Broc - Midgard - Chroniques de Midgard : Nosroth et Aleiwena (texte complet)

 
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L'intertextualité, ce processus littéraire par lequel des éléments narratif d'oeuvres antérieures deviennent des constituants d'un nouveau tissu narratif, l'enrichissant...
Influences, citations, anecdotes, récits dans le récit...
Un texte n'est jamais la propriété unique de son auteur car il renvoie fatalement à d'autres textes écrits avant lui...

Mon histoire présente est la résultante direct de l'intertextualité, alors que je vais débuter mon voyage au coeur de la narration sur les bases d'une histoire ayant déjà eu lieu...
Il m'apparaît comme profondément excitant de commencer un tel périple "In Medias Res" car, présentement, je ne saurais dire où ce chemin me conduira...

Journal d'un Erudit de l'Académie de Camelot.
« Une narration est une entité d’une délicatesse infinie mêlée à une complexité sous-jacente incroyable. Tellement de fils narratifs composant le tissu, le corps du récit, tous jouant les uns avec les autres, tous ces personnages dont les destinées se rejoignent inéluctablement à la coda dans un dénouement glorieux… »
L’Erudit posa délicatement sa plume sur le support en bois sculpté de son bureau en chêne massif et regarda par la fenêtre, par delà les murs d’enceinte de l’Académie de Camelot.
Il n’avait cessé de repenser à ce qu’il avait appris lors de cette réunion quelques heures plus tôt : Quel avait été le véritable dénouement lors de la destruction de Dun Dagda ? Quels avaient réellement été les enjeux de cette bataille titanesque ?
Un coup discret à sa porte le ramena à la réalité, c’était Azim :
_Salam, vous désiriez me voir ?
L’Erudit examina brièvement le Sicaire qui se tenait devant lui. De taille moyenne, sa carrure profondément athlétique ainsi que son regard alerte laissait penser à un chasseur toujours aux aguets, si commun à la plupart des furtifs des différents royaumes. Mais là où beaucoup avaient péri par manque de vigilance, Azim avait survécu, tant par ses capacités que par son intelligence.
L’Erudit accueillit le Sarrasin avec chaleur :
_Entre donc, Sicaire, je t’ai fait demander pour que nous puissions discuter, seul à seul.
Azim fronça les sourcils tout en refermant la porte derrière lui, l’air méfiant :
_Parler de choses auxquelles le Conseil du Général Azariel ne sont pas censés avoir droit, n’est-ce pas ?
L’Erudit leva vers le Sicaire des yeux espiègles :
_Allons allons, tu devrais savoir que la politique a depuis bien longtemps pris le pas sur les valeurs qui ont pu être les nôtres, je ne pense pas apprendre cela à quelqu’un comme toi ?
Azim resta silencieux, observant de plus près le vieil Avalonien qu’il avait devant lui. Qu’en dire ? Il possédait certes l’apparence d’un vieil homme, mais son instinct disait au Sicaire qu’il n’en était rien… Ce regard… Azim commençait à se sentir mal à l’aise :
_Mais qui êtes vous donc ?
Devant lui, l’Erudit sourit :
_Qui je suis importe peu à l’heure qu’il est, ami Sicaire. Souviens-toi de moi comme d’un vieil homme qui adore les histoires. D’ailleurs, tu as une histoire à me raconter, Azim. Celle que tu n’as pas révélée au Conseil mais que tu vas me donner maintenant.
Azim recula d’un pas. Instinctivement, sa main s’était rapproché de sa dague :
_Doutez vous de ma loyauté envers Albion, vieil homme ?
_Bien sûr que non mon ami, bien sûr que non. Néanmoins, je suis convaincu que tu as gardé quelque chose pour toi, et je veux l’entendre maintenant… Tu connais ce Nosroth Delving, n’est-ce pas ? Tu le connais même bien.
_Je devrais vous tuer sur place…
_Allons allons, pas de ça entre nous mon ami. Comme toi, je cherche la vérité dans ce qui c’est passé, pas le plus gros profit que je pourrai en retirer. J’ai besoin de comprendre, vois-tu ? Je dois le trouver, moi aussi, peut-être le chercherons nous ensemble, qui sait ?
Azim ne put réprimer sa surprise en entendant ces mots. Il prit finalement sa décision et raconta l’histoire des temps passés, alors qu’il combattait l’Ordre de Loki en Emain Macha. Il raconta comment il avait combattu ce Viking pendant si longtemps pour finalement arriver à un match nul, les deux adversaires à bout de force, chacun un sourire aux lèvres… Il aurait pu se regarder dans un miroir ce jour-ci…
Il raconta comment, ivre de terreur, il avait assisté à la destruction du reliquaire de Dun Dagda, submergé par les morts, et comment il avait reconnu ce viking, Nosroth, disparaître peu de temps avant l’anéantissement du donjon.
Pendant qu’il parlait, l’Erudit esquissa un sourire. Il ne s’était pas trompé, l’histoire valait vraiment la peine d’être contée…

