La ruralité, les campagnes, les régions désindustrialisées: que faire?

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Sur certains thread (élection de Fillon, Trump, Brexit, etc..) on voit beaucoup de commentaires du type:

- les gens crèvent la bouche ouverte
- ils sont oubliés
- ils n'ont rien
- c'est leur seul moyen de s'exprimer

De plus, les cartes de votes corroborent l'idée d'un vote non plus politique mais lié a la ruralité (regardez la carte de vote par district aux USA)

J'ai essayé plusieurs fois d'obtenir plus de clarifications, et surtout quelles sont les solutions proposées, sans succès. Du coup je propose ce thread pour:

- que vous expliquiez quels sont les challenges spécifiques de ces régions.
- et surtout, selon vous, quelles sont les solutions?

Ca me fait bizarre par exemple de voir par exemple les ruraux voter contre plus d'Etat (Trump, Fillon) alors que ces régions ne sont pas profitables pour le privé. Moins d’État devrait résulter en encore moins de services et une pénibilité accrue.
De l'autre coté, comment justifier le besoin de maintenir des services au fin fond du Wisconsin ou de l'Alaska? Sauver la rust belt, les midlands ou le Nord. Faire que le Larzac ou les bayoux de Louisiane ne se sentent pas oubliés par rapport aux citadins (services, cultures, emplois, etc..) .

C'est visiblement un problème. Les élections récentes tendent a le prouver. Comment résoudre les problèmes? Quelles solutions?
Le problème des campagnes, c'est une population vieillissante, en forte baisse depuis le XXeme siècle, donc avec de moins en moins de service public et de service tout court (allez dans une épicerie au fin fond d'un département perdu, vous allez voir qu'à côté Paris c'est pas cher, même si les produits de maraîchage sont à contrario moins onéreux), le tout pris à la gorge par les promesses de la modernité dans les campagnes enclenché par la révolution verte (mais c'est un problème dont les prémisses sont déjà décrit dans La Terre de Zola), qui ont invité les paysans à cultiver des surfaces toujours plus grandes et a des investissements toujours plus colossaux pour rester à flots dans un monde mondialisé ou n'importe quel gus est en concurrence directe avec un type à l'autre bout du monde qui n'affronte pas du tout les mêmes problématiques.

La solution ? Très certainement de la décentralisation, redynamiser les campagne avec diverses mesures fiscales et le retour à une agriculture locale et à l'échelle humaine.
Citation :
Publié par Saurdholion
Le problème des campagnes, c'est une population vieillissante, en forte baisse depuis le XXeme siècle, donc avec de moins en moins de service public et de service tout court
Je n'arrive pas à faire le lien entre chaque côté du "donc". En quoi y a-t-il lien de causalité ?

Dans les zones rurales, il y a massivement (et pas totalement, inutile donc de me sauter à la gorge avec vos contre-exemples) ces caractéristiques, qui peuvent se regrouper :
- des vieux
- des pauvres
- des urbains repoussés ici par la pression foncière (surtout dans le cas d'achat)
- des urbains qui ont choisi de disposer d'un jardin, dont la femme ne travaille pas ou occupe un temps partiel trouvé dans le coin après le déménagement

Les deux premières catégories sont invisibilisées, la seconde est méprisée des décisionnaires politiques, les deux dernières conservent un mode de vie urbain et conçoivent le village ou elles résident comme un lieu de résidence à l'exclusion de toute autre activité. Leur vie sociale et culturelle se passe dans la/les ville(s) proche(s).


La population est peu significative comparée aux villes, donc les gestionnaires qui modèlent la réalité le regard rivé sur des tableaux excel trouvent normal de fermer des services publics (centre des impôts, hopitaux, écoles communales) ou de laisser fermer des services parapublics (poste, commerces de proximité, gares, lignes d'autocar), et de regrouper ceux-ci dans les centre-bourgs. Cela se fait dans l'intérêt du baron local (celui qui est à la fois président de l'interco, maire du centre-bourg, président du CA de l'hopital, du syndicat des eaux, du syndicat de gestion des ordures, dont le pion est président du centre social intercommunal etc...) qui renforce ainsi son emprise sur les villages périphériques et qui les dépeuple au profit de "sa" propre commune, en triant par la logique du marché de l'immobilier et des impôts locaux les populations qui vont travailler et consommer et en paupérisant encore davantage les autres. Il y a donc convergence entre une volonté de l'Etat et un intérêt politique local.

