Chapitre 26: Reaching a climax...

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Voici le chapitre XXVI.
C'est probablement le chapitre le plus bourrin du livre - vous êtes prévenus...

Il est également assez long


Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Chapitre XXV

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Le bruit des cloches résonnait puissamment dans le donjon, comme le hurlement grave d'un loup appelant sa meute à la curée. C'était un son guttural et vaguement menaçant, que la pluie et le tonnerre ne parvenaient pas à étouffer.
Malek gémit. Il s'était attendu à ce que l'alarme soit donnée, mais il avait espéré pouvoir avoir encore quelques minutes de répit. Cet espoir s'effondrait maintenant.
"Rekk !" fit-il, s'approchant de l'homme attaché sur le lit. "Tout va bien ?"
Le Banni haussa les épaules, autant que ses liens le lui permettaient.
"Parfaitement bien. Comme tu peux le voir, je suis en train de me reposer. Si vous n'aviez pas fait irruption avec fracas, je serais en train de dormir paisiblement"

Malek ignora le lourd sarcasme. La répartie se coinça dans sa gorge alors qu'il observait le prisonnier.
Les guérisseurs de l'empire connaissaient visiblement leur métier, même s'ils n'avaient pas été capables de sauver l'empereur Marcus. Ils avaient utilisé de nombreuses potions pour laver et désinfecter la plaie infligée par le sabre de Gundron, ainsi que celles que les lances avaient percées dans ses épaules. Puis, ils avaient recousu les blessures, obligeant la peau à se rapprocher, laissant des cicatrices colériques et hideuses, qui faisaient penser à des bouches étirées en un rictus grimaçant. Celle de son abdomen, en particulier, s'étirait sur près de quatre pouces de longueur. En une journée, le Banni semblait avoir pris dix ans. Le jeune homme siffla entre ses dents.
"Ils ne t'ont pas raté" murmura-t-il.
"Je dois ce coup de sabre à un certain Gundron" répondit Rekk.
"Gundron ? L'ancien Maître de l'Académie"
"Eh oui. Il semblerait qu'il m'en veuille encore pour la perte de son œil. Par les Abysses gelées, c'était il y a près de vingt ans !" Il soupira. "Certaines personnes sont rancunières, tout de même."
"Regardez qui parle…" murmura le jeune homme.

Il entreprit de couper les liens qui retenaient le Banni. Lentement, les autres s'introduisirent dans la pièce. Shareen tenait à deux mains son lourd glaive couvert de sang. Elle semblait fatiguée, et des haut-le-cœur l'agitaient à chaque fois qu'elle regardait ses mains rouges. Laath avait rengainé ses dagues et tentait de la soutenir en murmurant quelques mots de réconfort. G'kaa suivait en dernier. Il massait doucement son épaule blessée, et son expression était indéchiffrable alors qu'il s'approchait de Rekk, sa lance à la main.
"Lui, c'est le Danseur Rouge, oui ?"
"A qui ai-je l'honneur ?" fit Rekk, haussant un sourcil. Puis il grogna. "Attention, gamin, avec ton couteau ! Tu as failli me trancher le poignet !"
"Je fais ce que je peux" grommela Malek.
"Je suis G'kaa, ambassadeur de Koush pour l'Empire." Le noir serrait sa lance avec tant de force que ses jointures devenaient blanches. "Je suis le fils de M'bao, le Grand Lion de la Savane, l'ancien roi de Koush. Celui que le Danseur Rouge a tué il y a plus de vingt ans !"
"Quoi ?" glapit Malek, alors que la lance se levait. " Arrêtez !"
"Non !" fit Shareen, se jetant en avant. Laath la suivit presque aussitôt, le visage sombre

Le bras de Rekk était désormais libre, et sa main bougea imperceptiblement. Il était totalement à la merci du koushite, cependant sa voix ne tremblait pas alors qu'il croisait le regard du grand noir.
"Eh bien, eh bien. Il semblerait que je sois entouré de gens qui ont une dent contre moi. C'est l'ennui d'être célèbre"
La dernière corde céda enfin sous la lame acérée. Rekk se redressa, et grimaça alors qu'un spasme de douleur le traversait. Il poussa un juron, et retomba sur le lit. G'kaa lui lança un regard perçant, puis baissa sa lance.
"Nous discuterons de ça plus tard, oui ? La vengeance, elle ne sert à rien ici, et maintenant"
"Je suis heureux de te l'entendre dire" murmura Rekk. Son expression ne changea pas, pourtant on avait l'impression qu'il se détendait imperceptiblement.
"Parfait !" gronda Laath. "Si vous avez fini vos… vos retrouvailles émues, dépêchez-vous de vous lever. Il faut filer au plus vite d'ici"

La cloche sonnait, sonnait. Elle appelait, appelait.
Rekk sourit. Ses yeux étaient fiévreux alors qu'il se relevait. Il serra les dents, et posa un pied sur le sol. Pourquoi est-ce que le plancher tanguait autant ? Il avait l'impression d'être sur le pont d'un bateau ! Il n'avait jamais eu le pied marin. Fermant les yeux, il se concentra. Il n'y avait pas de bateau.
"Tout va bien. Ce n'est qu'une petite blessure de rien du tout" Il fronça les sourcils. "Je ne sais pas comment vous avez fait pour arriver jusqu'ici, mais j'espère que vous avez un plan pour repartir"
"A vrai dire…" murmura Malek.

