Eh bien... je viens de finir Jessica Jones, et je dois dire que je suis particulièrement perplexe quant à la vague de retours positifs à propos de cette série. Je ne sais pas si j'avais trop d'attentes, il est vrai que le choix du personnage m'intriguait, l'ambiance annoncée semblait plaisante, David Tennant en Kilgrave promettait d'être mémorable, et même si Don't Trust the B m'avait assez vite ennuyé, ça m'avait donné une certaine sympathie pour Krysten Ritter.
Dans la continuité, j'avais regarde précédemment Daredevil, histoire de me mettre dans le bain Netflix/Marvel, qui pour le coup fut une très agréable surprise, avec un Vincent D'Onofrio en Wilson Fisk totalement monumental, des scènes d'action excellentes, un schéma narratif convenu mais solidement mené à terme, le rendu d'un Hell's Kitchen moderne et réaliste, qui fait écho à pas mal de problématiques sociales, et le sentiment général de ne pas être pris pour un con - exemple le plus flagrant, toutes les langues différentes qui cohabitent, et qui donnent de la profondeur à certains dialogues entre les personnages. Bref, Daredevil m'avait vraiment semblé au-dessus du lot des "séries de super-héros".
Donc, j'entrais avec Jessica Jones avec beaucoup d'a priori positifs, qui ont été malgré tout tempéré le jour de la sortie quand je me suis penché sur la créatrice/showrunner - je vous invite à voir sa filmographie -, si le début de la saison est plutôt correct, je dois dire que tout va très vite à vau-l'eau, à tel point que sur les derniers épisodes, j'avais tout simplement l'impression de me retrouver devant l'une des plus mauvaises séries télé qui m'ait été donné de voir depuis longtemps.
Techniquement, on peut dire que c'est correct, si on omet certaines scènes d'action plutôt honteuses, le vrai fond du problème de cette série repose dans son écriture - et c'est souvent le cas avec les mauvaises séries. D'abord, et c'est sans doute un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup, je n'aime pas les séries qui instaurent une forme précise en début de série, et qui l'oublient complètement sans raison par la suite, pour Orange is the new black, c'était les flash-backs, pour Jessica Jones, c'était la narration en voix-off. Pour moi, c'est assez symptomatique d'un manque de rigueur qui va se ressentir très vite partout.
(spoiler sur la saison complète)
Comme le plupart des gens, qui ont émis des réserves sur la série, l'ont déjà souligné, le gros du problème vient de l'impression que les personnages sont tous à moitié débiles.
Pour moi le point de rupture se produit précisément entre l'épisode 9 et l'épisode 10, l'intrigue est prolongé par des stratagèmes scénaristiques tellement grossiers qu'on est en plein dans le nanar pour la plupart des scènes. L'avocate qui n'avait servi à rien dans l'intrigue principale jusqu'à ce qu'elle se décide à libérer Kilgrave - sa storyline qui avait été énormément développé, est d'ailleurs résolue en deux éternuements -, la voisine qui ne prend pas le temps de digérer la mort de son frère et décide de s'en prendre à Jessica, et donc de faire libérer Kilgrave, Simpson et sa drogue magique qui lui permet de devenir littéralement le pire personnage de série télé possible, Hope qui, après trois secondes hors de prison - libérée gracieusement par Kilgrave, alors que prouver son innocence était bien l'un des enjeux principaux de la série jusqu'ici - se suicide.
Il y a beaucoup à dire sur ce qui ne va pas sur cette fin de saison, mais il me semble qu'il y a un point qui cristallise le mieux l'errance scénaristique de la série, selon moi, c'est le fameux moment où le père de Kilgrave se propose de réaliser un vaccin anti-Kilgrave. Bon, admettons que ce soit possible - je suis tout à fait prêt à mettre ça dans la case du TGCM -, mais il faut voir l'exécution, un scientifique qui doit rester les mains attachés dans le dos pour ne pas se suicider va réaliser un vaccin en quelques heures aidé d'une ancienne actrice dans une chambre d'hôtel miteuse, avec pour outils de travail le kit du petit chimiste - il y a une scène où il lui dit littéralement de ne mettre qu'une seule goutte de la pipette qu'elle tient sinon elle détruit tout le vaccin, j'étais mort de rire -, le plus fou, c'est que le vaccin est finalement totalement inefficace et honteusement foutu sous le tapis très vite.
Un autre détail qui joue en défaveur de la série et de la construction d'un univers crédible, c'est le fait que la série abuse et ré-abuse du pouvoir magique de l'ellipse pour téléporter ses personnages un peu partout, c'est vraiment un truc commun aux séries excessivement paresseuses dans leur écriture.
Heureusement qu'il y avait David Tennant.