Broc - Midgard - Chroniques de Midgard : Nosroth et Aleiwena (texte complet)

 
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Doywan n’avait pas mis longtemps à cuver sa bière, et c’est le visage sombre et animé d’une sourde colère qu’il écouta le récit de Zytha, avec Lews et Aleiwena à ses côtés. Il apprit comment, trois mois après les événements de Dun Dagda, Zytha était tombée dans un piège et avait été capturée. A cette époque, elle avait été loin de se douter que son propre royaume pouvait conspirer contre ses guerriers, si bien que quand le Gothi Alen l’avait fait demander, elle était allée se fourrer dans la gueule du loup.
La suite avait été une série d’interrogatoires, sur l’ex Ordre de Loki, sur la Garde Noire, mais surtout sur Nosroth, qui était avec elle à Dun Dagda. Oh ils l’avaient torturé pendant longtemps, mais voyant qu’ils n’arriveraient pas à tirer quoi que ce soit d’elle, ils l’avaient enfermée dans un cachot de Caer Hurbury, sûrement en tant que monnaie d’échange.
Doywan ne put s’empêcher de secouer la tête, accablé par l’énormité des implications de ce récit. Comment ? Une conspiration unissant les plus grandes instances des trois royaumes ?
Mais qui pouvait bien être à l’origine de cela ? Zytha secoua la tête, elle n’en savait rien.
Mais elle comptait bien le découvrir.
Le Thane se leva solennellement et parla d’une voix forte :
_Zytha, si ce que tu me dis est vrai, alors nous avons tous été trahis depuis bien longtemps, beaucoup de nos guerriers sont morts en vain dans des attaques prévues par nos ennemis ! Par Thor, je jure que je connaîtrai le fin mot de l’histoire !
Depuis la salle principale de Bledmeer Faste retentit la voix incertaine d’Angus :
_Pas si fort ! Y’en a qui ont mal au crâne !

Après avoir détaché Nosroth et placé le Gothi Alen à sa place, Oftorn alla fermer la porte du cachot. Le Gothi, voyant le regard des deux assassins, comprit qu’il allait souffrir grandement à moins de leur dire ce qu’ils voulaient entendre. Son plus gros problème était qu’il ne pouvait pas lui répondre. Il avait appris cinq heures auparavant l’évasion de la femme Assassin, ainsi que de l’elfe Ombre…
Oftorn avait trouvé l’armure de son ami et il s’occupa d’Alen pendant qu’il s’habillait :
_J’attend des explications, Gothi.
_Je n’ai pas à te donner d’explication, Assassin ! Juste des ordres ! Tu viens de trahir Midgard !
Oftorn regarda Nosroth qui sourit :
_Alen, la comédie a assez duré, c’est à ton tour de parler, mais dis moi, arriveras-tu à soutenir la douleur comme je l’ai fait ?
Alen le regarda droit dans les yeux :
_Mais es-tu prêt à entendre ce que j’ai à te dire ? Mon pauvre ami, tu ne sais toujours pas dans quoi tu t’es engagé !
_Eh bien je ne doute pas une seconde que tu vas me l’apprendre. Où est Zytha ?
Tout en posant sa question, Nosroth avait approché le fer chauffé à blanc du visage du Gothi qui commença à transpirer à grosse goutte :
_Si…si tu me tues, tu ne sauras jamais où elle se trouve !
Avec un sourire inhumain, Nosroth lui murmura à l’oreille :
_Mais qui a dit que j’allais te tuer ?
Et se faisant, il plaça le fer incandescent au niveau des yeux d’Alen qui hurla sa souffrance alors que sa vue le quitta à jamais.
Quand ses cris s’atténuèrent et devinrent des sanglots étouffés, Nosroth reposa sa question :
_Où est Zytha, Alen ?
_Je…je ne sais pas ! Elle était détenue à Caer Hurbury comme monnaie d’échange contre toi, mais elle s’est échappée !
_Contre moi ?
_Tout le monde n’était pas convaincu de ta mort, moi le premier…
Nosroth poussa un soupire de soulagement, Zytha était vivante. Il pouvait passer à autre chose :
_Bien, je te crois Alen, tu n’as rien à y gagner en me mentant. Maintenant, tu vas me dire en quoi consiste votre organisation, jusqu’où cela remonte, tu vas tout me dire.