Il réalisait soudain qu'il n'avait jamais vraiment pensé réussir. Durant toute cette folle entreprise, il avait toujours été convaincu que quelqu'un, quelque chose, irait se mettre en travers de leur route, et qu'ils finiraient morts ou emprisonnés. Maintenant qu'il se rendait compte que, d'une manière ou d'une autre, ils étaient parvenus à retrouver Rekk, il n'avait plus la moindre idée de la suite des événements.
"Oui" fit Laath, "On a une porte de sortie, mais il y a des fortes chances que ça ne marche pas"
"Et ? C'est par où ?" Rekk avança de quelques pas, clopinant. Il était pâle comme un mort. "Je devrais pouvoir marcher, c'est déjà ça"
"Il y a une fenêtre dans une des autres chambres. Une fenêtre plus grande qu'une meurtrière" indiqua Laath, agitant vaguement la main dans la direction des gardes morts. "Vite !"
Il sortit rapidement de la pièce, Malek sur ses talons. Shareen jeta un regard inquiet à Rekk.
"Ce gamin veut ma mort" grommela le Banni, titubant en s'approchant du chambranle. "J'ai déjà du mal à avancer…"

Ses yeux s'écarquillèrent légèrement alors qu'il arrivait dans le couloir. Les corps étaient étalés dans tous les sens, preuves de la violence du combat qui avait eu lieu. Il y avait du sang sur le sol, bien sûr, mais également sur les murs et, bizarrement, quelques gouttes avaient également souillé le plafond. Machinalement, il se baissa et, tout en grimaçant, s'empara d'une épée sur le sol. Lorsqu'il se redressa, il croisa le regard furibond de Laath, dans la pièce d'en face.
"Vous n'aurez pas besoin de ça pour l'instant !" cracha le cambrioleur, avec une assurance née de l'urgence et de l'exaspération. "Lâchez ce bout de métal, et venez vous attacher !"
Joignant le geste à la parole, il entoura solidement la colonnade la plus proche de trois tours de corde, et l'attacha en un nœud complexe. Puis, il s'approcha du Banni et lui tendit l'autre bout.
"Qu'est-ce que… tu veux que je fasse de ça ?" murmura Rekk, observant ses mains avec suspicion.
"Dans votre état, vous ne pourrez jamais escalader ce donjon seul. Vous allez vous attacher, et nous allons vous descendre. Il faut que vous passiez en premier, je ne sais pas si nous serons assez de quatre pour vous soutenir"
Rekk se lécha les lèvres. Son assurance habituelle ne semblait pas s'étendre à descendre en pleine nuit, en plein brouillard, en plein orage, au bout d'une corde d'un pouce d'épaisseur, retenu par trois gamins et un homme au bras foulé.
"Il n'y a pas d'autres solutions ?"
"Le tocsin continue à sonner… La seule chance qu'on ait, c'est que dans cette purée de pois, et à cette heure de la nuit, les gens vont mettre du temps à comprendre ce qu'il se passe et d'où vient la menace. Nous avons peut-être quelques minutes devant nous. Certainement pas plus" Laath grinça des dents. "Décide-toi, Rekk, bouge-toi un peu ! Je ne me suis jamais fait capturer de ma vie, et je n'ai pas l'intention de commencer aujourd'hui !"

Le Banni resta bouche bée devant la soudaine colère du jeune homme, et un sourire vint lentement se dessiner sur ses lèvres.
"On n'a pas épargné nos efforts pour te sauver" renchérit Malek, jetant des regards nerveux vers l'escalier. "Attache cette foutue corde, et allons-y !"
""S'il te plaît ?" fit Shareen, la bouche en cœur. Elle aussi avait l'air très soucieuse. Il y avait de quoi. Malek se demandait pourquoi ils n'entendaient pas encore de bruits de bottes.
"J'ai compris, j'ai compris" grommela le Banni. "Mais si je dois me faire traîner comme un chiot, alors laissez-moi au moins prendre cette épée avec moi. On ne sait jamais quand elle pourra être utile.
Il s'empara de l'arme sans attendre de réponse et la passa à sa ceinture. Avec effort, il chercha à enrouler la corde sous ses aisselles. Ses mains étaient sans force, et il fallut l'aider. Mais, enfin, Laath arbora un sourire satisfait.
"Parfait. Il va falloir y aller. Il va falloir être courageux, mais je sais que vous pouvez y arriver. Serrez les dents, ça risque de faire mal" Rekk l'observa un long moment, et Laath pinça les lèvres. "Qu'est-ce que vous regardez ainsi ? On n'a pas de temps à perdre ! Plus vite !"

