[Votre Feuilleton de l'été] Chapitre 2 : L'indic.

Répondre
Partager Rechercher
Chapitre 1

Au même moment, au service fédéral du district Dofus, le commissaire Laeryl était confronté à une tout autre sorte de problème. Il était un lapin surchargé de travail, et ce n’était pas pour le mettre de bonne humeur. Accompagné d’un enfant en bas âge encombré d’ une machine à écrire dans ses bras boudinés et avec un badge posé à l’envers sur le revers de son T-shirt Pikachu, il cherchait des yeux un emplacement de libre dans le fouillis inextinguible qu’était le bureau des modérateurs. Avisant une petite fille vêtue d’une jolie robe rose descendant de son siège, il l’interpella :

« - Lieutenant Odrane ! Quand est-ce que vous allez enfin vous décider à me ranger ce foutoir ? »

La fillette prit un air peiné et ses yeux commencèrent à se remplir de larmes.

« - Méééé, z’ai essayé, c’est pas ma faute, z’avais commencé à ranzer mais… »
« - Hop hop hop, la coupa le commissaire en faisant les gros yeux. Qu’es-ce que j’avais dit concernant le zézaiement forcé pour attendrir son interlocuteur ? Hm ? Hm ? »
« - Ouais, pardon boss, soupira la fillette. Mais là on commence à péter les plombs, ‘voyez ? On est 14 dans ce bureau de 15 m², et vous continuez à recruter comme des malades. On va pas s’en sortir, faudrait que vous vous bougiez le c… »
« - Hop hop hop, et concernant le langage grossier pour pas donner un mauvais exemple aux posteurs ? Hm ? » l’interrompit Laeryl.
« - … que vous vous bougiez le fondement pour nous dégoter des fonds supplémentaires en haut-lieu. » termina Odrane.
« - Oui, je sais, je sais. En attendant, trouvez-moi une petite place pour Lothar. Et rangez, un peu, y en a encore 4 qui arrivent demain. »

Laissant là la petite fille qui menaçait de piquer une grosse colère et de faire trinquer le petit nouveau, le commissaire se dirigea par petits bonds vers le bureau de son supérieur, le commissaire divisionnaire Sylfaën. Il s’arrêta quelques secondes devant la porte le temps de reprendre son souffle et de ré-ajuster la carotte de son veston, puis frappa trois petits coups, attendit quelques secondes et entra.
Le commissaire-divisionnaire était debout devant une toile de papier entièrement blanche, posée sur un trépied, et la contemplait pensivement. Comme il n’avait pas l’air d’avoir remarqué l’entrée de Laeryl, celui-ci attendit patiemment quelques secondes, puis, voyant que le divisionnaire de réagissait toujours pas, toussota discrètement.
Sylfaën parut se réveiller, remarqua Laeryl et lui sourit.

« - Je, je… commissaire Laeryl, quelle bonne surprise ! Je, svp, je… Je vous avais demandé de venir, c’est ça ? »
« - Oui Monsieur, répondit Laeryl. Au sujet d’une sombre affaire de bannissement non-justifié, si j’ai bien compris. »
« - Oui, je, c’est ça, c’est ça, asseyez-vous. Voyez-vous, récemment, un des habitants du quartier Dofus a été sauvagement attaqué par un inconnu, et s’est retrouvé banni sans espoir de retour, et je, je… ça me rend triste de voir de tels agissements dans mon district. :( Je, svp, je, je compte sur vous pour mettre au clair cette affaire, mon cher Laeryl. »
« - Je vais voir ce que je peux faire, Monsieur. Des indices ? »
« - Non, aucun. :( Je, j’ai mis la petite Nel sur le coup, allez donc la voir, elle doit être partie chez le confiseur du coin acheter des carambars pour le prochain je, jeu concours. »
« - Très bien. Oh, et concernant le budget pour les nouveaux rédacteurs de la section ? »
« - Je, j’ai réussi à obtenir 3 nouveaux ordi-mini et un recueil de coloriage, ça devrait suffire je pense. »
« - Très bien, merci pour eux Monsieur ! »

Laeryl se dirigeait vers la porte quand Sylfaën l’appela. Il était de nouveau devant la toile blanche, l’air vaguement contrarié.

