[Projet] L'Histoire.

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Astrub 7 Flovor 642.

Hapero court sous la pluie. Depuis le début du mois de Javian, pas un jour n’est passé sans que les rues de la petite bourgade ne soient inondées. Le jeune Crâ se dépêche de se rendre à son rendez vous avant que ses vêtements ne soient totalement détrempés. Il connait parfaitement la taverne d’Astrub, repaire de jeunes aventuriers à la recherche de premiers frissons. Take était un vieux copain de beuverie, enfin de beuverie, Take servait et Hapero picolait…. Invariablement.

La chaleur étouffante du lieu contrastait avec la pluie glaciale de l’extérieur, l’horloge indiquait 18h30. Hapero enleva son capuchon et dénoua sa cape, il la déposa sur le porte manteau dans le coin de l’entrée, juste à côté d’une cape vert pomme… Mon rendez vous est là, pile à l’heure comme toujours…. Il parcourut du regard l’ensemble de la pièce, fit un petit signe à Take qui lui servait déjà une pression quand une voix l’interpella.
« Hap ! viens boire mon copain ! »
Yve, le plus ancien et grand consommateur de la taverne était devenu au fil du temps un ami et un confident du crâ. L’enutrof sans âge s’agitait sur son tabouret de bar pour attirer l’attention d’Hapero.
« Pas ce soir Yve ! j’ai un rendez-vous ! »
L’enu s’affaissa sur lui-même comme s’il avait reçu un coup de poing dans la poitrine, son visage rougeoyant et ses yeux bleus laissaient poindre une tristesse indéfinissable. Take lui tapota l’épaule en lui servant une grande pinte de bière. Yve retrouva immédiatement le sourire.

Hapero remarqua enfin son père dans un coin de la salle. Le brave homme était en pleine discussion avec le vieux Erty Trapchet. Entre jardiniers fous ces deux là se comprenaient bien même parfois trop bien. Il avança résolument vers eux se demandant bien pourquoi son père lui avait donné rendez-vous ici surtout en la présence de ce grand passionné de plantes.
« Ah fiston ! tu es enfin là ! Je savais bien qu’en te donnant rendez-vous à la taverne tu serais à l’heure ! »
Hapero ne releva pas la pique lancée par son père et s’assit en saluant Erty.
« Bonsoir, ça fait longtemps que je ne vous ai pas vu à Astrub
- Effectivement jeune homme je faisais des recherches… humm disons botanique avec notre cher fermier Farle ! Et j’espère que tu m’accorderas ton aide pour la suite de mes recherches.
- Mon aide ? quelle drôle d’idée… je suis pas jardinier ou botaniste moi…
- Hélas, coupa le père d’Hapero
- Ho ! c’est bon ! je n’ai pas pris le même chemin que toi mais pas besoin de me rabaisser » réplique le jeune crâ en repoussant violemment la table.
Il mit fin de cette manière là à la conversation et se dirigea vers la porte tout en attrapant sa cape. A l’extérieur la pluie avait cessé, Hapero se dirigea vers le sud. Il était à peine devant l’atelier des bijoutiers quand Erty le rattrapa.
« Excuse ton père… tu le connais il a voulu tant de chose pour toi….
- Ma timidité et mon problème d’alcool n’étaient pas vraiment dans ses projets…
- Laisse… Ecoute moi, je n’ai pas besoin d’un botaniste ou d’un jardinier, mais d’un jeune homme qui veut bien aller voir Otomaï pour moi. Il doit me donner un engrais spécial mais malheureusement je n’ai plus mes jambes de vingt ans et monter en haut de son arbre n’est pas chose aisée. Fais le pour moi s’il te plaît.
- Otomaï ? l’alchimiste ? Mais c’est à l’autre bout du monde !
- Oui ! j’ai réservé une place sur le bateau d’un vieil ami à Sufokia, il t’emmènera là bas si tu accepte. »
Hapero rêvait depuis toujours de partir loin d’Astrub, il avait toujours craint la réaction de ses parents… Mais là c’était un ami de son père qui lui proposait une « course » tout à fait normale, et donc une bonne excuse pour partir. Il accepta l’offre et pris les indications pour aller rejoindre le bateau qui le mènerait au bout du monde. En regardant le ciel gris d’Astrub, il se dit qu’il ne pouvait pas plus mal tomber…

Dernière modification par Lumiciole ; 08/02/2012 à 00h43. Motif: ;D
« Les cris étaient omniprésents dans la maisonnée. Dernier soupir d’un torturé, râle de souffrance d’un empoisonné ou encore la jouissance d’un de mes parents ôtant une vie.
Voilà dans quel environnement je vivais.
Pour beaucoup, il s’agissait de leur dernière demeure. Pour moi, c’était ma première.
Comme tout Sram qui se respecte, j’existe en abrégeant la vie d’autrui.
Les dagues et les pièges n’ont plus de secret pour moi. Seul les poisons me pose soucis. Je maîtrise la théorie, les doses nécessaires. Mais je n’arrive pas à doser correctement.
Le sang de Bouftou est un produit très pratique dans la confection de poisons et d’antidotes.
Avalez le à l’état naturel et vous serez sûr de passer la semaine au petit coin.
Coupez 30cl de ce même sang avec quatre feuilles de trèfle à cinq feuilles et vous guérirez tout maux de tête ou problème de copulation chez un homme (a des effets non désirés chez la femme)
Mais mélangez 32cl de sang de Bouftou avec six feuilles de trèfle à cinq feuilles et vous obtiendrez un acide qui ronge à peu près tout ce qui n’est pas végétal. Mon frère ne l’était pas…
La voix tonitruante de mon père m’arracha à ma rêverie :
« Rivéa ! Viens là, c’est l’heure. »
Dans mon sursaut, je tranchai par mégarde la gorge du jeune Iop.
Encore un jeune aventurier en quête de blop qui s’est pris dans nos filets…C’est triste, je les préfère plus aguerris.
Je descendis dans les souterrains retrouver mon père pour prendre mes cours de potions quotidiens.
Mon père était un sévère gredin mais un alchimiste de génie. Il avait longtemps été l’assistant de l’alchimiste légendaire Otomaï. Mais vivre en reclus et bidouiller les cadavres d’animaux l’avait lassé.
Il vivait maintenant en reclus, mais travaillait avec les entrailles humaines, ce qui lui procurait plus de plaisir.
Lorsque je le rejoignis dans notre cachot aménagé en laboratoire, plusieurs marmites bouillaient déjà. Du sang de Bouftou en ébullition dans chacune d’elles…Joyeuses perspectives en vue…
Il me dit, en essayant d’être aimable :
« Il est temps que tu surmontes l’échec que tu as eu avec ton frère.
-Je n’en suis pas troublée. J’ai appris des choses grâce à cela. Il a été utile.
-Toute la douceur de ta mère… »

Pendant une heure nous mélangeâmes divers produits au sang de Bouftou : peau de larve bleue dans une, crâne de Sadida dans une autre, ou des produits plus exotiques comme du lait de Meulou femelle.
« Rivéa, pour la dernière marmites, il faut mettre de la poudre d’Eniripsa, ça donne un très bon antidote aux maladie tropicales connues. Pour les inconnues, je ne sais pas encore…Tu en trouveras en haut de l’armoire. Mais fais attention à ne pas te tromper, c’est pas vraiment rangé.
-D’accord, je vais voir ça. »

L’armoire était remplie de ressources hétéroclites : bave de champ à gnons, langue de pissenlit diabolique, testicule de Meulou, écailles de Harpirate et beaucoup d’autres choses.
Et en effet, des bocaux remplis de poudre se tenaient tout en haut. Au milieu de diverses hormones de familiers se trouvait un sachet étiqueté « Poudre d’Eniripsa ». Je le pris et retournai vers la marmite du fond.
« Combien de pincées dois je mettre ?
-Trois suffiront
-C’est fait. Mais j’ignorais que la poudre d’Eni était jaune.
-Jaune ? La seule poudre jaune que j’ai c’est… »

Mon père ne termina jamais cette phrase.
Le sang de Bouftou a réagi presque immédiatement avec la poudre de résurrection. Une réaction exothermique digne du dieu Roublard lui-même.
La maison fut soufflée par la déflagration. Tout comme les âmes qui y résidaient.
La combustion s’était dirigée vers le haut, la marmite servant de canon, le cachot avait moins subit que le reste.
Cela ne dura pas. Tout ce qui monte doit redescendre.
Le haut de la maison atterrit durement sur les souterrains, mis à l’air libre par l’explosion.
Mon père se jeta sur moi pour me protéger, geste que je ne comprends toujours pas.

Lorsque je me suis éveillée, j’étais sortie des décombres, mon père allongé à mes côtés.
« Rivéa, nous venons de faire une grande découverte. Encore une propriété inconnue du sang de Bouftou… »
Un râle rauque sorti de sa gorge. C’est à ce moment là que mon père était maculé de sang de Bouftou, tout en étant allongé dans des trèfles à cinq feuilles…Mauvais mélange…
Il me dit d’une voix faible :
« Tu dois aller voir Otomaï pour le mettre au courant. Et peut être pourra t il finir ta formation.
-Peut être que lui ne mélange pas ses produits, et de toute façon vu ton état, je doute que toi tu le puisse.
-Toujours aussi charmante, tu tiens vraiment de ta mère… Accepteras tu ?
-C’est un ordre je suppose…
-Non, une supplication d’un mourant…
-Donc c’est un ordre. Très bien, j’y vais. A plus tard. »

« C’est ainsi que mon voyage vers Otomaï commença, et c’est pour ça que je suis devant vous.
-Attendez, vous dites que vous êtes parties en laissant votre père agonisant ? »
Le marin en face de moi avait l’accent typique de l’habitant de Sufokia.
« Bien sur que je l’ai laissé. Il m’a ordonné d’aller voir Otomaï, j’obéis.
-Vous êtes horrible ! Même si vous aviez assez de kama pour acheter mon bateau, je ne vous laisserai pas monter dessus. Et m’avoir raconter votre petite vie ne fais que renforcer ma décision : moi vivant, vous ne monterez jamais sur ce bateau ! »
D’un geste fluide et rapide, ma main alla chercher ma dague à ma ceinture, et remonta l’arme jusqu’à la gorge du marin.
Et c’est d’une voix suave que je lui susurre à l’oreille :
« Mais cela peut s’arranger très vite… »
Le sang froid du marin était total. Même après l’exécution de mon geste, il n’avait pas cillé. Il savait que je ne pouvais pas le tuer.
« Allons, vous n’êtes pas idiote, bien que démente. Vous savez très bien que sans moi ce bateau n’ira jamais à Otomaï. De plus, j’ai pris mes dispositions en vous voyant arriver. Vous pouvez sortir les gars ! » tonna t il.

Dix Cra bondirent de leurs cachettes. Tous étaient armés d’un arc. Même celui qui tenait à peine debout tant il oscillait…

Dans cette situation, je n’avais que peu d’options.
« Soit, je m’en vais. Je trouverai un autre bateau pour l’île de l’alchimiste.
-Vous n’avez aucune chance, mais c’est effectivement votre meilleure solution. »

Je repartis donc vers les habitations du port. Dès que le bateau ne fut plus en vue, je devins invisible, tout en laissant mon double cheminer vers le lointain.
Je revins sur mes pas, et en passant près du marin buté, il dit :
« Celle là, on est pas près de la revoir. »
C’était un Ecaflip.
Le dernier mot était assez accentué pour ne me laisser aucun doute : il m’avait percé à jour…

Mais il ne fit rien pour m’empêcher de monter à bord.

Toutefois, par précaution, je me cachai près de la quille en agrémentant mon chemin de pièges.
J’ai longtemps roulé ma bosse. Cela fait des années que je parcours les routes, les îles, les continents. J’ai visité Bonta, je me suis battu dans les murs de Brakmâr, j’ai exploré l’île d’Otomaï et survécu à Frigost. J’ai longtemps roulé ma bosse et pourtant…

Il y a des choses que je n’ai jamais comprises. Pourtant je me considère comme intelligent, surtout vu ma provenance. Mais certaines choses demeurent pour moi aussi mystérieuses que le visage de Xélor lui-même. Comment expliquer ce phénomène de rejet qui opère quand l’image de la personne devant vous ne vous renvoie pas votre propre image ?
Il y a quelques années, 3 si je ne m’abuse, j’enseignais encore, j’étais Professeur et j’apprenais aux jeunes Iop à se battre et à faire la fierté de leur race.
Je m’en souviens comme si c’était hier…


-Professeur !

Cette simple interjection suffit à me tirer de mes rêveries. Je me retourne et localise le marmot qui m’interpelle. Il est jeune, 5 à 6 ans maximum et se nomme Brutus. Oui, je sais, c’est un nom hilarant, mais qui à un certain succès chez les Iops, allez donc savoir pourquoi… Bref, où en étais-je ? Ah oui, ce bon Brutus…

-Oui ? (Je sais, vous vous attendiez sûrement à un grand développement philosophique).
-J’me suis encore coupé !
-Par Iop, combien de fois t’ai-je dis de tenir ton épée par le manche et non par la lame ?

Ne rigolez pas, la formation des jeunes Iop est très difficile, néanmoins ils deviennent à terme de très bons guerriers, très obéissants mais un peu bêbêtes. Vous vous demandez comment cela se fait que je sois aussi éloquent et intelligent, pour un Iop je veux dire ?

