le principe du stage est qu'il s'agit tout à la fois d'un travail (pour lequel on pourrait être payé) et d'une formation (pour laquelle on pourrait avoir à payer)
Le principe en effet. C'est peut être parce que je suis un pédagogue, mais mettre quelqu'un au travail ce n'est pas le former, sinon on balancerait tous les premières années de doit à faire des stages de juge, et on désengorgerait les tribunaux vite fait. Former quelqu'un c'est plus complexe que ça, même si il est évident que l'on apprend des choses en travaillant.
Que le travail du stagiaire compense la perte de revenus qu'implique la mobilisation de personnel pour le former et le travail de moindre qualité qu'il puisse fournir certes. Ca ne justifie pas une absence de rémunération et les conventions de stage devraient comprendre des clauses d'accompagnement.
Au final, ce qui m'inquiétait plus au vu des réactions de ce fil, c'était la perpétuation des pratiques. Le fait que des choses qui sont vécues comme iniques, dégueulasses et qui poussent un stagiaire motivé et qui se donne pour la boite à avoir envie de tout saboter en partant, le fait que ces pratiques soient justifiées par un fatalisme.
Et le risque que ces stagiaires une fois devenues patrons reproduisent ce qu'ils ont vécu, puisqu'on leur a dit que c'était comme ça que ça devait être.
Les anciens esclaves font de mauvais maitres. Il est facile d'intégrer l'oppression.
Orochi, je ne suis pas sur que tu puisses faire grand chose pour ta situation actuelle, mais il y en a une que tu dois absolument faire : c'est garder au fond de toi cette petite boule de colère, ce sentiment d'injustice bien vivace et mettre un doigt dans la plaie le jour où te prendra l'envie de faire pareil à un stagiaire, histoire de te rappeler comme ça fait mal.
Ce que je trouve d'autant plus navrant, ce que c'est injustifiable à tout point de vue. Pour un gauchiste, c'est scandaleux, et même d'un point de vue libéral, c'est puissament contre-productif. Quelle expérience retire notre jeune ami de son stage, quelle leçon en tire-t-il et que vous avez tous manifestement tiré ?
C'est que se donner à fond pour sa boite ne sert à rien, qu'il faut doser son effort et que dire que ce qui est bon pour ma boite est bon pour moi est un mythe.
Et ça n'est pas excellent, ni pour le tissu social vu que ça engendre des rapports de méfiance entre patrons et employés, ni pour la productivité vu que personne ne se donne à fond.
Ca pourrait être autrement, mais en fondant un système social sur l'avidité et l'appât du gain, ça n'est pas complètement étonnant.