Légendes de Fanaani - 4ème partie

Par Fanaani le 8/7/2002 à 21:37:31 (#1778139)

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Le silence s’était posé doucement sur l’étude. Les dernières heures de la nuit s’étiraient paresseusement avant de laisser place aux aurores. La prêtresse de Selene venait de partir se coucher, après avoir achevé la traduction d’un nouveau chapitre des légendes de Fanaani. Les yeux rougis par la fatigue, la main lasse d’écrire, elle avait finalement éteint la bougie qui éclairait son bureau pour aller prendre un peu de repos. Dans l’obscurité, alors que son esprit rejoignait d’autres horizons, elle ne vit pas les mouvements qui agitèrent le bureau désert. La plume se leva, comme tenue par une main invisible, alors que l’ouvrage dévoilait à nouveau ses pages, l’une après l’autre, elle s’activa à noircir quelques nouveaux parchemins qui rejoignirent la pile des travaux. L’écriture, pourtant, était celle d’un artiste disparu, celui-là même avec qui elle avait commencé la traduction il y a quelques mois…

Le déshonneur

Je suis Jhorun Tanesties. Ma famille est toujours partie à l’aventure, découvrant les trésors que recelaient l’île, comme ses dangers. La fierté, pourtant, se mêle à une certaine amertume, lorsque je considère les propos peu engageants que certains profèrent dans notre dos. On nous accuse bien souvent d’avoir réveillé Kely, le fléau…

Ce n’est pourtant qu’une légende, un conte ancien que me racontait mon grand-père, que lui racontait sans doute son aïeul du temps où il était lui aussi enfant. C’est ce monstre venu de nulle part qui arracherait les uns et les autres qui seraient trop curieux, trop aventureux. Les enfants ne traînent pas dehors le soir, ils restent sagement chez eux, sous peine de voir Kely venir et les emporter dans son nuage de brumes. La brume, le bout du monde, cette barrière qui semble enserrer notre île et dont nul n’a jamais pu revenir pour conter son histoire. Quelques noms, pourtant, s’y associent, Tadéus, Elyrianne… Notre famille, et sa tradition d’aventure s’est plusieurs fois heurtée à ces frontières, cherchant à repousser plus loin les limites de nos connaissances. Et les récits qui entourent ces noms sont bien inquiétants. Elyrianne, ma propre grande-tante aurait perdu la raison, après avoir voulu voyager à travers l’île. Malgré tous les soins prodigués, elle n’a jamais su s’en remettre. La pauvre piquait une crise à la moindre brume matinale, au moindre nuage de fumée, en criant Kely Kely ! Depuis, d’autres auraient tenté l’aventure, sans plus de succès. Les parents ne laissent plus guère les enfants partir ainsi, depuis ce tragique incident. Les disparitions et les départs inopinés deviennent invariablement le fait de Kely…

Pourquoi vouloir partir après tout ? Quel intérêt à quitter notre havre de paix et de quiétude ? Nos familles ne connaissent ni la faim, ni les tourments. Nos champs prospèrent, nous comblant des bienfaits de la nature, et les animaux nous procurent viandes et fourrures en quantité. Moi-même, ne partageant sans doute pas le même goût de l’aventure que se partagent les membres de ma famille, je n’ai jamais envisagé de partir, quitter cette vie pour tenter de découvrir autre chose. Que m’importe si mille trésors se cachent encore de l’autre côté de ces satanés nuages de brumes ? Comment pourraient-ils rivaliser avec les merveilles que produisent chaque jour nos artisans ? Comment la vie pourrait-elle être plus douce que dans nos villages prospères ?

Et pourtant. Il y a une semaine que des jeunes gens ont disparu, une petite troupe de quelques amis, dont mon propre neveu, qui venaient régulièrement dans mon échoppe pour acheter des fournitures diverses ou simplement pour discuter. Plusieurs fois je les ai entendus discuter de ces rivages lointains, de ces mystères que devait dissimuler le brouillard. A leurs quelques questions, j’avais répondu par mon désintérêt de la chose, ce qui avait paru les attrister. Jamais, pourtant, je n’aurais pensé qu’ils tenteraient l’aventure, pour ne pas revenir. Les rumeurs grondent de nouveau, et certains vont jusqu’à montrer du doigt notre famille qui n’a jamais caché ses idées d’aller explorer l’inconnu. D’autres nous accusent d’avoir nourri les esprits des enfants pour les conduire à leur perte. Pires encore sont ceux qui craignent que Kely ne viennent nous emporter tous…

Par Deux âmes de Feyd le 9/7/2002 à 4:05:30 (#1779309)

Que m’importe si mille trésors se cachent encore de l’autre côté de ces satanés nuages de brumes ?

C'est sans doute ce que se disent les gens quand ils voient le nom d'un auteur inconnu. Il est regrettable de voir que le succès d'un auteur ne vienne si souvent que de son simple nom. :hardos:

Par Gabriel Thylin MSF le 9/7/2002 à 19:26:37 (#1782610)

:lit: Un excellent récit qui mérite vraiment d'etre lu et découvert....vive l'index en bref :p :merci: