Une invention ?

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« Non mais ! Qu’est ce que c’est haut ! Mais c’est pas possible ça ! »
La jeune Trykette marmonne toute seule dans une barbe qu’elle n’a pas et qu’elle n’aura sûrement jamais.
« Tu n’aurais pas poussé pendant la nuit toi ? »
« Et comment je fais pour monter la haut maintenant ? »

Sylea, décontenancée par la hauteur de l’arbre, s’appuie contre le tronc et se laisse doucement glisser pour se retrouver le postérieur dans l’herbe.
La fraîcheur ambiante, les délicats sons qui parviennent à ses oreilles, l’entraîne irrémédiablement vers un sommeil réparateur. Non qu’elle s’active beaucoup dans une journée, mais rien que la longue marche pour arriver près de son arbre et, comme par hasard, juste à coté de son hamac à tendance à précipiter le moment de la sieste et à repousser le moment de la ceuillette.
Le temps passe, elle devrait se réveiller quand même. Oui , oui, parfois elle se réveille, je vous l’assure, pas toujours de très bonne humeur, mais elle se réveille.
Bien, laissons le temps passer alors….

Plus tard …

Sylea se réveille. Je vous l’avais dit ! Elle pousse un cri de victoire, enfin il me semble. En tout cas, c’est son cri de victoire au réveil … quand elle à eu une idée


« J’ai trouvé , je vais inventer un système , avec un bidule qui tourne une corde , et une grosse pierre pour que cela fasse un poids .. Comme ça je pourrais monter sans effort dans mon hamac … enfin je crois»


Pensive, Sylea se dirige vers les buissons à la recherche de quelques fruits ….
....

Son esprit divague. Il ne va pas très loin. Il n’a jamais été plus loin que la cueillette, la mer, l’eau et son frère. Son frère jumeau, son modèle, son compagnon, son ennemi, son ami de toujours. Elle et lui rivalisaient d’inventivité en ce qui concerne les petits objets utiles comme inutiles, les « trucs » pour rendre la vie beaucoup plus facile. Même si souvent ce n’était pas vraiment le cas, mais personne n’osait les contredire sur ce point.

Il faut cependant, préciser que là ou Sylea excellait dans ses réalisations, Ethiel , lui ne faisait qu’échouer. Mais attention, il ne ratait pas ce qu’il faisait, loin de là. En fait, il avait une idée, la mettait en application, et son œuvre servait à tout sauf ce à quoi elle était destinée. Dans la famille, on se souvient encore de son fameux radeau. Il était encore jeune et s’était mis en tête de construire un magnifique radeau fait de branches, de cordes, enfin , tout ce qui est nécessaire pour fabriquer un radeau digne de ce nom. On n’a jamais vraiment su pourquoi, mais son radeau n’a jamais flotté, il s’est en fait transformé en panier de pêche géant et fort pratique après que Sylea y ait apporté quelques adaptations. Mais revenons sur le moment présent.


« Hiiiiiii, criiiiiii , hiiiiiii, criiiiii »

Ca, ce sont les bruits que l’on pouvait entendre à quelques centaines de mètres de la plage.
Si on s’approche un peu , on peut remarque un jeune Tryker , tirant derrière lui , une espèce de « truc ». Objectivement, cela devait être monté sur roulettes ou disons plutôt rondins, il y a une corde qui devait servir à tirer cet objet et il était fermé sur les cotés. Surement une espèce de cage déplaçable. Quand on y réfléchit plus intensément, Ethiel avait du vouloir construire un piège à je ne sais trop quoi … Il serait intéressant de savoir comment il va en faire usage, et ce que Sylea réussira à modifier pour qu’il ai une autre fonction.
Le Buta Hari
« Sylea !!! Ehiel », un très jeune Tryker courait en prononçant ces mots. Nos deux jumeaux, partirent à sa rencontre. Il était essoufflé et visiblement ravi d’avoir rempli à bien la mission qui lui avait été confiée.

« C’est le grand jour ! Demain c’est le Buta Hari pour vous ».


Sylea , poussa un long soupir bruyant et postillonant « Ahhhhhh Pfiouuuuuuuuuuuuuuuuu », visiblement cette nouvelle ne l’enchantait aucunement. Ethiel, lui, eu la réaction que tout jeune mâle, dont on reconnaît enfin la valeur aurait eu. Il se dressa droit sur ses cannes, bomba le torse et prononça ces mots à la manière d’un grand général, d’un très grande armée, lancée pour une très très grande conquête : « Allons y ». Nos deux jumeaux se mirent alors en route vers le village accompagné de l’enfant porteur de l’information.