Rekk sourit.
"Je me disais simplement que ma fille n'avait peut-être pas fait un aussi mauvais choix que cela, finalement. Elle sait reconnaître l'acier chez quelqu'un. Il y en a, chez toi. Quelque part" Sans attendre que Laath parvienne à trouver les mots pour répondre, il tituba jusqu'à la fenêtre. "Vous me tenez bien, donc ? Je vous fais confiance ?"
Quatre paires de main se posèrent sur la corde, et tous hochèrent la tête. "Alors, j'y vais"
Sans plus manifester d'hésitation, il plongea. Le choc faillit arracher la corde des mains de Malek. Il avança de deux pas, traîné presque jusqu'à la fenêtre, avant de pouvoir s'arc-bouter et retrouver son équilibre.
"L'abruti" cracha-t-il. "Pourquoi est-ce qu'il n'a pas attendu qu'on le descende du début ? Il a dû subir un terrible choc !"
"Il sait que le temps nous est compté" murmura Laath. Des larmes brillaient dans ses yeux. Le jeune homme était décidément beaucoup trop sensible. Ou peut-être était-ce la faute de la corde qui lui sciait les mains. "Il faut le descendre rapidement. Il a peut-être plongé de vingt pieds, mais il en reste près de soixante"
"Compris"
Malgré leurs efforts, la descente était désespérément lente. Une fois, Malek tenta de se pencher par la fenêtre pour voir où il en était de la progression, mais on ne voyait rien avec ce brouillard. Il ne réussit qu'à se faire tremper, et il reprit sa prise sur la corde en maugréant et en toussant.
"Il devrait bientôt atteindre le sol, non ?" fit-il pour la troisième fois, alors qu'une secousse agitait la corde.
"Oui, ça ne devrait plus être long. Il ne reste qu'à espérer que personne ne l'attende en bas"
"Si c'est le cas, alors… oh non !"

Malek gémit alors que ce qu'ils attendaient depuis que les cloches s'étaient mises à sonner venait finalement à la réalité. Il entendait des bruits de pas et de course précipitée dans les escaliers.
"Notre chance tire à sa fin" murmura Laath, le visage pâle sous l'effort, alors qu'il tentait de descendre la corde plus rapidement encore. "J'espère que ta Déesse du Destin nous regarde encore, parce que pour ma part, je ne sais plus quoi faire"
Malek grinça des dents. C'était trop bête. Rekk était presque en bas, et ils allaient se faire capturer. Ils avaient fourni plus d'efforts et pris plus de risques que tout homme dans sa vie, ce en une seule nuit, et ils allaient tout de même échouer ? C'était inconcevable.
Alors qu'il grimaçait, tournaient dans sa tête les derniers mots que le Banni avaient dit à Laath. Il y avait de l'acier en lui. Il comprenait le choix de Deria. Pourquoi pas lui ? Pourquoi est-ce que Rekk ne lui avait rien dit, à lui ? C'était trop injuste. A cet instant, il réalisa qu'il admirait l'homme et sa morgue. Il fronça les sourcils.
"Est-ce que vous pouvez tenir la corde à trois sur les derniers pieds de la descente ?" fit-il soudain.
"Je crois, mais…hey !" cria Laath, alors que Malek lâchait prise et se ruait dans le couloir. Le choc soudain le fit grimacer alors que la corde lui sciait les doigts.
"Qu'est-ce qu'il va faire ?" murmura Shareen, incrédule. Elle avait envie de lui courir après, mais si elle lâchait, Laath et G'kaa ne parviendraient certainement pas à descendre Rekk. Pas lorsque le Koushite était aussi blessé.
"Il a trouvé sa voie" fit G'kaa en secouant la tête. "Le louveteau, il grandit, oui ?"
"Quoi ?" grogna Shareen, tendue sous l'effort. Elle ne comprenait décidément pas le Koushite. Ni Malek. Ni même Rekk. Les hommes semblaient avoir un sens de l'honneur bien particulier, et bien stupide.

Lorsque Malek déboucha dans le couloir, les bruits de bottes étaient déjà plus insistants. Il eut à peine le temps de se mettre en position en haut de la cage d'escalier, que le premier garde passait la tête, sans regarder ce qui l'attendait, utilisant sa lance pour se propulser plus vite. Il haletait de l'effort fourni pour gravir quatre à quatre les marches du donjon. L'épée du jeune homme s'abattit sur lui, et il ne fit aucun mouvement pour se défendre. Le crâne brisé, il bascula en arrière, entraînant avec lui ceux qui le suivaient. Il y eut plusieurs chocs sourds alors que les hommes tombaient de l'escalier de bois. Cliquetis de maille, bruit de boucliers se heurtant, et jurons divers.
"Déesse" murmura Malek, essuyant ses mains moites sur son pourpoint souillé avant de reprendre une ferme prise sur son épée, "On va voir si tu es toujours avec moi"
Ils ne pourraient venir qu'un par un tant l'escalier était étroit. Le donjon avait été prévu pour rendre son assaut difficile. Personne n'avait jamais imaginé qu'ils devraient un jour eux-mêmes le prendre d'assaut.

