Non mais c'est ridicule de noter absent le mec dont tu sais qu'il ne viendra jamais..
Il est pas absent il est déscolarisé
Il est
inscrit dans ma classe. En théorie, si je ne le note pas absent, il est présent. Et donc sous ma responsabilité. Vu le profil des lascars, je me passerai très bien de ça tu vois ? Après, la direction laisse des fantômes sur les listes (parce que ça prend 30 secondes de virer un élèves des listes sur le soft, hein... du reste, ceux qui déménagent ou changent de classe sont rayés comme il faut) pour gonfler les effectifs et diminuer le risque de suppression de classes, je peux le comprendre aussi. Et je peux comprendre que ça gonfle la même direction d'avoir des mauvais chiffres d'absentéisme. Mais je ne vois pas pourquoi je devrais prendre le risque d'assumer un truc potentiellement dramatique pour une histoire de maquillage des chiffres. Et ça me saoule de participer à un système où tout le monde triche parce que les autres trichent.
Dans le même style, les bulletins et les notes en 3e. Je suis dans un collège de centre-ville, avec un public assez favorisé, mais avec ses élèves en difficulté, comme partout. Lesquels n'ont objectivement pas intérêt à rester chez nous. Pourquoi ? Parce que les notes que nous donnons dans l'établissement sont conformes à ce qui attendu des élèves d'après les instructions des programmes. Du coup, ces élèves en difficulté ont de sales notes (genre entre 5 et 8 de moyenne) alors que dans un collège plus populaire, ils auraient entre 10 et 12 sans problème.
Ils ne seraient pas meilleurs pour autant. Par contre, lorsque leurs dossiers sont examinés par les lycées pro, ceux qui ont 10 de moyenne passent devant ceux qui ont 7.
Sauf que, suivant l'alchimie des conseils de classe, quand on note en mode "ZEP", ces gamins ou leurs parents demandent à passer en seconde générale, où ils se font massacrer.
Il y a un truc qui est atroce quand on est prof de 3e, c'est la fin de l'année, après le brevet, quand les résultats d'affectation sont affichés. Les médias nous sortent chaque année le marronnier du bac, avec les lycéennes en pleurs devant les panneaux du lycée, après avoir obtenu leur bac ES comme 90% des élèves de leur classe... Sachant qu'un bac, ça peut se repasser l'année suivante, et qu'il y a un rattrapage.
En revanche, les gamins qui se retrouvent sans rien en fin de 3e, alors qu'ils avaient envoyé leurs dossiers dans x lycées pro de la ville, et qui doivent du coup s'inscrire en général, être déscolarisés ou redoubler la 3e (ce qui revient souvent au même...), ça, on en parle pas.