« - Dites, commissaire, je, je… Je suis persuadé qu’on doit pouvoir transcender cette feuille vierge, mais je ne vois pas comment, je… ça me contrarie. :( »

Ne sachant pas trop quoi répondre, et voyant que le divisionnaire replongeait dans ses pensées, Laeryl repartit et ferma la porte sans bruit derrière lui.

* * *

La rue était crasseuse, sombre, et habitée par l’odeur rance de la vieille bière ressortie par là où on ne l’attendait pas. La BM garée entre deux poubelles s’adaptait fort bien au décor, et on aurait presque pu la croire là depuis des mois. Considérant que leur meilleure arme était pour le moment la discrétion, Edouard et Bbali avait laissé leur véhicule à cet endroit, au risque de la retrouver avec des pneus crevés, la carrosserie rayée, voire pire, des bites dessinées à jamais dans l’antique poussière du pare-brise. Etant des agents sans peur, ils avaient décidé de prendre le risque de voir leur antique automobile subir les pires outrages, et étaient pour l’heure en train de se frayer discrètement un passage dans le dédale des rues du centre de JoL-City. Connaissant tous deux leur destination, ils n’échangeaient que très peu de paroles, perdus dans leurs pensées et avançant d’un bon pas.
Ils ralentirent progressivement leur allure en approchant de leur objectif, puis s’arrêtèrent complètement une fois sur une petite place, où un rat noir leur jeta un coup d’œil puis s’enfuit. Les deux inspecteurs s’armèrent de patience et attendirent en silence.

Voyant que Doudou s’agitait nerveusement, Bbali lui chuchota :

« - Tiens-toi tranquille, mec. Tu vas lui mettre la pression et il va pas vouloir sortir. »

Leur attente s’éternisa. Leurs yeux s’habituant à l’obscurité, ils purent distinguer des piles de vieux journaux moisis entassés contre les murs et ça et là quelques sacs poubelles éventrés d’où s’échappaient un nombre très important de rouleaux de papier toilettes évidés. Le petit déjeuner des inspecteurs était déjà loin, et la faim commençait à se faire sentir. Bbali allait suggérer à Edouard d’abandonner et de rentrer au poste quand une silhouette haute et massive se profila silencieusement dans l’obscurité. Elle avait de grandes pattes de canard, un torse à poil blanc, deux petites ailes atrophiées, un long bec jaune et enfin deux grandes oreilles qui lui retombaient le long du dos. Elle portait un grand blouson en cuir, son visage laissait apparaître de nombreux piercings et ses deux ailes étaient entièrement tatouées.

« - Salut Coin-Coin, dit tranquillement Bbali. Content de te voir, depuis le temps. »
« - Ouais, ouais, c’est ça. Qu’est-ce que vous fichez ici ? » répondit le canapin.
« - On a une sale affaire sur les bras, intervint Edouard, et on aurait besoin de quelques renseignements. On est sûrs que t’as bien du laisser traîner tes grandes oreilles là ou il fallait, non ? »

Le canapin se tourna vers lui et lui jeta un regard méchant.

« - Y a un problème avec mes grandes oreilles, peut-être ? Quelque chose qui te gêne ? Les tatouages peut-être ? T’as quelque chose contre les tatoua… »
« - Du calme, Coin-Coin, le coupa Bbali. Tu sais bien que Doudou a toujours été un peu nerveux avec les hybrides. Et on aurait vraiment besoin d’un coup de main sur ce coup s’il te plaît, on a aucune piste sérieuse. J’imagine que tu sais de quoi je parle ? »
« - Mouais. Tu m’en demandes beaucoup là, mais il se passe effectivement quelque chose de pas net. Si je parle, je me mets en danger, et vous le savez bien. » Le canapin réfléchit un moment, puis parut prendre une décision. Il se mit à parler très rapidement à voix basse. « - Bon, voilà ce que je sais. Vous m’avez jamais vu et je vous ai jamais parlé de ça. »
« - T’inquiètes, comme d’habitude mec. » le rassura Bbali.
« - Ok. Trois des victimes traînaient souvent par ici. On raconte qu’elles ont à chaque fois été retrouvées mortes, et que personne n’a assisté au ban. Les posteurs ont peur, les gars. Ils flippent de se réveiller un jour bannis sans savoir pourquoi. Vous avez intérêt à vous bouger, et vite. »
Bbali soupira.
« - On sait déjà tout ça, Coin-Coin… T’aurais pas un détail à nous donner, quelque chose qui pourrait nous être vraiment utile ? »
« - Allez voir le Sphinx. Elle a des choses à raconter sur le ban de Bishiboosh. Je peux rien vous dire de plus. »
« - Le Sphinx ? Mais qu… »
« - Maintenant faut que j’y aille, j’ai des sculptures à terminer, désolé. »