Furtivement, il toucha le pendentif qui se balançait contre son cou. Pendant de longues nuits à l'académie, il l'avait regardé avec émotion. C'était le seul cadeau qu'ait jamais offert à qui que ce soit. C'était les seuls compliments qu'elle avait pu faire. Il s'était senti heureux en le regardant. Il s'était senti aimé. Mais tout cela ne rimait finalement à rien. Ce n'était pas lui qu'elle avait aimé. C'était Laath, et Laath était bien plus digne de son amour que lui. La pensée lui rongeait l'esprit comme un acide. Furieux, il arracha le pendentif, et se prépara à le jeter. Mais les gardes remontaient et, poussant un juron, il fourra la chaîne dans sa poche. Puis, il rit à gorge déployée. C'était tellement drôle.
"Venez !" cria-t-il alors que le premier tournait de nouveau dans la cage d'escalier. "Venez chanter avec moi !"
Il se fendit, bannissant toute peur de son esprit. Le garde tenta de parer, mais il n'avait pas vu le coup venir, et la lame vint s'enfoncer délicatement dans sa gorge. Il tomba sans un cri.
Cette fois-ci, un autre vint aussitôt prendre sa place, marchant par-dessus le corps pour tenter de porter un coup de lance. Malek dévia d'un mouvement de poignet. Avec mépris, il frappa de nouveau. Le garde bloqua avec la hampe de son arme, mais Malek lui asséna un coup de botte en plein ventre, et il partit à la renverse, rejoindre ses collègues moins chanceux.
"Chantez avec moi ! Chantez l'amour et la mort" ulula-t-il.
Il se sentait plus vivant qu'il ne l'avait jamais été depuis des années.

Shareen sentit soudain la corde se détendre. Rekk venait probablement de poser le pied au sol. Elle poussa un soupir de soulagement alors que ses muscles lui faisaient terriblement mal. Mais ce n'était pas son souci principal.
Le bruit des épées s'entrechoquant et des cottes de mailles se brisant sous l'impact des coups était aisément reconnaissable. On entendait des cris et des jurons, et les voix étaient de plus en plus nombreuses.
"Malek !" cria-t-elle. "Il est en train de se battre ! Il va se faire tuer !"
"Le loup, il tiendra" murmura G'kaa. "Mais je vais aller l'aider, oui"
Il se tourna pour sortir de la pièce, mais trouva Laath sur son chemin, le poignard dégainé.
"Hors de question que vous sortiez d'ici !" cracha le cambrioleur. "Vous avez le bras cassé. Vous ne serviriez à rien ! Et ça sera long pour vous de descendre avec un seul bras. C'est à vous de passer, maintenant"
"Le louveteau, il veut que je fuie, oui ? Je vais combattre, c'est ce que je vais faire"
"Vous allez descendre cette foutue corde, ou je vous plante un couteau dans l'autre bras, ici et maintenant !" gronda Laath. "Vous ne feriez qu'embarrasser Malek. Il n'y a pas la place pour deux personnes, de toute façon." Le koushite hésita. "Allez y !"
G'kaa secoua la tête.
"L'empereur, il voulait me tuer. Alors je vous dois une vie, non ?"
Sans se retourner, il se lança en dehors de la pièce, lance en avant.
"Mais ce n'est pas vrai !" hurla Laath, hors de lui. "Bon, Shareen, prends cette corde, et descends !"
"Mais.." fit la jeune fille.
"Pas de mais ! Ils sont déjà deux, qu'est-ce que tu veux d'autre ? Tu oublies que Rekk est en bas, et qu'il est sans défense ! Il faut que quelqu'un aille l'aider. Allez, allez !"
Poussant la jeune fille au train, il la dirigea vers la corde. Elle lui lança un regard indigné, puis murmura quelque chose dans sa barbe – Laath crut entendre les mots stupide et hommes – et s'empara de la corde. Rassemblant toute sa dignité, elle entreprit de descendre sous la pluie.

Malek grogna alors qu'un garde prenait enfin pied sur l'escalier
"Ce n'est qu'un gamin !" hurla l'homme, le visage crispé dans une grimace haineuse.
Le Licornéen avait perdu le compte des ennemis qu'il avait repoussés. Mais la fatigue accumulée des précédents combats pesait désormais sur son bras. Il recula devant les furieux moulinets de son adversaire. D'un mouvement vicieux, il se glissa sous la défense du soldat et lui trancha le poignet. L'homme recula en glapissant.
"Chantez avec moi" gronda Malek. "Chantez, je vous dis ! Chantez le sang et l'acier !" Il toussa.
C'était la fin. Il n'avait pas mis longtemps à abattre son adversaire, mais cela avait suffi pour que deux autres prennent pied au dernier étage. Leur expression était sinistre. Ils ne feraient certainement pas de quartier. Malek espérait simplement qu'il avait fait assez gagner de temps à ses amis pour qu'ils parviennent à passer. Il en doutait. Cela ne semblait que quelques secondes.
"Dansez avec moi" murmura une voix douce à côté de lui. "Dansez avec moi, le feu et la jungle !"
Une lance jaillit de nulle part, projetée comme un javelot, et s'enfonça de plusieurs pouces dans le corps du premier homme. Ses yeux s'arrondirent de surprise alors qu'il tombait en arrière, entraînant son compagnon dans sa chute. Ils roulèrent dans les escaliers dans un grand bruit de ferraille.
"G'kaa" murmura Malek, reculant d'un pas pour essuyer de nouveau ses mains trempées de sueur.
"Le loup, il ne va pas combattre les chiens seuls, oui ?" fit tranquillement le koushite. Son bras gauche pendait toujours contre son torse, dans un angle obscène, mais il avait une nouvelle lance dans la main droite, et semblait prêt à s'en servir.
"Mais… tu n'as plus qu'un seul bras" balbutia Malek. "Pourquoi est-ce que tu ne pars pas avec les autres ?"
Un doigt se posa sur ses lèvres.
"Le loup, il doit accepter quand un lion vient l'aider. Même si le lion, il est blessé" G'kaa sourit de toutes ses dents. Il paraissait joyeux. "Je n'ai plus que le bras droit, mais le bras droit, ça suffit. Oui ?"
"Oui" fit Malek, lui rendant son sourire.

