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Ma venue dans nos régions.

Par alderohn le 26/11/2002 à 16:18:37 (#2648573)

Mon père et ceux qui l'ont précédé ont voué leur vie au service de la Communauté.
Brûlant de la plus sincère loyauté, celui qu'on appelle ici l'Aîné, l'elfe Cirdan, loua ses talents de charpentier au roi navigateur, Anardil. Et, même si le sang familiale fut mélangé lors du rapprochement entre les elfes et les hommes, les traditions et le savoir-faire de ma famille en l'art du bois et celui ingénieux de la voilerie s'écoulèrent à travers les générations dans les veines et les oeuvres de mes pères.
Je n'ai de souvenir de mes jeunes années dans le village de Lormon que le temps passé en compagnie de mon frère Ergur à étudier les courants, la dynamique du vent et la sculpture du bois. L'odeur du bouleau et la poussière de la scierie entêtent encore mes souvenirs d'homme-enfant.
Ergur montra très tôt un talent particulier dans ces matières. Travaillant avec coeur et plaisir il faisait la fierté du village et comblait secrètement les attentes de notre famille. Il était devenu le centre de tous les intérêts.
Tenu peu à peu à l'écart, ma fierté me conduisit au fil du temps à un replis protecteur. Je ne me rendais bientôt à l'établi que par contrainte. Et, alors que les oeuvres d'Ergur gagnaient en ampleur et maturité, je taillais épées et boucliers de bois pour combattre les démons de mon imaginaire.

Les mois passant, l'étau de mon ennui et de mes frustrations se resserrait inéluctablement sur la gorge asphyxiée de mon quotidien.
Ma seule respiration était ces moments volés où je m'aventurais hors du village. Je combattais alors Midgard dans de vertes vallées et de profondes forêts, ces champs de batailles qui jadis furent foulés par les bottes de mes pères et souillés par le sang des hordes de barbares venus du froid.

Le village de Lormon débordait d'activité. Le commerce y était florissant et nous échangions moultes denrées et marchandises avec les habitants des Terres de L'Est et du Milieu. Des caravanes allaient et venaient chargées de cuirs de toutes factures, d'épices et de bien d'autres choses encore.
Dans ces périodes de commerce intense, l'Auberge du Griffon ne désemplissait pas. Les commerçants-voyageurs y séjournaient quelques jours, parfois quelques semaines puis ils repartaient vers d'autres lieux d'échanges.
Une fois par mois, une caravane arrivait sous bonne escorte de Camelot. Elle transportait notamment les métaux dont nos forgerons avaient forte utilité pour l'entretien et la défense du village. Guettant son arrivée, je m'extasiais chaque fois devant ce cortège et les barres de matières brutes, tantôt brillantes, reflétant la lumière comme un miroir, tantôt obscures, l'avalant comme le plus reculé des sous-bois de la profonde Fôret de Campacorentin.
Que n'aurais-je donné pour me voir forger une fine dague en ces matières mystérieuses. Je traînais en ces jours de foire chez Bexor, l'armurier-forgeron. Il me contait souvent l'histoire de l'épée courte volée, celle qui trônait parmi les chefs d'oeuvre de sa propre fabrication et dont, paraît-il, le simple contact suffisait à vous rendre plus vaillant et plus fort. Même s'il m'interdisait toujours de prendre arme en main, je m'émerveillais de ses histoires que je savais pourtant inventées de toutes pièces.

La caravane du mois d'Août arriva à Lormon sous une pluie diluvienne. Perché sur le muret de la Grand'Place, j'observais son entrée en ville avec enthousiasme, puis le début de son déchargement. Les gardes qui formaient son escorte eurent tôt fait de mener leurs chevaux aux écuries avant que d'aller louer leur chambre à la Taverne. Tous, sauf un homme, vêtu d'une armure que je reconnus faite de plates, et qui s'était écarté de la cohue. Après avoir salué le chef du convoi, il avait pris congé de la Garde et trouvé repos dans une petite clairière non loin de la muraille Nord du village. Piqué de la plus innocente curiosité, je l'avais suivi discrètement. Du moins je le pensais.
Après avoir débarrassé sa monture, il sortit ses armes et commença à les nettoyer, les graisser, méticuleusement, l'air songeur. C'est alors qu'il me fit signe d'approcher. Tout penaud et un peu vexé de la qualité de mon camouflage, je m'approchais de son campement sommaire.