Au commencement était la lumière… ou était-ce à la fin ?
Toute histoire possède un début, et une fin, lui avait-on dit un jour.
« Le passé nous rattrape toujours »

Le passé…
La pluie… la tempête…
Le feu… douleur !
La mort de son ennemi de toujours, celui par qui tout avait commencé, et par qui tout avait fini...
Le chaos…
Ils allaient mourir, lui et son ami, mais… Quelque chose c’était produit… Etaient-ils vraiment morts ?
L’intérieur du donjon, la lumière… Ils avaient sauté dans la lumière alors que les premières pierres tombaient avec fracas…
Après la lumière vint l’obscurité.
Etait-il mort ?
Lentement, il ouvrit les yeux et regarda ses mains brûlées et encore fumantes, il ressentait vaguement une certaine douleur, il devait donc être encore en vie…
Et puis tout d’un coup, tout lui revint en mémoire, si bien que le premier son de sa nouvelle existence fut un hurlement, et quiconque se serait trouvé non loin aurait pu entendre ce nom hurlé avec toute la rage et la douleur d’un être meurtri :
-ZEKINTHA ! ! ! !
C’est alors que la douleur finit par le terrasser et il s’effondra, non sans jeter un regard inquisiteur quant aux environs, et ce qu’il vit lui fit pousser un grognement de dépit avant de s’évanouir de nouveau.
Non, il n’était pas mort. Mais il se trouvait néanmoins en Enfer… Il avait reconnu, au loin, le long couloir aux colonnes impies et aux inscriptions blasphématoires sculptées à même la roche millénaire. Devant lui se dressait le couloir menant à Légion le dévoreur d’âmes.
Il se trouvait au fin fond des Abysses.
Sir Callaghan regardait le jeune sarrasin dormir l’air inquiet, et c’est ainsi que sa femme le trouva alors que les premiers rayons du jour commençaient à illuminer le village d’Humberton :
_Comment va t il ?
Cela faisait maintenant trois jours qu’il avait ramené l’inconnu chez lui. Le paladin posa sur sa femme le regard empli de tendresse qu’elle aimait tant :
_Il se remet de ses blessures, mais sa fièvre n’a pas l’air de vouloir baisser. De plus, les choses qu’il murmure dans son sommeil agité m’inquiètent.
_Quelles choses ?
_Il parle de Geershas, d’une maison isolée où il a subit je ne sais quelles horreurs, il parle d’une mission qu’il a échoué, et il prononce inlassablement le même nom depuis des heures…
_Un nom ?
_Oui Sylvia, il ne cesse d’appeler un certain Azim, son « maître ». Sylvia, j’ai entendu parler de cet Azim… Il fait partie de l’Agartha… C’est un sicaire.
Instinctivement, Sylvia se blottit dans les bras de son mari :
_Will, je n’aime pas ça…
_Moi non plus, je vais me rendre à Camelot et quémander audience, j’ai un mauvais pressentiment.
Tout d’un coup, le paladin se raidit. Lui qui connaissait si bien chaque bruit de sa maison venait d’entendre son plancher craquer dans la pièce adjacente. Derrière lui, sur son lit, le Sarrasin s’était réveillé, aux aguets. Doucement, Sir Callaghan sortit son épée de son fourreau et, tout la repoussant doucement, il murmura à sa femme :
_Nous ne sommes pas seuls dans la maison, va à côté du lit et apporte moi mon bouclier, vite.
Affolée, Sylvia obéit mais se retourna quelques secondes plus tard, tremblante :
_Will, je… je ne le trouve pas !
Le paladin, sans quitter des yeux la porte de la chambre, s’approcha du lit et pu constater que son bouclier avait bel et bien disparu et c’est avec horreur qu’il comprit ce que cela signifiait. Derrière lui, le Sarrasin parla pour la première fois depuis trois jours :
_Ils sont là…