Shareen descendait avec rapidité la paroi, s'appuyant sur ses jambes pour essayer de se propulser de plusieurs pieds à chaque fois, sans aucune considération pour ses mains brûlées par le chanvre. La pluie lui coulait sur le visage, l'empêchant d'ouvrir les yeux ni même de juger de sa progression. Le bruit de l'eau frappant les pavés était assourdissant et elle faillit glisser plus d'une fois sur les pierres du mur.
Que faisait Malek ? Si l'abruti se faisait tuer, qu'allait-elle devenir ? Cela ne faisait que deux mois, pourtant, elle avait l'impression qu'il avait toujours été là, à ses côtés, la soutenant lorsque quelque chose n'allait pas. C'est lui qui avait empêché Eleon de la tuer. C'est lui qui l'avait sauvée de la noyade. C'est lui encore qui risquait a ainsi sa vie pour qu'elle parvienne à s'échapper. La colère remplaça la tristesse. Comment osait-il ? Pour qui se prenait-il, à sacrifier ainsi sa vie, comme s'il pensait qu'elle était moins précieuse que celle des autres ? Ne se rendait-il pas compte de la peine qu'il allait causer à tout le monde ? A elle ?
Elle pleurait doucement, ses larmes salées emportées par la pluie, lorsqu'elle toucha enfin le sol. Reniflant bruyamment, elle donna une secousse à la corde pour confirmer qu'elle était arrivée en bas saine et sauve. Puis, elle se retourna, et ses yeux s'agrandirent de surprise.

Rekk était assis, adossé contre le mur, respirant avec difficulté. Il y avait du sang sur ses habits, là où ses blessures s'étaient réouvertes. Il avait les yeux révulsés, et ses mains étaient crispées sur son épée comme si sa vie en dépendait. Devant lui, deux hommes gisaient, morts.
"Un comité d'accueil" grimaça-t-il alors que la jeune fille le regardait avec incrédulité. "Ils me sont tombés dessus au moment où je détachais la corde. Sales bestioles !"
"Vous… vous les avez tués tous les deux ?"
"Tu préférais qu'ils donnent l'alerte ? Bien sûr, que je les ai tués"
"Mais… comment est-ce que vous avez pu le faire, dans votre état"
Rekk grimaça un sourire.
"Je suis un démon, petite. Si tout le monde le dit, c'est que ça doit être vrai, eh ?"
Sa tête retomba doucement. Il avait beau jouer le bravache, il perdait doucement son sang, et il n'avait plus de forces. Doucement, gentiment, Shareen s'agenouilla et entreprit d'essuyer ses blessures avec un morceau de vêtement.
"Je suis là" murmura-t-elle. "Si jamais d'autres gardes arrivent, c'est moi qui vous protégerai"
"Voilà…qui est rassurant" marmonna Rekk. Mais il souriait.
Laath se mordit les lèvres. La corde était désormais lâche entre ses doigts. Il pouvait descendre. Il pouvait fuir de ce traquenard. Mais les bruits de lutte continuaient, dans son dos. Il entendait Malek chanter – chanter ! – d'une voix éraillée, emprunte de fatigue et de douleur. La voix de koushite se faisait entendre aussi, plus sombre et plus adulte, mais toute aussi éraillée. Il riait. Laath secoua la tête. Ils étaient complètement fous.
Se maudissant pour ne pas descendre tout de suite, il serra son poignard contre lui et sortit à son tour dans le couloir.
"Dépêchez-vous !" gronda-t-il. "C'est à votre tour !"
"Ce n'est pas le moment !" siffla Malek, repoussant un assaut vicieux en reculant de quelques pas, et contre-attaquant avec assez de violence pour repousser l'homme dans l'escalier, où la lance de G'kaa vint le cueillir.
"Déjà ?" fit G'kaa, souriant tranquillement. Il avait l'air à bout de force, mais cela ne paraissait pas affecter sa bonne humeur outre-mesure. "Le Danseur Rouge, il est passé, oui ? Et la fille ?"
"Aussi"
"C'est une bonne nouvelle, ça, oui. Alors il ne reste plus que toi, et toi, et moi ?" Laath hocha la tête machinalement. Les gardes continuaient à affluer. Tôt ou tard, ils parviendraient à passer le barrage que représentait un gamin et un éclopé. "Prends l'enfant avec toi, et je reste, oui ?"
Laath fronça les sourcils. Que disait le koushite ? Avec cet accent, c'était difficile de comprendre.
"Non !" hurla Malek.
G'kaa sourit tranquillement, puis son expression se changea en un féroce rictus. Il descendit d'une marche, et se mit devant Malek.
"Ta place, elle est en bas, oui. La mienne, elle est devant toi. Tu m'as sauvé la vie, je fais pareil, c'est l'équilibre, oui ?"
"Non !" répéta Malek, furieux. Il tenta de dépasser le barrage du koushite, mais il aurait aussi bien pu essayer de bouger une montagne. Puis il dut reculer, car les soldats arrivaient, et il n'aurait fait que gêner.