Tout commença il y a 22 ans, quand lors de manœuvres, la caserne des crâ du coin avait passé la nuit dans notre bon vieux village typiquement Iopiens. J’vous laisse deviner la suite ? Papa Iop posa dans la graine dans maman Crâ et pouf, 9 mois plus tard je m’incarnais ! J’héritais néanmoins des deux traits les plus caractéristiques de mes parents : L’intelligence de Crâ et la Force de Iop. D’ailleurs, petite anecdote, je possède des pupilles et iris, là où les Iops de pure souche n’ont que des yeux blancs et vide. Sinon je suis de taille moyenne, avec une corpulence clairement Iopienne ! Des cheveux bruns foncés complètent ce portrait rapidement brossé de ma personne.

Cette naissance bâtarde a toujours été une cause de rejet, ainsi que mes traits spirituels malheureusement souvent incompris.
Mon rôle au sein du village consiste essentiellement à la formation des Iop. En dehors de ce boulot, je passe la majeure partie à effectuer des recherches. Je suis un vrai touche à tout et un vrai puits de science et j’aime à cultiver mon ascendant Crâ autant que mon penchant Iop.
D’un coup … On frappa à la porte. Aimant être original je dis :

-Entrez.

Tiens, voilà le maire de la bourgade qui vient me faire un petit bonjour. Il ne m’a jamais vraiment aimé et moi non plus. Il faut dire qu’il est très représentatif de la population Iopienne : musclé, grand, féroce et aussi intelligent qu’une cacahuète salée.

-Bonjour monsieur le Maire, que me vaut cet honneur, dis-je de ma voie la plus charmante.
-Nous devons parler.
-Vous savez, la coutume veut qu’une personne rentrant dans une pièce dise « bonjour » avant d’expliciter la raison de sa venue !
Oui, je sais, j’aime bien me rebeller un peu.
-J’ai été élire pour agiiir pas pour réfléchiiir, répondit il presque mécaniquement.
-On dit « élu », mais qu’importe, suivez moi.

Je demande à mes élèves de rester bien tranquilles, ce qui, bien sûr est inutile. J’entraîne le Maire dans mon bureau. J’aime bien appeler bureau ce petit placard meublé d’une table branlante et deux tabourets. Les Iops sont efficaces, simple et n’ont pas vraiment de sens esthétiques.
Il s’assoit, moi je reste debout, c’est plus facile pour lui taper dessus si ce qu’il me dit ne me plait pas.

-Ecoute, Avalhon, j’ai quelque chose à te dire.
-Bah allez y, hein.
-Le conseil d’administration a décidé que tu ne pouvais plus entraîner nos jeunes, où ne serait-ce que leur apprendre des « choses ». Tu es trop différent de nous.

J’accuse le choc, mon visage reste de marbre et j’arrive à articuler tant bien que mal :

-Que vais-je faire alors ?
-Rien, en faite nous voulons éviter que tu influences qui que ce soit. Nous avons décidé de te bannir.
-Juste parce que je suis différent de vous ? Car ma mère était Crâ ?
Je sens une espèce de haine aveugle monter en moi. Je serre les dents, ainsi que les poings.
-Essaye de comprendre…

Non, je n’essaye pas, j’ai bien fait de rester debout et je lui envoie mon pied droit sous le menton. Il part en arrière, se renverse et tombe dans un fracas sûrement dû à la table qui n’a pas tenu le choc.
Je sors du bureau, le laissant là par terre. J’ai un petit sourire aux lèvres, c’est fou comme ça peut défouler de taper sur un abrutis. Je passe devant les élèves qui, sans comprendre me regarde partir.
Je rentre chez moi et récupère quelques affaires, jette un dernier regard au village et part. Inutile de résister, inutile de se battre pour rester.


Et me voilà, 3 ans plus tard. Fini le bel habit de professeur, fini le look du gentil Iop bienveillant. Aujourd’hui je voyage au travers du monde, une cape jetée sur les épaules, le regard dur et froid.
Néanmoins, mes nombreux périples m’ont permis d’acquérir connaissance et sagesse. Les nombreuses batailles et affrontements ont affuté mon sens du combat.
C’est grisé par cette soif de savoir que je me dirige vers le port de Madestram, je monte sur le bateau à destination d’Otomaï. Depuis mon séjour passé, j’avais toujours eu envie de visiter de nouveau cette île et d’y étudier sa faune et sa flore.
Le trajet se déroule plutôt bien, si on exclut ma tendance à être à moitié couché sur le bastingage, vomissant tripes et boyaux.

- Ca ne va pas mon bon monsieur ? Me demande un marin qui ne doit plus être tout jeune si j’en juge par son visage élimé marqué par les affres de la vie en mer.
-Juste un décalage entre les informations que je reçois visuellement et le système vestibulaire qui assure mon équilibre.
-Keuwa ? (Je vous jure, c’est bien ce que j’entends, néanmoins je pense qu’on peut assimiler ce gargarisme à un « quoi »)
-J’ai le mal de mer !

Et c’est sous le rire moqueur de l’homme que j’aperçois ma destination…
Frigost, 7 Flovor 642.

Il faisait encore nuit lorsque je me suis réveillé ce matin. J'avais évidemment les yeux collés à cause du miel, et j’aurais bien aimé quelques heures de sommeil supplémentaires pour faire honneur à Sadida.
Le froid glacial qui pénétrait dans les galeries laissait croire qu’une violente bise s’abattait sur la montagne mais cela ne m’atteignait guère puisque je baignais dans un miel goûteux, au milieu de deux jolies jeunes demoiselles encore assoupies dans mes bras et rassasiées par les pots de miel qu'elles ont ingurgité la veille au soir.


Lorsque je me suis levé, j’ai constaté en la repoussant que ma partenaire osamodas aussi lourde qu'un orme millénaire malgré son petit corps frêle. Elle ne respirait quasiment plus et ne réagissait pas. Je l'ai alors soulevée pour l'expulser du bain qui n'aurait pas manqué de la submerger et ai brusquement réveillé Khota, la petite sadida aux cheveux d’or, avec qui j’ai honorablement vénéré notre dieu hier soir, pour l’informer de l'état de sa voisine.

« Réveille-toi, réveille-toi ! C’est Rabia, je crois qu’elle est inconsciente.
— Mmmh… Glouga… Sale insolent, laisse-moi dormir et enterre-la… souffla la belle plante avant de s’assoupir une nouvelle fois. »
Elle se tordait telle une larve et soupirait si fort que son mal était perceptible et communicatif, mais son cynisme ne donne pas envie d'avoir de la compassion pour elle.
C’est sans trop hésiter que, grâce à l'indice qu'elle m'a laissé et à une conclusion hâtive, j’ai décidé de planter quelques graines de ronce dans le bain de miel afin de soigner ma congénère et de ramener ma dompteuse favorite à elle.
Je n’étais à vrai dire pas très inquiet à leur sujet. Bien que la masse inerte dont j'ai bien profité hier ne soit pas encore morte, il m'est en effet déjà arrivé de soigner miraculeusement et accidentellement une maladie théoriquement incurable, grâce à une ronce insolente plantée sur un monstre qu'il m'aurait fallu laisser gésir.

J'étais sûr de mon coup, ce n'est pas parce que l'on me qualifie de boulet que je dois douter de la puissance de mes sortilèges. Le rétablissement de mes demoiselles était alors le dernier de mes soucis, et le grognement très bruyant de mon estomac qui n'avait rien vu depuis hier matin devenait alarmant.
Je me suis faufilé dans la pièce d’à côté, qui n’était autre que la chambre à manger. Il n’y avait personne à cet endroit, pas même un glourmand immobilisé par son ventre trop rempli. Je me mets alors à la table individuelle du fond avant de me couper trois grosses tranches de pain au miel que les gloursons avaient récemment appris à cuire.
Ce n’est que lorsque je m’apprêtais à croquer le premier morceau que je me suis retrouvé les fesses par terre à la suite d’un vol plané et d’une roulade qui a manqué de briser toutes les côtes de mon corps. Je venais tout juste d’être bousculé par mon si tendre ami, Glourséleste en personne et avant même de le saluer à mon tour, la première chose qui m’a interpellé était de comprendre pourquoi ce dernier avait quitté son trône et interrompu son hibernation pour me rendre visite à l’étage supérieur.


Le roi des gloursons, aussi imposant soit-il, a tenté de me parler dans un dialecte assez barbare dont je ne connais que quelques mots. Il a en revanche la bonne habitude de mimer tout ce qu’il dit avec son bâton d’une manière très habile — tout comme le mime Mansot, le shamansot de la foire du Trool — et j’ai rapidement su qu’il me demandait de le suivre. J’ai alors parcouru quelques kamètres de galeries en sa compagnie tout en réalisant que le mal qui affectait Khota et Rabia était omniprésent dans la ruche.


La plupart des gloursons étaient morts ou malades, la situation semblait critique mais je savais au fond de moi que l'unique chose à faire était de réunir la puissance de Sadida et celle d’Osamodas pour cesser le massacre et estomper ses conséquences.
J’ai planté une graine au pied de Glourséleste, à présent impuissant, et lui ai fait comprendre que c’est ce qui allait sauver ses congénères. Je lui ai également mimé une laisse d'osamodas pour le rassurer à propos des morts, mais sans me regarder il s’est retourné discrètement pour verser un peu de miel dans un petit pot en argile qu’il m’a ensuite tendu avec insistance. Je me suis bien entendu saisi du récipient et c’est à ce moment très précis que j’ai compris que j’avais pour mission de trouver en urgence celui qui a empoisonné le miel de la ruche des gloursons et de ramener un antidote le plus rapidement possible, sachant que les pauvres, moi compris, sommes privés de notre plus valeureuse et principale source de nourriture.


Après avoir pris congé du grand Glourséleste, je suis retourné sur mes pas pour voir ce qu’il en était de mes deux conquêtes de la veille et les ai retrouvées au même endroit, à moitié assoupies, mais en pleine forme. Je me suis accroupi pour parler doucement à celle qui aboie le plus fort, Khota.

« Mon petit chou ? C’est encore moi, le prince aux bois dormant, j’ai une mission pour toi et Rabia, murmurais-je à son oreille.
— Oh… Pff… J’aurai bien aimé dormir encore un peu, il veut quoi cette fois ?
— Rendez visite à Glourséleste et soignez les gloursons, si vous échouez je ne pourrai plus profiter de leur hospitalité.
— Et tu ne peux pas le faire toi-même, gros fainéant ?
— Non, puis les gloursons comptent sur moi pour trouver un antidote et je pense rendre visite à Otomaï.
— Je vais te croire... va plutôt chercher des éniripsas alors, il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour en trouver.
— Un éniripsa ne peut rien faire, le miel a été empoisonné. Je vous ai sauvées alors vous me devez bien un service.
— Et hier soir ce n’était pas un service peut-être ?
— Bon d’accord, mais faites-le au moins pour les gloursons, leur miel est si bon et leur espèce risque d'être décimée. »
Malgré son entêtement et son désir viscéral de m’entendre avouer mes torts, son silence m’a laissé croire que j’avais raison et qu'elle n'était pas si mesquine qu'elle ne le laissait croire. C’est ainsi que je les ai abandonnées, leur laissant énormément de pain sur la planche.

Je suis sorti de la ruche avec mon pot de miel toxique et me suis roulé dans la neige pour en débarrasser ma peau collante, sachant que ce serait vite désagréable sous le soleil de plomb d’Otomaï.
En contrebas de la corniche, j’ai aperçu un gélikan bien téméraire rampant dans la neige tel une cooleuvre. Je lui ai pouffé de manière taquine :

« Petit oiseau si tu n’as pas d’ailes, tu n’auras pas de miel ! »
Le pauvre parvenait presque à ses fins et j'avais malgré mon irrésistible crise de fou rire, de l'humilité envers sa façon de lutter contre son handicap.
J’étais quant à moi bien propre et prêt à prendre mon envol, sans penser que cela vexerait davantage le volatile que mon rire semblait déranger.

Ni une ni deux, j’ai sorti une potion de téléportation de mon sac et l’ai avalée cul-sec pour atterrir au zaap du village. J’ai naturellement salué le Père Doby avant de prendre la poudre d'escampette — autrement dit, le zaap — pour esquiver ses discours aussi inutiles que barbants, ma destination finale étant le village de la canopée où je savais que je risquais fort de croiser cette connaissance aussi tendre et collante que le miel qui, ne croyant pas en mon vice de procrastination, attendait patiemment ma visite depuis plusieurs mois.

Dernière modification par Glougarou ; 09/02/2012 à 19h47.
Après une longue journée passée a soigner un groupe d'aventuriers rencontrés dans la bourgade de l'île gelée, Hyvernal se dit qu'il était temps de quitter ce froid glacial pour un climat beaucoup plus doux. Et quel meilleur endroit que l'arbre de Hakam pour se faire.

Ce Majestueux arbre géant qui surplombe l'île d'Otomai, et qui offre a ses occupants calme et chaleur, si l'on fait abstraction des piaillements de bitoufs et de poolays. D'autant plus qu'il n'y avait quasiment plus aucune chance de croiser quelqu'un depuis la découverte de Frigost. Car tout le monde voulait se rendre sur l'île de glace.

Hyvernal sortit donc d'une de ses poches une petite fiole transparente rempli d'un liquide cristallin. Il en bu une gorgée puis la remis en place dans sa poche. L'instant d'après, il se trouvait devant le zaap à l'entrée de Sufokia. Après un rapide coup d’œil à sa bourse, Hyvernal se dit qu'un peu de marche lui ferait le plus grand bien .. ainsi qu'à son portefeuille.

Il se met donc en marche en direction de Sufokia avec l'idée de traverser cette cité fantôme pour arriver devant le bateau qui l’emmènerait jusqu'à Otomai. Il traversa Sufokia en marchant, regardant les bâtiments déserts et les panneaux " à vendre" placardés sur les portes. L'immobilier est définitivement un domaine en crise dans le monde des douzes.