Le Buta Hari, était le jour des épreuves. Le grand jour pour la vie d’un Tryker, du moins pour ceux de la communauté d’Ethiel et Sylea. Leur univers s’arrêtant au village, et à ses alentours. Après le Buta Hari , celui ou celle qui avait passé les épreuves était enfin capable de voler de ses propres ailes. Non qu’avant il ou elle n’en était pas capable et ne s’en accordait pas le droit, mais cela faisait plaisir aux anciens. Anciens, qui eux-mêmes s’étaient permis de voler de leur propres ailes avant leur Buta Hari, bien qu’ils s’en défendaient (du moins en public).
Et puis, après les épreuves il se déroulait une garnde fête, c’était l’occasion de pour nos jeunes initiés de pouvoir boire cette fameuse liqueur de baies sans avoir à se cacher, c’était l’occasion de danser, de chanter, d’embrasser, de s’amuser.
Il y avait trois épreuves à passer, étudions les en détail. La première consistait à boire un grand verre d’eau salée. Personne n’en à jamais vu l’utilité, ni compris la signification, mais cette épreuve demeurait. A vrai dire, elle avait le don de faire sourire l’assistance au vu des grimaces que pouvaient faire les candidats. C’était peut-être cela son utilité après tout.


La seconde épreuve était celle du saut, On amenait les jeunes au bord d’une falaise immensément haute. De là ils devaient vaincre leur peur et sauter, ou plonger dans l’eau, accompagné par les applaudissements.


Enfin la troisième épreuve était celle que tous redoutaient. Chaque Tryker qui l’avait passé en revenait changé. C’était la seule , qui ne se déroulait pas en publique, la seule dont tout le monde avait peur, la seule qui voyait hommes et femmes séparés, la seule dont on ne savait rien, sauf ceux qui l’avaient passés. Personne n’en parlait, le secret était très bien gardé. Les plus jeunes du village avaient beau harceler ceux qui venaient de la passer ou les plus anciens, pour en connaître le déroulement, mais rien y faisait. C’était un mystère, et la tradition était bien gardée. Concrètement, tout le monde savait en quoi elle consistait pour soi même, puisque tous l’avaient passé, mais jamais personne n’en parlait ouvertement. Les femmes, qui l’avaient passé en parlaient dans des cercles fermés. Les hommes en parlaient aussi lorsqu’ils se retrouvaient entre eux. Cela devait être le seul secret que tout Tryker du village gardait, et cela en intriguait plus d’un. De ce qu’on en voyait de l’extérieur, le candidat partait sur un radeau avec un ancien, la candidate faisait de même en compagnie d’une ancienne. Ils se dirigeaient sans aucun doute vers les deux petites îles pour n’en revenir que le lendemain.
Le Buta Hari (suite)
Revenons à nos deux jumeaux. Ils rentrèrent au village sans un mot. Sylea marmonnait, Ethiel pensait. Ils savaient exactement ce qu’ils avaient à faire. De fait la cérémonie était lancée au moment même où l’information arrivait à leurs oreilles. Pour la première fois de leur vie, ils allaient scrupuleusement respecter la tâche qui leur incombait. Oh elle n’était pas bien compliquée cette tâche, il suffisait simplement de rentrer au village sans détour, de se restaurer et de partir se reposer. Souvent leurs journées étaient censées se finir ainsi, mais dans les faits, peu finissaient comme cela. Il y avait toujours quelque chose de mieux à faire, et puis, le sommeil était tellement meilleur lorsqu’il n’était pas imposé. Ce soir, en revanche, ils allaient rentrer, manger un morceau et dormir. Ne nous étendons pas sur la nuit qu’ils ont pu passer. En fait , pour préciser, Sylea continuait à marmonner, Ethiel quant à lui continuait de penser en bombant le torse.

Comme tous les lendemains matins, le jour arriva à l’heure, ce qui est assez logique, bien que cette heure ait tendance à changer chaque jour. Comme quoi, rien n’est immuable. Mais, passons sur ces digressions d’ordre temporel. Sylea se leva en marmonnant. Ethiel se leva en pensant, maintenant on les attendait sur la place du village. Sylea, prévoyante s’habillait comme tous les jours à un détail près, elle se recouvra les épaules d’un grand pagne.


« A quoi cela va te servir ? Tu es ridicule ! Il ne fait pas froid »

« Laisse moi, tu verras bien » Répondit-elle sur un ton qui ne tolérait aucun commentaire supplémentaire.

Les deux jumeaux se rendirent donc sur la place du village. Tout le monde arrivait, les regardait, leur souriait. Leurs amis leur faisaient des petits signes d’encouragement.

Deux anciens s’approchaient. Les parrains avaient été désignés. C’étaient ces deux anciens qui allaient devoir faire passer les épreuves aux jumeaux, qui allaient leur faire boire l’eau, qui allaient devoir les pousser si l’un d’eux refusait de sauter (cela arrivait assez souvent), et qui enfin allaient devoir les accompagner sur les îles. Theolin était le nom du parrain d’Ethiel, Meana le nom de la marraine de Sylea. Meana avait la réputation d’être une femme sévère, impitoyable avec ses enfants (c’est eux qui le disaient) mais aussi d’être une excellente cuisinière. Ses plats ravissaient toute la communauté lors des fêtes. Theolin était un vieux Tryker qui avait vécu des aventures formidables et qui ne pouvait s’empêcher de les narrer. Souvent il se répétait, et chaque membre de la communauté se devait d’avoir écouté ses histoires au moins trois ou quatre fois chacune. Mais personne ne s’en plaignait. Ses coups de bâton étaient encore ravageurs et puis c’était quelqu’un d’assez exceptionnel finalement.


« Sylea , es-tu prête ?» Les mots étaient simple, le ton dur.

« Moui » marmonna Sylea.

« Ethiel es-tu prêt ? » Le ton qu’employait Theolin était plus doux et plus chaleureux.

« Oui ! » répondit Ethiel. « Non pas du tout » pensa-t-il.

Meana et Theolin accompagnèrent les deux jumeaux vers le lieu de la cérémonie. Chaque membre de la communauté s’était levé pour assister au Buta Hari. Non que cela soit exceptionnel un Buta Hari , mais cela changeait du quotidien. Et puis il faut l’avouer, cela faisait rire tout le monde de les voir boire l’eau ou hésiter sur le plongeoir.
Message roleplay
Le Buta Hari (suite et fin)
Maintenant les épreuves. Aucun cérémonial particulier pour les épreuves. Juste les membres de la communauté qui accompagnait les futurs initiés et leurs parrains.
Cela murmurait dans tous les coins :


« Il y a quoi cette fois dans le bol ? »

« Je sais pas moi j’ai rajouté des algues, et toi ? »

« J’ai rajouté un peu de terre dans l’un des deux »


Et cela n’en finissait pas, le simple bol d’eau salée se transformait au fur et à mesure des conversations en une mixture étrange. Là était la tradition et tout le monde le savait. C’est sûrement cela qui effrayait les jumeaux. Cela les effrayait d’autant plus qu’une bonne partie de la communauté avait dû profiter de cette tradition pour plus ou moins se venger des jumeaux qui, soyons honnêtes, n’avaient pas été les plus tendres enfants que le village ait connu. Mais revenons à eux. Les voilà qui s’approchèrent des bols, ils se regardèrent, hésitèrent un moment sur le bol à prendre, puis se décidèrent. Sylea en prit un entre ses mains, Ethiel fit de même.

Les parrains en chœur, et non sans un sourire dirent :


« Buvez ! »


Il est difficile de décrire la réactions des jumeaux au moment où la première goutte effleura leur palais, en revanche, ce que l’on peut affirmer c’est que Sylea fit une horrible grimace et Ethiel .. Enfin Ethiel tenta de rester impassible. Etrangement, sa tentative fut un échec complet et on son impassibilité se transforma en une déformation complètement incontrôlée de ses muscles faciaux. Comme d’habitude, conformément à la tradition, on entendit des éclats de rires dans la foule, après tout ils étaient là pour cela, alors autant en profiter. Et, toujours conformément à la tradition, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les parrains ne firent rien pour arrêter la souffrance des jumeaux. Ils burent tout le contenu du bol, ou disons, tout le contenu qui n’avait pas réussi à couler le long de leurs mentons. A l’instant même ou les bols retrouvèrent leur place sur la table en bois, les premiers applaudissements se firent entendre ainsi que les premiers éclats de voix.


« Le plongeon !! le plongeon !! »


Au fils des années et des Buta Haris, nombre de Tryker prétendaient avoir la solution pour que cette épreuve se passe sans trop de dégâts. Certain affirmaient qu’il fallait rester bien droit et rigide, d’autre affirmaient qu’il fallait se mettre en boule et laisser faire , d’autres encore prétendaient que le fait d’être complètement mou et informe provoquait une entrée dans l’eau douce et sans douleur. De fait, personne ne saura jamais, car aucun Tryker n’est assez fou pour tenter à nouveau le saut, heureusement on ne passe pas les épreuves deux fois dans sa vie.