"Ceci est ma dernière danse" fit G'kaa sur le ton de la conversation, faisant tournoyer son arme. "J'aimerais que ma famille sache comment je suis mort. En protégeant le Danseur Rouge et ses amis" Il eut un rire amer, qui s'interrompit alors qu'il bloquait un coup à quelques pouces de sa gorge. Concentré sur le combat, il ne leur accorda pas un regard de plus.
"Il faut y aller, Malek !" cria Laath, alors que le jeune garçon restait comme pétrifié, son épée pointée vers le bas. "Dépêche-toi, par le Sang !"
"On ne peut pas le laisser là !"
"C'est son choix !" gronda Laath. "Ca ne sert à rien de nous faire tous tuer, de toute façon ! Tu t'es bien battu ! Je suis sûr que ton père serait fier de toi s'il te voyait, mais il faut fuir, maintenant"
"Mon père… Mon père est un lâche et un pleutre"
"Peut-être, mais décide-toi ! Tu veux que son sacrifice soit en vain ?"

Malek jeta un dernier regard à G'kaa. Le koushite était magnifique, ainsi, sa peau noire luisante de sueur, alors qu'il bougeait comme dans un rêve, sa lance trouvant comme par magie le défaut des armures et des gorgets. C'était un guerrier formidable. Rekk était sans conteste meilleur, mais les soldats qui mouraient ne voyaient probablement pas la différence. Lorsqu'il se détourna, Malek avait les yeux secs.
"Allons-y, alors" fit-il, l'expression dure.
Il faillit regimber de nouveau lorsque Laath l'incita à passer en premier, mais l'excitation du combat disparaissait lentement, le laissant tremblant et fatigué. Il abandonna la lutte, et s'empara de la corde. La pluie le fouetta avec violence. Il grimaça, alors que la sueur et le sang se diluaient dans la tempête.
La descente parut durer des heures en comparaison du combat qu'il avait mené, qui semblait ne s'être déroulé que l'espace de quelques battements de cœur. Il se sentait mal, il se sentait nauséeux. Il avait la gorge pleine de bile, alors que la honte l'envahissait d'avoir fui en abandonnant le koushite. Il savait que le choix n'avait pas été le sien, mais cela n'apaisait pas ses souffrances. Qu'avait dit Dani, voici quelques heures – cela semblait des mois ? Qu'un homme devait toujours être capable de se regarder dans un miroir. Que verrait-il, lui, si jamais il restait en vie pour pouvoir se mirer dans l'un d'eux ? Un lâche ? Ou un homme qui avait fait son devoir ? G'kaa l'avait appelé Loup. Le nom sonnait bien. Mais il n'en était pas digne.
Enfin, ses pieds touchèrent le sol. En même temps, des mains douces s'emparèrent de lui pour l'aider à tenir debout. Il faillit se débattre, puis réalisa à qui elles appartenaient.
"Shareen…" balbutia-t-il. "Je l'ai… Je l'ai laissé"
"Qui ? Laath ?"
"G'kaa… Il a couvert notre fuite. Je suis parti comme un lâche…"
Il sentit une vive douleur à la joue gauche, et recula de quelques pas. Reprenant son équilibre contre un mur, il se rendit compte qu'elle l'avait giflé.
"Ne dis plus jamais ça !" cracha-t-elle, hors d'elle. "Tu as failli sacrifier ta vie pour nous. Ne dis plus jamais ça !"
Il baissa la tête.


Laath rongeait son frein, regardant la corde se tendre et se détendre au fur et à mesure des mouvements de Malek. Si la descente de Shareen était une bonne juge de progression, alors il allait encore falloir près d'une minute avant que le jeune homme atteigne le sol. G'kaa pourrait-il tenir aussi longtemps ?
Incapable de rester sans rien faire, il sortit de nouveau dans le couloir. A peine Malek était-il parti que le koushite avait repris sa place stratégique en haut des marches. Il saignait de plusieurs coupures, mais tenait encore debout. Une lame avait frappé son bras gauche, inerte, et le sang en coulait à flots, mais l'homme paraissait ne pas sentir la douleur. Une tristesse infinie s'abattit sur Laath alors qu'il regardait le koushite combattre. Le cambrioleur n'était ni un guerrier, ni un guérisseur, mais il n'y avait besoin de n'être ni l'un ni l'autre pour se rendre compte que la plaie au bras saignait bien trop abondamment pour que le koushite puisse y survivre. Peut-être, si quelqu'un lui administrait tout de suite des soins, et s'il restait allongé sans mouvements. Mais G'kaa continuait à danser sa danse rouge, les lèvres étirées en un rictus silencieux, au son d'une musique qu'il était seul à entendre.
Laath jeta un œil irrité à la corde, derrière lui. Elle était toujours tendue à se rompre. Il restait encore du temps. Délibérément, il sortit ses dagues, et s'approcha de quelques pas. Lorsque G'kaa se baissa pour esquiver un coup de taille, il profita de l'espace pour les lancer.
Il n'avait jamais eu un œil excellent pour le tir, mais il s'était souvent entraîné contre les murs des granges et des maisons. Cela lui avait donné une coordination correcte et, même s'il ne pouvait se comparer à certains gamins du quartier, diaboliquement doués dans ce domaine, il ne pouvait pas rater une cible humaine dans un escalier.
Et, aujourd'hui, la Déesse du Destin était avec lui. Le premier garde poussa un hurlement rauque alors que le couteau lui perforait l'œil et atteignait son cerveau. Le second leva son épée juste à temps pour dévier le poignard, mais il baissa sa garde ainsi, et G'kaa lui perfora la gorge en se relevant.
"Qu'est-ce que le dernier louveteau, il fait ici ? Tu cours, oui ? Tu fuis ? Vite !" grogna G'kaa, avant de frapper de nouveau d'un mouvement souple.

