Tes exemples à l'étranger montrent qu'il semble s'agir d'un phénomène mondial. Je ne pense pas que la faute soit à reporter en intégralité sur la qualité de nos médias (en tout cas, pas ceux spécifiquement Français).
Ah, non, les médias français ne sont pas responsables de la médiocrité ou de la malveillance de notre personnel politique. Enfin, pas totalement, il y a des relations du style poule-œuf bien entendu...
Pour l'aspect mondial, c'est sans doute le plus flippant. Les fondements mêmes de la démocratie sont attaqués de tous les côtés, fatalement, vu que la presse libre en fait partie, elle déguste.
1. La première offensive, la plus ancienne et la plus profonde, c'est l'offensive capitaliste. Depuis la contre-révolution des années 60-70-80 incarnée par les Thatcher, Hayek et autres Pinochet, il y une offensive hyper-violente de la caste supérieure pour briser les classes moyennes, défoncer les corps intermédiaires, écraser les salariés, castrer les Etats démocratiques et mettre la presse à son service exclusif.
2. La seconde offensive, la plus aiguë actuellement, c'est l'offensive des autocrates en tout genre et des brutes qui gravitent autour. De Poutine à Xi Jiping, de Maduro à Trump, d'Orban à Erdogan. Cela passe ici par un déluge de fake news, là par des attaques virulentes dans une presse aux ordres, ailleurs par des emprisonnements ou des assassinats et encore ailleurs par la mise en place d'une censure et d'une surveillance généralisée. L'objectif est ici d'écraser les contre-pouvoirs, de fermer les gueules et d'assurer l'impunité des dirigeants. L'assassinat du journaliste slovaque entre parfaitement dans cette catégorie.
3. La troisième offensive, celle qui risque d'être la plus durable, c'est la négation même des valeurs démocratiques. On y retrouve souvent mais pas toujours les autocrates (certains font semblant de respecter les formes), mais surtout des mouvements basés sur d'autres légitimités que la souveraineté populaire et le respect des droits : les islamistes en sont le meilleur exemple, avec l'opposition du principe théocratique qu'ils apportent. Mais on peut aussi y intégrer les groupes mafieux hyperviolents d'Amérique latine (ou d'ailleurs) et certains ultra-nationalistes. Ceux-là ne se contentent pas de pervertir façon ferme des animaux les idéaux démocratiques, ils les récusent totalement.
Etre journaliste aujourd'hui, c'est risquer d'être viré par un boss qui veut vendre des burgers toxiques, c'est prendre en pleine tête les dégueulis d'insultes de poujadistes de droite et de gauche, c'est risquer de finir les pieds dans le béton dans le Vieux Port (de Marseille ou de Shanghai), c'est être submergé de fake news et de tentative de manipulations, c'est être traîné en taule pour terrorisme pour avoir fait un jeu de mot sur le Grand Leader. Et c'est risquer le chômage parce que le journal ne se vent plus. Faut pas s'étonner si la presse est dominé par l'actu people et sportive.