Se sachant perdu, le Gothi Alen ricana :
_Je ne vois pas pourquoi je te rendrais la chose plus facile Assassin !
A ce moment, les deux Assassins entendirent des bruits de pas derrière la porte du cachot, puis des voix. On cherchait le Gothi Alen. Bientôt, des coups retentirent à la porte, les Jarls avaient donné l’alerte.
_J’ai du assommer deux gardes pour passer, ils les ont trouvé, dit Oftorn.
Nosroth regarda le Gothi Alen :
_Nous nous retrouverons, Alen.
Le Gothi éclata d’un rire quasi dément :
_Tu n’auras pas toujours cette chance mon ami, crois moi ! Et quand tu sauras, tu prieras pour être resté en dehors de tout cela ! Maudit sois-tu, toi et tous les furtifs ! Vous êtes tellement incontrôlables !
_Je me ferai une joie de te décevoir encore plus, Alen.
Oftorn lui montra une porte, à l’arrière du cachot, et ils s’y dirigèrent, laissant le Gothi qui continuait à rire, mais alors qu’ils passaient la porte, la dernière phrase d’Alen glaça le sang de l’ex Assassin de Loki :
_Nosroth ! Tu as toutes les raisons de nous haïr ! Tu as toujours été une plaie pour nous, depuis le départ ! Quand tu mourras, passe le bonjour de ma part à Zekintha !

Les rues de Jordheim connaissaient une animation inhabituelle, des Jarls et gardes nains patrouillaient, les portes donnant sur Vasudheim et Mularn étaient momentanément bloquée. Déjà des rumeurs courraient, des Assassins ayant joué un rôle dans le meurtre des Gothis, quelque jours auparavant, seraient pris au piège dans la capitale ! Mais comment capturer ce que l’on ne peut voir ?
Invisibles, les deux Assassins observaient les allers et venues des Jarls depuis l’ombre du temple des Jotuns. Mais Oftorn se faisait de plus en plus de soucis pour son ami dont les blessures dues à la torture allaient mettre du temps à guérir. Mais plus encore, il n’aimait pas du tout le regard vide que Nosroth portait sur toute chose depuis la dernière phrase du Gothi Alen, si bien que, n’y tenant plus, il demanda :
_Nos, qu’est-ce qu’Alen a voulu dire ? Qui est Zekintha ?
Nosroth le regarda alors, et il vit des larmes couler le long de ses joues :
_Avant de rentrer dans l’Ordre de Loki… j’étais marié, Zekintha était ma femme.
Toglog en salivait presque. Voir ce lurikeen de malheur se dandiner tranquillement jusqu’au palefrenier, inconscient du danger, le faisait jubiler. Prenant toutes les précautions pour ne pas se faire repérer, Toglog suivit le ranger jusqu’à la sortie de Druim Ligen, et c’est quand celui-ci allait s’approcher du palefrenier celte que l’elfe Ombre passa à l’action.
Proctor se figea quand la lame glacée glissa sur sa gorge et qu’il entendit ses quelques mots susurrés avec cynisme et malice :
_Proctor mon ami, comme je suis heureux de te revoir ! Nous avons plein de choses à nous dire…
Le lurikeen commença à suer, croyant à peine ce qui lui arrivait :
_Toglog ?
_Qui d’autre ? Oh, je ne suis pas aussi mort ou disparu que ça, malheureusement pour toi… Maintenant tu vas venir avec moi.
Ils marchèrent pendant trente bonne minutes, et quand ils atteignirent un endroit suffisamment reculé, Toglog désarma le ranger avant de l’attacher à un arbre. Quand il eut fini, l’elfe parut satisfait, et la l’interrogatoire commença :
_Mon cher Proctor, racontes moi tout, je t’écoute.
_Beh moi je sais rien du tout Toglog ! Rien du tout rien du tout !
L’Ombre sourit, mais ce sourire n’avait rien de chaleureux :
_Au fait, j’avais presque oublié dis donc, je te dois un petit quelque chose depuis notre dernière rencontre, tu dois t’en souvenir non ?
Et, à peine sa phrase achevée, Toglog enfonça son poignard dans l’épaule du lurikeen qui couina de douleur. Tout d’un coup, le lurikeen devint plus enclin à parler :
_Tout ce que je sais, c’est que c’est une histoire de reliques ! Et c’est tout bonus pour Hibernia !