Laath vit la tache de sang. Il vit le mouvement désordonné du koushite. Il vit la botte glisser, et l'homme perdre l'équilibre. Avec une lenteur épouvantable, il aperçut le garde sourire alors qu'il armait son coup. L'épée s'abattit doucement, presque tendrement – et la tête du koushite se sépara de ses épaules.
"Le démon noir est mort !" hurla quelqu'un, et des acclamations se firent entendre.
Laath poussa un cri de terreur et d'écoeurement. Sans regarder en arrière, il retourna en courant dans la pièce et ferma violemment la porte. Avec la force du désespoir, il renversa une armoire devant l'entrée, et s'empara de la corde. Elle était lâche. Au moins une bonne nouvelle, Malek avait dû enfin atteindre le sol. Sans attendre, il se jeta par la fenêtre, tenant la corde dans les deux mains. Le choc le fit gémir lorsqu'il fut projeté contre la paroi, mais il tint bon et resta ainsi à se balancer quelques secondes, le temps de récupérer. Puis il entama sa descente, le visage sinistre. Au-dessus de lui, le bruit d'épaules contre le bois se faisait entendre. Tant qu'ils n'avaient pas de hache, cela lui faisait gagner un peu de temps.
Puis la pluie envahit tout, et les bruits s'estompèrent. Il descendait aussi rapidement que possible, l'image du corps sans tête du koushite fermement imprimée dans son esprit. Ses yeux se fermèrent. Il ne devait pas penser à ça ! Dès que les gardes auraient brisé la porte, ils se rendraient compte que les prisonniers étaient passés par la fenêtre. Sans compter qu'ils pourraient très bien couper…

Il poussa un cri perçant alors que ses appuis disparaissaient. Quelqu'un venait de couper la corde ! Il chuta brutalement, ses doigts griffant la pierre pour trouver une prise quelconque. Le sang jaillit alors que ses ongles se brisaient. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, il crut qu'il allait se briser les jambes. Puis, il tomba en arrière et resta ainsi allongé. La pluie lui fouettait le visage.
Deux regards inquiets se posèrent sur lui.
"Laath… ça va ?" fit Malek, alors que Shareen se penchait pour l'aider à se relever.
"Ca va, ça va" bougonna-t-il. Il n'était tombé que de quinze pieds environ. Il avait eu de la chance que l'armoire ait retardé un peu les soldats, sans quoi il aurait terminé écrasé sur le pavé, telle une tomate trop mure. Il frissonna. "Et Rekk ? il est là ?"
"Oui, mais il va falloir l'aider à marcher"
"Je peux avancer" gronda une voix bourrue
"On n'a pas le temps pour ces simagrées" fit Shareen fermement. Une fois s'être assurée que Laath tenait bien debout, elle entreprit de relever Rekk, et de le faire s'appuyer sur son épaule. Le cambrioleur la rejoint, attrapant l'autre bras.
"Je me sens inutile" grogna Rekk.
"Et G'kaa ? Il a survécu ?" fit Malek, triturant nerveusement son épée et regardant le brouillard autour de lui.
"Plus tard !" grogna Laath.

Clopin-clopant, ils s'éloignèrent dans la nuit, alors que des appels commençaient à résonner autour d'eux. Plusieurs fois, ils virent le halo d'une lanterne se rapprocher dangereusement. A chaque fois, Malek se préparait à utiliser son épée, mais personne ne vint les déranger, ni même ne les vit.
"Par où va-t-on passer ?" murmura Shareen. "La porte principale doit être bien trop gardée, et on ne peut pas escalader les murs avec Rekk dans cet état…"
"Laissez-moi ici" grommela le Banni. "Je trouverai le prince moi-même, et je l'égorgerai"
"Ce n'est pas le moment de penser à ça" fit la jeune fille fermement. "Quelqu'un a une idée ?"
"L'écurie est peut-être moins bien gardée. Si on avait des chevaux…" commença Malek, pensif.
"Ca m'étonnerait qu'elle soit moins surveillée. Après tout, tout le monde sait dans quel était se trouve Rekk. Ils vont forcément y penser"
"Ils n'ont pas beaucoup anticipé nos actions, jusqu'à présent" observa Malek, les lèvres pincées.
"Tu veux qu'on aille voir ? Mais je doute que… qu'est-ce que c'est que ça ?"
Le bruit était reconnaissable entre mille. Des épées heurtaient des boucliers, des lances frappaient des armures, et des flèches sifflaient sous la pluie. Pour qu'ils puissent l'entendre aussi distinctement, cela devait se passer à quelques pas à peine
"Qu'est-ce qu'il se passe ?" fit Malek, interloqué. "On dirait qu'on se bat dans l'enceinte même du palais"
"Le Lion ! Le Lion ! Pour Veldan et le Lion !" hurla une voix, son cri repris par des dizaines d'autres.
"L'empereur ! L'empereur ! les Griffons avec l'empereur !" clama une autre, alors qu'une nouvelle volée de flèches sifflait autour d'eux.
"Pour Mandonius ! Mandonius avec nous !" clamait un troisième groupe.
"Mandonius ?" fit Shareen, incrédule.
"Veldan ? Qu'est-ce que le Duc de Lion vient faire ici ?"
"Se battre, apparemment" grimaça Rekk, pâle de douleur. "C'est notre chance. Dans la confusion, personne ne devrait nous voir passer." Il tourna son regard vers Malek. "C'est à croire que la Déesse du Destin est bien avec toi, gamin" Il toussa.
"Nous ne sommes pas encore sortis d'affaire pour autant" fit Laath d'un air sombre. "Ne crions pas victoire trop vite"
"Allons voir à la Grande Porte"