La matinée touchait à sa fin quand l’Erudit sortit de l’Académie. Comme à son accoutumé, il prit le chemin du marché de Camelot, en descendant la rue pavée principale faisant le tour de la capitale du royaume. Les gardes le saluèrent comme ils le faisaient d’habitude d’un hochement de tête auquel il répondit avec un sourire. Il se retourna l’espace d’un moment et leva la tête, apercevant le dernier étage de la Tour de Merlin.
Tant de symboles de la grandeur passée de cette ville, de ces hommes légendaires sur lesquels s’étaient joué le sort d’Albion… Inspiré, l’Erudit continua paisiblement son chemin.
Quand il arriva au niveau de la fontaine près du marché, il eu la surprise de trouver Aratorn et Azim discuter à voix basse. L’immense maître d’armes et le sicaire se turent à son approche et le saluèrent selon le protocole en vigueur.
C’est avec le sourire qu’il leur rendit leur salut et entama le dialogue :
_Bonjour mes amis, magnifique journée, dit-il avant de marquer une pause et de lancer un regard mi-entendu mi-amusé. J’imagine que je ne vous trouve pas en ces lieux par hasard.
Aratorn prit la parole :
_En effet mon vieil ami, nous ne sommes pas ici par hasard, nous vous attendions. Voyez-vous, nous avons un problème et aimerions vous avoir avec nous.
_De quoi s’agit-il donc ?
Aratorn et Azim se regardèrent et, après une brève hésitation, le maître d’arme se lança :
_On a découvert un meurtre particulièrement horrible ce matin dans mon village natale, Humberton, et on m’a demandé de rassurer la population ainsi que de trouver les coupables.
_Je vois. Mais, puis-je savoir pourquoi mon bon ami Azim va venir avec nous ?
A ces mots, le sicaire se renfrogna en reniflant avant qu’Aratorn reprenne son explication :
_Il va venir avec nous car, à ce qu’on m’a dit, dans le bois d’un des lits de la maison, quelqu’un a gravé son nom.
Le bois se fendit sous l’impact du poing ganté de maille de Doywan quand le gigantesque Thane l’abattit sur la table du Stor Gothi Anark. Impassible, le Gothi leva les yeux sur le Thane dont la colère sourde rendait son visage et sa voix peu engageant :
_J’ai eu vent de certaines nouvelles particulièrement désagréables Gothi, et je suis devant vous maintenant pour avoir des réponses !
_Si tu fais allusion aux Gothis tués par votre Assassin, ce Nosroth Delving, tout ce que je peux te dire, c’est que nous menons une enquête pour comprendre ce qui l’a poussé à faire ça.
Doywan fulminait :
_A ce que j’ai compris, il avait de très bonnes raisons pour agir ainsi, Gothi.
_Et d’après toi, cela justifie de tuer des Gothis de Midgard ? Attention à tes paroles, Thane ! Toute puissante que soit ta guilde et ton alliance, souviens-toi toujours de ta place dans l’ordre des choses.
Le regard froid du Stor Gothi ne cillèrent pas quand celui de Doywan le fixa à moins de dix centimètres de distance :
_Ne jouez pas avec nous, Gothi, c’est un conseil. Craignez la colère de la Garde Noire et Thor vous garde si vous m’avez trahi !
Sur quoi Doywan sortit de la maison pour se retrouver dans les rues de Jordheim, à côté d’un nain posé paresseusement sur son marteau qui lui demanda d’une voix bourrue :
_Alors Doy, le vieux a craché le morceau ?
Faisant l’impossible pour calmer sa colère, le vieux Thane regarda le nain avec un sourire forcé :
_Non Heine, pas encore, mais je te jure que j’apprendrai ce qui s’est passé ici.
_Ouais ouais, sans doute, mais en attendant, allons donc à la taverne. La bière de Jordheim me manque !
_Si Goldim entendait ça…