_Qui est impliqué ?
_Plusieurs généraux, et des conseillés de Dame Brigitte, aie aie aie !
_Brigitte n’est pas au courant ?
_Mais t’es bête ou quoi l’elfe ? Bien sûr qu’elle est pas au courant ! Tu crois qu’elle accepterait de marchander avec l’ennemi ? Pfff, elle est trop brave et trop fière pour ça !
_Ce qui n’est pas ton cas. Je vois. Donne moi les noms des généraux impliqués maintenant.
C’est à ce moment que le lurikeen se mit à ricaner malgré la douleur, et Toglog comprit pourquoi quand il sentit la présence d’autres Ombres derrière lui. Ils les avaient suivi depuis Druim Ligen sans qu’il s’en rende compte.
Il s’était fait avoir. En tout cas c’est qu’il avait voulu faire croire au ranger.
_Hin hin hin, crétin d’elfe, t’es bon pour retourner dans un trou hin hin hin !
Toglog lâcha ses armes en maugréant, mais il créa la surprise en parlant à voix haute :
_Tu as entendu ça Daarkyel ?
Et une voix surgit de l’obscurité des arbres :
_J’ai entendu. Ainsi tu ne nous avais pas menti.
Et le groupe de Daarkyel sortit de la pénombre, alors que les furtifs se mettaient en garde, prêt à attaquer.
L’elfe les regarda, terrible :
_Vous n’allez tout de même pas oser tenter de porter la main sur nous n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas suicidaires à ce point ?
Les Ombres se regardèrent l’espace d’un instant, puis disparurent, laissant Proctor seul, attaché à son arbre. Toglog constata avec satisfaction que le lurikeen ne faisait plus du tout le malin :
_Très bien, où en étions nous ? Ah oui ! Qui d’autre est impliqué dans cette histoire ?
_J’ai pas tous les détails, mais la dernière consigne était de trouver un Assassin de Midgard et de le capturer mort ou vif à tout prix !
Tout d’un coup, une intuition germa en l’elfe, il avait vu Zytha sur Albion, il savait avec qui elle avait l’habitude d’opérer. Néanmoins, il voulait l’entendre de la bouche de Proctor :
_Son nom !
Le lurikeen grommela, puis répondit :
_Son nom est Nosroth Delving !

L’étau se resserrait sur eux, les gardes avaient reçu pour ordre de ne laisser passer personne, des Assassins pouvant profiter de n’importe quel passage pour se faufiler, invisibles, et Alen n’allait pas prendre ce risque. De plus, Nosroth souffrait toujours grandement, là où le fer chauffé à blanc l’avait cruellement marqué.
Ils allaient devoir passer la nuit à Jordheim.
Soudain Oftorn eut une idée. Il y avait au moins une personne dans Jordheim qui accepterait d’aider des Assassins, et cette personne était un nain forgeron du nom de Morliin !
Ils se dirigèrent donc vers la forge du nain qui ne fut guère surpris quand ils apparurent dans son dos :
_Eh bien, je m’étonne qu’il vous ait fallu si longtemps pour venir me voir !
_Morliin, cela fait bien longtemps, depuis nos aventures avec vous, heureux de voir que nous pouvons compter sur vous.
_Bien entendu, après ce que nous avons vécu, je sais que vous êtes dignes de confiance, malgré tout ce qui se dit sur votre classe. De quoi avez vous besoin ? Tout de même pas d’une nouvelle armure épique ?
_Refuge pour la nuit, et un moyen de sortir d’ici, en priorité.
_Alen veut votre peau n’est-ce pas ?
Les deux Assassins se regardèrent, interloqués :
_Morliin, comment savez vous cela ?
Le vieux nain haussa les épaules et partit d’un rire gras :
_Vous avez donc oublié que je suis nain qui se tient au courant de ce qui se passe autour de lui ? Bien sûr, je sais pourquoi Nosroth a tué ces Gothis, tout comme j’ai appris une partie de l’histoire ! Nosroth ! Laisse moi te dire une chose : retourne à Dun Dagda, la bas tu trouveras les réponses à tes dernières questions, j’en suis persuadé !