Ce fut difficile de contenir son espoir, cependant, lorsqu'ils arrivèrent en vue de la porte principale. Aucune lanterne ne brillait, et aucun garde ne vint les arrêter alors qu'ils passaient tranquillement sous la herse levée. Des cris de guerre épisodiques s'élevaient ça et là, et les bruits de combat n'avaient toujours pas cessé. Malek faillit se faire rouler dessus par un carrosse, tiré par quatre chevaux emballés, au moment où il passait.
"Je ne comprends rien à ce qu'il se passe" fit-il, hébété.
"Profitons-en, et ne cherchons pas à comprendre" répondit Shareen. Elle lui fit un clin d'œil. Sa bonne humeur était revenue. Etait-ce son imagination, ou la pluie était-elle en train de faiblir ?

Au fur et à mesure qu'ils marchaient, le vent se leva, dispersant le brouillard. La pluie diminua, puis disparut peu à peu. Les rues étaient couvertes de boue et de flaques d'eau. Là-bas, le tocsin sonnait toujours.
Mais ce ne fut que lorsqu'ils atteignirent les limites de la ville et les rives du Verdoyant que Laath s'autorisa un sourire.
"Par les Démons Gelés, on dirait bien qu'on s'en est sortis !" fit-il, lâchant doucement Rekk puis se laissant tomber sur le sol.
"On dirait bien, oui" murmura Rekk. Il pensait à G'kaa, et à la dernière danse du Koushite. "Mais alors, pourquoi est-ce que je me sens si vide ?"
Le Banni resta un instant allongé, récupérant ses forces.
"Ce que vous avez fait…" murmura-t-il enfin. "Pourquoi est-ce que vous avez essayé de me sauver ? Qu'est-ce que je représente pour vous ?"

Il y eut un silence gêné.
"Vous nous avez sauvé la vie, dans la chambre de l'empereur" fit Malek enfin, hésitant. "Et puis, Dani… Dani nous a dit qu'elle allait essayer de vous aider. Elle a beaucoup parlé d'honneur, et de miroir. Et puis… ça semblait la chose la plus juste à faire. On n'allait pas vous laisser croupir dans un cachot"
"D'autres l'auraient fait" fit Rekk, sans ciller. Il annonçait un simple état de fait.
Shareen sourit doucement, et posa sa main sur son front.
"Reprends des forces, au lieu de te poser des questions. Il y a une longue marche qui nous attend encore, avant d'être en sécurité relative dans la caverne de Dani"
Laath se passa la main dans les cheveux, et parut surpris de trouver un peu de sang sur le bout de ses doigts en les ramenant. Il ne se souvenait pas avoir été blessé.
"Quoi qu'il en soit, maintenant que le Prince est devenu empereur, les choses risquent de compliquer. Je pense qu'il va falloir oublier toute cette histoire de vengeance. Pour ma part, je compte bien retourner à ma vie de tous les jours. C'est trop éprouvant, d'être avec vous. J'ai vécu assez d'aventures pour toute une vie !"
Rekk sourit froidement. Lorsqu'il leva la tête, les dernières traces de brouillard et d'orage avaient disparu. On voyait désormais clairement le palais, environné de lumière, se découpant au-dessus de la ville.
"Prince ou empereur, quelle importance ?"
Laath le regarda, bouche bée.
"Il y a un monde de différence ! Il sait que vous voulez le tuer, et il commande l'armée impériale ! Vous ne parviendrez jamais à le prendre par surprise ! Vous allez être recherché ! Votre tête est mise à prix ! Vous allez vous faire poursuivre jusqu'aux limites de l'Empire…"
"Et ? Que me conseilles-tu de faire ?"
"Vous devriez vous cacher. Loin d'ici, je veux dire. Loin de l'Empire. Vous ne pouvez pas lutter, seul, contre ses armées"
"C'est un point de vue qui se défend" fit Rekk tranquillement. "Mais ce n'est pas le mien. Lorsque l'ennemi est peu nombreux, je le tue. Lorsqu'il est nombreux, je lui déclare la guerre"
Il a de la cuisse , du corps , une belle robe , et il se bonifie avec le temps ....
Bientot les recits de GreGre au Go & Millo <classé 4 étoiles année 2003 >


MERCI <--- ca c'est un grand merci
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7 Days to Die

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une broutille...

"Quoi qu'il en soit, maintenant que le Prince est devenu empereur, les choses risquent de SE compliquer.



sinon, trop fort !
je regrette G'kaa !
c'etait mon preferé !
mais il mort plus que dignement !


Bravi, Brava et BravooooOOOo RainetteChatoyante !
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