Le village de Humberton, Albion.
L’Erudit retint son souffle en entrant dans la maison, un seul mot suffisait à qualifier la scène qu’il avait devant les yeux en cet instant : boucherie. A ses côtés, Aratorn observait la scène avec des yeux habitués et tristes. Azim, quant à lui, avait déjà commencé à chercher d’éventuelles traces et indices parmi le carnage.
Devant eux se trouvaient les corps mutilés du Paladin et de son épouse baignant tous deux dans une marre de sang quasi totalement coagulé.
L’Erudit se pencha sur le corps du Paladin dont les yeux ouverts et vitreux fixaient un point incertain au plafond. Le Highlandeur avait été égorgé puis poignardé à de multiples reprises, comme en témoignaient les nombreuses marques de lacération sur son torse, bras et jambes. A ses côtés, sa femme avait subi le même sort, ses blessures étant à priori identiques aux siennes.
L’Erudit secoua la tête tristement devant le spectacle de la beauté et de la force fânées avant l’heure et regarda Aratorn qui hocha la tête. Un Paladin devait mourir honorablement au combat, pas égorgé dans sa propre maison. Dans la chambre, Azim observait le sol ainsi que les murs d’un œil averti, l’air sombre. Aratorn s’approcha de lui en faisant attention de ne pas marcher dans la flaque de sang recouvrant le plancher :
_As-tu trouvé quelque chose ?
Tout en fixant les lettres gravées dans le bois du lit, son nom, Azim prit la parole pour la première fois depuis leur entrée dans la maison :
_Quelqu’un était couché sur le lit, et ce n’était ni le Paladin, ni sa femme. En dehors de cela rien, pas une trace…
_Des sicaires ?
Azim se renfrogna encore plus :
_Cela paraît évident mais…
Derrière eux se fit entendre la voix de l’Erudit :
_Trop évident mes amis, trop évident. De plus, quelque chose de colle pas.
Le sicaire et le maître d’armes firent face au vieil homme qui leva vers eux un regard indéchiffrable :
_Dites-moi Azim, combien de coup vous faudrait-il pour tuer ce Paladin, sans armure ni bouclier ?
_Un seul coup bien sûr.
_Et où viseriez-vous ?
_Le cœur.
_Et pourquoi donc ?
_Car trancher la gorge provoque beaucoup trop de bruit et libère trop de sang. De plus, la cible met trop longtemps à mourir.
L’Erudit se pencha de nouveau sur les cadavres :
_Donc il suffisait d’un seul coup au cœur pour tuer net ces deux pauvres gens.
_C’est certain.
Aratorn vit où le vieil homme voulait en venir :
_Ils ont reçu beaucoup plus de coups que nécessaire.
L’Erudit sourit au maître d’armes :
_En effet.
_Ce que vous êtes en train de nous dire, c’est que ces meurtres ont été commis par quelqu’un voulant se faire passer pour un sicaire, n’est-ce pas ?
Les yeux brillants d’Azim trahissaient son intellect, et c’est le sourire de la compréhension qu’il fixait l’Erudit quand celui-ci leur donna son opinion :
_Mes amis, je vois ceci ici une information capitale. Nous avons un double meurtre perpetré par quelqu’un voulant brouiller les pistes, mais incapable de se contrôler suffisamment pour mener sa tâche à bien.
_Comment expliquez-vous cela ?
_Je ne possède que des hypothèses, mais je dirais que le ou les meurtriers ont laissé parler leur nature.
C’est alors qu’Azim se figea. Délicatement, il écarta les bras de l’Highlander que la rigidité cadavérique rendait déjà dur comme du bois, passa sa main dans sa chemise, et en ressortit une enveloppe tâchée de sang.
Devant lui, l’Erudit et le maître d’arme le regardèrent intensément quand il l’observa à la lumière du jour avant de l’ouvrir et de la lire, et c’est avec une certaine inquiétude qu’il s’expliqua à ses deux amis :
_Cette lettre m’était adressée. L’homme qui était couché sur ce lit est un de mes lieutenants et d’après la description qu’en a fait Sir Callaghan, je pense reconnaître Azoul même si je dois me tromper. Ce sicaire ne pouvait pas se trouver dans cette région la nuit dernière, c’est impossible !
Sentant venir une révélation importante, l’Erudit fixa le sicaire :
_Pourquoi donc Azim ?
_Je dois me tromper car j’ai envoyé ce sicaire en espionnage sur les terres Midgardiennes, il devait me faire un rapport sur l’activité des Trolls dans la région de la forêt de Myrkwood…
je savais pas que tu continuais, heuresement que je viens de decouvrir cette section continue !! :] ( si par contre tu pouvais éviter d'écrire avec une police style irc ca serai plus jolie mais bon ca ne nuit pas a la qualité du texte )
J'avoue que je n'ai pas la lecture rapide, et qu'en général j'évite ce forum, mais il est tard et je suis insomniaque.
Honnetement je trouve que c'est un très bon texte, ça me change des autres forum daoc.
bravo
Un jour, je serais RP ! qui sait?
3 heures de lecture alors que j'étais grave crevé cette nuit, quand on a commencé on peut pas s'arrêter. C'est un très bon style, on ne peut pas décrocher, on veut connaitre la suite après chaque paragraphe. A quand la suite?