Arrivé près du bateau, il aperçu un disciple d'Enutrof posté devant. Hyvernal lança alors :
- Bonjour capitaine ..
- Bonjour Hyvernal ! Tu souhaites te rendre sur l'île d'Otomai n'est-ce pas ?
- Oui ..
- Dans ce cas, en avant moussaillon !

Ils embarquèrent donc tout deux dans le bateaux en direction de l'île au sable fin.

Dernière modification par Neo-Chapelier ; 10/02/2012 à 16h20.
Une petite silhouette avance. Doucement. Tout doucement. Se faufilant à travers l'obscurité des fourrées du bois de Litneg, un petit xélor jure à mi-voix.

- Ah! Tu vas me le payer saleté! On ne la fait pas à Brik, fils de Phil "la colline" Antrope.


Continuant son exploration, le petit être est aux aguets. Truffé de ronces, d'arbres et de buissons, son chemin s'arrête enfin sur un petit bosquet.


- Bon, il a pas pu aller bien plus loin. Petit petit! Rend moi mon amulette... SALOPERIE DE BESTIOLE, VAS-TU ME RENDRE CECI?!


Rien. Le jeune homme, âgé d'environ 17 ans, mais qui à la taille d'un Iop de 5 ans, a raison de s'énerver. Un bébé milimulou égaré lui a arraché sa précieuse amulette du cou. Son amulette... seul mystère, avec son passé, qu'elle n'a elle même pas pu expliquer. Véritable recueil de tous les évènements de sa vie, ou presque, cet objet est de loin le plus précieux qu'il possède. Mais que fait ce jeune homme dans un endroit pareil? Livré à lui même depuis un an, il s'est pris de passion pour l'alchimie, particulièrement pour les potions explosives et d'invisibilité. C'est donc tout naturellement que notre ami Brik a pris la direction du bois de Litneg, afin d'y récolter plantes et fleurs destinés à la fabrication de ses filtres. Revenons-en à nos milimulou. Même en relevant chaque parcelle du bosquet, Brik n'a su ni trouver le petit milimulou, ni son médaillon. Une idée lui vient. Invoquant quatre aiguilles chercheuses à longue portée, il dirige chacune d'elle dans chacune des directions partant du bosquet. Il attend. Il attend beaucoup. Au bout de cinq heures, aucune information. Peu concluant dira-t-on. Exténué par ses recherches, il s'endort. Il rêve du jour où il a été "découvert" par une tribu de kannibouls affamés. Ce même jour où il fut sauvé par Tarz Han, le guerrier de la jungle, avant d'être recueilli par son père adoptif. S'ensuivirent 10 ans de bonheur avec Phil. Puis, il partit étudier avec Otomaï. Depuis ce jour, Brik, le petit horloger du village d'amakna, rêve de devenir, lui aussi, un grand alchimiste pour pouvoir étudier avec le fameux Otomaï, et retrouver son père. Un grand craquement se fait entendre dans le bois. Le xélor se réveille en sursaut.


- Ah te revoilà misérable! Prépare-toi, tu vas goûter de mon flétrissement! Approche, que je récupère ce qui me revient de droit!


Le silence. Puis, d'un coup, un hurlement se fait entendre dans le bosquet. Un affreux petit wabbit borgne s'avance alors vers Brik à vive allure. C'est Jan-piewwe twebaire, le wabbit fou! Arrêté par la milice de Bonta quelques mois auparavant, le wabbit psychopathe avait réussit à fuir en se cachant dans une caisse de hareng. Et ça se sentait. Sur le point de fuir, Brik se ravise. En effet, un gros objet, luisant dans la gueule du wabbit, attire son attention.


- Mon médaillon! Rend-moi ça petite teigne! (C'est un xélor qui fait ce genre de réflexion?! Même moi, dans ma longue expérience de narrateur omniscient, je n'ai jamais vu personnage aussi hypocrite!)

- BWAAAWWGABAWWA! (ce qui se traduit par... ben par rien.)
- Attend que je t'assomme vermine!

Après quelques échanges de baffes, le wabbit est KO.


- Ah ben enfin! Je vais pouvoir m'en aller de ce maudit bois!


Ca, c'est ce que Brik croit. Avant qu'il ne se lève sur ses petits pieds taille 35, une troupe d'êtres poilus pénètre le bosquet. L'un d'eux, plus petit que les autres, a une aiguille géante dans le crâne.


- Eh mais je te reconnais toi, t'es ce sacripant de milimulou qui m'avait volé mon médaillon!


Oui, mais il n'est pas seul. En effet, toute la famille, les voisins, les voisins éloignés, bref, tous les milimulous du coin se sont donné rendez-vous pour engloutir un petit homme. Ni une, ni deux, le xélor prend courageusement ses jambes à son cou.


__________________________________________________________________________________________________________________

Plus loin, à quelques centaines de mètres de l'entrée du bois de Litneg.

- Didiousse, l'René! T'es sûl que ça va aller jusqu'à la lune c't'affaile?
- Ah que bien sûl que ça va aller jusqu'à la lune! L'vendeur a dit qu'il a vendu l'même en plus gland à l'agence touliste poul envoyer les toulistes sur l'île de Moon didiousse.

Deux paysans, armés d'un canon, se tiennent prêts à envoyer comme projectiles des sacs de grains de blés. En effet, un soir de beuverie à la taverne du Pinchaut, ils avaient tout deux parié avec leurs rivaux, cultivateurs de chanvre, qu'ils étaient capables de faire pousser du blé sur la sphère terrestre.

- Allez l'Michou, met-moi un sac dans c'canon didiousse! crie "l'René"

"l'Michou" s'exécute.

- Plêt?! Allez hop, j'allume la mèche didiousse! dit l'René en faisant comme annoncé.

- Eh l'René! Regarde là-bas! C'est t'y pas l'chtiot gamin qu'est lentré dans l'bois pour cueillir des fleuls?!

- Ah si. Eh didiousse! Y' a des milimulous à son troufignon.

L'Michou, s'agitant comme une dragodinde en chaleur:

- Eh gamin! T'as des milimulous au troufignon! Eh petit legalde!

Au loin, Brik aperçoit les deux compères.

- Bien sûr que je les vois les milimulous bande de crétins!

Au triple galop, le jeune xélor atteint le canon. Mais un peu trop au mauvais moment si je puis dire. En effet, le canon, armé, lâche son projectile... en emportant Brik avec lui!

Voltigeant dans les nuages, Brik croit à sa fin. Dans un hurlement de terreur, il s'écrase au sol et s'évanouit, la tête dans le sable et les pieds en l'air. Réveillé par un vieillard qui passait par là, il ne mesure pas la chance qu'il a d'être en vie et s'exclame de suite:

- Où sommes-nous?! Qui êtes vous?! Où sont les milimulous?! Et les bouseux?!
- AH AH AH AH AH! s'exclame le vieillard.
- Qui a-t-il de drôle vieux croulant? Répond-moi où je t'assomme et te livre à l'asile de Bonta!

Nouvel esclaffement du vieillard.

- Mais qu'y a-t-il de drôle à la fin?!
- T'es sur l'île d'Otomaï fiston! AH AH AH AH AH!

Les yeux écarquillés, Brik n'en revient pas. Il vient d'échapper à la mort, et il va peut-être retrouver son père.

Dernière modification par Aaronson ; 14/06/2012 à 15h57.
Cela faisait déjà un moment que le bateau avait appareillé.
Le roulis des vagues venant s’échouer sur la coque, le chant des cris des marins s’affairant sur le pont, les jacassements des mouettes dans le vent et les bruits du bois qui travaille, qui craque. Tout cela créé une mélopée lancinante, une douce berceuse.
Ça me donnait envie de vomir.
Les seules romances résonnant à mes oreilles étaient les doux sons que provoquaient la mort et la torture.
Les cris d’agonie, les hurlements de douleur, les sanglots de peur, telles étaient mes berceuses.
Perdue dans ces pensées futiles, j’avais perdu ma concentration.
« Depuis quand es tu faible à ce point !? Froide et imperméable aux émotions, voilà ce que tu dois être. Ce que tu es. Fichu roulis… »
L’attention retrouvée, je captai une présence s’approchant.
J’eus tout juste le temps de me rendre invisible.
« Tiens tiens, c’est donc ici que tu te cachais. C’est vrai que les endroits exigus sont plutôt simples à défendre. Pas de chance pour toi, tes pièges ne te sont d’aucune utilité face à moi. »

Pendant que l’Ecaflip parlait dans le vide, je sortis discrètement ma dague de son fourreau, et je me déplaçai silencieusement dans son dos.
Ses yeux ne bougeaient pas de l’endroit où je me tenais peu de temps avant.
C’est donc surprise qu’il me saisit le bras droit et la gorge, et c’est le sourire aux lèvres qu’il me dit :
« Tout comme tes pièges futiles, ton invisibilité ne sert à rien contre moi. Je pensais avoir été clair pourtant tout à l’heure… »
Il me repoussa dans le fond de la pièce, mais sans brutalité aucune.
« Si tu savais que j’étais là, pourquoi n’avoir rien fait ? »
La question était sortie toute seule. La curiosité, encore un défaut auquel il me faudrait pallier.
« Pourquoi ? Mais simplement parce que je le souhaitais !
- …
-Je vois à ton air dubitatif que tu ne me crois guère. Soit. C’est ton droit. Et tu as parfaitement raison qui plus est !
-Et si tu arrêtais de jouer au chat et à la souris. Je déteste les énigmes…
-Ah lala… Aucune patience, froide, calme, une légère tendance à vouloir trucider quiconque te parle, mais surtout, chose qui ne trompe pas, tes yeux vairons : un bleu, un rouge. Tu es le portrait de ta mère.
-Je t’ai dit de cesser de jouer avec moi…
-Que de menaces dans cette voix ! Tu ne veux donc pas savoir à quel point je connaissais ta mère ? Celle qui est morte peu après ta naissance ?
-Je n’en ai cure, elle est morte. Les morts ne m’intéressent pas. Seul leur mort m’intéresse.
-Même si je te dis que c’est moi qui l’ai tuée ?
-Et ?
-Réponse tellement laconique, ça aussi c’est…
-Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu es là… Si c’est pour ressasser avec moi ton passé que tu m’as laissé monter, je préfère descendre. Si c’est pour me tuer, fais le.
-Mon passé n’a que peu d’intérêt. Mon présent compte plus, et je prépare mon avenir. Je suis, outre ma fonction de marin, chasseur de tête connu sous le nom de Butch D. Cassi.
-Et ?
-Rhoo, ça devient frustrant à force…Tu ne peux pas être surprise, effrayée, admirative ou je sais pas quoi, réagis enfin ! Je suis un chasseur de primes connu pour sa force et sa volonté. Ça ne te fait rien ?
-Que tu sois un chasseur de prime ? Nan, pas vraiment. Il n’y a pas d’avis contre moi…
-…Bref. De toute façon, tu ne vaux pas la peine que je te tue. Je voulais voir ce que tu valais, et je suis déçu.
-Raison de plus pour me laisser seule si tu ne veux rien de moi. »
Sur ce, il se détourna et repartit en laissant une dernière pique :
« N’importe qui peut venir te voir, sois prudente… »
Ne souhaitant pas rentrer dans son jeu, je retournai m’installer confortablement pour passer la nuit.

Quelqu’un me secoua.
Encore cet Ecaflip, finalement il serait venu me tuer ? Mais pourquoi me réveiller dans ce cas ?
Une voix pâteuse et pourtant pleine d’entrain s’éleva à mes côtés :
« Tiens la d’moiselle, bois un coup, ça réveil et ça met de bonne humeur ! »
Le cerveau encore endormi, je ne rendis pas compte que ce n’était pas Butch.
La personne me tendit alors un flacon rempli d’un liquide ambré ayant une forte odeur.
A présent totalement réveillée par l’arôme du spiritueux, je sortis ma dague et je me jetai sur l’intrus.
Plus aucun doute, il ne s’agissait pas de l’Ecaflip, sinon jamais ma lame ne se serait collée à sa gorge et … son haleine ne refoulait pas à ce point…
« Hé ! du calme. T’as failli renverser mon rhum de Gloutoblop. Une des meilleures cuvées en plus !
-Qui t’es toi ? Et qu’est ce que tu fais là ?
-Bah ? J’viens boire un coup en toute tranquillité. Le capitaine veut pas que je boive devant les marins. Paraît que ça les déconcentre.
-Comment as-tu évité les pièges ?
-Des pièges ? Quels pièges ? »
Je me levai et entraînai le Cra avec moi vers l’étroit corridor menant à la cale où nous étions.
Je lançai un repérage pour vérifier la présence de mes pièges.
Et effectivement, ils étaient tous en place.

Comment ce Cra est il arrivé jusque moi ? Y aurait il un autre accès à cette soute ?

« Par où es tu venu !?
-Par ce chemin, c’est le seul. Tu dors encore ?
-Impossible. Il y a des pièges partout.
-Ah, j’en ai pas croisé pourtant.
-Dans ce cas, prouve moi qu’il n’y en a pas en retraversant. Sans quoi je t’enfonce ma dague dans la gorge. Peut être aimeras tu autant le goût de ton sang que la vinasse que tu bois…
-Pas la peine d’être méchante, j’y vais. »

Sur ces paroles il s’avança vers le couloir empli de pièges, souvent mortels.