En face, il y a des habitants peu reliés les uns aux autres, et des élus locaux qui se classent en deux catégories : ceux qui acceptent la situation en échange d'intérêts personnels (à commencer par la conservation du mandat et des cadeaux intercommunaux comme la nouvelle ligne de car qui passera par leur village), et ceux qui résistent et se font défoncer (les camions poubelles qui ne passent plus qu'une fois tous les quinze jours, l'incinérateur qui sera construit sur place, les subventions aux associations du village qui diminuent de moitié, le parachutage d'un opposant aux élections municipales dont la campagne sera financée, etc...).

Les traits sont grossis, ça se passe souvent avec plus de subtilités mais les mécanismes sont les mêmes partout.
Si tu veux regler le souci des zone rurales, il faut motiver les entreprises à aller s'installer ailleurs que là ou il y en a déjà plus que trop.

Un systeme de taxation des entreprises proportionnelles au nombre d'entreprise du secteur (beaucoup d'entreprise, tu taxe "beaucoup", pas d'entreprise, tu taxe pas) permettrait de motiver les entreprises à se repartir sur le territoire plutot que ce concentrer au même endroit.

Le but etant d'arriver à trouver la valeur haute/basse de cette taxe, pour que ce soit suffisament insitatif mais sans être trop genante pour l'economie non plus. (quitte a réutiliser les recettes de cette taxe pour faire de l'investissement dans les services publiques de ces regions).
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Meine
En un : compulsif.
Malheureusement, y a pas grand chose d'autres qui motive les entreprises... Si tu en a d'autre, vas y, n'hesite pas...

Mais c'est pas des trucs comme "l'air de la campagne" qui va motiver les entreprises à y aller...
Y'a un énorme problème de mobilité aussi.

En milieu urbain, quand ton entreprise ferme, que tu perds ton emploi, tu as accès à un grand vivier d'offres pour retrouver quelque chose.

En milieu rural, dans le même cas, ben y'a beaucoup moins, voir rien dans les milieux les plus déserts. Et tu ne peux pas déménager, parce que tu as ton crédit sur le dos (pour racheter, il faut un CDI et même si tu pouvais, y'aurait perte violente de m², ou alors il faudrait louer), t'y as tout ton tissu social (t'as grandi là après tout) et tu vis avec quelqu'un qui as encore son CDI et ne compte pas le lâcher.

Les entreprises ferment plus rapidement qu'avant. Les emplois ne sont plus à vie. Les carrières ne sont plus uniques. Et les foyers reposent sur deux emplois au lieu d'un.

Donc là, soit on fait des choses faiblement morales (inciter à briser les foyers, les tissus sociaux ou faire vivre des gens dans des conditions très précaires), soit on injecte de l'argent autrement que par les jobs (ou via des jobs artificiels ou via des défiscalisation massive pour faire bouger les boîtes), soit on assume la désertification (et c'est pas la mort non plus !). Rien d'exclusifs dans ces options, mais il faut l'accepter : la ruralité ne peux plus exister comme il y a 50 ans.
Témoignage qui vaut ce qu'il vaut de mon bled de 900 personnes du fond du Morbihan :
- Le chômage est dans la moyenne nationale (10% sur Lorient selon les derniers chiffres de l'INSEE)
- L'économie locale est assez cyclique avec le golfe du Morbihan, Carnac et compagnie qui amènent du boulot saisonnier l'été
- L'agriculture industrielle est un gros consommateur de terres, mais pas forcément d'emplois
- La plupart des actifs du coin bossent à Lorient ou Vannes
- Le village n'a pas de poste, pas de banque, que dalle à part un rade et une mairie (opportunément situés côte à côte ). Mais les services publics sont dans la ville à côté (3km) ou à 15km pour les plus éloignés
- Le acceuille aussi quelques hurluberlus qui veulent faire de la permaculture ou de la pisciculture durable
- Et on a un chef Japonais qui s'est installé là en prenant sa retraite de 30 ans de restau à Paris pour faire de la cuisine Bretonno-Japonaise (et ça vaut un putain de détour )

Bref, étant là depuis 3 ans, mon sentiment global est que la campagne a loupé une génération. Ou plus probablement qu'une génération s'est barré en ville.

D'un côté, il y a les quelques rares descendants des métiers de la campagne tels qu'ils se pratiquaient il y a un demi siècle. Les maraîchers, les laitiers, les éleveurs qui passent d'un investissement matériel à un autre pour essayer de tenir la cadence de l'agriculture industrielle et passent leur vie la corde au cou à cause des banques... Ceux là sont des cibles naturelles pour Fillon. Des gens qui bossent 12h/jour sans jamais prendre de vacances ou presque, qui font des boulots ingrats et/ou dangereux et qui prennent de plein fouet la concurrence imposée par les grands groupes de transformation des matières premières (coucou Lactalys !).

On pourrait se dire que c'est une fatalité et qu'on y peut rien, sauf qu'à côté il y a les hurluberlus de tout à l'heure, qui font bosser plus de gens, gagnent mieux leur vie, et ne passent pas 40 ans à rembourser des prêts... Donc si au niveau de l'agriculture il faut chercher un coupable, on le trouvera beaucoup plus sûrement dans les grands groupes (transformation & grande distribution) que dans la concurrence étrangère.

Et enfin, il y a quelques excentriques dans mon genre qui bossons sur/via Internet et qui sommes venus chercher de la qualité de vie et du calme. Au village on était 2 quand je suis arrivé, maintenant c'est une demi douzaine de personnes qui se sont déclarées comme pouvant servir de guide sur Internet à ceux qui ne savaient pas faire. Les profils sont classiques : traduction, webdesign, communication... Ce genre de choses.

Le problème fondamental des campagnes, à mon avis, c'est qu'à vouloir faire perdurer un esprit du terroir on en vient à refuser tout changement, même quand le changement en question permettrait de pérenniser la vie à la campagne. Et ça donne des exemples un peu ubuesques quand le mec en face de chez moi préfère s'endetter à plusieurs millions d'€ pour coller ses vaches en environnement totalement artificiel piloté par ordinateur plutôt que se demander si Lactalys ne la lui mettrait pas profond depuis des années. Ou quand un maraîcher se désole depuis des années de ne pas pouvoir acheter quelques parcelles de plus pour passer dans la catégorie de fournisseurs supérieure plutôt que se demander si la fuite en avant vaut vraiment le coup.

Le problème des campagnes, c'est que les agriculteurs qui s'installent aujourd'hui pensent encore comme leurs grands parents. Avec les même circuits de vente et les même pression à toujours plus d'industrialisation.

Et que cette fuite en avant n'engraisse en définitive que les intermédiaires, pas les producteurs.
Citation :
Publié par Laadna
Je n'arrive pas à faire le lien entre chaque côté du "donc". En quoi y a-t-il lien de causalité ?

Dans les zones rurales, il y a massivement (et pas totalement, inutile donc de me sauter à la gorge avec vos contre-exemples) ces caractéristiques, qui peuvent se regrouper :
- des vieux
- des pauvres
- des urbains repoussés ici par la pression foncière (surtout dans le cas d'achat)
- des urbains qui ont choisi de disposer d'un jardin, dont la femme ne travaille pas ou occupe un temps partiel trouvé dans le coin après le déménagement
Et bien pourtant les deux côtés du "donc" sont parfaitement liés. Peut-être moins pour le côté vieillissant, mais la baisse de la population entraîne irrémédiablement un déclin des effectifs public et des activités privés. Je vais parler de se que je connais, la campagne tarnaise profonde. Voici trois villages, situés à une dizaine de km les un des autres (autour desquels gravitent d'autres villages encore plus petits): Lacaze, Viane et Vabre.