Le canapin fit mine de partir, mais Edouard le retint :

« - Tu travailles toujours sur tes croûtes en PQ ? »
« - C’est de l’art, mec ! lui répondit le canapin, furieux. Et puis si t’aimes pas ça, t’as qu’à en discuter avec ton pote l’ours, il m’a filé un coup de main dessus ! Sur ce, je me casse, et z’avez intérêt à vous bouger ! »

Il disparut dans une ruelle sombre en grommelant, laissant là un Edouard interloqué et un Bbali un peu gêné.

« - Euh… commença Edouard. Me dis pas que… »
« - Si. Mais c’était expérimental tu comprends ? Je veux dire, n’importe qui aurait succombé devant la force artistique brute de la pyramide lévito-gravitationnelle, et aurait voulu poursuivre sur la lancée du… »
« - Ouais, ça va, te fatigue pas. Vu ce que t’arrives à dessiner, plus rien ne me surprend venant de ta part. Bon, il m’a mis le stress lui, on va casser une graine et réfléchir à tout ça ? »
« - Ca marche. » répondit Bbali. Puis, après une minute de marche en silence : « Tu sais ce qui a été le plus dur ? Le rouleau en équilibre au sommet de la Mégabase 45. On en a chié, je peux te le dire. »

Edouard saisit l’énorme perche tendue par Bbali, et la conversation put tranquillement emprunter les méandres de la scatophilie jusqu’à ce qu’ils récupèrent leur véhicule.
Thumbs up
Message supprimé par son auteur.
Toujours aussi plaisant à lire Soupir

Cette histoire est excellente. Ravie que tu aies retrouvé l'inspiration.
Merci à tous pour vos encouragements, ça me fait vraiment plaisir. En plus ça m'a amené à réfléchir sérieusement, et j'ai peut-être même trouvé qui était le coupable.

La suite est en cours d'écriture, je vais laisser quelques temps entre chaque chapitre pour pas vous lasser.
OLOL.

J'aurais mis un peu de temps pour réagir... J'avais même imprimé le texte pour le lire dans l'train, mais comme j'ai eu un afk piscine entre-temps, j'ai pas pu.


Pour quelqu'un qui n'aime pas lire, j'ai quand même beaucoup apprécié. La description de la modération et des personnages est clairement roxxante ; c'est bien écrit, la syntaxe est claire, il y a de très bonnes idées... Bref, bien joué. :]

Soupir, *révérence*.
Citation :
Publié par Soupir
La suite est en cours d'écriture, je vais laisser quelques temps entre chaque chapitre pour pas vous lasser.




Ah non ! Je suis pas d'accord là !
Déjà que j'en crevais en attendant que GrenouilleBleue (d'ailleurs il est où lui ? ) poste ses épisodes

Je déteeeeeste attendre
Citation :
Publié par Bbali
J'avais même imprimé le texte pour le lire dans l'train, mais comme j'ai eu un afk piscine entre-temps, j'ai pas pu.
T'as une piscine dans ton train ? BOURGEOIS IRL !!!


Sinon, moi j'ai lu un bout du prochain épisode
Citation :
Publié par Lilandrea
Slammy, une soirée pizza / Sexe, ça te dit ?
K. tu peux me MP ta photo, un numéro de portable et le digicode de ton immeuble ? Merci.
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés