Une famille, enfin !

 
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Peu de temps après, je demandais officiellement à rentrer au sein des Faucheuses d’Ames en remplissant le questionnaire en vigueur à l’époque. Deux jours plus tard, Lizzy, à qui j’avais confié ma démarche, me remis une enveloppe cachetée aux armoiries de la guilde. Je la décachetais fébrilement pour lire la missive couverte d’une écriture fine et nerveuse.
"Alors ?" m’interrogea ma logeuse. "Es-tu acceptée ?"
"Je ne sais pas", répondis-je en lui tendant le parchemin. "Lilith m’invite à la rejoindre dans la salle des médaillons de Camelot dans la soirée. Tu crois que c’est bon signe ?" ajoutais-je anxieusement.
"Le ton de la lettre est amical et si tu ne convenais pas, elle n’aurait sûrement pas pris la peine de se déplacer, tu ne penses pas ?"
"Je suppose…" dis-je avec un petit sourire.

Les heures d’attente me parurent des siècles alors qu’une boule m’enserrait peu à peu la gorge à l’idée d’un refus. J’avais beau me dire que ce ne serait pas la fin du monde, qu’il existait d’autres guildes susceptibles de m’accueillir, je ne pouvais contrôler cette angoisse. Etre rejetée une fois encore, me retrouver de nouveau sans foyer, sans famille, m’était insupportable. J’avais besoin d’être reconnue, comme un enfant par ses parents le jour de sa naissance, besoin aussi d’être soutenue, portée par des bras protecteurs. J’étais si fatiguée d’avoir dû cheminer seule toutes ces années, sans personne pour me relever quand je tombais et pour m’encourager à continuer ma route. Tous mes espoirs ce jour là reposaient sur les Faucheuses…

J’arrivais très en avance dans la salle du premier étage du château. J’aperçus Lilith qui m’attendait à l’autre bout de la salle et me dirigeais vers elle d’un pas hésitant. Le sourire qui illumina son visage à mon approche ne me laissa aucun doute sur la réponse qu’elle allait me donner. Mon cœur bondit dans ma poitrine quand elle prit la parole :
"Kalliopê, j’ai le plaisir de t’annoncer ton intégration dans notre communauté." Elle déposa dans ma main une broche aux armes des Faucheuses et une bourse contenant quelques pièces d’or. "Je te remets officiellement ton insigne d’Aspirante ainsi que des fonds pour t’acheter du matériel de qualité."

Elle me prit dans ses bras alors que j’étouffais avec peine un sanglot de soulagement.
"Merci ! Oh merci à vous Lilith !", parvins-je à bafouiller alors que des larmes de joie dévalaient le long de mes joues.
"Bienvenue dans notre famille jeune Ménestrelle et rappelle-toi, Faucheuse un jour, Faucheuse toujours." Puis, elle ajouta les yeux pétillants d’espièglerie "Le tutoiement est de rigueur chez nous. Il va falloir en prendre l’habitude."
"Promis" hoquetais-je en riant et pleurant à la fois.

Son ton de fit alors plus grave : "J’aurais aimé une cérémonie avec l’ensemble de nos sœurs pour ton arrivée, mais nous partons en mission dans quelques heures et je suis attendue pour régler les derniers détails. Comme je ne voulais pas te faire patienter plus longtemps, j’ai préféré te voir seule, dès ce soir. J’espère que tu ne m’en veux pas."
"Comment pourrais-je t’en vouloir alors que tu viens de me combler", la rassurais-je.
Après une dernière accolade, elle partit vers le marchand de médaillons et je retournais à l’auberge annoncer à Lizzy mon entrée dans la guilde, le cœur empli d’allégresse et la tête pleine de rêves…

Aujourd’hui, je viens d’atteindre mon 36ème cercle et j’ai été promue Faucheuse Confirmée par mes pairs, en attendant mon statut de Faucheuse Accomplie lorsqu’à mon tour, je gagnerai le droit de porter mon armure épique. Bien que je sois trop rarement à mon goût avec mes amies, mon travail et mes études me prenant énormément de temps, chaque rencontre me ravit et je remercie les Dieux chaque jour pour le don qu’ils m’ont accordé. J’ai enfin trouvé ma famille ! Depuis que je suis parmi mes sœurs, certaines sont parties, d’autres nous ont rejointes. Nous avons vécu des hauts et des bas, des moments d’intense exultation et d’autres de profond désarrois. Mais quelles que soient les épreuves que je traverserai, les Faucheuses resteront mon chez-moi, celles avec qui je me ressource, celles pour qui je me bats. Elles sont ma raison de vivre dans ce monde si cruel et si violent qu’est Camlann.

Merci mes amies, mes sœurs, mes chères Faucheuses. Je vous aime…

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Si vous avez manqué le début :
Une nouvelle vie
La liberté ne nourrit pas
Conseils d'un aubergiste
Maître Berwick
Prise de conscience
Réminiscences
Une rencontre décisive
Les Faucheuses d’Ames
Faucheuse un jour, Faucheuse toujours !
Fières amazones, femmes ardentes
Amies, complices, belles amantes
Unies comme les doigts de la main
Chevauchant le même destin
Habiles au maniement des armes
Emues de voir couler les larmes
Ultime espoir des opprimés
Souhaitant leur honneur venger
Elles forment une famille, un clan
Symbole fort de leurs sentiments

D'aucuns diront que toute chaîne
Avec le temps peut se briser
Mais toutes les difficultés
Elles les ont toujours surmontées
Sans fureur, sans peur et sans haine
 

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