Histoire de Nicholas, cinquième chapitre

 
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La nuit n’était pas finie, loin de là, mais les deux voleurs novices n’en pouvaient déjà plus. Un grand barbu avait été chargé de leur apprendre les rudiments du « métier ». Gal-quelque-chose… Très excités par ce nouveau jeu, ils avaient été pleins d’entrain les premières heures, mais la motivation était vite tombée lorsqu’ils avaient du traverser vingt fois de suite une salle occupée par deux chiens dressés pour attaquer quiconque faisait du bruit près d’eux. En tout cas, c’est ce que disait Galmachin… Nicholas trouvait Sao très peu discret, largement trop peu à son goût, et pourtant les chiens continuaient de dormir paisiblement. Aussi le jeune garçon pensait-il que l’histoire du dressage, c’était un peu du pipeau, et faisait beaucoup moins d’efforts.

Il attendait avec impatience d’apprendre les techniques de combat qui faisaient la renommée de la Guilde, aux dires du barbu. En tout cas, c’est ce qu’il ne cessait de répéter. Qu’avait l’habitude de dire Clarice au sujet de la carotte et du bâton ? Nicholas sentant la fatigue prendre le dessus, montra son impatience et demanda quand ces exercices inutiles prendraient fin. En réponse, il reçut une claque retentissante, qui l’étourdit un instant et le fit tomber. La première claque qu’il recevait, la première vraie figure d’autorité qui se tenait devant lui. Il chercha une riposte, en imagina des centaines, parmi lesquelles rendre sa baffe au grand poilu, mais finalement, il jugea que la meilleure solution était encore de sangloter sur son sort et sur sa joue.

Le regard du barbu vers Sao en disait long sur les conséquences d’un quelconque manque de respect envers la formation qu’il recevait ou celui qui la leur prodiguait. Aussi Sao ne bougea-t-il pas d’un pouce. L’homme le terrifiait bien plus que les chiens, et il arrivait maintenant à garder un silence au-delà de tout reproche. De toute façon, même s’il l’avait voulu, ses muscles refusaient tout bonnement de faire le moindre effort. C’est pourquoi il ne bougea pas non plus quand Galtruc lui demanda de relever Nicholas et de rentrer chez lui. Le barbu s’avança vers Sao et lui décocha à lui aussi une baffe d’une amplitude assez impressionnante, puis sortit de la pièce sans un mot, fermant la porte derrière lui.

Nicholas fut soulagé de n’entendre aucun bruit de clef après que la porte aie claqué. Au moins n’étaient-ils pas enfermés, comme cela semblait devenir l’habitude dans ce bâtiment. Cette pensée l’aida à dominer ses sanglots. Il se releva et marcha vers la porte. Elle s’ouvrit dans un horrible grincement lorsqu’il tourna la poignée. Il jeta un rapide coup d’œil dans le couloir qui se trouvait de l’autre coté, et, rassuré de le trouver vide, fit signe à Sao de venir. Ce dernier, qui était resté d’un stoïcisme exemplaire après la correction qu’il avait reçu, annihila tous les plans de Nicholas pour sortir de là discrètement en avançant à pas lourds vers la porte, et en s’engageant dans le couloir aussi pesamment qu’un troll.

Nicholas suivit, après un instant d’hésitation, et il eurent vite fait de retrouver les escaliers qui les avaient amené ici. Ou en tout cas des escaliers qui y ressemblaient beaucoup. La montée fut avalée quatre marches par quatre. L’idée qu’il était bizarre que personne ne remarque la fuite de deux gamins aussi peu discrets qu’eux effleura l’esprit du jeune blond, mais la fatigue associée à l’effort physique l’empêchaient d’aligner deux pensées cohérentes. Seul le sentiment de satisfaction d’être de nouveau à l’air libre l’atteignit donc lorsqu’il passèrent la porte camouflée qu’ils avaient emprunté à l’aller. Et ce fut en riant qu’ils coururent vers l’auberge dont le toit permettait d’accéder au remparts, et de là à l’extérieur (en sautant dans le Camelot qui s’écoulait en contrebas).

L’entrée dans l’eau froide, comme d’habitude, leur fit un choc. Pas forcément désagréable, car revigorant… Ils nagèrent vers la rive opposée, déportés par le courant sous le pont de Costwold. En sortant de l’eau, ils se déshabillèrent pour mettre leurs vêtements à sécher, puis s’allongèrent sur la rive. Ils s’endormirent bien vite. Ils étaient loin de se douter qu’au même moment, un sicaire avait réveillé Clarice, et lui avait exposé ce qu’il savait de l’embrigadement de son fils. Clarice avait tout d’abord paniqué, puis avait pris sa décision, dure mais nécessaire. Le sicaire, qui connaissait la clerc depuis longtemps déjà, se fit un plaisir de la réconforter. En tout bien tout honneur, bien évidemment.

Au matin, quand Nicholas, réveillé par le soleil, arriva chez lui, fut surpris de ne pas trouver sa mère en train de s’occuper des malades comme à son habitude. Sao, en arrivant chez lui, fut encore plus étonné de voir ses parents en pleine discussion avec Clarice, la mère de son ami, à une heure si matinale. Sa mère connaissait un peu la clerc, mais de là à l’inviter chez eux ? Et qui était cet homme svelte, entièrement habillé de noir ? Lorsqu’il pénétra la pièce commune de la ferme du père Ryn, ce dernier se leva prestement, colla une claque que Sao jugea assez puissante sur la joue de son fils, et envoya celui-ci dans sa chambre. L’apprenti voleur ne put donc pas entendre ce qu’il se disait, d’autant que lorsqu’il essaya d’écouter au mur, il s’endormit aussitôt.

Lorsqu’il se réveilla, sa mère était en larmes, et le visage de son père affichait une détermination terrible lorsqu’il lui tendait une sacoche de voyage, qui, Sao le découvrit en l’ouvrant, contenait son habit de rechange. Ne comprenant pas trop ce qu’il se passait, il demanda à son père :
« On part en voyage ? »
« Non petit con ! TU pars. Tu vas passer les sept prochaines années de ta vie au monastère de Sainte Elizabeth. Ca t’apprendra à désobéir à ton père et aux enseignements de Notre Seigneur ! »

Sao ne réalisa pas immédiatement la portée de la phrase sèche de son père. Mais au final, sa réaction fut la même que celle de Nicholas lorsqu’il appris la même nouvelle : il s’effondra, abattu, ne sachant ni que faire ni que dire, résigné à son sort. Et c’est en silence que les deux compagnons montèrent dans une charrette pleine de tonneaux vides qui faisait le voyage vers Sainte Elizabeth…
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Camlann : Nicholas (moine 5L5), Nicholason (healer 4L0)
Ys : Wardenne (sentinelle 5L7), LGM tailor
Glastonbury : Bazin (ménestrel 50 4L), Nicho (nécro, LGM tailor), Nicholas (wizard 3L)
 

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