- Comment t'appelles-tu petit espion ?
- Euh ... Aldheron Mssieur !
- Pourquoi te caches-tu depuis tout à l'heure Aldheron, y aurait-il quelque objet qui ait attiré ton oeil parmi mes affaires ? ... Hein ?!!
Le ton était monté d'un cran et la voix lourde de menace résonnait dans mes oreilles. Le rouge m'était instantanément monté aux joues.
- Mais non messires ... enfin ... je me promenais et ... je voulais juste ...
- Que veux-tu alors ? .. et que fais-tu ici, tu ne devrais pas être en études ?
- Je ne vais plus en études. J'ai pas envie. Je veux devenir guerrier, je veux combattre, apprendre les armes et l'esquive comme vous messire. Je veux combattre pour le Royaume.
Soit l'expression de mon visage à ce moment précis, soit la démesure de mes ambitions le firent éclater d'un rire franc et sonore.
- Et bien, jeune Aldheron, tu ne manques pas d'imagination. Mais saches que la réalité n'est pas à la hauteur de tes chimères.
Et que pensent tes parents de tes projets ? me lança-t-il.
- Je n'ose leur en parler. Ils n'en savent rien. Ils ne jurent que par mon frère et la navigation, le commerce, répondis-je en contemplant la fascinante faune d'insectes qui grouillait à mes pieds.
- Je vois.
La grande épée huilée se glissait à présent au fourreau dans un souffle doux et feutré ponctué d'un bruit sec et métallique, la garde heurtée.
- Je te souhaite bien du courage Aldheron. Laisse moi à présent, je te prie, j'ai encore des choses à faire qui ne souffrent point de dérangement et autres futilités d'enfant.
- Je vous interdis, je ne suis plus un enfant. Et je vous défends de mettre en doute la sincérité de mes convictions et la qualité de ma volonté.
Le rouge m'était à nouveau monté au visage.
- Oui oui, bien excuses moi mais à présent je souhaiterais être seul.
- Vous m'apprendrez ?
- Pardon ?
- Les épées, les arcs, les combats, .... vous m'apprendrez ? ... un peu ... le temps que vous restez ici. S'il vous plaît !! Je sais me montrer discret, s'il vous plaît !
- Une fois encore il fit résonner son énorme rire dans la prairie.
- Tu m'as l'air plus malin que d'apparence Aldheron, bien trop malin pour ton jeune âge. Je ne puis combattre pareil ennemi. Viens donc me voir demain après déjeuner, ici-même. Mon nom est Galgir.
Il s'avança et me tendit la main. Je l'empoignais et ne montrais rien de la force que je déployais pour ne pas me faire pulvériser les os.
- J'apporterai mes armes, je serai à l'heure, merci messire, merci beaucoup, je vous laisse à présent. Vous avez faim, soif ? vous voulez une peau chaude pour la nuit, si vous voulez je ...
- Shhht ! ... A demain Aldheron. Laisse-moi maintenant.

Le sommeil me vint très tard cette nuit-là. Je tournais sans cesse dans mon lit à la recherche de quelque image qui déposerait le voile du sommeil sur mon esprit agité, mais l'excitation était trop forte. Quand je trouvais finalement le repos, les premiers chalands arrivaient pour préparer leurs boutiques.
Après un succinct déjeuner, je me mis en route, vêtu de mon poitrail et heaume imaginaires et armé de bois tendre.

Lorsque j'arrivais à la clairière, je trouvais Galgir assis, les jambes pliées sous lui et les mains sur les genoux. Son menton posé sur son torse et ses yeux clos, tout son être en repos semblait prier quelque Dieu sage et guerrier.
Sentant ma présence, il ouvrit les yeux et se déplia, me gratifiant au passage d'un large sourire.
Nous commençâmes par quelques exercices de force, de souplesse et d'endurance physiques, ceux-là même qui me laissèrent de douloureux souvenirs musculaires des jours durant. Puis le soir, avant et après le souper nous passâmes au maniement des armes.
Galgir resta trois semaines à Lormon. Trois semaines inoubliables durant lesquelles je compris plus tard que j'avais posé les fondations de mon caractère et de ma volonté d'homme.
Dès la fin de la première semaine, je me voyais déjà renouer avec ma lointaine parenté elfique. Il me fallu pourtant accepter que l'héritage des belles-gens s'était perdu au fil des générations. Je n'avais de talent particulier ni dans l'empennage et la maîtrise des arcs, ni dans cette furtivité qui valut bien des victoires. En revanche le maniement de l'épée était comme une seconde nature. De l'aveu de Galgir lui-même, je devais persévérer car il lui semblait que quelque esprit guerrier se soit penché sur mon bras lors de ma naissance.