Dernière modification par Lumiciole ; 15/02/2012 à 00h53. Motif: Vairons, pas verrons :(

Hapero était un peu déboussolé depuis le départ vers Otomaï, la mer n’était pas son lieu de vie favori. Il avait donc noyé sa peur dans de l’alcool fort. Il avait surtout beaucoup discuté avec le capitaine du navire, Butch, un Ecaflip plutôt flippant. C’est ainsi qu’il en avait plus appris sur Erty et étonnamment aussi sur son père. La première soirée sur le bateau avait mis en lumière un passé des plus troubles.
« Alors jeune Crâ, pourquoi Erty t’envoi sur l’île d’Otomaï ? Avait commencé Butch en entrant dans la cabine
- Je dois aller chercher un engrais spécial que seul l’alchimiste connaît.
- Un engrais ? »
L’Ecaflip s'esclaffa puis reprit sérieusement la conversation.
« Tu pense vraiment qu’Erty et ton père ne sont que des botanistes ou des jardiniers ? »
Cette question laissa Hapero un peu sec, il ne sut que répondre….
« Il y a bien longtemps que je connais ces deux lascars et leurs activités sont toute autre….
- ….
- Je suis un ancien chasseur de primes, continua l’Ecaflip en passant une de ses griffes sur une cicatrice au coin de œil gauche. Il y a fort longtemps, avant ta naissance, Erty et ton père sont venu me voir, c’était pour un contrat pas pour me parler de botanique. Ils m’ont souvent embauché, ils sont riches et puissants. »
Le Crâ ne réagissait pas, il encaissait. Son père ne serait donc pas employé à la Mairie d’Astrub ? Sa mère était-elle au courant ? Et devait-il vraiment rapporter un engrais de ce voyage vers Otomaï ?
« Tu peux ne pas me croire, mais j’ai ici un document qui pourrait te convaincre. »
Butch sortit une enveloppe de sa poche et la tendit à son interlocuteur. Hapero l’attrapa vivement et observa le sceau qui la maintenait fermée, une arakne traversée d’un poignard. Intrigué il ne voulait surtout pas la lire devant l’Ecaflip.
« C’est Erty qui me l’a confiée pour que je te la remette dès que tu serais sur le bateau. Je ne veux surtout pas savoir ce qu’il y a dedans, et souviens-toi je suis un marin maintenant. »

Le lendemain soir, Hapero, était revenu voir le capitaine du bateau. La lecture de la lettre avait été éprouvante et avait ébranlé ses convictions. Mais plus que tout autre chose elle avait modifié le but de son voyage….
« Si tu reviens me voir, c’est que tu as compris que ce n’était pas de l’engrais qu’Otomaï devait te remettre….
- Oui…. D’ailleurs je suis peut-être suivi… La sramette qui a voulu monter sur le bateau juste après devait me poursuivre…
- Ça je n’en sais rien mais tu peux lui poser la question directement, elle s’est cachée près de la quille…
- Comment cela est possible ? s’exclama le crâ.
- C’est une disciple du dieu Sram, rien de plus simple pour elle… Va la voir elle te renseignera peut-être, mais j’en doute fortement, elle a plus à voir avec moi qu’avec toi. D’ailleurs glisse ceci dans ses affaires quand tu en auras l’occasion. Tu me dois bien ça. »
Butch tendit une carte à jouer à Hapero, puis sortit de la cabine.

Hapero se retrouvait maintenant à devoir retraverser ce fichu couloir sous le regard accusateur de la Sramette. Il avait réussi à glisser la carte dans un sac de Rivéa mais n’avait pas osé l’accuser de le suivre.
Piège mortel à gauche piège mortel à droite, corde à sauter héhé
Le premier passage avait été délicat et ce malgré les indications de Butch. Prenant son courage à deux mains et une grande gorgée de Rhum, le crâ se lança dans une danse indescriptible sautillant de trois pas, revenant de un, s’écartant sur un pied pour traverser la zone dangereuse.
Arrivé sans encombre de l’autre côté, il salua d’une révérence la Sramette et remonta rapidement sur le pont. Rivéa resta de marbre mais à l'intérieur d'elle même elle pestait de rage.
Un cri d’alerte résonna sur le navire au même moment.
- Capitaine ! Pirates à l’horizon ! Pirates !
- Marins à vos postes de combats ! et hissez notre pavillon pour voir s’ils osent !
- A vos ordres ! »

Hapero regardait comme fasciné le bateau à voiles noires qui fonçait droit sur eux. Par mesure de précaution, il mit la main sur son arc et chercha du regard sur le mât un point d’observation. Butch lui mis la main sur l’épaule.
« Ne t’inquiètes pas, ils ne vont pas attaquer, ils ont peur de nous maintenant. »
Le crâ leva la tête jusqu’au sommet du mat, un pavillon représentant une arakne transpercée d’un poignard flottait au vent….

Hapero fut encore plus déboussolé qu’au départ de son voyage après cette vision….et il replongea encore plus dans l’alcool.

La fin du voyage se déroula sans encombre, il était maintenant temps de débarquer sur le soleil de plomb du port d’Otomaï.

Hapero cherchait désespérément une taverne quand une voix maintenant familière mais toujours aussi sèche et agressive rompit le silence.
« Tu cherche à aller voir Otomaï toi aussi ? »

Même s’il n’était plus sur de rien, Hapero répondit à la question de Rivéa par un hochement de tête…

Dernière modification par Hapero ; 14/06/2012 à 14h27. Motif: des p'tites corrections
Le soleil est au zénith, j’en déduis donc que l’après-midi n’est pas prêt de se terminer. Je frappe à la porte en espérant que Gallie soit là et qu’elle ait une extinction de voix. Hélas, elle ouvre, me saute dans les bras pour brailler à mes oreilles.
« Coucou ! Ça faisait longtemps, comment vas-tu ? Dit-elle à toute allure.
— Je…
— Oh si tu savais, tu m’as beaucoup manqué ! Je t’ai cru mort. Mais dis-moi, tu sens bon, c’est quoi ?
— Eh bien c’est…
— Ah oui ! Je me souviens, c’est du miel de la ruche des gloursons, tu ne devrais pas t’en approcher si insouciamment, on dit que ce sont des brutes.
— A vrai dire je me…
— Quoi ? Ils t’on fait du mal ? Tu es blessé ? Montre-moi ça. Allez viens, entre, je t’en prie !
Je n’ai comme toujours pas pu en placer une. Cette femme transforme toute conversation en monologue. C’est presque humiliant de se sentir impuissant face à elle alors qu’on a terrassé tout type de monstre sur chaque parcelle de terre dans le Monde des Douze.

Une minute de silence durant laquelle aucun son n’est sorti de sa bouche. Ses proches ont l’audace de dire que ça arrive lorsqu’une personne meurt sur Otomaï. Je l’interromps sans hésiter pour lui affirmer que je suis en bonne santé.
« Je vais bien, je t’assure. Il me faut déposer ce pot de miel à Otomaï. Annoncé-je fièrement.
— Tu offres du miel à ce savant fou et tu n’as même pas pensé à moi ? J’ai si peu de valeur à tes yeux ?
— Il est empoisonné.
— Comme si j’allais te croire, donne-le-moi, grâce à toi j’ai une faim de mulou maintenant !
— Non, ne… »
Cette folle ne m’a pas cru et sa gourmandise lui fait encore défaut. Je lui plante donc ma graine avant que le poison ne fasse effet et lui reprends le pot des mains.

Je lui conseille de se reposer et profite de l’occasion pour m’en aller. Il ne me reste plus qu’à m’aventurer dans l’arbre Hakam sans accrochage, même si l’envie de tirer deux ou trois plumes aux fesses des poolays est plus forte que moi.

J’atteins le sommet avec brio et entre dans le laboratoire où je suis accueilli par l’assistante qui devrait songer à prendre sa retraite.
« Entre-donc, que vas-tu nous acheter aujourd’hui ? Bégaie-t-elle d’une voix aiguë.
— Je vais sans doute remplir mon sac de potions, mais j’ai un service à demander au chef.
— Il n’est pas là pour le moment, il expérimente une nouvelle potion de téléportation qui devrait t’intéresser !
— J’espère qu’elle ne sera pas vomitive. Et il compte rentrer à quelle heure ? Soupiré-je, désespéré.
— D’ici une heure, voire deux. Je peux éventuellement lui transmettre si tu permets.
— Il va falloir examiner ce miel empoisonné qui intoxique les gloursons un par un et qui a failli me tuer ainsi que mes amis. Je dois aussi avouer que ça me manque de me goinfrer !
— Tu es invincible, tu le sais bien ! D’ailleurs, peux-tu nous rendre un petit service en attendant ? Il nous manque pas mal de matériel au laboratoire et j’ai la flemme de me rendre à la banque. Je te donne une liste et avec un peu de chance, l’examen que tu nous as demandé ne te sera pas facturé.
— Ah, euh… Tout ça ? Je ferai sans doute plusieurs voyages, mais c’est d’accord ! Marché conclu !
— Bonne route, pour ma part j’ai encore tout le ménage à faire et pas le temps de discuter.
— A bientôt !

Je n’ai pas envie de marcher, je m’avance donc doucement le long de la branche la plus grande au sommet de l’arbre et saute dans le vide, à plusieurs mètres de hauteur.
A mi-chemin entre ciel et terre, j’entends les gens de la canopée s’esclaffer. Je n’ai pas le temps de prendre plaisir à me faire admirer et lance une graine de poupée bloqueuse pour amortir ma chute vertigineuse.
Je suis arrivé à destination sain et sauf. J’ai légèrement mal au dos mais cela devrait passer si je reprends directement la route.

Je me dirige vers le village et toque à la première paillotte pour y trouver de quoi me rafraîchir. Il n’y a personne mais j’aperçois au loin quelques aventuriers qui viennent apparemment d’accoster. Je me dirige donc vers eux pour leur demander à boire.
Le petit corps de Brik, muni de deux pioches, se traîne tant bien que mal au dessus de l'arbre géant. En effet, ce petit être excentrique s'est encore mis dans un beau pétrin. Comme je suis le maître de ce que je vous raconte, je vais utiliser un de mes pouvoirs les plus enviés: l'analepse, ou retour en arrière. Comment ça, je n'ai pas le droit? C'est ce qu'on va voir! Eh bien par les pouvoirs qui me sont conférés, tout ça, tout ça, retour en arrière!

- Mais qu'y a-t-il de drôle à la fin?!
- T'es sur l'île d'Otomaï fiston! AH AH AH AH AH!
- Sérieusement grand-père?!
- Un peu gamin. Mais dis-moi, comment t'as fait pour voler comme ça?
- Je m'en souviens pas... c'est assez vague, je me souviens juste des
milimulous...
- Ah ben ça explique l'odeur!
- Je te permet pas l'antiquité! Même le cul d'un bouftou malade sent moins fort que toi!
- Hi hi hi! T'es plein d'énergie le p'tiot! J'te dépose quelque part?

Le vieil homme se trouve sur une dragodinde.

- J'ai pas besoin de toi grand-père!
- Comme tu le sens. A la prochaine petiot. Mais fais bien attention, les habitants de cette île sont parfois... oh et puis je te laisse le découvrir. YAAAA HAAAA! En avant Germaine! hurle-t-il avant de s'en aller à pleine vitesse, tapotant les fesses de son destrier.
- Quel cinglé ce bonhomme! Bon, il va falloir que je trouve une solution pour monter en haut de cet arbre.

Après une heure de marche, Brik tombe enfin sur un être humain à peut-près censé. Celle-ci est perchée sur une gigantesque tour de bois.

- Bonjour à vous chère disciple d'Ecaflip!
- Plaup moussaillon, je ne t'ai jamais vu dans le coin!
- Oui, je suis arrivé en catastrophe il y a peu. Tout ce dont je me souviens, c'est des
milimulous et que je me suis écrasé après un beau vol plané.
- Eh bien, en voilà une aventure pour le moins floue. Tu cherches sans doute un moyen de rentrer chez toi? Si c'est le cas, le port se trouve à environ deux heures de marche. Je crois savoir que le capitaine Kradoc a emmené il y a peu des marchandises, et qu'il est encore au village portuaire à siroter nos liqueurs locales.
- A vrai dire, non. Je souhaiterais me rendre à l'atelier d'Otomaï.
- Ah, encore un apprenti. Le dernier était plus costaud, et surtout très beau. Il m'a hérissé le poil. Il disait s'appeler Phil.
- C'est mon père!
- Ah et bien je vois que ça n'est pas de famille...
- Je ne vous permet pas!
- Excuse-moi... Donc, l'atelier se trouve en haut de l'arbre géant que tu vois au centre de l'île. Il y' a deux moyens pour y aller: soit, tu grimpes, soit tu me rends un petit service et je t'offre un aller simple en scaéroplane. A moins que tu n'ai les moyens de payer les 1000 kamas demandés.
- Je crois que je vais vous rendre service madame. Au fait, je m'appelle Brik.
- Et moi Flip Flap, enchantée, jeune homme. Donc, on avait parlé d'un service. Il faudrait que tu te rendes là-bas (elle pointe du doigt une sorte d'édifice en pierre qui s'enfonce dans le sol). C'est le goulet du rasboul majeur, une créature plutôt feuillue. Là-bas, tu trouveras le gardien des lieux, Razbitume. Dis lui que tu viens de ma part, il te conduira auprès du rasboul majeur. Une fois dans la salle du rasboul, prend bien garde et agit vite. Tu devras t'emparer d'un de ses petits acolytes, un rasboul mineur. Otomaï veut en analyser un et m'a promis une belle somme d'argent si je lui ramène l'un d'eux.
- Dans tous les cas, vous êtes gagnante!
- Dans tous les cas, tu rejoins ton père et Otomaï.
- Ca me va. Enfin quelqu'un de censé ici!
- Comment ça?
- En chemin, j'ai rencontré un affreux grand-père. Il puait les plantes et chevauchait une dragodinde.
- Ah, c'était Otomaï ça. Il aime jouer des tours aux touristes en descendant de son arbre déguisé. Il t'a fait le coup du grand-père qui s'esclaffe à chaque phrase donc? Ah ah!
- C'était lui?! Punaise, me voilà dans de beaux draps!