C'est vraiment génial !
Bravo à toi.
Myrkwood, une forêt sombre et séculaire peuplée de renégats Svartalfs cherchant refuge loin de la vengeance des vikings, de Lycanthropes errant au plus profond des bois à la recherche de la grotte de Varulvham, une forêt aux arbres vivants et agressifs, une forêt résonnant en permanence sous les pas des trolls massifs venant de Galplen.
Galplen, aux yeux d’un voyageur peu informé, pourrait ressembler à un amas concentrique plus ou moins ordonné de pierres gigantesques. Il n’en est rien. Les trolls Chamans racontent encore, de temps en temps et dans un dialecte millénaire, l’histoire de la création de la cité troll, bâtie selon des croyances et des rites incompréhensibles pour les autres races peuplant le royaume de Midgard.
Cependant, ce n’était pas en quête de connaissances historiques que Roman arpentait les alentours de Galplen depuis maintenant plusieurs jours. Ce n’était pas non plus sans raison qu’il suivait un Gothi qu’il n’avait que rarement vu auparavant de la manière la plus discrète qui soit.
Le Gothi s’enfonça dans la forêt pendant plusieurs longues minutes, jusqu’à s’arrêter dans une clairière minuscule dont le sol se trouvait curieusement démuni de toute herbe ou végétation, laissant place à une terre brûlée et aride.
Intrigué, Roman se rapprocha sans bruit et vit le Gothi s’arrêter, attendant manifestement quelque chose. C’est alors que le Prêtre de Hel remarqua que les bruits de la forêt, d’habitude si présents, se faisaient totalement inexistant en ces lieux. Au milieu de ce silence de mort, le Gothi attendait, enveloppé dans une pèlerine sombre, ses traits totalement cachés.
A la grande surprise du Prêtre de Hel, plusieurs Gothi pareillement vêtus apparurent au bout de quelques heures, l’un après l’autre, sans un bruit. Vaguement inquiet, Roman s’assura qu’il était bien caché alors que les inconnus en pèlerine noire commençaient à former un cercle, sans un mot. C’est alors qu’une mélopée s’éleva dans le silence de la forêt quand les Gothis levèrent les bras dans un ensemble parfait et qu’un vent glacial commença à souffler autour d’eux.
Depuis sa cachette, Roman fut parcouru d’un frisson alors qu’un pressentiment lugubre s’abattait sur lui. Manifestement, les Gothis étaient en train de créer un portail, mais jamais auparavant le Prêtre de Hel n’avait ressenti une telle aura malveillante dans ce type de cérémonie. Autour des Gothis, le vent s’intensifia et une lumière maladive commença à se répandre, puis à se concentrer au milieu du cercle alors que des énergies inconnues du commun des mortels, maîtrisées par les membres de la cérémonie, adoptaient progressivement une structure semi solide, condensée. Le portail se formait.
Les yeux de Roman fixaient la scène alors que la masse lumineuse grandissait de plus en plus, dépassant tout ce qu’il avait pu observer jusqu’à maintenant. Alors que la cérémonie progressait, le Prêtre de Hel sentit ses jambes menacer de céder tellement l’aura de malveillance devenait insupportable ; se retenir de vomir devint une priorité à un point donné, et c’est alors qu’un frisson innommable se mit à le parcourir que Roman, Prêtre de Hel pourtant habitué aux cauchemars de la mort, vit la chose qui commençait à émerger du portail.
Plus tard, entre deux vomissements sur les pierres de la ville de Galplen, les trolls ne parviendraient à tirer qu'un seul mot du Prêtre de Hel, répété sans relache :
« abomination ».

Non loin de Bledmeer Faste, au même moment, Aleiwena leva le museau vers le ciel quand les morts firent entendre leurs voix, et c’est sans comprendre qu’elle s’entendit prononcer un mot qui se perdit dans l’immensité glacée des Portes d’Odin : « abomination ».
 

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