Voici l’évolution de leur population depuis le 19eme siècle:

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Lacaze...C3.A9mographie
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Vabre#D.C3.A9mographie
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Viane_...C3.A9mographie

On peut aussi voir les services proposés. On remarque une forte corrélation entre population et service public, là ou à Lacaze il ne subsiste qu'une minuscule épicerie très chère, la population à pratiquement été divisé par 8 depuis 1900, à Viane où il n'y a guère plus, par 4 et par 3 à Vabre qui a conservé une partie de ses services publics et quelques commerces. Et c'est des villages où l'on peut observer énormément de vestige d'activités et de services, mais où maintenant de subsistent que des activités agricole, d'élevage, quelques exploitations forestière/menuiserie, et des abattoir qui font de la charcuterie (et même ça c'est en train de disparaître d'après mes dernières info, je ne vis pas là bas, j'y passe juste régulièrement depuis quinze ans).

Donc il existe bel et bien un phénomène tel que: population rurale diminue, donc diminution des services publics ce qui pousse encore plus le phénomène d'exode rurale. Du moins c'est mon analyse. Et quand on parle avec les gens de là bas, il y a une phrase qui reviens souvent: "Il ne reste presque que des vieux, et un jour il ne restera plus personne".

Ensuite je penses que la campagne profonde, les "bouseux" d'Elgebeth sur le fil LR, qui à poussé Hellraise à ouvrir se post, ce ne sont pas les deux dernières catégories que tu cites. Ceux là vont dans ce que je qualifierai la campagne banlieusarde, des lieux à majorité agricole, mais proche de villes comportant toutes les commodités modernes, soit environ 30 min max de trajets où subsistent encore pas mal d’activités industrielles. Les villages que j'ai cités, si tu veux trouver une ville de plus de 10k habitants à proximité, il faut faire 50 min de route pour aller à Castres et 1h pour aller à Albi, clairement pas sur des routes faciles et les plus économes en termes de consommations. Pourtant, il reste encore pas mal d'irréductibles qui habitent ces lieux, il n'y a qu'à regarder Google maps. Et ces gens là clairement, il se sentent abandonnés par les élites Parisienne voir même régionales et départementales.

Edit: +1 Avec Kaelos, la révolution verte à tué les campagnes et les agriculteurs, et je penses que les hurluberlues d'aujourd'hui et ceux capables de bosser avec l'ère numérique seront probablement l'avenir des campagnes de demain.

Dernière modification par Saurdholion ; 28/11/2016 à 17h21.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Egelbeth
Le tissu social est aussi très différent, se faire accepter demande plus de temps et d'investissement
On a tous dans sa famille une grande-tante qui a épousé à 20 ans un mec d'un village à 15 km du sien et qui jusqu'à la fin de sa vie aura été appelée "l'étrangère".
Il y a des traits culturels des espaces ruraux qui peuvent disparaître sans que je ne les pleure...

Pour le reste, il faudrait voir dans le détail, mais ce n'est à mon avis pas seulement les espaces ruraux qui sont concernés par ce sentiment d'abandon, mais en réalité tous les espaces géographiques situés en-dehors des 15 ou 20 plus grosses aires urbaines. Une ville de 20 000 habitants, ou même de 90 000, ça ne pèse plus grand chose, et si la mairie n'est pas particulièrement dynamique et efficace, ou si le département et la région sont gérés par des ineptes, ça peut dégénérer très vite. Ménard, Bompard et tous les maires FN n'ont pas été élus dans des villages 53 habitants dont 46 à la retraite.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Saurdholion
Et bien pourtant les deux côtés du "donc" sont parfaitement liés.