Sans plus attendre, Brik s'élance vers la tanière du rasboul.
Une heure de marche plus tard, le voilà devant Razbitume.

- Bonjour jeune aventurier. Sache avant de t'élancer dans cette tanière que, blabla. Pour entrer, tu dois me donner la clef, blabla. Bon, bref, t'entre?

- Je viens de la part de dame...
- Flip Flap. Elle a donc décidé de m'envoyer ça? On verra ce que ça donne. Tu n'es même pas équipé? Tiens, prend ça, c'est tout ce que j'ai.

Il lui tend deux pioches rouillées.

- Elles sont pourries tes pioches!
- Oh gamin, t'es là pour les affaires ou faire la fine bouche?
- Non, ça ira, continue.
- Elles s'appellent "reviens" mes pioches, rappelle t'en au moment de t'en servir. Enfin bref, Flip t'as mis au courant de ton boulot?
- Oui. Il est comment ce "rasboul"?
- Oh, tu verras bien. Voilà, c'est part là. Reviens vivant si possible, on a un arrangement sur la revente avec Flip.

Brik se retrouve dans une salle immense et pleine de plantes tropicales, toutes plus belles les unes que les autres.

- Eh bien, on doit pouvoir faire de sacrées potions avec ça. Bon, il faut que je cherche une de ces bébêtes.

Au bout de cinq minutes de recherches, Brik tombe sur ce qu'il cherchait, une petite créature feuillu, comme il la cherchait.

- Bonjour bonhomme. C'est pas contre toi, mais je vais devoir t'emmener.

La bête dans son sac, le jeune xélor se dirige vers la sortie.

- De sacrés froussards ces autochtones. Aucune trace de leur soit-disant "rasboul majeur". Ah ah, je vais en profiter pour me faire acclamer! Eh Rzabitume, c'est bon, j'peux sor... AAAAAAAH. Mais qu'est ce que...?! AAAAAAH. A l'aide! Par les Douze! AAAAAH!

Dehors, Razbitume s'esclaffe.

Un gigantesque rasboul vient de surgir et poursuit notre petit être brailleur. A chaque fois que la créature bondit et retombe au sol, Brik s'envole de deux à trois mètres.

- Ouvre-moi Raz'! A l'aide!

Le rasboul gobe Brik. Le petit être se débat à l'intérieur de l'estomac de la bête.

- Ah! Tu chlingues encore plus qu'Otomaï, saleté!

Ecartant de toute la force de ses petits bras les feuilles du rasboul, Brik tente de s'échapper. Il y est presque, au moment où... Un puissant rot sort de la bouche de la bête. Soufflé par un vent puant et surpuissant, Brik s'envole droit sur l'arbre hakam. Sa seule issue, c'est de se réceptionner face à l'arbre avec les deux pioches rouillées de Razbitume. Il y arrive tant bien que mal, le rasboul mineur perché sur sa tête.

- Bon, et bien je crois que si je parviens à arriver là haut vivant, la prime placée sur ta jolie petite tête sera à moi!

Forçant comme un bwork sur ses petits pioches, Brik parvient, en quatre heures et trente minutes, à se hisser en haut de l'arbre. Un magnifique coucher de soleil lui fait face. Regardant le petit rasboul, Brik déclare:

- Finalement, tu pourrais faire un bon compagnon.

Lui adressant un sourire, le jeune aventurier s'écroule, exténué.

Dernière modification par Aaronson ; 14/06/2012 à 15h57.
Apres être monté dans le bateau, le capitaine s'organisa pour partir. C'est à se moment la qu'ils entendirent tout les deux quelqu'un crier :

- attendez ! attendez !

Kradoc et Hyvernal se retournèrent pour découvrir une jeune Ecaflip au pelage blanc comme neige. Elle était habillée avec un chapeau Terrdala et d'une Brouteuse assez touffue. On pouvais voir à sa ceinture une griffe rose pleine de gelée fraise, signe qu'elle venait de découper quelques gelées en chemin, sans doute pour espérer trouver un Gelano. Chose qu'elle a du réussir au vu du bel anneau à son doigt.

Le capitaine répondit alors :

- Attendre quoi ?
-Je veux aller sur Otomai !
- Alors attrape !

Kradoc lança alors une corde en direction de l'Ecaflip qui s'en saisi et grimpa jusqu'à bord. Le capitaine ne voulait pas retarder son bateau vu qu'il était déjà tard, et que la nuit, il n'était pas rare de voir des pirates rôder sur la route maritime d'Otomai. Ce soudain intérêt des pirates pour cette route était en partie dû aux aventuriers trop jeunes pour combattre et suffisamment riches pour être volés, qui aiment se prélasser sur la somptueuse plage qu'offrait l'île.

Ils prirent alors la mer. Et c'est la qu'Hyvernal demanda au capitaine d'une petite voix :

- Mais qui est cette Ecaflip qui viens de monter sur le bateau ? Vous la connaissez ?
- Pas vraiment, elle est déjà passé une fois, mais c'est tout. Pourquoi tu ne lui demanderais pas toi même ?
- Euh .. .. je sais pas .. ..
- Toujours aussi timide hein ?

Le capitaine eu alors un rire franc et fort, ce qui eu pour effet d'attirer l'attention de la jeune fille.
Kradoc lui dit alors :

- Comment t'appelles-tu disciple d'Ecaflip ?
- Kheniane, capitaine ! Merci de m'avoir permis de monter a bord, je dois me rendre sur Otomai d'urgence !
- C'est normal mon enfant, et puis, vu l'heure tardive, il vaux mieux être plusieurs pour faire la traversée.
- Mais vous êtes déjà deux, non ?
- Oui, mais l'Eniripsa que tu vois ici ne sait rien de l'art du combat, il est plus porté sur les soins, et sur le soutien.

C'est alors qu'il s'écarta pour permettre à Kheniane de voir Hyvernal qui était caché derrière le capitaine.
Soudain, Hyvernal devin tout rouge ! Aussi rouge qu'un poivron.
L'Ecaflip, remarquant le changement de couleur lui dit en rigolant :

- Salut ! N'ai pas peur, je ne mords pas !
- Ss .. Ss .. Ss .. Ssalut !

Il répondit avec difficulté à son interlocutrice. C'est à ce moment qu'il vit un bateau arriver à toute allure sur celui où ils se trouvaient. Il cria alors :

- Attention ! Capitaine ! Des pirates !

En quelques secondes, ils se retrouvèrent entouré d'une dizaine de pirates. Kheniane sortit alors sa griffe, et lança à Hyvernal :

- Couvre moi !
-Dd .. Dd .. D'accord !

Hyvernal lança alors un mot stimulant, puis un autre de prévention, suivit d'un mot d'amitié. La griffe de l'Ecaflip se mit alors a fendre l'air. Elle tranchait les pirates en exécutant une magnifique danse. Jamais Hyvernal n'avait vu quelqu'un tuer d'une aussi belle manière. C'est alors qu'il reçut un coup sur la tête. Heureusement, le mot de prévention lui permit de ne pas avoir mal. C'est alors que Kheniane passa juste à coté de lui et tuât le dernier pirate. En quelques secondes, elle réussît à tuer tout les pirates qui étaient arrivés sur le bateau.

Quelques dizaines de minutes plus tard, ils étaient sur l'île. Kheniane sauta alors du pont en disant :

-Désolé, mais je suis déjà très en retard ! Merci pour tout et à bientôt !

Hyvernal n'eu pas le temps de répondre, il la vit juste partir au loin puis disparaître. Il repris ses esprits lorsque le capitaine lui dit en lui tapant dans le dos :

- Bon, il va falloir y aller, je vais remonter l'échelle et dormir.
- Merci pour ce voyage capitaine.
- C'est quand tu veux mon garçon.

Il descendit alors l'échelle pour retourner à la terre ferme.

Au bout de quelques minutes de marches, il se retrouvera devant son cabanon avec vu sur la mer, juste à coté du zaap.Il enleva alors sont chapeau et sa cape, et se mit au lit. Il était trop tard pour traverser la jungle sombre, surtout si personne ne l'accompagnait.

Il ferma les yeux et s'endormit avec dans la tête les images de Kheniane, l'Ecaflip la plus belle qu'il avait eu l'occasion de voir.
J'accoste enfin. Foutu bateau !
Le sable fin crissant sous ma botte disperse enfin mon mal de mer et je reprends mes esprits. L'île m'est familière, j'y ai roulé ma bosse, j'y ai combattu, j'y ai étudié et c'est pour parfaire mes connaissances que j'y reviens. Le ciel est bleu et le doux roulement des vagues se mêle avec merveille aux chants des mouettes, avides de quelques crabes trop aventureux. L'iode et l'embrun salé me rappel la quiétude des années passées, le soleil sur ma peau les caresses d'une femme. Je souris. J'aime cette impression de douceur, de nostalgie et de familiarité qui se dégage de cette terre.

Je sors de ma contemplation et reprend toute ma concentration habituelle. Je ne suis pas là pour jouer le touriste, que diable ! Mais pour recueillir quelques échantillons qui en plus de m'être précieux, se revendent à prix d'or.
Je dépasse donc le port, laissant derrière moi les rires hilares et ivres des moussaillons et de la population locale.

La plage offre un magnifique terrain de recherche, mettant en avant des spécimens très variés, allant du crustacé au palmiflore. En quelques coups d'épée bien placés je recueille ma ration de pétale, coccyx et autre parties de leur anatomie respective.
Les combats sont simples, presque mécanique, automatique. Je connais ces monstres comme ma poche et leurs points faibles n'ont aucun secret pour moi.
Cling.

-Cling ? Dis-je à voix haute, tout en regardant mon épée qui au lieu de transpercer un autre Crustorail émet une gerbe d'étincelle en percutant son abdomen.

Je recule, prudent. La bête est étrange, rouge vive, plus grande que la moyenne. Les jointures de sa carapace forment comme une soudure. Ce monstre est étrange. Etrange mais intriguant. J'ai envie d'en savoir plus, et pour cela, il n'existe pas 36 façons.
Je bondis et atterris derrière l'animal, à la recherche d'une vulnérabilité dans son armure. Rien, si ce n'est un coup de pince rageur que je pars d'extrême justesse, mais qui me déséquilibre assez pour me voir rouler sur quelques mètres. Mon sang de Iop ne fait qu'un tour. Je me lèche les babines. Ma prise sur mon épée est meilleure, mes réflexes sont affutés, je ne suis plus un homme mais une machine de guerre dont seul le sang de son adversaire couvrant sa lame peut faire taire. Un Iop quoi.
J'arme mon coup et frappe, une fois, deux fois, trois fois. Je n'ébranle même pas la coque du crustacé qui à l'air de prendre un malin plaisir à me voir galérer ainsi. Je m'attaque à ses pattes, esquivant un coup de pince sensé me fait perdre la tête d'une roulade. Encore une fois, mon arme rebondit dans une gerbe d'étincelle. Je serre les dents, je n'aime décidément pas quand mon épée, pourtant si bien affutée ne fait pas mouche. Comme je disais à mes élèves : "Vous ne pouvez pas toujours tout découper, néanmoins vous pouvez toujours frapper". J'applique donc mes propres enseignements et rengaine mon épée. Je recule, un mètre, deux mètres, trois et bientôt cinq. Je prend mon élan et courre de toutes la force de mes pattes arrières vers le monstre pour lui asséner mon plus gros coup de poing. Surprise, la bestiole accuse le coup et recule en titubant. Je ne lui laisse pas de repos et lui brise une de ses pattes d'un autre coup de poing. J'esquive un coup de pince, puis un second. Je saute, vise son oeil d'un coup de pied et l'atteint. Le crabe n'a plus de vision à droite, j'en profite et me rend dans son angle mort, duquel je décroche un direct du droit dans son abdomen. Le souffle est coupé, si on accepte l'idée que cette bestiole puisse l'avoir, le crustorail se pli en deux, cherchant à respirer de nouveau. J'en profite, je saute le plus haut possible et dégaine mon épée dans le même temps, utilisant le fourreau comme catalyseur à ma passe d'arme. Je décapite proprement le monstre, qui, dans un dernier sursaut convulse et tombe lourdement au sol.
Satisfait et un rassasié je m'approche du cadavre encore chaud, d'où émane une lueur bleutée.

-Dieu Iop ! C'est une... mais oui, bordel ! M'écris-je de façon très poétique.

Mon sang ne fait qu'un tour, je dois aller le voir, Otomaï, lui il saura quoi en faire.

J'accélère donc et me dirige vers l'arbre Hakam, je sais que le maître y vit et pratique toute sorte d'expériences à son sommet. En montant les marches 4 à 4 je vois une espèce de Sadida volant qui s'apprête selon mes déductions à s'écraser violemment sur le sol. Bah tant pis, ça fera de la viande. Je souris légèrement à cette pensée et j'atteins enfin le sommet. Je crois la vieille Enutrof qui sert d'assistance à l'Alchimiste.

-Avalhon ! Que viens-tu faire ici ? S'égaye-t-elle en me voyant arriver.
-Je pensais cueillir des fleurs pour te les offrir mais tu m'as devancé !
-Vil flatteur, Otomaï n'est pas chez lui, mais tu peux l'y attendre.
-Très bien, fais moi penser à t'offrir un verre ma belle !
-J'y manquerais pas, va.

La vieille dame descend donc, et j'attends qu'elle disparaisse de ma vue pour reprendre mon air sérieux, je ne peux décidément pas lui confier cette découverte, cela pourrait être très dangereux.
Je me détourne de l'assistante pour braquer mon regard sur la maison du maître. J'avance, mais mon 6ème sens m'indique que quelque chose se trame dans l'ombre. Une odeur de brûlé, de fumée.

