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-« Par la lumière, seigneur, que nos lames protègent nos femmes et nos enfants, qu’elles transpercent le cœur de ceux qui ont bafoué pendant si longtemps l’honneur de tout un peuple. Donne nous le courage de triompher. Je t’offre ma vie, dieu tout puissant, je te l’offre en échange de la victoire. »
Les paroles du chevalier résonnèrent timidement dans l’église de camelot. Pas un bruit ne venait perturber les prières de ceux qui partaient, la peur au ventre, affronter l’ennemi. L’atmosphère si paisible des lieux contrastait singulièrement avec celle de la veille qui avait vu son défilé macabre de morts et de blessés, transporter en ce lieu saint pour recevoir, avant de pousser leur dernier souffle de vie, une ultime bénédiction. L’odeur répugnante du sang et de la chair avait pris possession des lieux, une odeur infâme, écœurante mais devenue si tristement habituelle depuis des siècles de conflits.
Le chevalier resta agenouillé, les yeux fermés, pendant un long moment. La main d’un enfant vint soudain se poser sur son épaule. Une petite voix le sorti de son recueillement :
-« Père, que dites-vous, allez vous mourir ? »
Le chevalier resta de marbre, son visage ne laissait transparaître aucune émotion particulière. Il se leva lentement et caressa de sa main puissante les cheveux de son unique fils :
-« Par la lumière Xcalibur, seul la lâcheté conduit à la mort… »
L’enfant baissa les yeux et se mit à pleurer. De toutes petites larmes glissèrent le long de ses joues et tombèrent à terre se mélangeant avec le sang qui semblait tapisser sol.
-« Ne pleure pas » dit le père d’une voix grave, « Ne pleure pas, sèche tes larmes, est-ce là faire preuve de courage que de pleurer ? »
Un vacarme assourdissant s’empara soudainement des lieux. Cinq hommes pénétrèrent dans l’église. Leurs armures portaient les traces d’un combat récent qui avait du, comme d’habitude, être sanglant. Xcalibur, qui portait le nom de son père, s’écarta. L’un des hommes, qui portait le grade de chevalier de lumière, s’adressa au père du jeune enfant :
-« Xcalibur, nous ne pouvons contenir les forces de Midgard sur le front qui est entrain de s’effriter » Après avoir repris son souffle, il poursuivit.
-« Nous avons déjà perdu un tiers de nos effectifs. Sur dix milles hommes, seul six milles peuvent encore résister. Nous sommes perdus Xcalibur, c’est la fin, nous ne tiendrons que quelques heures face aux quinze milles hommes de Midgard. C’est la fin Xcalibur, le royaume d’Albion vit ses dernières heures… »
Xcalibur se frotta le visage et se ravisa de laisser transparaître le moindre signe d’inquiétude :
-« Réunissez les cinq milles hommes de la garde royale au château sauvage, qu’ils se postent à l’ouest des Monts de Péninnes et laissez les six milles hommes encore sur le front reculer jusqu’à la lisière de la Foret Sauvage, nous tenterons une offensive dans la soirée, peut-être la dernière. »
L’un des hommes reprit la parole :
-« Xcalibur, tout est perdu, il faut se rendre mon ami… »
Xcalibur regarda son fils et répondit sèchement :
-« Jusqu’à la mort… »
La nuit recouvrait peu à peu le royaume d’Albion qui semblait vivre ses dernières heures. Comme prévu, les cinq milles hommes de la garde royale avaient pris leur position à l’ouest des Monts de Péninnes, les quelques six milles hommes qui avaient vainement tenté de résister durant des jours rebroussèrent chemin, concédant volontairement quelques centaines de mètres aux forces de Midgard. L’ultime offensive que tenterait Albion approchait peu à peu. A son commandement, le chevalier Xcalibur qui portait le titre de Protecteur Suprême de la Lumière. Comme à son habitude et faisant honneur à son rang, il se posterait en première ligne des combats.