Nosroth réfléchit quelques secondes :
_C’est Hibernia qui se trouve derrière tout cela n’est-ce pas ?
_Pas tout à fait, mais il se trouve qu’Hibernia est le royaume qui profite le plus de ce bazar. Il suffit de voir ce qui se passe : depuis ton exploit il y a plusieurs années, les trois reliques mana sont revenues à Dagda et n’ont plus jamais bougé !
_Morliin, savez vous qui tire les ficelles ?
_Non, mais je sais qu’Alen n’est pas cet homme. Toutefois, j’ai entendu parler d’un certain Arloch, mais je ne sais pas qui c’est. Au fait, comment va Zytha ? Elle qui venait souvent me voir, cela fait bien longtemps que je n’ai plus de nouvelles.
Le regard de Nosroth se mit à briller :
_Ils l’ont prise, mais je viens d’apprendre qu’elle leur a échappé, bientôt nous serons de nouveau ensemble, bientôt.
Le nain sourit chaudement :
_Dans ce cas, mon ami Nosroth, je ne vois pas ce qui pourrait vous arrêter !
Dehors, des bruits de pas se firent entendre alors que les Jarls fouillaient l’auberge jouxtant la forge de Morliin. Ils cherchaient les deux Assassins dans les moindres recoins.
Voyant ceci, Morliin se retourna vers eux :
_Je suis désolé, mais je n’ai pas les moyens de vous cacher, vous devez sortir de la ville, trouvez un moyen et vite !
Nosroth et Oftorn se levèrent et embrassèrent leur vieil ami :
_Morliin, nous étions venu vers vous pour un moment de calme, nous en repartons avec une mine d’information, merci pour tout, que Loki vous garde !
Le vieux nain renifla bruyamment :
_Bah ! Un dieu bien terrifiant que le votre mes amis ! Maintenant allez vous en, restez en vie !
Sur quoi les deux Assassins disparurent dans la nuit de Jordheim.

Revenus devant la porte Nord, Oftorn reconnu cette lueur dans les yeux de son ami :
_Un plan peut-être ?
Le sourire qu’il reçut en réponse était froid, calculateur. C’était celui d’un Assassin prêt à passer à l’action :
_Suis moi Oftorn.
Silencieux comme la nuit elle-même, les deux Assassins s’élancèrent vers la porte Nord.
Aleiwena rêva de Dun Dagda. Elle n’était encore jamais allée aussi loin dans les territoires Hiberniens, et pourtant elle savait que le sinistre reliquaire de ce rêve ne pouvait être que celui abritant les puissantes reliques mana.
L’immense bâtiment baignait dans une tempête terrifiante, des torrents de pluie se déversaient depuis un ciel d’un noir d’encre zébré à intervalles irréguliers par des éclairs gigantesques. Des vents d’une vélocité incroyable faisaient plier les grands arbres du Mont Collory, en arrachant certains. Le sol, gorgé d’eau, ne ressemblait plus qu’à un torrent de boue dans lequel se débattaient des…des hommes ?
Des hommes se battaient au beau milieu du déluge ! Des hommes… et des morts ! Elle pouvait sentir leur odeur de corps décomposé, odeur qui lui était tellement familière.
Reportant son attention sur le reliquaire, la valkyn vit deux silhouettes sur les remparts. Le déluge masquait les détails, mais elle sentit qu’ils étaient ennemis, elle pouvait ressentir leur haine.
Jamais Aleiwena n’avait connu pareille haine entre deux êtres humains.
Mais quand, l’espace de quelques secondes, la tempête se calma un peu, elle reconnut l’un des deux adversaires et, dans son sommeil, la valkyn commença à pleurer doucement.
Soudain, un bruit déchirant emplit le reliquaire ainsi que toute la vallée alors que les murs de Dagda…
Aleiwena poussa un petit cri en se réveillant, trempée de sueur. Abasourdis eux aussi par ce rêve, les morts gardaient un silence lourd de signification, laissant la Prêtresse de Bogdar seule avec ce qu’elle avait vu, et ce dont elle ne se souvenait que trop bien ! Cela ne pouvait être qu’un rêve, elle en était certaine.
Elle se leva, encore tremblante, cherchant Lews et Zytha du regard, avant de se souvenir qu’ils étaient partis pour Vindsaul Faste, lieu de rendez vous que leur avait donné Silace.
