[Orcanie] et une lueur s'éteint

 
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Il regarde ce corps sans vie étendu devant lui avec pour seul manteau l’herbe verte tâchée de sang. Le temps s’arrête ici et maintenant près de cette tour abandonnée, là où tant d’âmes ont à jamais quitté cette réalité. Une image s’impose à lui, il ferme les yeux, la refusant mais elle est là, elle grandit et le harcèle. Ce corps, dont l’essence s’en est allée, avait une vie. Des rires… des larmes… des convictions et de l’espoir, un grand espoir… maintenant brisé comme son corps, ce qu’il aimait, cet être à présent disparu, n’a plus d’importance pas plus que ce qu’il souhaitait. La mort a tout emporté, il n’est plus.

Quelque chose le gêne, c'est maintenant une certitude. Est-ce le corps par terre là à ses pieds ? Non bien sûr que non, il a déjà tant tué, à l’évidence cela ne saurait le gêner. Mais quoi donc alors ? Ce sang coulant sur le métal fracturé en un flot régulier, maculant les insignes de ce bouclier brisé ? Non, bien sûr que non, il a en a déjà tant fait couler que cela ne saurait l’importuner. C’est là tout au fond de lui mais aussi insaisissable que le vent. Mais s'il y a quelques temps il n'en entendait que les murmures, aujourd’hui cela l’oppresse.

Le temps reprend son cours. Ils sont tous là, autour de lui, personne ne semble rien avoir remarqué. Il y a un nain, borgne, comme en témoigne la balafre sur son œil et le bandeau qui ne la dissimule qu’à moitié. Il y a ce skald impatient harcelant sans cesse les frontières du royaume ennemi et les autres aussi… Ses amis, ses frères, tous ensembles, prêts à reprendre la route en quête de nouvelles proies. Ils sont là juste à côté de lui et pourtant si loin. Pour eux rien n’a changé, il est toujours le même, toujours la même créature à la soif de destruction que rien ne saurait satisfaire. Mais lui sait que, désormais, rien ne sera plus pareil, non il a changé.

Et là tout devient clair, il ne peut refuser ce que son coeur lui avoue simplement, le soleil ne s'est jamais levé sur sa vie, il a toujours vécu dans la nuit. Tout ce qu'il a toujours vécu n'a jamais été qu'une simple lueur dans l'obscurité. Tout cela ne suffit plus il aspire à autre chose. Peut être qu'il s'est trompé toute sa vie, peut être qu'on ne peut pas vivre que de tueries, peut être que... Peut-être qu'il recherche la paix. Peut-être. Mais cela ne suffira pas, cela n’a plus d’importance maintenant, il ne peut rien y faire, car il n’est qu’un instrument, la main de Modi.

Le tonnerre gronde, un orage se prépare. Et la meute se prépare à repartir. Tel la foudre ils frapperont encore, telle la pluie, le sang coulera encore. Et ainsi en sera-t-il jusqu’à sa mort. Il regarde encore une fois devant lui, et à l’instar de la lumière à présent masquée par les sombres nuages de la tourmente à venir, lui sait que nul rayon de soleil ne viendra plus éclairer son chemin. Le vent souffle et balaye ses espoirs inavoués, il fait bien sombre aujourd’hui...
Viens un jour ou tout être vivant ressent cette cruelle morsure, nul ne peut échapper à ce moment d'égarement.

Mais qu'il ne soit pas dit que certains soient maudits, tous un jour verront poindre à l'Horizon, ce petit bout de ciel bleu annonçant l'arrivée d'un timide rayon de soleil. Alors cette personne devra faire son choix, continuer sa route ou prendre le temps d'aller voir de plus prêt ce coin de paradis


<Les trolls ça écrit bien tout de même >
 

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