-Dieu Iop !

Une explosion retentit soufflant deux maisons aux alentours, heureusement vides. Je suis propulsé en arrière comme une poupée de chiffon et cogne violemment contre un tronc d'arbre qui heureusement m'empêche de basculer par dessus le garde fou.
Dans la fumée, une ombre prend forme.

-Bordel, ça n'arrive qu'à moi ce genre de mésaventures !

Je dégaine.
Cheminant en direction de la plage, accompagnée par une odeur aigre, digne d’un Pandawa, j’étais en chemin pour aller voir Otomaï au côté d’un Cra ivre.


Un peu avant d’atteindre les Plaines Herbeuses nous croisâmes de loin une sorte de boule de poils couverte de miel et de sable, la gueule un peu ratatinée. J’ai tout de même réussi à deviner qu'un Sadida se cachait sous toute cette crasse.
Nous ayant apparemment remarqué, il se dirigea vers nous.

Mais ne voulant d’autre boulet dans mes jambes, je rendis le Cra-dingue invisible, avant de le devenir aussi.


N’étant pas très sobre, il n’avait pas tout capté, mais me suivit tout de même lorsque je m’éloignai. Je ne me retournai pas pour voir si le Sadida nous suivait.

S’il parvenait à nous repérer, c’est qu’il était plus doué qu’il ne laissait croire, et il pourrait venir. Un bouclier, c’est bien, mais un bouclier qui pense, c’est mieux. Et j’aurais été content de me débarrasser du mien sentant la vinasse…

Mais je n’eus pas cette chance. Le Sadida était déjà reparti en direction du village.


Le chemin se poursuivit tranquillement – si on omet le Cra tirant des flèches dans le derrière des Kido… - jusqu’à atteindre l’entrée de la Jungle Obscure.


Galant au point d’en être à la limite de la stupidité, le pochtron voulut me céder la priorité pour pénétrer la dense forêt.

Lui jetant un regard emplis de mépris et de dédain, je le saisis par la peau du cou, et le balançai tête la première dans l’antre des abrakleurs sombres et autres monstres végétatifs.

Par bonheur pour lui, aucun ne s’offusqua de sa présence. Il faut dire que tous regardaient vers le haut, comme si leur regard perçait la frondaison.

Je suivis la direction de mes yeux et, peu après, je me trouvais le cul par terre, le Cra étalé de tout son long sur moi. N’étant pas un paillasson, je le repoussai sans ménagement, avant d’essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer.


Les feuilles des arbres avaient été soufflées. Presque toutes gisaient au sol, comme si l’automne venait de faire son office en quelques secondes, sur une île tropicale ne connaissant que l’été.

Le toit constitué des branches d’arbres, maintenant dépourvues de consistance, laissait apercevoir une épaisse fumée noire. Le puzzle prit forme dans mon esprit : une explosion venait d’avoir lieu. Une terrible explosion même.
Plus un seul monstre n’était là. Avaient-ils eu peur, ou leur instinct les avaient ils encourager à fuir le plus loin possible ? Cela revenait au même pour moi. Le chemin était libre, et le sang ne coulerait pas. Dommage.

Le Cra, sonné par la déflagration, ou l’alcool, ou les deux, se remis maladroitement sur ses pieds, et avança à ma suite. Arrivés à la base de l’arbre Hakam, une mamie descendit, les jambes flageolantes et les vêtements constellés de saleté.
-Que…que…que s’est-il passé ? me demanda-t-elle d’une voix tremblant autant que ses membres inférieurs.
-Apparemment une explosion a ravagé le sommet de l’arbre. J’espère que le vieux fou habitant là-haut va bien. Je n’aimerai pas avoir fait tout ce chemin pour rien…, rétorquais-je, plein de venin en bouche.
-Impossible que ce soit l’œuvre d’Otomaï, répondit la vielle dame. Il ne rate jamais aucune de ses expériences !
-Et le Tynril ? demandais je, l’ironie cinglant comme une claque la mamie.
-Euh…oui, en effet. Une exception qui…
Le reste s’étrangla dans son sang.



Depuis trop longtemps je refrénais mon envie de tuer. Butch m’avait énervée, et je ne pouvais passer mes nerfs que sur le Cra. Je me refusais cette joie car il pouvait servir. Et puis, vu l’alcool qu’il ingurgitait sans cesse, ma dague risquait de rouiller avec ses tripes.
En voyant la vielle tremblée, l’idée de lui abréger ses souffrances est née en moi. Une excuse toute trouvée pour céder à mes pulsions.
Mon arme avait jailli, tranchant sa peau flétrie, ses veines et ses tendons avant de heurter ses vertèbres. Qui cédèrent sous le choc.
A moitié décapitée, la vielle femme roula les quelques marches restantes, et s’écrasa à mes pieds.


Le Cra, jouant avec des Poolays, n’avait rien vu. Et quand il me rejoignit, me voyant reprendre l’ascension, il ne vît pas le cadavre.


Grimper le long de l’arbre Hakam aurait dû être difficile, un défi même. Là, c’était une balade. Une promenade.

Le décor, bien que magnifique pour certains, ne reflétait rien pour moi si ce n’est la lassitude et la monotonie. Seule touche de beauté : deux maisons en morceau qui jonchaient le parcours. La touche magistrale venait d’un corps fichait dans le bois. L’explosion avait été si violente que le pauvre bougre s’était retrouvait encastré dans le tronc de l’arbre. Pauvre, car il n’avait rien d’intéressant sur lui. Comme dans les maisons. Même pas un seul kama. Ça ne m’étonne pas spécialement pour des gens vivant dans un arbre, mais c’est désolant tout de même.

Sur cette déception, je repartis pour l’ascension suivie du Cra. Plusieurs fois j’essayai de le faire passer devant, mais vu sa lenteur, je préférai marcher en tête. Il suivait mon rythme, et c’était déjà ça.

Arrivée au territoire des Zoths, j’espérai pouvoir en affronter quelques-uns, mais comme tous les monstres, ceux-ci aussi ont fuis.
Dépitée, je me dirigeai vers Otomaï, mon envie de meurtre dévorant de nouveau ma lucidité. Il faudrait que l’alchimiste ai des réponses, sinon il n’aurait plus l’occasion de les trouver.


Ma colère fut soufflée par un spectacle hors du commun.


Une ombre faisait face à un combattant. Se jetant dans la mêlée, l’obscure créature envoya volé le guerrier, qui atterrit sur moi…à croire que j’ai la gueule d’un paillasson…
Mais ce qui me troubla le plus fut de découvrir que dans le regard du Iop, on pouvait y lire une intelligence hors du commun.
C’était la première fois que je voyais cela. Que j’en entendais parler même. Un peu comme le mythe d’un Pandawa sobre une journée entière…Un rêve qui venait de prendre corps.
Mais ce n'était pas le seul miracle de la journée, un autre se produisait en moi.
Un sentiment naissait peu à peu, violent, passionné, doux, amère, un tel mélange de saveurs tel que je n’en avais jamais connu jusqu’alors. Je n’eus aucun mal à apposer un nom dessus : l’amour.

Après un Iop intelligent, une Sram amoureuse…Mon aventure commençait d’une étrange manière.

Dernière modification par Himawari ; 20/03/2012 à 19h11.
Hapero était maintenant bien embêté. Devant lui se dressait une immense créature au regard obscur et froid.
Il ne s’attendait pas à rencontrer la mort aussi rapidement. Evidement en accompagnant cette Sramette il n’avait pas choisi la voie de la facilité pour rester en vie.
La lettre de son père et de son ami l’avait pourtant prévenu. Otomai était en danger, mais il était apparemment arrivé trop tard. L’alchimiste avait déjà avalé la potion et la transformation avait eu lieu. Encore plus monstrueuse que prévue. Pauvre fou d’Otomai… il était maintenant méconnaissable. Sa potion de vie éternelle était peut être au point mais les effets secondaires quand à eux paraissaient bien trop dangereux.
Le jeune Cra sorti de sa rêverie juste à temps pour éviter un coup de tentacules enfin tentacule ou bras ou tout autre chose pouvant définir se bout de chair noir qui virevoltait dans les airs en cherchant à l’assommer.
Se jetant de côté il s’aplatit sur Rivéa et sur un iop. D’où sortait ce guerrier il n’en savait rien… mais de savoir qu’il n’était plus seul avec la folle dingue, le rassura un peu. Cherchant un endroit plus propice pour se cacher il aperçu une échelle qui montait vers les plus hautes cimes de l’arbre. Avant de s’y engager il essaya d’attirer l’attention du Iop et de la Sramette qui ne se quittait pas du regard. Enfin le Iop était un peu obligé de regarder la Sramette car une dague venait de lui graver dans le cou un cœur avec un H à l’intérieur…
Pauvre iop il était maintenant lié à vie (ou à mort c’est selon) à Rivéa…. Pour essayer de faire évoluer la situation Hapero avala d’un trait un fond de gourde, puis la lança sur la sramette. Une fois celle-ci KO, il se précipita sur le iop et le poussa vers Otomai qui continuait à détruire le village de l’arbre.

« Occupe t’en, c’est toi le iop ! »

Dernière modification par Hapero ; 14/06/2012 à 14h29.
Brik se réveille. Quelle excellente nuit il a passé. Aucun des moustiques qui tentaient de l'assaillir n'a su survivre aux coups de langue de son nouveau compagnon. S'étirant, il se dirige vers un arbre et en décroche un fruit juteux. Enfin, un fruit... Une limace plutôt. Ni une, ni deux, il vomit en jurant.

- Ah saloperie. C'est immonde. Bwarf.


D'une fidélité ridicule, son familier se précipite sur la limace et la piétine de ses petites pattes plumées. La bête s'effondre, laissant couler de la bave un peu partout.


- Vraiment dégueulasses ces bêtes. Bon, je mangerai une fois à l'atelier, tu viens?


La bête se perche sur sa tête nue, avant qu'il n'enfile son chapeau. Tout en marchant, Brik se sent obligé de raconter son histoire au rasboul, dont il ne sait pas s'il comprend un traitre mot de la discussion.


- Et là, tu vois, y' a ce vieux type, Otomaï, il s'est foutu de moi, alors je lui ai envoyé mon poing sur le pif et moi j'lui ai dit ce que je pensais.


... oui, enfin, son histoire vue par lui.


- Et donc je me suis retrouvé à devoir te capturer pour te livrer à Otomaï, mais finalement, t'as l'air d'être quelqu'un de...


A ce moment là, une explosion retentit. Des débris volent, dont une planche brisée qui s'enfonce dans l'épaule de Brik. Sans hésiter, le xélor s'approche du lieu d'où vient le grabuge.


- Occupe-t-en, c'est toi le Iop!


En face de lui, se tient un petit groupe de personnes pour le moins ridicules: un Iop qui se prend pour un intellectuel, une Sram évanouïe et un Crâ débraillé qui pue l'alcool à plusieurs mètres.


- Eh bande de guignols! Lequel de vous m'a balancé cette planche dans l'épaule? Ca pisse le...


- Ta guuuueuuuuuleeeee! Se met à hurler le crâ, de toute évidence ivre.


- Toi le nain c'est pas le moment! s'exclame le Iop.


- Tu veux mal finir, oh?! (les veines du nain de Brik se font visibles.)


- C'est pas le moment, je dois m'occuper de cette saloperie.


- Tu viens de me démolir l'épaule cervelle d'Iop!


- Non, ça n'est pas moi, mais la bête qui vient de détruire ce qui était le laboratoire d'Otomaï en se débarrassant de tous ceux qui étaient là. Tu comprends maintenant pourquoi la situation ne prête pas à rire?


Sans un mot, Brik fixe l'horizon. Il cherche, dans ce paysage de rêve. Que cherche-t-il? A étouffer le chagrin qui vient d'emplir son coeur? Ou la haine? Une larme coule le long de son visage.


- Où il est parti?


- Joue pas au héros, gamin.


- Ouais joue pas au gamin, héros! Hips!


Saisissant l'Iop par le col, il le soulève d'une force étonnante.


- Parle!


Eclatant du pire rire de pilier de comptoir que Brik ai entendu, le crâ s'exclame:


- Ah ah ah! T'es un marrant toi! Tiens, il est parti là-bas!


Jetant en l'air son long manteau de mage, Brik se dirige plein de haine vers l'endroit indiqué par le crâ. Il est déterminé. Il va venger son père.

Dernière modification par Aaronson ; 14/06/2012 à 15h59.
-Bordel de...

Le monde serait il devenu fou ? Mon sens logique est atout sans nom lors d'une bataille rangée, mais dans ce capharnaüm ambiant je suis perdu.
Résumons nous :
-Une foutue bestiole assez méchante a explosé l'atelier d'Otomaï, en plus de m'envoyer valdinguer.
-Une sramette à moitié dérangé a incisé mon cou.
-Un crâ bourré joue à saute mouton avec... avec quoi d'ailleurs ?
-Un foutu nabot se la joue Indhy Ana Jaunes.

-Bordel de merde, de nom de Iop.

Je ramasse mon épée qui avait fini au sol. Je regarde la sramette aux yeux étrangement brillant.

-Hey Princesse, si t'es aussi douée pour tailler le cou des gens que pour tailler dans le lard ramène ton petit cul par là.

La dite princesse sort de sa torpeur et me regarde, regard qui change du tout au tout et je ne peux m'empêcher de frissonner. Bordel, encore une psychopathe.
Je fonce vers la bestiole, le nabot essaye tant bien que mal de la ralentir, je ne peux m'empêcher d'admirer sa maîtrise de l'art temporel.
Bref, pas le moment de s'extasier, c'est le moment de faire ce que je sais faire de meilleur : taper dans le gras et diriger.