[...}

Donc il existe bel et bien un phénomène tel que: population rurale diminue, donc diminution des services publics ce qui pousse encore plus le phénomène d'exode rurale. Du moins c'est mon analyse. Et quand on parle avec les gens de là bas, il y a une phrase qui reviens souvent: "Il ne reste presque que des vieux, et un jour il ne restera plus personne".
C'est une analyse de surface : tu constates que l'un semble entraîner l'autre sans poursuivre le raisonnement, comme si c'était une espèce de loi naturelle. Or ça dépend évidemment de décisions humaines. C'était le sens de ma remarque.
Citation :
Publié par Aloïsius
Pour le reste, il faudrait voir dans le détail, mais ce n'est à mon avis pas seulement les espaces ruraux qui sont concernés par ce sentiment d'abandon, mais en réalité tous les espaces géographiques situés en-dehors des 15 ou 20 plus grosses aires urbaines. Une ville de 20 000 habitants, ou même de 90 000, ça ne pèse plus grand chose, et si la mairie n'est pas particulièrement dynamique et efficace, ou si le département et la région sont gérés par des ineptes, ça peut dégénérer très vite.
Ça dépend plus de l'isolement de la ville que de sa taille, en fait. Une ville de 20.000 habitants dont la plus proche de taille au moins équivalente se trouve à 40 bornes va conserver une forte attractivité. La même qui sert de banlieue à une préfecture servira de dortoir. Le dynamisme de l'équipe municipale joue beaucoup aussi, comme tu le rappelles.

En Seine-et-Marne non rattachée à l'aire urbaine de Paris, pour ce que je connais bien les villes qui vampirisent les services publics au détriment des autres communes sont toutes des sous-préfectures de taille respectables, et surtout avec un baron très bien installé (Meaux, Provins, Coulommiers, Melun, Montereau). Fontainebleau se fait baiser parce qu'elle est entre Melun et Montereau (à moins de 15 bornes de chaque côté, bien raccordé par train et nationale) et parce que le maire n'a pas les réseaux de ses "concurrents".

A l'échelle du département, la Haute Marne est un cas d'école de politique catastrophique : ce département devient un désert peuplé d'un tiers d'actifs dont les enfants se barrent dès qu'ils peuvent pour ne jamais revenir, d'un tiers de retraités oubliés dans leur appart/cabane sans chauffage, et d'un tiers de hollandais. L'idée de génie du conseil général pour repeupler le département : installer sur place la poubelle nucléaire de l'europe.

Le Cantal et la Lozère ont le même genre de problèmes : peu d'emplois sur place hors tourisme, administration et agriculture (et évidemment, services à la population mais qui n'est pas très volumineuse). Pas d'établissement d'enseignement supérieur à part un IUT. Forcément, les gens se cassent...

C'est en partie le résultat de la mise en concurrence des territoires. Forcément, Puy de dôme vs Cantal, c'est-à-dire pour simplifier grossièrement, Clermont-Ferrand vs Aurillac, ça fait rire.
Citation :
Publié par Laadna
C'est une analyse de surface : tu constates que l'un semble entraîner l'autre sans poursuivre le raisonnement, comme si c'était une espèce de loi naturelle. Or ça dépend évidemment de décisions humaines. C'était le sens de ma remarque.
Ah oui je suis d'accord avec ça, c'est avant tout une volonté politique. A l'heure des grandes économies, forcément on coupe là où la voix des mécontents aura le moins d'échos car de moins en moins nombreuses du fait de l’attractivité urbaine.
Citation :
Publié par Egelbeth
Le sujet est vaste, j'y répondrais plus longuement ce soir ou demain.
On attend toujours

Plus sérieusement, je lis et je comprend certains des sujets soulevés, mais je ne vois pas vraiment de solutions proposées au delà des critiques sur les citadins des métropoles.


Pour contribuer au débat, un article (assez orienté je préviens), sur le poids culturel / économique grandissant des villes, mais de leur poids politique décroissant. Accentué dans certains pays par du gerymandering (Londres qui augmente en population aura encore moins de députés bientôt)

https://www.theguardian.com/commenti...e-rural-voters
Message supprimé par son auteur.
Je tente de relancer avec 2 quotes du thread US. Vu que le sujet est plus grand que le cas des USA, je crois qu'il est plus approprié d'en parler ici.

