ces patients sont considérés selon leur vraie maladie, déficience intellectuelle ou encéphalopathie épileptique, les traits autistiques ne sont qu'une des conséquences de leur vraie maladie

Si on prend l'autisme en tant que vraie maladie, c'est à dire l'autisme classique avec un développement moteur initialement normal puis une "regression autistique" ou une stagnation ou encore les autistes "de haut niveau", déjà ça fait beaucoup beaucoup moins de patients, ensuite on fait très très peu de diagnostics, nous en France, comme les autres, tout simplement parce que les causes Mendélienne doivent représenter moins de 3% et pour le reste on suspecte du non Mendélien / Multigénique et c'est encore mal élucidé.

Alors pourquoi les Américains n'ont fait qu'élargir les critères de l'autisme jusqu'à ce que ça ne veuille plus dire grand chose. Simplement car l'autisme est une pathologie plus bankable que la déficience intellectuelle ou les encéphalopathies épileptiques. On publie plus facilement et dans de meilleurs journaux si pour une même cohorte ont dit que les patients sont autistes plutôt qu'ayant une déficience intellectuelle, et on obtient plus facilement des crédits pour les projets sur l'autisme que pour des projets sur la déficience intellectuelle ou les encéphalopathies épileptiques.
Et les associations de parents d'autistes ou d'autistes (comme celle interrogée dans l'article) poussent fort pour qu'on fassent de même en France, puisque plus il y aura d'autistes, plus elles auront d’adhérents et plus elles seront puissantes. Il en est de même pour les labos spécialisés dans la génétique de l'autisme, car plus il y aura d'autistes, plus ce sera considéré comme un problème de santé publique important et plus ils auront des facilités à obtenir des moyens.

Mais l'énorme problème de ces erreurs de classification, c'est que la recherche sur le non-Mendélien avance beaucoup moins vite qu'elle le devrait vus les moyens engagés car vu qu'on mélange tout et n'importe quoi dans les cohortes, il est très difficile d'obtenir des corrélations.
Autre problème, c'est qu'on en arrive à des conclusions totalement fausses. Si on considère que des personnes timides ou peu sociables mais parfaitement intégrées socialement (comme moi, comme beaucoup de geeks) sont autistes, alors effectivement, on en arrive à la conclusion que ces personnes doivent être traitées comme des personnes normales, faire la même scolarité que les autres (puisque ces personnes sont en réalité normales). Hors beaucoup d'autistes en sont totalement incapables, les mettre dans les mêmes classes que les autres, ça ne rend pas service au prof, aux autres élèves et pour eux ça change rien.



Maintenant concernant la thérapie tant décriée du packing, je trouve pour le coup que ce sont plutôt les "antis" qui sont dans une position dogmatique et anti-scientifique. C'est vrai que la théorie derrière cette technique est totalement fumeuse. D'un autre côté, l'histoire de la médecine est pleine de thérapies dont l'efficacité est archi prouvée dont la découverte est fortuite ou par criblage systématique sans que personne n'ait théorisé l'efficacité à priori. Pour le packing, certains patients présentent une authentique amélioration clinique après une séance. Il s'agit peut-être et même probablement je le pense, d'un effet placebo, mais dans ce cas il faut faire des essais cliniques pour le prouver. Hors les antis sont dogmatiques qu'ils refusent tout essai clinique et font tout pour saboter ceux qui sont en cours. Moi je dis qu'il faut rester humble et l'esprit ouvert, admettre qu'on ne sait pas tout et donc étudier sérieusement l'effet.
Il me paraît totalement outrancier de parler de "torture" quand il n'y a jamais eu aucun cas de complication ou d'effet secondaire rapporté. Et on parle de patients qui pour le coup sont souvent assommés de neuroleptiques et sédatifs qui sont des traitements riches en complications et effet secondaires. Avoir un raisonnement hyper-empathique du style "moi j'aimerais pas ça, donc les autistes doivent pas aimer ça non plus" est inapproprié. Beaucoup d'autistes aiment faire des choses que nous n'aimerions pas, par exemple se balancer toute la journée sur une chaise regard dans le vide, certains font même des auto-mutilations parfois dramatiques. Ces patients ont des ressentis qui sont différents.
Il y a en cours un essai clinique visant à soigner l'autisme par des diurétiques, et pour le coup, il y a des effets secondaires importants (certains patients sont même sortis de l'étude sur complication graves), là bizarrement ça n'a choqué personne

Dernière modification par Borh ; 18/01/2018 à 08h27.
Les etats unis ont aussi beaucoup plus de cas d'autisme simplement car leur réglementation est beaucoup plus laxiste que la notre en terme de santé publique...
Merci beaucoup Borh, pour ton message auquel j'adhère totalement.
Pour élargir le débat, si la loi Kouchner était absolument indispensable pour préserver et réhausser les droits des patients vis-à-vis de l'Etat et du pouvoir médical, elle aboutit à un effet pervers qui est la constitution de ces associations de patients, qui essaient d'élargir au maximum leur influence. Pour elles, cela passe d'une part par l'élargissement de leur base de membres, d'où leur intérêt pour des critères diagnostiques, les plus larges possibles et d'autre part par une coloration très politique de leurs revendications, quitte à perdre de vue parfois leur objectif premier. Et souvent qui les finance en sous-main ? L'industrie pharmaceutique...

2 exemples récents sur ces arguments :

1) la promotion de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par les associations de luttre contre le VIH (type AIDES), auprès des gays, a été massive, malgré le manque de recul de la technique, si massive qu'elle a même conduit à interrompre précocément l'essai thérapeutique (étude IPERGAY), pour résultats favorables, afin de mettre le produit sur le marché le plus tôt possible. Les affiches de AIDES et autres auraient pu être conçues par Gilead tant elles étaient à sens unique. Oui, vous savez, Gilead, la même boîte qui a fait scandale sur les prix des traitements de l'hépatite C, le Sovaldi... Par contre, dans le même essai, et c'est a priori confirmé dans les observations courantes, il y a eu diminution de l'utilisation des préservatifs par les gays...

2) le président de l'association de défense des parents dont les enfants ont été touchés par la contamination aux salmonelles de Lactalis n'a même pas d'enfant touché par le problème... A se demander pourquoi il a été choisi pour les représenter

Bref, méfions-nous, le diable est dans les détails et l'enfer est pavé de bonnes intentions. Si il est évident que la psychanalyse française reste bien trop influente, puissante et qu'elle vend du pur mensonge quand elle prétend être capable de soigner des maladies psychiatriques (comme l'autisme), France Autisme me paraît bien véhémente quant à sa volonté d'élargir les critères diagnostiques de la maladie... plutôt que de se battre encore plus pour l'augmentation des capacités d'hébergement des autistes, là où est le vrai scandale en France...
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