-Nabot, je sais pas ce que t'as dans le cul, mais si tu veux en sortir vivant t'as intérêt à m'écouter ! Je sais pas trop à quoi on a à faire, mais c'est dangereux crois moi.

Le dit nabot se calme un peu, il prend conscience que quoi qu'il y ait derrière, il va falloir dans un premier temps descendre le monstre avant de pouvoir passer.
Et quel monstre, bordel ! Au moins 3 mètres de haut, d'une couleur violacée il possédait un unique oeil dont la pupille était injectée de sang. Sous cet oeil, une rangée de croc, mais bordel de merde, quelle rangée ! Des lames de rasoirs ne m'aurait pas plus inquiété. Et de son corps gélatineux sortent 8 longues tentacules dont la puissance ferait pâlir Iop lui même. Il glisse sur le sol comme un fantôme, semblant ne pas ressentir les forces de frottement du sol.
J'ai un mouvement de recul, et un tremblement qui se propage du haut de ma nuque jusqu'au bout de mes doigts. Non je n'ai pas peur, je suis excité, mon sang bout dans mes veines ! Cet adversaire aussi impressionnant qu'il puisse être réveil en moi l'art et l'amour du combat.

-Ecoutez moi bien, et toi aussi l'archer ! Ce monstre est très puissant et ne possède que peu de faiblesse. Ses tentacules sont tellement mobiles qu'il est inutile de compter sur quoi que ce soit pour les bloquer, esquiver les donc. S'il vous attrape vous êtes mort, un coup de dent et votre tête lui servira de quatre heure. Il a l'air aussi très mobile et donc aucune chance de le prendre de vitesse. Néanmoins, il possède de nombreux angles morts de par son oeil unique. Concentrons nous là dessus et tentons de le rendre aveugle.

Je sens le Xélor, nerveux, qui, serrant les dents, commence déjà à s'élancer. Je l'attrape à mon tour par le col et le retiens.

-Doucement Nabot, t'es plus utile vivant qu'en charpie, suis moi et on pourra voir ce qu'il est advenu des assistants d'Otomaï.

Son regard change, j'ai visé juste. La bestiole nous repère enfin, le combat débute.
Hyvernal se réveilla en sursaut. Un bruit sourd l'avais comme éjecté de son sommeil. Il se leva alors et couru en direction de la porte d'entrée. Il vit alors une fumée noire s'échapper de l'arbre Hakam. Son arbre. Sans réfléchir, il s'élança vers cette horreur, sans doute que quelqu'un aurait besoin de lui pour des blessures graves, voire mortelles au vu de la situation.

En courant vers sa destination, il se heurta à quelque chose et tomba à la renverse. En revanche, le Sadida dans lequel il était rentré n'avais pas bougé d'un pouce. Il avait lui aussi le regard tourné vers la fumée noire, mais se retourna pour voir ce qui l'avait touché.

- Désolé, je ne voulais pas, c'est juste que .. Désolé ..
- Ne t'inquiètes pas, je comprend !
- Pourriez vous m'aider à traverser la jungle sombre pour aller voir ce qu'il se passe dans l'arbre Hakam ? j'ai peur de ne pas réussir à la traverser seul ..
- Pourquoi pas ! J'allais justement me mettre en route pour voir ce qu'il se passe.
- Je m'appel Hyvernal en passant ..
- Moi c'est Glougarou, mais tu peux m'appeler Glour' !

C'est alors que nos deux compères se mirent en route pour le labo d'Otomai sans le savoir.

En chemin, il ne discutèrent pas. Le temps leur manquait. Ils courraient tous les deux du plus vite qu'ils pouvaient, histoire de voir s'ils pouvaient aider les éventuelles personnes qui se trouveraient blessées dans l'arbre.

Arrivés à la jungle sombre, rien, pas une créature. Ils furent tout deux étonnés de voir que toute la faune avait disparu de cette endroit. Il devait donc sans doute se passer quelque chose de bien plus grave que ce qu'ils ne pensaient !

En traversant l'arbre Hakam, encore une fois, pas âme qui vive. Les kaskargos étaient rentrés dans leur coquille, les poolays et les bitoufs envolés. Comme par magie. En quelques minutes, ils avaient réussi à monter quasiment tout en haut de l'arbre. Mais ce qu'ils virent leur glaça le sang. Une créature énorme que sans nul doute personne avant eux n'avait eu l'occasion de voir. Mise à part le petit groupe de personnes qui visiblement semblait vouloir la tuer.

Hyvernal et Glour' se lancèrent un regard et comprirent ce qu'ils allaient devoir faire. C'est alors qu'ils s'élancèrent en direction du petit groupe prêt à aider ces gens.

Dernière modification par Neo-Chapelier ; 05/04/2012 à 03h27.
Encore du monde qui arrive…Encore des gêneurs…
Autant la momie peut être utile en ralentissant le monstrichoux, mais la fée travestie et la peluche pleine de sable, je ne vois vraiment pas.
Pas le temps de s’occuper d’eux. Qu’ils viennent seulement croiser mon chemin ou essayer de me piquer mon Iop, et ils goûteront de ma lame.
Je me tourne vers mon aimé :
-Choupichou, tu as l’air de connaître cette gentille bête. Comment la tuer ?
-Choupichou ?
Malgré le danger de la bête se rapprochant, il est dégoûté par ce terme. Mais il feint de l’aimer quelques secondes après voyant la psychose dans mes yeux.
-Je n’ai pas le temps de tout expliquer, mais il ne faut pas la tuer, juste la capturer.
Les contestations n’eurent pas le temps de sortir. La bête était sur nous.

Un tentacule se dirigea sur le Iop et j’eus tout juste le temps d’invoquer mon double. Mais la force de la créature était telle, que le second moi et ma seconde moitié s’envolèrent, sans aucune élégance, et s’écrasèrent aux pieds des nouveaux venus.
Des petites étoiles roses gerbantes apparurent autour de l’Eniripsa. Il se concentrait pour soigner les blesser.
Me rappelant que cet inculte verrait ma marque de fidélité comme une blessure, il allait sûrement la soigner.
Je deviens aussitôt invisible pour échapper à l’horreur ambulante et me précipitai vers le petit groupe.

Le monstre, m’ayant perdu de vue mis du temps à décider qui attaquer ensuite. Intelligence inversement proportionnelle à la force…ça me rappelle les Iops – sauf un.

Le travestit était déjà en train de soigner mon aimé. J’eus tout juste le temps de lui sauter dessus avant qu’il ne défigure ma gravure.
La lame de ma dague glissa doucement sur les tendons de son cou le forçant au silence.
Une chose poisseuse vint se poser sur mon épaule.
Dans un réflexe, je me remis debout en donnant un coup dans le vide.
Le métal rencontra un obstacle dont il s’affranchit vite. Les poils englués virèrent immédiatement au rouge.
Le Sadida venait de perdre sa main droite.

Alléchée par l’odeur du sang, la bête fonça vers nous.
Aucune échappatoire. La peur de mourir ne se montra pas. Seul le regret m’accompagnerait dans la mort. Je venais de me découvrir des sentiments pour un être vivant. J’allais perdre ma dague ô combien précieuse à mes yeux. Et surtout, je n’avais pas assez fait couler de sang !

L’obscurité tarda. N’arriva pas.

Le Xélor réussissait l’exploit d’occuper la bête en se téléportant autour d’elle.
Mais il faiblissait. C’était visible. Les traits de ses bandes étaient de plus en plus plissés, signe d’intense concentration. Des gouttelettes perlaient de ci de là. Par deux fois le monstre failli lui arracher un membre.
Si rien n’était fait, il mourrait. Le problème, c’est que plus rien ne distrairait la créature…

Il fallait trouver une solution, et elle m’éclata au visage. Je pourrais même dire qu’elle m’éclata le visage.

La boule de sable –ou plutôt de poils sablés – venait de me décrocher un violent coup de poing sur le nez.
Ce dernier se brisa net, et un flot de sang me coula autour des yeux, se faufilant dans ma bouche pour finir par goutter sur mon menton.
Le goût de mon propre fluide vital me réveilla enfin de ma torpeur. Mon envie de meurtre devait se sentir, car toutes les personnes autour de moi se reculèrent de quelques pas.

D’un geste rageur, j’attrapai mon agresseur qui voulut se dégager en prenant le bras. Ce mouvement de défense lui offrit un deuxième moignon.

De fureur, je lui assainis un violent coup sournois qui le propulsa dans les tentacules de la monstruosité.

Pendant qu’elle l’écartelait, j’en profitai pour lancer une invisibilité d’autrui sur chaque membre du groupe.
Tous abasourdis par ce que je venais de faire, aucun ne bougea. Mais la peur de la créature pris le pas sur celle qu’ils avaient pour moi et se décidèrent à fuir avec moi.

La bête resta sur place jusqu’à ce que le Sadida soit totalement absorbé.
Mais elle n’était pas seule.
Perché sur son arbre, j’avais oublié de rendre invisible Hapero.
Malheureusement pour lui, l’odeur d’alcool parvint à la bête et elle le repéra vite.
Peut-être boira-t-il moins la fois prochaine. Si toutefois il réussit à survivre…
Brik est épuisé. Jamais il n'avait affronté pareil adversaire, et encore moins n'avait dû autant utiliser ses dons temporels. Il est hors du temps. Le monde extérieur ressemble à un amas d'images floues qui s'accumulent à une vitesse folle, ce qui a pour effet de lui donner une migraine colossale et une nausée à en faire pâlir n'importe quel pandawa.

Soudain, ses forces le quittent. Il est comme aspiré par ses propres rêves. Il revoit tout. L'île de moon, un guerrier de la jungle, son père, le village d'Amakna, son périple,... En un quart de seconde, le fait que son père soit mort le ramène à la réalité. Et à temps, la saloperie tentaculaire vient de manquer de lui arracher sa précieuse boîte crânienne. Ce n'est pas pour autant qu'il est de nouveau sur pied, en témoignent la marre de vomi qui l'entoure et son dos brisé par la fatigue. Soudain, sous l'amas immonde et effrayant qui constitue la créature, il aperçoit une sorte de tas de poils en train de se faire absorber.


- Hey! Bouge sac de poil, il va te gober!


Rien n'y fait, il est inconscient. Tout comme Brik. Bien décidé à aider ce qu'il a maintenant reconnu comme étant un sadida, il fonce droit dans la masse obscure. Grossière erreur, puisqu'il y laisse son bras. Enfin, un bras de xélor, ça doit pouvoir se remplacer par un bras de poupon! Sa rage est au summum, son corps boue de puissance, ses yeux rougissent, ses bandelettes craquent, bref, il pique une colère monstre tout en se plaçant dans une position colérique qui donne l'impression qu'il a besoin d'un smayktô (célèbre médicament contre les troubles intestinaux, parlez-en à votre médecin). Virevoltant et faisant le tour de son coup, son pendentif semble fonctionner de lui-même.

Le nombre incalculable d'aiguilles qu'il abrite n'en sont pas en reste, et exécutent elles-aussi des tourbillons ridicules. Au bout de quelques secondes, le jeune nain est entouré d'une aura étrange. Modelant sa colère, les volutes de magie créent un rayon d'une taille colossale (nda: colossale pour Brik, qui, rappelons-le, voit une palourde comme un potentiel cache-soleil). Sa puissance est tel que Brik est projeté à plusieurs kilomètres, si bien qu'il est éjecté de l'arbre Hakam. Dans sa propulsion, il aperçoit la bête se tordre de douleur. Victoire? Non, elle se relève la bougresse! Quoi qu'il en soit, hors-service comme il est, ses compagnons d'infortune vont devoir se débarrasser du colosse sans lui. Avant de perdre connaissance, le petit être sent comme une planche de bois craquer sous son dos. Qu'est ce que c'est? Il ne le sait pas! Est-ce que je le sais? Oui! Vais-je vous le dire? Non! Va-t-on arrêter de répéter ce schéma syntaxique? Oui!

Dernière modification par Aaronson ; 14/06/2012 à 16h00.
La boule de poils, morte.
Le bourré et le nabot, resté avec la créature : sans doute morts aussi.
Tant de sang versé sans que j’y sois pour quelque chose…Ma dague n’ayant pas achevé le Sadida, je ne le compte pas.
Trois. Le nombre de vivants, le nombre de disparus. Il ne reste plus que mon aimé, moi et la tantouse ailée, le seul à me séparer de mon amour.
Mais il avait son utilité. En plus de faire bouclier, il pouvait nous soigner, et vu ce que mon iop allait prendre de ma part, il en aurait besoin.
Pour le moment, il fallait se mettre en sécurité, et non tergiverser sur le passé, car le monstre n’en aurait pas pour longtemps avec Hapero.

Sans penser à notre destination, nous courions encore et toujours. La peur donnait une deuxième paire d’ailes à Hyvernal – qui, malgré tout, avait pris le temps de se présenter. Avalhon suivait, perdu dans ses pensées, et comme je refusai de le quitter, je suivais aussi.

