Histoire de Nicholas, naissance d'une vocation

 
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Deux mois… C’est long. C’est court aussi d’ailleurs. Comme quoi le temps, tout ça, c’est des conneries. Après tout, est-on même sûrs qu’il s’écoule de la même façon pour chacun ? On dit que c’est une affaire de perception, qu’une minute est une minute pour tout le monde. Pour Nicholas, sa dernière nuit avait duré deux mois. Et pourtant cela restait une nuit pour lui. Une simple nuit…

Des paroles que sa mère n’avaient jamais prononcées lui trottaient dans la tête. « Crois en la Lumière…» Nicholas n’y avait jamais vraiment cru. Bien sûr, sa mère lui avait enseigné comment la Lumière était source de toute vie, et tout ça. Paltrot et son armée de Pères-Instructeurs aussi d’ailleurs. Mais bon, Nicholas était du genre à ne croire que ce qu’il voyait. Et il se demandait comment une soi-disante Lumière pouvait créer des êtres aussi sombres que les Trolls ou les Kobolds.

Et pourtant, cette nuit-là, ou en tout cas ce mois, comme il l’avait appris quelques heures auparavant, il avait vu la Lumière. Il était allé vers Elle, et Elle l’avait ramené vers cette réalité. La Lumière l’avait guidé, lui, le moine athée. Les fondements de la vie de Nicholas s’effondraient tel un Onzeseptembre (le Onzeseptembre est un empilement de bouts de bois qu’il faut déstabiliser en lançant quelques petits cailloux, jeu très apprécié des jeunes sarrasins). C’était pour lui comme un nouveau départ. Une remise en question. Et si Elle existait vraiment ?

Toute sa vie prenait une tournure nouvelle. Le hasard devenait Destin. La chance devenait Miracle. Les bêtises devenaient Péchés. Et Nicholas devenait Moine. La Foi s’ancrait en lui, trouvant de multiples accrocs et crevasses où s’installer. Plus il essayait de trouver une preuve de Sa non-existence, et plus ses croyances s’effritaient. Des croyances contre la Foi… Aucune chance.

Son esprit vacillait. Sa conscience encore fragile encaissait difficilement un tel assaut de révélations. Nicholas se sentait partir. Vers un monde meilleur ? Pourquoi pas. Mais la Lumière l’avait ramené dans ce monde, donc Elle le voulait ici. Il avait son rôle à jouer ici. Il avait son Destin à accomplir. Il connaissait sa tâche : répandre la Foi au delà des frontières d’Albion. Au Nord du Mur d’Hadrien. Chez les Celtes païens et les barbares Vikings, chez les horribles Trolls comme chez les Elfes perfides. Sa vie était tracée, et cela, bizarrement, l’emplissait de joie.

Il se leva, lentement, posément. Le contact de la pierre sous ses pieds aurait du le faire frissonner, il le savait. Ses mouvements étaient difficiles. Il poussa sur tous ses membres pour se lever, et y parvint. Toutes ses pensées étaient tournées vers Elle. Il devait aller prier. Il devait rattraper toutes ses années d’égarement. Il devait Lui montrer qu’il savait, qu’il avait compris. Des pensées bien pures, qui disparurent quand il sentit ses jambes lâcher sous son poids, et qu’il vit le sol monter assez dangereusement vers sa tête encore bandée. Si ses muscles s’étaient atrophiés, ses réflexes étaient rapides, et ses bras protégèrent le reste de son corps. Il n’avait guère envie de refaire une sieste de deux mois.

Le bruit mat attira le moine chargé de la surveillance de l’hospice. Il releva Nicholas, affolé, marmonnant des questions comme « Par la Lumière, pourquoi t’es-tu levé mon fils ? ». Une fois le jeune novice de retour en sûreté dans son lit de malade, le marmonnement devint audible, et il y répondit.

- Mon Frère…

C’était la première fois qu’il utilisait ce terme pour parler à un moine confirmé.

- Mon Frère, j’ai vu la Lumière.
- Que dis-tu, jeune novice ?

Le moine posait plus la question au sujet du « Mon Frère » qu’autre chose, mais Nicholas n’y prêta de toute façon pas attention.

- Elle m’a tendu les bras et ramené parmi vous. Elle m’a sauvé du néant et des Ténèbres. Elle m’a montré ma Voie. Je me dois d’aller La louer.

Le moine hésita quelques instants, le temps de recentrer son esprit sur les paroles du novice impertinent, et non sur sa dernière impertinence. Le temps aussi de se rappeler que c’était Nicholas qui lui parlait, et que ce devait donc être un mensonge, un de plus, en préparation d’un de ses mauvais coups. Sao s’était calmé, durant ces deux mois, mais celui-là. A peine conscient et déjà il mentait.

- Le mensonge est un péché en soi. Et il est encore bien pire lorsqu’il concerne la Lumière qui nous guide tous. Aie honte de toi, jeune novice.

Ce sur quoi il quitta la pièce. Il ferma en douceur la porte, se retourna, et s’apprêta à faire un pas. Il ne le fit pas. Il se retourna de nouveau, ouvrit la porte brusquement, et découvrit que s’il avait entendu le même bruit que quelques minutes auparavant, c’était pour la même raison. Même cause, même effets, disait-on. Mêmes effets, même cause, se disait-il ; Nicholas gisait sur le sol, gigotant dans une pathétique tentative pour ramper vers la porte.

« Mais qu’est-ce que tu fous, par les Saintes Orties ? », fut la première phrase qui lui vint à l’esprit. La réponse le fit douter, et il envoya chercher le Père Paltrot.

Il finissait de réinstaller Nicholas dans son lit lorsque le Père Supérieur arriva.

- Qu’y a-t-il de si important qu’on me dérange en pleine pénitence ?, demanda ce dernier, donc les mains étaient encore cloquées.
- Mon Père, le novice Nicholas dit avoir vu la Lumière dans son sommeil.
- Frère Erwann, vous connaissez Nicholas suffisamment je pense pour savoir ce que je pense de cet énième mensonge.
- C’est que, mon Père, il est prêt à ramper jusqu’à la chapelle en pénitence pour ses péchés passés. Il dit que la Lumière lui a donné la foi, et guide ses pas. Deux fois il est sorti de son lit déjà, malgré l’état de ses muscles.
- Hmmm, dit le Père Supérieur, signifiant par là sa méfiance envers le novice, mais aussi son incompréhension de ses motivations. Laissez-nous un instant, Frère Erwann, merci.

Le moine sortit, et un long silence suivit. Paltrot était en proie à l’étonnement le plus total : Nicholas priait.
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Camlann : Nicholas (moine 5L5), Nicholason (healer 4L0)
Ys : Wardenne (sentinelle 5L7), LGM tailor
Glastonbury : Bazin (ménestrel 50 4L), Nicho (nécro, LGM tailor), Nicholas (wizard 3L)
Citation :
le Onzeseptembre est un empilement de bouts de bois qu’il faut déstabiliser en lançant quelques petits cailloux, jeu très apprécié des jeunes sarrasins
ah bravo

Citation :
lui, le moine athée
blaspheme!

ps: on peu inverser mes reponses sa marche aussi
 

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