Voyant que les autres membres de la Garde Noire dormaient encore, certains ronflant bruyamment, elle décida de rester sur sa paillasse, sachant qu’elle ne pourrait retrouver le sommeil après ce qu’elle avait vu.
Elle devait se rendre à Dun Dagda, car c’était Nosroth qu’elle avait reconnu sur le rempart avant la tragédie qui avait mis fin à son rêve.

Les deux derniers Jarls s’effondrèrent en même temps alors que Nosroth et Oftorn s’élançaient en courant hors de Jordheim, en direction du pont menant à Vasudheim. Tout en courant, Oftorn ne put s’empêcher de lancer une remarque :
_Quand tu m’as dit que tu avais un plan, je ne pensais pas que cela signifiait se débarrasser de tous les gardes de la porte après avoir mis le feu à deux maisons de la ville ! Tu m’as eu habitué à plus de finesse par le passé !
Nosroth ne cilla pas :
_Je regrette mes actes, mais cette affaire vient de devenir beaucoup trop personnelle pour que quiconque m’arrête. Celui qui se dressera sur mon chemin mourra sur le champs, ainsi soit-il !
Trouver des chevaux à Vasudheim ne fut pas difficile, le palefrenier ayant été particulièrement réceptif aux dagues glacées sous sa gorge, et, quelques heures plus tard, Vindsaul Faste se dessina au milieu de la végétation luxuriante du Svealand Occidental.
L’architecture du fort était la même que celle de Svasud Faste, les deux bâtiments ayant la même fonction primordiale : assurer la sécurité du royaume contre une invasion ennemie. En cela, Vindsaul était une véritable forteresse.
Les deux assassins s’engouffrèrent dans le fort, invisibles, quand des gardes en sortirent. Mieux valait ne prendre aucun risque.
Dans les hauteurs du fort, méconnue de beaucoup, se trouvait une pièce cachée sous le toit, et c’est dans cette pièce que les deux Assassins se rendirent. Arrivés devant un mur au bout du chemin de garde, ils s’arrêtèrent et attendirent. Soudain, la voix de Silace leur parvint :
_Nos, tu es en retard, tout le monde est là.
_Ne perdons donc pas de temps, laisse nous rentrer, Oftorn est avec moi.
Alors la porte habilement dissimulée dans le mur s’ouvrit sur une salle lugubre, éclairée par seulement quatre torches maladives, et au milieu de cette salle, une dizaine de silhouettes noires de toutes tailles, immobiles. Quand il eut refermé la porte, Silace regarda l’assemblée et déclara :
_Eh bien mes amis, il semblerait que nous soyons réellement au complet maintenant.
Et sous les yeux émerveillés d’Oftorn, les Assassins rabattirent leurs pèlerines, dévoilant leur visage. Et quand il jeta un œil dans la direction de Nosroth, il vit que l’ex Loki avait du mal à contenir son émotion.
Mcelroy, Deusirae, Theorl, Souleater, Nelli, Molagh, Bostik, autant de visages graves et fiers que Nosroth n’avait pas revu depuis bien longtemps et autant de souvenirs toujours vivaces accompagnant chacun de ces visages.
Mais il reçut le coup de grâce quand il vit Lews approcher, et derrière lui, rejetant elle aussi sa pèlerine, dévoilant son visage magnifique et sombre, celle qu’il avait tant cherché, Zytha.
Ils se regardèrent tous deux l’espace de plusieurs secondes, puis tombèrent dans les bras l’un de l’autre, dans une étreinte peut-être plus que fraternelle.
Pas besoin de mots, ils se connaissaient depuis trop longtemps, avaient vécu trop de choses tous les deux pour encore avoir besoin de parler, tout se disait dans leur regard.
Finalement, ils se séparèrent et quand Nosroth regarda de nouveau ses amis, il reçut la confirmation de ce qu’il s’était juré.
Maintenant qu’ils étaient de nouveau ensemble, rien ne pourrait les arrêter.
Avec un sourire aux lèvres, Mcelroy proclama d’une voix forte :
_ACeJour, NousCaDire : L’OrdreDeLokiVientDeRenaître !