Une apostrophe nous arrêta :
« Holà les jeunes ! Où courrez-vous comme ça ? On dirait que vous avez vu la mort en personne ! »
D’un geste automatique, forgé par l’habitude, ma dague vint se placer contre sa carotide.
« C’est toi que la mort va cueillir si tu ne me dis pas qui tu es immédiatement !
-Du calme ma p’tite dame. Je ne vous veux pas d’mal. Je retourne simplement vers le laboratoire d’Otomaï où je travail.
-Le labo ? Il n’en reste rien, si ce n’est quelques planches de ci de là. Mais surtout, c’est devenu très dangereux car une créature rôde tout près. Voilà pourquoi nous fuyons.
-Non…il se serait échappé ? Vite, il faut trouver Otomaï ! Mais comme à son habitude, cet abruti de génie a seulement laissé un p’tit mot incompréhensible pour dire où il allait… »
Se tournant vers nous, il nous supplia.
« Aidez-moi à trouver mon maître, je vous en prie, sinon le Monde des Douze court à sa perte ! »
Avalhon prit le parchemin, et le déroula :
« Par-delà les montagnes des Koalaks
Je pars en direction d’un nouveau lac
Parcourir la terre ne me fait pas froid aux yeux
Car toujours avec moi j’emporte de quoi faire un feu »

Une voix parfumée surgit de derrière nous :

« Eh ben, c’est pas de la grande poésie ça… »
De surprise, tout le monde regarda Hapero les yeux ronds. Le vieil assistant n’avait sans doute jamais vu de Cra dans cet état, et nous, nous pensions avoir un fantôme sous les yeux.
Hyvernal se mit immédiatement au travail en lui demandant :
« Comment as-tu fait pour t’en sortir seul face à ce monstre ?
-Quand vous avez disparus, en me laissant, j’ai su que j’étais mal barré. J’ai donc dû faire le sacrifice ultime en priant pour ça fonctionne. J’ai jeté toute ma réserve d’alcool dans la gueule du monstre. Apparemment, il ne le tient pas puisqu’il s’est écroulé seulement dix secondes après avoir tout avalé. Encore heureux pour moi, sinon je serais mort sobre, mon pire cauchemar !
-Mais alors, si tu as « vaincu » le monstre, pourquoi es-tu dans un tel état ?
-Eh bien…lorsque la créature s’est avachie, elle a accroché énormément de branche dans sa chute. J’étais sur une de celles-là… »
Avalhon intervient :
« Loin de moi l’idée de dénigrer ton récit « héroïque », mais on a un message à déchiffrer ! »
On aurait dit 5 poules avec un couteau. L’énigme ne semblait pas compliquée mais la tension du combat mettait du temps à retomber.Hapero sentait son corps se détendre mais aussi surtout son taux d’alcoolémie était sur la pente descendante. Depuis qu’il était monté sur le bateau dans le port de Sufokia, il n’avait pas lâché ses bouteilles. Et là il était à court.Totalement à sec. C’était peut être mieux ainsi d’ailleurs pour résoudre cette devinette.

« Par-delà les montagnes des Koalaks
Je pars en direction d’un nouveau lac
Parcourir la terre ne me fait pas froid aux yeux
Car toujours avec moi j’emporte de quoi faire un feu »



La présence d’un iop intelligent n’aidait pas spécialement. La sramette, toujours en pâmoison devant lui ne prenait pas vraiment part à la conversation. Seul Hyvernal et le disciple semblaient vraiment en mesure de faire avancer la réflexion. Hapero lui jouait avec une grande sacoche. Il n’y avait pas grand-chose à l’intérieur à part une sorte de journal, des fioles de miel avec des têtes de mort dessus et une grande gourde elle aussi pleine de miel. Discrètement le cra pris le récipient et le glissa dans son propre sac de voyage. La lecture de la première page du journal lui appris qu’il avait ramassé ce qui resté du passage sur terre du malheureux Sadida.



« Tiens le Sadida venait de Frigost ! Il venait voir Otomaï lui aussi ! »



Mais sa phrase resta sans réponse. Ils étaient tous totalement absorbé par la résolution de l’énigme. Alors Hapero s’approcha et essaya de réfléchir. Le manque d’alcool était bel et bien là mais il avait déjà vécu sans boisson forte, et puis il était capable d’en créer avec à peu près n’importe quel ingrédient. Le miel à peine récupéré était une bonne base.

Sur Frigost non loin du lac gelé il y avait une essence d’arbre qui s’accordait parfaitement bien avec le miel. L’alcool de tremble était réputé dans la bourgade enneigée. Le jeune Cra avait eu l’occasion d’en goûter lors du passage d’un aventurier à la taverne d’astrub. Il en avait gardé un souvenir impérissable. D’un coup perçant la brume de ses souvenirs Hapero comprit.



« Frigost ! Il faut aller à Frigost !

- On se fout du sadi il est mort, on a aucune raison d’aller à Frigost, réagit immédiatement la sramette.

- Mais non ! un lac où il fait froid dans le monde y’en a pas douze ! C’est à Frigost qu’Otomaï est parti ! »



S’en suivi un grand conciliabule. Fallait-il vraiment aller là bas ? si oui comment ? Il fallait faire vite car le monstre ne resterait pas indéfiniment ivre mort. L’autorité naturelle du iop pris le dessus. Et il imposa ses idées. Tout le monde allait prendre la route de Frigost sans se taper dessus. Rivéa sembla déçue mais suivie son nouvel amour.La petite troupe se mit en route vers le nord, l’île de neige et de glace les attendait...

Dernière modification par Hapero ; 14/06/2012 à 14h31.
Au vu de ce qui venait de se passer, Hyvernal se dit qu'il allait devoir accompagner ces aventurier car visiblement, aucun d'eux n'avait le pouvoir de soigner, et ils allaient en avoir besoin. Mais pour l'instant, il fallait s'occuper du monstre. Caché derrière le Iop, Hyvernal tira sur la tunique de ce qui apparaissait comme le leader du groupe.

- Oui ?
- Et .. Et .. Et le monstre, on en fait quoi .. ?
- Il va falloir le remettre en cage effectivement.
- Peut-être qu'en l'immobilisant et en le passant sous silence, ça irait mieux ? .. Surtout qu'il est totalement saoul.
- C'est une excellente idée dit donc ! Je te laisse t'en charger alors, nous le porterons ensuite avec Rivéa et Hapero. Allons le chercher !

En disant cette phrase, le Avalhon regarda la sram d'un manière bizarre. Mais bon, Hyvernal n'avait rien a dire dessus, surtout qu'elle avait l'air un peu trop folle. Ils se dirigèrent alors vers la bête, et Hyvernal commença alors à dire les mots qui lui permettraient d'immobiliser le monstre, puis des mots de silence. Le monstre était maintenant immobilisé. Avalhon, Rivéa et Hapéro essayèrent de le porter sans succès. Il fut alors convenu que le tirer serait plus simple. Ainsi, ils se mirent tous en route, tirant la bête, en direction de la cage où il était gardé chez Otomai.

Après l'avoir remise à sa place, Hyvernal fouilla un petit moment dans le sac que lui avait tendu Hapéro avant de commencer à tirer. Il s'agissait du sac de Glouragan, son ami disparu. Il fouilla quelques instant à l'intérieur et trouva quelques fioles de ce qui semblait être du miel empoisonné et un petit journal. Il commença a lire et compris le but de la visite du Sadida. Hyvernal se dit alors qu'il devrait reprendre la quête de son compagnon.

C'est à ce moment qu'Avalhon décida qu'il était temps de prendre la route.

Dernière modification par Neo-Chapelier ; 31/05/2012 à 19h35.
Nous nous tenions devant les restes du laboratoire d’Otomaï.
La créature bourrée était de nouveau enfermée dans sa cage. D’ailleurs, une question s’imposait à ce sujet : comment avait-elle pu s’échapper ?
Il fallait que je le sache et seule une personne pourrait me donner cette réponse. L’assistant d’Otomaï.
Le bougre était devant les restes de son lieu de travail.
-Hé le vieux ! Comment cette horreur a fait pour s’échapper ? Et pourquoi l’a-t-elle fait seulement maintenant ?
Les yeux larmoyants et les lèvres tremblantes, il me répondit.
-Elle ne peut pas être sortie toute seule. Cela fait près de 2 ans que le kekkaï qu’Otomaï avait érigé tenait bon. Aucune force ne pouvait le violer de l’intérieur. Il a forcément fallu une aide externe pour le briser.
-Hola, du clame, explique moi déjà ce qu’est un kekkaï.
Avalhon pris l’assistant de vitesse.
-Un kekkaï est une barrière immatérielle tirée d’une magie très peu connue dans nos contrées mais largement développée vers l’orient. Mais je n’imaginais pas qu’Otomaï soit un maître dans cette science.
-C’est pourtant le cas. Seule une personne initiée à cet art a pu briser le kekkaï retenant la créature. Malheureusement, je n’en connais aucun capable d’un tel exploit.
-N’y a-t-il pas une possibilité de retrouver des traces, des empruntes indiquant qui est venu ?
-Si bien sûr monsieur le Iop, mais il faut un minimum de connaissances pour cela.
-Nous verrons bien si mes connaissances lacunaires suffiront ou non. Dans tous les cas, nous n’avons rien à perdre.

Nous descendîmes donc dans ce qu’il restait de la réserve pour y chercher un indice. On ne tarda pas à le trouver.
Coincée dans le verrou, une carte.
Intrigué, Avahlon la prit.
-Qu’avons-nous là ? Une simple carte ?
-Oh non, elle n’a rien de commune.
En effet, la carte sortait de l’ordinaire. Le roi représenté dessus était un Ecaflip borne, un Thanos en guise de sceptre et une couronne d’Alister sur la tête. Outre le fait que j’ai reconnu cet Ecaflip, j’avais trouvé la réplique exacte dans mes affaires après qu’il soit venu me voir sur le bateau.
L’assistant pris la parole.
-La petite dame a raison, c’est la marque de Butch D. Cassi, le plus féroce chasseur de prime qui arpente le monde des Douze.
-Pourquoi un chasseur de prime irait libérer un monstre sur cette île ?
-Butch reste un Ecaflip avant tout et comme tous les chats, il aime jouer avec jouer avec sa proie avant d’en finir.
-Sa proie…Sans doute est-ce moi. Il est venu me voir sur le bateau pour me menacer.
-Te menacer ? Pourquoi voudrait-il te menacer ? En un rien de temps il te tuerait !
Ne laissant pas passer la provocation, ma lame siffla et lui trancha peau et veines pour venir heurter la colonne vertébrale.
Une voix s’éleva derrière moi :
-Le coup n’est pas trop mal. Il manque un peu de force, mais la précision est parfaite. En revanche, tu n’as aucune clairvoyance. Tu n’as pas décelé le fait qu’il s’agissait d’un double, et tu lui parlais depuis tout à l’heure. Avec ton niveau tu n’inquiéterais pas plus Butch qu’une mouche le ferait.

Mes yeux se fixèrent dans les siens, et ce qu’il y lu dedans ne dû pas lui plaire car il blêmit quelque peu.
-oh, je comprends mieux…Tes yeux…ils viennent de ta mère n’est-ce pas ?
-Il parait oui, Butch m’a dit la même chose.
-Ce n’est pas étonnant. Ta mère était sa partenaire auparavant, avant de le quitter en lui laissant un souvenir cuisant. Elle est la seule à l’avoir blessé. Mais même pour te tester, il n’aurait jamais commis la folie de libérer cette créature. Serais ce sa mission ? Toujours est-il qu’il vous faut trouver Otomaï rapidement !

Le mystère de la libération éclairci, il nous fallait préparer notre excursion à Frigost.
S’ensuivit une discussion riche et animée à laquelle je ne participai pas. Les autres décidèrent d’aller à Bonta pour prendre le nécessaire.
Cela ne me dérangeait pas, je tenais à rester aussi loin que possible de la créature à son réveil. Sans kekkaï pour la retenir, les sorts du trans n’allaient sûrement servir à rien.
Et comme pour confirmer ma pensée, un énorme bruit en provenance de la réserve retentit.
Quelques secondes après, la moitié de la cage vint s’écraser à nos pieds.
-Tiens, maman ours a une gueule de bois, et elle est pas contente…
-Tiens, maman ours à une gueule de bois, et elle est pas contente...
-Ouep, et si ça continue on va finir avec la gueule dans le bois et on va pas être content non plus. J'aime pas trop dire ça mais on ferait mieux de se barrer, de toutes façons on peut rien faire.

Comme pour illustrer mes propos l'assistant se fait percuter violemment par la bestiole, l'envoyant voltiger tête la première sur une balustrade en bois.

-On s'casse ! Hapéro, essaye de le retenir avec quelques flèches bien placés, Hima pose quelques pièges. On se tire, fissa !

Une volée de flèche s'abat sur le monstre, lui faisant autant d'effet que des chatouilles. Par contre, les pièges de la sramette furent beaucoup plus efficaces ! Disséminés pendant notre fuite, ils faisaient exploser des pans entiers de plate-forme ralentissant drastiquement le monstre.

Nous approchons enfin du port, à bout de souffle.

-Bateau ou Zaap, demande Hyvernal.
-Prenons le bateau, j'ai pas envie de voir une hideuse saloperie tentaculaire violette converger dans tout Bonta.
-J'approuve, répond Hapero, étrangement lucide.

Nous nous dirigeons donc rapidement vers l'embarcation de fortune. Au loin, un cri ressemblant au son d'une craie sur un tableau noire retentit. Nous accélérons le pas et grimpons à bord du bateau. Le capitaine fut bien tenté de nous empêcher d'y embarquer, mais une jeune sramette lui prit la tête - au sens littéral du thème.

Nous larguons les amarres, et voyons arriver le monstre, tâche violette sur un paysage ocre. On admire pas, on flippe. Si la saloperie chope le bateau on sera dans la bouse de dragon cochon jusqu'au cou.

-Plus vite, bordel, plus vite ! Psalmodiais-je.
-Crier ne changera rien, tu sais, me fait remarquer Hapero.
-Certes, mais si tu vois une autre solution je t'écoute !

Le silence me répond. La créature approche de plus en plus, le bateau est encore près de la crique, assez près pour nous choper.
Heureusement...
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