En approche

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La horde s'élance, hurlante et écumante, haches et masses mortelles tournoyant au-dessus de leurs visages déformés par la rage et l'ivresse du combat sanguinaire, dévalant la douce plaine en direction du campement posé en bordure du lac bleuté. Les assaillis font courageusement face, la main à la garde de leurs épées, mais pour la horde, l'issue ne fait aucun doute. A dix contre un, le carnage sera total.

Mais l'eau, doucement, se met à bouillonner. D'épaisses bulles, brunes et vertes de varechs, éclatant en une odeur nauséeuse, jaillissent en un gargouillis immonde, alors que la course folle de la meute passe à leur portée. Lentement, une patte griffue, écailleuse et palmée surgit. Puis une seconde. Puis dix. Puis cent. Le premier sang coule. La carcasse harponnée du premier barbare s'affaisse, piétinée par ses semblables, hurlant la mort de leur compagnon, et le massacre des fautifs.

Un homme s'avance. Il dépasse la faible barrière humaine des défenseurs. Il n'a nulle arme. Nulle armure. Mais en un instant, une odeur de charogne envahit la plaine. Il écarte les bras. Les corbeaux s'envolent.
Le tumulte des centaines de pieds chargeant martèle l'herbe, la terre, la boue, qui s'entrouvre en un suintement. Une main décharnée agrippe une cheville. L'homme tombe, les bottes ferrées de ses frères marquant son décès, alors que les premiers rangs s'écroulent, anciens vigoureux guerriers, au corps décharné et vieilli.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, répercuté par le bois craquant.

Nulle peur n'envahit son cœur. Il défendra ce lieu comme il aurait défendu sa femme, ses enfants, sa propre vie. Pour l'honneur. Pour sa patrie. Pour ses dieux. Le soleil disparaît lentement derrière la colline, l'attaque aura bientôt lieu. Un loup hurle au loin, et, de toute sa rage, sa tristesse, il hurle avec lui.

Un mouvement furtif dans les bois, impossible de distinguer l'ennemi. Saloperies d'elfes, sa main en couchera dix à terre avant qu'il ne rejoigne le Valhala, se jure t’il. Une sentinelle annonce que d'autres mouvements ont été aperçus dans le bois à l'est. Il n'a le temps de rétorquer qu'il n'y a pas de bois à l'est que la forêt entière charge déjà.

Il le voit. L'être fin, si gracieux, si écœurant, agite des bras dans la mêlée. Sous la lune, en silence, il l'observe, lui qui lui tourne le dos à vingt pas de lui. Seule une robe de tissu le protège. Les mains n'arborent qu'un bâton de bois. Un sourire carnassier se dessine sur son visage alors qu'il charge. Un filet de sang coule à la commissure de ses lèvres. Son tronc percute lourdement le sol alors que ses jambes courent quelques pas en direction de l'être à la faux, qui s'est déjà retourné à nouveau.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, perdu dans l’immensité déchaînée.

Les tambours résonnent dans la forêt, les ruines tremblent d'une mélopée primale. Puis le silence se fait soudainement, et les explorateurs se regardent. Le corps d'expédition se resserre, les premières armes quittent leurs fourreaux. Et la harde se met à pleuvoir du sommet des arbres.

Poussant des cris perçants, les quatre mains des attaquants martèlent le corps de ceux auxquelles elles s'agrippent. Leurs armes sont de bois et de pierre. Mais le bois fracasse. La pierre tranche. Selon les rites ancestraux, les cœurs encore battants sont rapidement arrachés, devant les yeux horrifiés de leurs anciens propriétaires à l'abdomen déchiré et sanguinolent.

Le seul survivant court, saute, évite les lianes tombantes, les racines qui écharpent ses chevillent, les pierres traîtres. Il fuit pour sa vie. Pour prévenir les autres. Un être dégringole depuis la canope. Il atterrit à ses pieds. Ils sourient. Le survivant brandit son épée, son adversaire est désarmé. Mais désormais, les poings sont mortels. Son visage s’écrase dans la boue qui se teinte d’écarlate.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, étouffé les voiles claquant au vent.

D'un geste, il se relève à moitié. La sueur coule abondamment de son visage. Il vomit une glaire amère, maudissant ces ressacs, ce rafiot, cette mission, ces cauchemars. Bon sang, quelles îles ces fous veulent-ils trouver là ?
Encore bravo.

A mémoriser en lien pour ceux qui demandent sempiternellement des informations sur les nouvelles races de l'extension.

Juste une curiosité de ma part Nof : tu as énormément de temps libre pour écrire d'aussi bons textes ou tu es naturellement très prolifique ?