Galgir partit. Je passais plusieurs jours à ressasser ses conseils, à tenter d'esquinter l'épée de fer qu'il m'avait acheté en combattant des troncs d'arbre mort taillés en mannequins ennemis.

Les vendanges venaient de s'achever et une soirée de fête se préparait sur la Place Principale. L'âge avancé de mon père ne lui permettait plus de profiter de telles liesses mais sa bonne disposition ce soir-là m'encouragea à lui faire part de mon projet : rejoindre la garde d'Albion. Je voulais apprendre le maniement des armes et prêter mon bras à la Couronne, assurer la sécurité et participer au rayonnement du Royaume qui nous avait accueilli moi et les miens il y avait bien longtemps.
Nous discutâmes tard cette nuit-là, bien après que le village se soit endormi.
A force de persuasion et en déployant une verve dont j'ignorais même l'existence, je parvins à soutirer l'acquiescement paternel alors que les premières lueurs du jour s'insinuaient sous la porte d'entrée.
Je partis pour Camelot trois jours plus tard, après de traditionnels adieux à ma famille, et en général à tous ceux qui avaient accompagné mes jeunes années.
En s'engageant dans cette voix, je savais ne pas les revoir avant longtemps.

Mon enseignement me combla. Enfin je me sentais exister. Je savais exactement où mes pas me conduisaient et je ne montrais que davantage de rigueur et de discipline pour y parvenir rapidement. Alors que se terminait ma formation d'officier, je fus appelé auprès du Commandant de la Garde Royale.
Impressionné par l'attention qui m'était portée, je me rendis à la Table Ronde de Camelot. Là un homme discret portant l'épée à garde d'or des messagers du Roi me conduisit sous terre par quelque chemin dont j'ai aujourd'hui perdu le souvenir. Je ne sus que plus tard que la cave de la mystérieuse Guilde of Shadow avait accueilli notre rendez-vous.
Je me retrouvai au milieu de nobles figures qui ne découvrirent leurs visages qu'à la lueur d'un vétuste chandelier.
On m'apprit que la formation d'un corps d'élite était secrètement en cours au sein du Royaume et que le Capitaine de la garde ayant eu connaissance de mon dossier et de mes exercices, avait décidé de proposer mon nom à la noble assemblée réunie devant moi.

Alors qu'un frisson me parcouru l'échine, je me vis poser genoux à terre et accepter sans hésitation la tâche et le destin qui m'étaient avancés.
Je sentis en cet instant se concrétiser mes espoirs et se dessiner les lignes de ma vie.
Mon regard plongé tour à tour dans celui de chacun des seigneurs de guerre qui me faisaient face, je réalisais à quel point mon savoir n'était que balbutiements.

Par Gannon Darmon le 26/11/2002 à 16:23:01 (#2648617)

encore un beau texte ;) merci !

(fodra faire un thread permanent spé pour le RP pour pas perdre ca svp m'sieur modo )

véééé

Par Sowulhildidaga le 26/11/2002 à 17:20:56 (#2649163)

nougatésdidonc, çajoliraconteurdeplus :)

(
Bien d'autres textes de qualité sont passés sur ce forum et on y péri noyés, mais même si je ne me suis pas manifestée pour chacun d'entre eux, je les ai lu et appriéciés.

Un nouvel auteur nous dévoile aujourd'hui son talent, une fois n'est pas coutume, je pratique le commentaire salvateur qui lui permettra de rester à la vue de tous quelques, hum, minutes de plus ? :p
)

bonbonbon, çapatouça, mainouvouloirdautreshistoires, vivivi, avecdeskoboldsdedans, vivivi, etquituentpleindeméchants, sinonçapadrôle, nananan ! :o

Par Ociwen.SpiritMasteR le 26/11/2002 à 17:34:20 (#2649303)

:lit: Mhh, oh le joli récit d'Alderohn que voila !
Bravo, persevère /cheer

Par Limgi Brisefer le 26/11/2002 à 17:38:08 (#2649349)

superbe

aujourd'hui ce fut très productif semble t-il ,
pour notre plus grand plaisir a nous pauvres lecteurs incapables de sortir de l'obscur et insondable brouillard qui emplit notre tête,
la moindre belle lettre, le plus petit sentiment, la plus simple des histoires a faire partager...snifff

on peux pas tout faire, je suis spé cuisine Moi!!!:D

Par Sorheim le 26/11/2002 à 17:39:46 (#2649364)

:lit:

:)

C'est vraiment très beau. Qu'il est agréable de voir que DAOC compte de belles plumes et qu'elles nous font profiter de leur art.

:merci:

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