Xcalibur rejoint les cinq milles hommes de la garde royale. La nuit recouvrait à présent tout le royaume. L’ordre avait été donné d’éteindre toutes les torches. Dans le noir quasi-total, le chavalier prit la parole et s’adressa à sa garde :
-« Chevaliers, la mort attend la plupart d’entre nous. Oui mes amis, au-delà de ces monts, le sang coulera, le combat sera long. N’ayez aucune pitié envers ceux qui ont tué vos femmes, vos enfants, vos amis ou encore vos frères. Si nous perdons le combat, la lumière s’éteindra à jamais. Cette lumière qui fit les plus belles heures de Camelot n’éclairera plus le royaume de se sa clarté et de sa pureté. L’avenir de vos enfants dépend de l’issu de ce combat. Si nous perdons, la lumière disparaîtra à jamais mais si Dieu nous donnes le courage de revenir victorieux, elle prendra un nouvel éclat… »
Dominant la garde royale da sa monture et brandissant son épée vers la zone ou se situeraient les combats, il s’exclama avec férocité :
-« Par la lumière, chevaliers. Jusqu’à la mort… »
Les troupes l’acclamèrent, les chevaux se mirent au galop, quelques minutes plus tard, le combat commença.
Des centaines de boules incendiaires furent envoyées de part et d’autre des deux camps faisant dès les premières secondes, des centaines de morts. Des milliers de lances pénétrèrent le ciel venant se planter dans la chair des combattants. Sur le sol gisaient à présent les corps de centaines d’hommes. Bras déchiquetés, jambes broyées, corps carbonisés, Midgard ne changeait jamais de technique. Au début, un combat éloigné pour faire le plus de morts possible et peu à peu un corps à corps sanguinaire.
La garde royale, forte des cinq milles plus valeureux guerriers du royaume, ne parvint pas cependant à prendre l’avantage. Xcalibur se battait avec la plus grande hargne, la plus intense haine, son épée avait déjà transpercée le corps de dizaines d’ennemis.
Tout en combattant, il continuait à donner ses ordres :
-« Ne reculez pas, restez sur vos positions chevaliers ! »
Une demie heure après le début des combats, la moitié de la garde royale avait été décimée. Midgard aussi pouvait compter ses morts par milliers. Alors que la garde royale Albionaise était en perdition, un clairon se fit entendre. Les six milles hommes postés en lisière de la Foret Sauvage avaient réussi à contourner les défenses de Midgard par l’ouest. Prises dans un étaux, celles si s’effritèrent peu à peu. De son coté, Xcalibur continuait à se battre. Soudain la voix du plus grand dignitaire de l’armée Midgardienne, Galeor, se fit entendre :
-« Xcalibur, j’attends ce moment depuis tant d’années… »
Les deux hommes, à la tête du commandement de leur royaume respectif, se faisaient face.
L’ordre avait été donné de ne pas intervenir si le combat entre les deux hommes devenait effectif. Après un combat de quelques minutes, Galeor parvint à loger son épée dans le ventre d’ Xcalibur.
-« Achève moi, Galeor… »
-« Tu mourras en lâche Xcalibur, je ne te ferais pas l’honneur de mourir sur le champ de bataille… » Galeor prit la fuite, les forces de Midgard, dépassées, reculèrent, Albion était sauvé.
L’église de camelot était bondée, les morts et les blessés affluaient par centaines. Une vois s’éleva soudain :
-« Laissez-nous passer, faites place… »
Deux hommes transportaient à bouts de bras Xcalibur qui semblait encore conscient. On l’allongea sur le sol, au milieu de l’église. Les soins des plus grand clerc de Camelot ne parvenaient à atténuer ses blessures et encore moins ses douleurs. Soudain, Xcalibur appela son fils qui était resté dans l’église :
-« Xcalibur, mon enfant vient… »
Le petit se tenait agenouillé près de son père.
-« Mon fils, ne pleure pas, prend cette épée dans tes mains, laisse ton cœur te guider, tu me vengeras mon enfant… »
Xcalibur regardait son fils dans les yeux, on lui avait enlevé son plastron, son torse était recouvert de sang. Il reprit la parole une dernière fois avant de mourir :
-« Mon fils, je ne pourrais accomplir ma destinée, celle qui m’avait été confié dans une rêve que j’avais fait…va mon fils, au-delà des plaines de Salisbury, au-delà des Marais d’Avalon, rejoins les élus lors de la septième lune dans les ruines de Cornouaille, sauve les âmes de nos morts, sauve les, laisse ton cœur te guider, laisse le te porter, par la lumière…Mon fils… ».
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