Citation :
Publié par Aloïsius
J'y crois pas un instant. La division profonde, c'est pas Ouest vs Sud vs Est. C'est grandes métropoles dynamiques contre villes moyennes et Amérique rurale. Tu ne peux pas faire un découpage net avec ça. Aujourd'hui, les espaces "ruraux" et le "périurbain profond" américain ont un poids politique sans commune mesure avec leur poids démographique, d'où le fait que le GOP et son candidat remportent la présidence, le sénat et la chambre avec à chaque fois moins de voix que les démocrates.
Combien de temps les habitants des grandes villes accepteront de voir leur avenir dirigé par des "ploucs", aucune idée. Ils sont bien moins organisés et impliqués politiquement et on sait depuis Mao que dans une guerre civile, fut-elle électorale, les campagnes ont l'avantage.
Citation :
Publié par toutouyoutou
Merveilleux appel à la ségrégation socio- spatiale... où comment ostraciser la moitié de la population sous prétexte qu'elle pense mal, c'est- à- dire pas comme toi ou comme tu le voudrais.
C'est donc ça l'universalisme des droits de l'Homme porté par la Gauche moderne, ouverte et tolérante ?
Au moins tu auras fait tomber le masque...
Un bel exemple de haine progressiste apparemment inhérent à la métropolisation.
On en viendrait presque à remercier Trump de t'avoir offert un si beau miroir.
....
Les 2 quotes ci-dessus montrent bien la tension, la lassitude ou l'animosité que le sujet engendre (avec 2 posteurs pourtant très posés, même si je suis sûr qu'il y avait une grosse part d’exagérations dans les propos).


Les faits demeurent pourtant que ce clivage existe bien, et serait peut^etre celui qui transcende la lecture droite / gauche ou la grille de lutte des classes.
J'ose pourtant avancer quelques constats (qui sont peut être faux, n'hésitez pas à me corriger):

- structurellement, tout investissement publique est plus rentable en zone dense. Il en revient que soit les campagnes / zones péri-urbaines font face à des sous-investissements, soit les villes sont choquées de voir leur imposition dilapidée à fond perdus. En gros c'est "omg on dépense X fois plus pour les villes" ou "omg on dépense X fois plus par tête sur les campagnes"
- peut être que mon échantillon N est trop petit, ou inconsciemment biaisé, mais actuellement, les "campagnes", dans leur lutte pour ne pas être ignorées, semblent soutenir de plus en plus des comportements autocratiques. La base d'Erdogan c'est l’illettré d'Anatolie à la base. La base de Trump, c'est tout ce qui est hors d'une ville + le contexte plus spécifique de la rust belt. Si je me souviens bien, Poutine aussi se repose(ait) sur les campagnes contres les démocrates souvent plus urbains. Est ce que c'est comportements c'est plus par volonté de se démarquer de la culture urbaine? Ou la volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière? Autre chose?