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(/HRP : Spéciale dédicace à Mcelroy, l’un des piliers de l’Ordre de Loki, qui arrête le jeu et, de ce fait, laisse un vide dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu. Vaya con dios mon ami, tu nous manqueras à tous.)
Daarkyel regarda Toglog se préparer. Méticuleusement, l’Ombre préparait ses armes, affûtées à la perfection, ses poisons, ses objets magiques. Avec un soin maniaque, il les rangeait dans son sac, sachant que sa survie allait autant dépendre de son équipement que de son talent.
Appuyée doucement contre l’épaule de l’elfe Eldricht, Uhma demanda d’une voix douce :
_Toglog, es-tu sur de toi ? Tu vas risquer ta vie pour un ennemi qui nous a fait tant de mal par le passé, j’avoue avoir du mal à saisir ce concept. Vous autres furtifs n’avez pas l’air d’évoluer dans le même monde que nous…
l’Ombre la regarda en souriant chaleureusement :
_Tu as tout à fait raison ma chère Uhma, et je vais te dire pourquoi j’aiderai Nos. D’abord, parce qu’il est un ennemi respectable, acharné, et j’avoue bien aimer cette lueur de folie contrôlée dans ses yeux. Ensuite, l’aider me permettra de mettre la main sur d’autres conspirateurs, pour pouvoir présenter des preuves concrètes à Dame Brigitte le moment venu.
_Toglog, tu te rends compte que nous ne pourrons pas t’aider, que tu seras seul sur ce coup ?
_Tu viens de me donner l’histoire de ma vie Uhma, l’histoire de ma vie…
Il était prêt.
_Merci encore pour votre aide, maintenant je pars seul.
_Tu sais où l’Assassin va se rendre ?
_Là où tout a commencé j’imagine, à Dun Dagda… Là où tout finira…
Sur quoi Toglog s’éloigna en direction de la vallée de Bri Leith, laissant Daarkyel et Uhma perdus dans leurs pensées.
Rejoindre Druim Cain lui prit plusieurs heures de cheval, mais, pris d’une intuition soudaine, Toglog sauta de cheval bien avant sa destination. Finissant le chemin à pieds, il eut la triste confirmation de ses craintes alors que des patrouilles supplémentaires évoluaient dans un style de… battue ? Ils ne faisaient pas de rondes, ils cherchaient quelqu’un ! Manifestement, il avait été précédé, et il en fut certain quand il reconnut la voix d’un des généraux qu’il avait vu l’autre jour dans la pièce du temple :
_Trouvez moi cet elfe de malheur ! Dame Brigitte ne saurait le voir en vie !
« Espèce de chien de Celte, si Brigitte savait à quoi tu joues, tu serais celui qu’elle ferait pendre ! »
Invisible, Toglog attendit le moment opportun pour passer, et il eut la satisfaction de savoir que, cette fois-ci, Proctor ne serait pas là pour lui coller une flèche.

Le soleil allait bientôt se lever sur Jordheim. Quelques nappes de brouillard s’attardaient encore dans les rues de la capitale endormie alors que les premiers rayons du soleil commençaient à se répandre timidement entre les pics montagneux et les remparts.
Dans le Temple de Hel, un homme ne connaissait plus que souffrance et haine alors que ses yeux continuaient à le torturer, et ce malgré les soins des meilleurs guérisseurs de Midgard.
Le Gothi Alen ne pensait plus qu’à une seule chose : retrouver ces Assassins et les tuer tous.
Arloch était venu le voir quelques heures auparavant pour le questionner et Alen se souvenait encore de ses dernières paroles :
_Je m’en vais rejoindre les autres à Dagda. Qu’il vienne ! Je l’ai déjà arrêté il y a quinze ans, je le tuerai cette fois-ci.
Alen fut soudain interrompu dans ses pensées quand il entendit un ricanement de kobold quelque part sur sa droite. Immédiatement terrifié, il appela ses gardes, mais n’obtint aucune réponse, sauf un autre ricanement venant cette fois-ci de sa gauche. Alors le Gothi céda pour de bon à la panique :
_Qui êtes vous ? Qui est là ?
Ce fut un murmure qui lui répondit, si prêt qu’il en bondit sur sa chaise :
_Nous sommes les fantômes vengeurs du passé, Alen, nous sommes ceux que toi et les tiens avez trahis. Le passé nous rattrape tous Alen, tu ne fais point exception. Qui je suis ? Je me nomme Silace, et j’ai amené avec moi l’Ordre de Loki, à qui tu as des comptes à rendre.