En tous cas, continue comme ça, c'est un pur régal que de te lire.
(Le temps d'écriture d'un texte dépasse rarement une heure, soit le double au triple de temps réel de "travail"... vraiment négligeable par rapport au temps que certains investissent dans le combat entre royaumes, l'évoluton de leur personnage, l'artisanat, etc.)
jolii

faut que tu fasses un site ou tu mets tous tes textes avec pourquoi pas la possibilité d'en intégrer certains dans une histoire plus longue un truc dans le genre (c'est juste une proposition en l'air hein )
(Le site de la Nation Kobold hébergeait, avant sa mort, tous mes textes relatifs aux kobolds, ce forum héberge tous mes textes relatifs à DAoC, accessibles via les archives, d'autres sites m'ont contactés pour heberger parties de mes textes, et j'attends de leurs nouvelles . Quand à un site spécialement dédié, je n'ai ni le temps, ni les capacités, ni la vanité pour ce faire, ce pourquoi je m'arrange pour les faire heberger ailleurs, au milieu d'autres textes .)
Re: En approche
Citation :
Provient du message de Nof SuivantSamedi
La horde s'élance, hurlante et écumante, haches et masses mortelles tournoyant au-dessus de leurs visages déformés par la rage et l'ivresse du combat sanguinaire, dévalant la douce plaine en direction du campement posé en bordure du lac bleuté. Les assaillis font courageusement face, la main à la garde de leurs épées, mais pour la horde, l'issue ne fait aucun doute. A dix contre un, le carnage sera total.

Mais l'eau, doucement, se met à bouillonner. D'épaisses bulles, brunes et vertes de varechs, éclatant en une odeur nauséeuse, jaillissent en un gargouillis immonde, alors que la course folle de la meute passe à leur portée. Lentement, une patte griffue, écailleuse et palmée surgit. Puis une seconde. Puis dix. Puis cent. Le premier sang coule. La carcasse harponnée du premier barbare s'affaisse, piétinée par ses semblables, hurlant la mort de leur compagnon, et le massacre des fautifs.

Un homme s'avance. Il dépasse la faible barrière humaine des défenseurs. Il n'a nulle arme. Nulle armure. Mais en un instant, une odeur de charogne envahit la plaine. Il écarte les bras. Les corbeaux s'envolent.
Le tumulte des centaines de pieds chargeant martèle l'herbe, la terre, la boue, qui s'entrouvre en un suintement. Une main décharnée agrippe une cheville. L'homme tombe, les bottes ferrées de ses frères marquant son décès, alors que les premiers rangs s'écroulent, anciens vigoureux guerriers, au corps décharné et vieilli.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, répercuté par le bois craquant.

Nulle peur n'envahit son cœur. Il défendra ce lieu comme il aurait défendu sa femme, ses enfants, sa propre vie. Pour l'honneur. Pour sa patrie. Pour ses dieux. Le soleil disparaît lentement derrière la colline, l'attaque aura bientôt lieu. Un loup hurle au loin, et, de toute sa rage, sa tristesse, il hurle avec lui.

Un mouvement furtif dans les bois, impossible de distinguer l'ennemi. Saloperies d'elfes, sa main en couchera dix à terre avant qu'il ne rejoigne le Valhala, se jure t’il. Une sentinelle annonce que d'autres mouvements ont été aperçus dans le bois à l'est. Il n'a le temps de rétorquer qu'il n'y a pas de bois à l'est que la forêt entière charge déjà.

Il le voit. L'être fin, si gracieux, si écœurant, agite des bras dans la mêlée. Sous la lune, en silence, il l'observe, lui qui lui tourne le dos à vingt pas de lui. Seule une robe de tissu le protège. Les mains n'arborent qu'un bâton de bois. Un sourire carnassier se dessine sur son visage alors qu'il charge. Un filet de sang coule à la commissure de ses lèvres. Son tronc percute lourdement le sol alors que ses jambes courent quelques pas en direction de l'être à la faux, qui s'est déjà retourné à nouveau.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, perdu dans l’immensité déchaînée.

Les tambours résonnent dans la forêt, les ruines tremblent d'une mélopée primale. Puis le silence se fait soudainement, et les explorateurs se regardent. Le corps d'expédition se resserre, les premières armes quittent leurs fourreaux. Et la harde se met à pleuvoir du sommet des arbres.

Poussant des cris perçants, les quatre mains des attaquants martèlent le corps de ceux auxquelles elles s'agrippent. Leurs armes sont de bois et de pierre. Mais le bois fracasse. La pierre tranche. Selon les rites ancestraux, les cœurs encore battants sont rapidement arrachés, devant les yeux horrifiés de leurs anciens propriétaires à l'abdomen déchiré et sanguinolent.

Le seul survivant court, saute, évite les lianes tombantes, les racines qui écharpent ses chevillent, les pierres traîtres. Il fuit pour sa vie. Pour prévenir les autres. Un être dégringole depuis la canope. Il atterrit à ses pieds. Ils sourient. Le survivant brandit son épée, son adversaire est désarmé. Mais désormais, les poings sont mortels. Son visage s’écrase dans la boue qui se teinte d’écarlate.

Un cri horrifié résonne dans la nuit, étouffé les voiles claquant au vent.

D'un geste, il se relève à moitié. La sueur coule abondamment de son visage. Il vomit une glaire amère, maudissant ces ressacs, ce rafiot, cette mission, ces cauchemars. Bon sang, quelles îles ces fous veulent-ils trouver là ?

:baille:
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