Bref, le sujet (me) fascine, et je trouve dommage finalement qu'on en parle à chaque fois que dans le contexte de fils bien disparates au lieu d'en parler de façon dédiée tant le sujet semble être un fil rouge.
Citation :
Publié par Hellraise
- structurellement, tout investissement publique est plus rentable en zone dense. Il en revient que soit les campagnes / zones péri-urbaines font face à des sous-investissements, soit les villes sont choquées de voir leur imposition dilapidée à fond perdus. En gros c'est "omg on dépense X fois plus pour les villes" ou "omg on dépense X fois plus par tête sur les campagnes"
Je ne suis pas sûr du tout de ce que tu avances. 1 km d'autoroute en zone urbaine coûte bien plus cher qu'en zone rurale et c'est la même chose pour tout investissement demandant du foncier. De même que les transports en commun. IL faudrait vérifier mais il me semble bien que ce sont tous les Français qui financent les transports des Parisiens vu que c'est l'État qui finance la RATP contrairement aux systèmes de transport des autres villes financées par leurs collectivités locales. Donc l'imposition des urbains dilapidée à la campagne, faudra m'expliquer en quoi et comment...
Citation :
Publié par Xh0
Je ne suis pas sûr du tout de ce que tu avances. 1 km d'autoroute en zone urbaine coûte bien plus cher qu'en zone rurale et c'est la même chose pour tout investissement demandant du foncier. De même que les transports en commun. IL faudrait vérifier mais il me semble bien que ce sont tous les Français qui financent les transports des Parisiens vu que c'est l'État qui finance la RATP contrairement aux systèmes de transport des autres villes financées par leurs collectivités locales. Donc l'imposition des urbains dilapidée à la campagne, faudra m'expliquer en quoi et comment...
Peut être. Je pensais plus aux écoles, hôpitaux, bureaux de poste, ligne de train ou de bus, etc... Et je le dis en tant que péri-urbain dune ville de 10k avec hôpital qui se demande quand est ce qu'il sera fermé comme pour la ville d'à coté.
Citation :
Publié par Hellraise
- peut être que mon échantillon N est trop petit, ou inconsciemment biaisé, mais actuellement, les "campagnes", dans leur lutte pour ne pas être ignorées, semblent soutenir de plus en plus des comportements autocratiques. La base d'Erdogan c'est l’illettré d'Anatolie à la base. La base de Trump, c'est tout ce qui est hors d'une ville + le contexte plus spécifique de la rust belt. Si je me souviens bien, Poutine aussi se repose(ait) sur les campagnes contres les démocrates souvent plus urbains. Est ce que c'est comportements c'est plus par volonté de se démarquer de la culture urbaine? Ou la volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière? Autre chose?
Quand une portion d'une population a l'impression d'être délaissée au profit d'une autre, elle se tourne vers des leaders qui promettent de mettre au pas la portion qui réussit à leur profit à eux. Ce n'est pas une question de ruralité, de niveau d'instruction, d'époque, ou de pays. Quand le paysan du Midwest n'arrive plus à faire vivre sa famille correctement et qu'il voit tous les jours à la télé les scandales sexuels des people qui heurtent sa morale, il se tourne vers le mec qui fait écho à ça. Quand l'ouvrier du Nord n'arrive plus à faire vivre sa famille correctement et qu'il voit à la télé les politiciens qui s'en tirent avec des magouilles, il va voter FN pour changer ça. C'est la même logique avec les même conséquences, la ruralité n'a rien à voir là dedans.

Du reste, tu vas te faire tomber dessus par Egelbeth quand il verra ton post, même moi j'ai du mal à lire ça tellement ça suite de méconnaissance de ce qu'est la campagne de nos jours.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Kaleos - Jack
Quand une portion d'une population a l'impression d'être délaissée au profit d'une autre, elle se tourne vers des leaders qui promettent de mettre au pas la portion qui réussit à leur profit à eux. Ce n'est pas une question de ruralité, de niveau d'instruction, d'époque, ou de pays. Quand le paysan du Midwest n'arrive plus à faire vivre sa famille correctement et qu'il voit tous les jours à la télé les scandales sexuels des people qui heurtent sa morale, il se tourne vers le mec qui fait écho à ça. Quand l'ouvrier du Nord n'arrive plus à faire vivre sa famille correctement et qu'il voit à la télé les politiciens qui s'en tirent avec des magouilles, il va voter FN pour changer ça. C'est la même logique avec les même conséquences, la ruralité n'a rien à voir là dedans.

Du reste, tu vas te faire tomber dessus par Egelbeth quand il verra ton post, même moi j'ai du mal à lire ça tellement ça suite de méconnaissance de ce qu'est la campagne de nos jours.