Sylea et Ethiel avançaient sur le chemin escarpé qui menait au plongeoir, la foule en délire, ou plutôt les membres de la communauté déjà hilares à la suite de l’épreuve de l’eau, avaient pris place sur la plage. Ils avaient une vue imprenable sur la falaise et le point de chute.

Une fois là-haut, Theolin et Meana prononcèrent ces mots aux deux jeunes :


« Si vous le souhaitez , vous avez la possibilité de sauter ensemble »


Ethiel jeta un regard à Sylea, qui sans réfléchir, opina du chef. Il allait enfin pouvoir prouver qu’il était le plus fort. Elle allait enfin pouvoir prouver qu’elle était la plus maligne.

Tout deux s’avancèrent vers le bord de la falaise, les Tryker sur la plage applaudissaient fort et poussaient des exclamations. Sylea n’avait pas retiré son pagne, Ethiel se concentrait.



« Allez y !!! » leur crièrent les parrains.



Et voilà que nos deux Trykers s’élancèrent. Ethiel pris une position de plongeon parfait, à la fois droite et assez souple pour assurer une entrée en douceur dans l’eau. Sylea quant à elle, fit un simple saut, toute droite, l’instant d’après elle empoignait fermement son pagne qui se gonflait. L’effet fut instantané, sa chute fut nettement ralentie. Plus aucun bruit ne leur parvenait aux oreilles, tout était couvert par le sifflement du vent dans leurs oreilles. A vrai dire, plus personne n’osait parler. Ethiel accomplissait le plongeon parfait, Sylea avait fait preuve d’une inventivité étonnante.

Et là, c’est le drame ( ) on entendit un « Cracccccc !!!!!! » monstrueux. Le pagne se déchirait sous l’effet de la pression. Sylea tomba lamentablement vers l’eau, agitant ses bras et criant très fort. Ethiel lui, exactement au même instant fut pris d’une peur panique assez inexplicable, il bougeât frénétiquement ses bras, ses jambes, et pour ainsi dire tout son corps se mis en mouvement. Son magnifique plongeon se transforma en une espèce de chute informe.

Tout compte fait, les deux jumeaux n’avaient pas fait mieux que leurs prédécesseurs. Les Trykers de la communauté étaient hilares.

Au moins le spectacle valait le déplacement. C’était la fin des épreuves publiques. On aida les jumeaux à sortir de l’eau à les rassurer quant à leur état, qu’eux-mêmes jugeaient désastreux. Ils se plaignaient d’avoir mal partout. Des paroles rassurantes parvinrent à leurs oreilles :


« Mais non, tu es juste un peu rouge derrière les cuisses, sur les mollets »

« Et aussi dans le dos »

« Ah ben c’est bizarre, comment tu t’es fait cela ? Ton ventre ressemble aux joues d’un Fyros un peu fâché, tu es toute rouge ma belle. C’est vraiment pas beau à voir».


Puis , alors que les deux parrains descendaient de la falaise par le chemin traditionnel, pour rejoindre le village, les foule se dispersaient. Maintenant il fallait les laisser. Ils prendraient le bateau, chacun dans le sien avec son parrain, et ne reviendraient que le lendemain, pour la fête.



Théolin et Meana, se dirigèrent naturellement vers les petits quais ou les bateaux étaient arrimés. Ethiel, comme Sylea, sans rien demander à personne, sans un mot se dirigèrent vers leurs parrains respectifs. Ils aidaient à préparer la petite embarcation et enfin prirent place aidant les anciens à embraquer. Les enfants, qui n’avaient rien d’autre à faire que cela, les regardaient partir vers les îles, les adultes, eux, reprenaient leurs activités.
Ici s’arrête l’histoire. Que voulez vous, même le narrateur est soumis à certains secrets.
Sylea et Ethiel, vous parleront peut-être de ce qu’ils ont dit et fait sur ces îles si un jour vous rejoignez les cercles des Trykers qui ont accompli avec succès leur Buta Hari.
Tout ce que je peux maintenant vous affirmer, c’est qu’ils sont revenus des îles, ont été les vedettes de la fête qui s’est tenu le soir de leur retour et qui ne s’est finie que le lendemain à l’instant ou le jour pointait le bout de son nez, toujours à l’heure.




[HRP] Certains passages sont inspirés de Aquablue, une BD de Vatine, Cailleteau, Tota (pour les 4 premiers volumes, les meilleurs selon moi) [/HRP]
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