La terreur qui se lit alors sur le visage aveugle d’Alen dépassa l’imaginable et, se sachant seul face à ces êtres qui ne pouvaient appartenir à la race humaine de par leur froideur, les nerfs du Gothi finirent par lâcher et c’est en criant qu’il se livra finalement:
_Que veux-tu savoir monstre ? Je te dirai ce que tu veux savoir mais ne revenez jamais après !
_Où se trouvent les têtes pensantes de cette conspiration Alen ? Comment y mettre fin une bonne fois pour toute ?
_Les responsables sont au reliquaire de Dagda ! Allez-y et courrez à votre mort ! Mettre fin à quoi Assassin ? Moi même, je ne suis pas sûr de savoir exactement dans quoi je trempe ! Tant que nous gagnions de l’argent sur le dos de nos chers soldats, je m’en moquais bien !
La voix de Silace se fit encore plus lugubre :
_Une dernière question Alen, est-il vrai que tu as une responsabilité dans la mort de la femme de Nosroth ?
_Non ! Tu me tueras si je te réponds !
_Je vais te tuer de toute façon Alen. Libre à toi de partir dignement, proprement, ou dans des souffrances telles que même les dieux auront pitié de toi.
_Il…il s’était trop approché de nous, il y a quinze ans, nous n’étions pas encore au pouvoir, loin de là même ! Nous avons du prendre des mesures, mais nos informateurs se sont trompés ! Ils auraient du être deux dans cette maison, et elle était seule ! Tout aurait pu finir il y a quinze ans…
_Au lieu de cela, tout a commencé Alen… Tout a commencé ce soir là. Vois-tu, Zekintha était mon amie, et c’est en pensant à elle que je vais débarrasser ce monde d’une pourriture comme toi. Souviens-toi, dans l’autre monde, Alen, que les victimes sont réelles.
Et la mort prit la forme d’un poignard enfoncé avec précision dans la nuque, tranchant la moelle épinière du Gothi, le tuant instantanément.
Avec dégoût, Silace regarda son corps glisser lentement le long de la chaise en pensant que cette mort avait été bien trop noble…
Derrière lui, les Assassins de l’Ordre de Loki, disposés en cercle autour de lui et du cadavre d’Alen le regardèrent gravement en silence, jusqu’à ce que Mcelroy ne donne l’ordre qu’ils attendaient tous :
_NousCaTousAllerRejoindreNosrothATerrierDagda !
Sans un bruit, les Assassins disparurent en même temps et le Temple de Hel retrouva son calme et son silence de mort.
Quand le corps du Gothi Alen toucha le sol, la manche de sa tunique fut retroussée par le frottement contre le bois de la chaise, mais aucun des Assassins présents ne fut témoin de cette ultime vérité.
N’importe quel Midgardien aurait pu reconnaître le symbole de ce clan tant haï, symbole qui était tatoué sur le bras d’Alen…

Nosroth avait insisté pour partir seul. Il avait besoin du trajet jusqu’à Dun Dagda pour réfléchir, raviver sa haine, sublimer sa grande fatigue, sa douleur et sa peine. Il avait besoin de rester lui-même encore quelques temps, froid. Et après, quand tout serait finit, il pourrait enfin trouver la paix. A peine croyable que cette histoire l’ait emmené si loin dans le futur, mais aussi dans son passé le plus profond et le plus secret. Alors qu’il passait loin de la zone du moulin et de ses combats incessants dans Emain Macha, Nosroth repensa à Zekintha, sa femme aimée.
Femme qui lui avait été enlevée et qu’il allait venger, ce soir.
Toute histoire possède un début et une fin.
Et alors que Nosroth Delving, Assassin de la Garde Noire de Midgard, Ex-membre d’une mystérieuse ancienne guilde d’Assassins, l’Ordre de Loki, allait au devant de la fin de son histoire, il repensa à ce qui en fut véritablement le début, un début qui datait de plus de quinze ans.
Nosroth venait de se marier avec la fille qu’il aimait depuis l’enfance. Tous deux se connaissaient depuis des années, en tant que voisins, et avaient passé ensemble le temps innocent que l’on a encore avant de partir en guerre.