Pour la première partie de ton message, je suis d'accord, mais tu décris la conséquence de quelque chose en amont, c'est ce que je veux discuter. Si l'individu du Mid-West ou du Nord est délaissé au profit des mégalopoles, les questions sont "pourquoi?", "comment y remédier ou est ce une fatalité?", "est ce qu'il y a des solutions qui soient égales et/ou équitables"?
Bref, 10 threads ou 1000 pages sur l'agora où tout le monde parle que des conséquences (les votes, comportements) ou des causes du premier degré (truc est ignoré) sans parler des causes sous jacentes ou des remèdes au delà du "c'est des ploucs qui ne devraient pas voter" ou du "gros coup de pied dans la fourmilière que tout le monde soit dans la même merde" ou "changement à tout prix repris à toutes les sauces".

Pour la 2e partie, j'ai cru pourtant faire très attention à mes mots, et avoir demandé à ce que je soit corrigé ou débattu là où j'avais une vision erronée. Je me base sur ma propre vie en UK péri urbain, où les bureaux de poste, les banques, les hôpitaux, les écoles ont de plus en plus de mal à se maintenir. Au nom d'une logique d'économie d'échelle qui fait que le bureau de post pour 1k habitant dans le village voisin, ça coûte plus par tête de pipe qu'un bureau dans une ville de 10k.
OK mon coin est aisé, mais dans d'autres endroits je vois bien comment les habitants rageraient contre Londres. Mais rager != donner une solution qui soit égale/équitable.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Xh0
Je ne suis pas sûr du tout de ce que tu avances. 1 km d'autoroute en zone urbaine coûte bien plus cher qu'en zone rurale et c'est la même chose pour tout investissement demandant du foncier. De même que les transports en commun. IL faudrait vérifier mais il me semble bien que ce sont tous les Français qui financent les transports des Parisiens vu que c'est l'État qui finance la RATP contrairement aux systèmes de transport des autres villes financées par leurs collectivités locales. Donc l'imposition des urbains dilapidée à la campagne, faudra m'expliquer en quoi et comment...
C'est assez simple en fait : les zones urbaines sont celles qui "rapportent le plus"en terme d'impôts et taxes ( valeur foncière, sur-représentation des cadres et professions intellectuelles, sièges d'entreprises). Et vu la densité de population, les investissement en terme d'euro/habitant sont faibles.

Les zones rurales à l'inverse ont des populations moins diplômées donc avec des revenus plus faibles, l'immobilier est moins cher, il y a essentiellement des PME et exploitations agricoles etc. A l'inverse, les infrastructures et services publics coûtent plus cher par habitant.

J'entends déjà venir le "oui mais en Seine-Denis ils zont plein d'aides". Sauf qu'il y a plus de sièges d'entreprises à Saint-Denis ou Bobigny qu'en Corrèze. Il n'y a pas de miracle : les départements les plus subventionnés sont aussi ceux ceux où le revenu par habitant est le plus faible : Cantal, Ariège, Ardennes, Lozère...

Il y a également de nombreux effets indirects qui font par exemple qu'à niveau égal, un lycéen en zone rurale privilégiera une formation en-dessous de ses possibilités mais qui est dans le coin là où au contraire un citadin n'hésitera pas de aller étudier à l'autre bout de la France.

C'est un peu un cercle infernal : les cadres et les professions libérales sont les principales sources de revenus pour les collectivités mais pour les attirer, il faut une offre spécifique (loisirs culturels, TGV, universités, offre médicale...). Comme les petites villes/village n'en ont pas, les entreprises ne vont pas s'y installer car elles ont besoin d'une main d'oeuvre très qualifiée. Du coup, ces petites villes n'ont pas les moyens d'entretenir un théâtre ou un musée, elles ne sont pas attractives. Bref...

C'est intéressant de voir d'ailleurs que les villes qui ont investi dans la culture - truc qui est typiquement jugé comme ne servant à rien - se portent bien mieux que leurs voisines (Rennes/Brest, Nancy/Metz, Montpellier/Béziers, Strasbourg/Mulhouse...). A Nancy, tu as une population jeune et fortement diplômée ; à Metz juste à côté, tu as une population vieillissante de commerçant et petits patrons.
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