Nosroth et Zekintha habitaient tous deux Hugginfell, une ville marchande idéalement placée car sur le chemin menant du Nord au Sud du royaume. Issus de familles aisées, les deux enfants n’avaient pas eu à se soucier de grand chose, à part leur relation qui mûrit, au fil des années, en quelque chose qu’ils appelleraient par la suite amour.
La seule ombre à ce tableau était la proximité d’Hugginfell avec le village du clan Blodfellag, clan haï pour sa traîtrise légendaire et ses méfaits passés mais, à part les tournées du vieil Olag et de son chien tant redouté des enfants, les Blodfellag avaient petit à petit sombré dans la légende en ce qui concernait la nouvelle génération.
La vie s’écoula, relativement paisible dans un royaume perpétuellement en guerre, jusqu’au jour tant attendu du mariage des deux jeunes gens qui fut le jour le plus heureux dans la vie de Nosroth.
Leur nuit de noce fut la seule qu’ils allaient passer ensemble en tant que mari et femme, mais ceci, aucun des deux ne le savait encore.
Au matin, un homme vint frapper à la porte de la maison familiale de Zekintha, quémandant audience avec son nouveau mari. Il faisait partie du vieux clan Grenlock et demanda que Nosroth se rende à Jordheim pour accepter une tâche qui lui serait confiée par les anciens du clan. La récompense serait de taille à les faire vivre lui et sa femme pendant des années, si bien qu’il accepta.
Et c’est en quittant Hugginfell ce jour là qu’il vit pour la dernière fois Zekintha en vie.
Le voyage jusqu’à la capitale du royaume se fit sans incident, jusqu’à sa rencontre avec l’Ancien du clan Grenlock.
L’Ancien avait cru comprendre qu’il possédait certaines qualités ? En effet, il s’entraînait à devenir Assassin, comme son père l’avait été avant lui, avant de mourir dans une embuscade quelque part dans la région des Portes d’Odin. C’est ainsi que Nosroth avait reçu son premier engagement, ce qui avait scellé son voyage sur la voie de Loki.
La vermine Blodfellag tentait depuis quelques temps d’infiltrer les corridors du pouvoir de Jordheim, pouvoir détenu par l’Ancien Grenlock, dont le clan maudit avait bâti la capitale bien des années auparavant. Cet état de fait ne pouvait être toléré, si bien que l’Ancien avait dépêché des Assassins pour éliminer les têtes pensantes du clan impie, et Nosroth allait être celui qui ferait tomber la tête du fils de leur chef, Arloch Blodfellag.
Mais ce que l’Ancien ne pouvait pas savoir, c’est que les Blodfellag avaient déjà infiltré Jordheim, usant de toute leur perfidie, achetant leurs espions par l’argent ou le chantage, si bien que Nosroth tomba ni plus ni moins dans un piège.
Rué de coups, quasiment laissé pour mort sur le chemin de l’entrée de Hugginfell, Nosroth arriva juste à temps chez lui pour voir sa maison brûler. Mais ce qui changea à jamais sa vie fut de voir sa femme crucifiée, nue, mutilée, ravagée, au milieu des flemmes. Alors que le futur Assassin se laissait aller dans les abîmes de la folie, l’image du clan Blodfellag se superposa petit à petit à celui de sa Zekintha, et il comprit qu’il n’aurait jamais la paix tant que ces chiens seraient toujours de ce monde.
Nosroth allait prendre sa revanche.
Il retourna au camps muni de torches, bien décider à ne laisser que des cendres derrière lui, mais il se rendit compte que quelqu’un l’avait précédé dans cette tâche. Quand il arriva sur les lieux là où le clan avait élu domicile, il ne vit que flammes et dévastation. On lui avait dérobé sa vengeance, et pendant toutes les années qui suivirent, jamais Nosroth ne put apprendre ce qui c’était réellement passé ce soir.
La seule vérité était qu’il avait perdu celle qu’il aimait par dessus tout dans un conflit qui le dépassait.
Mais ce soir, quinze ans après la mort atroce de Zekintha, il allait pouvoir la venger, car le fameux Arloch dont lui avait parlé le Gothi Alen, celui qu’il allait retrouver à Dun Dagda n’était autre qu’Arloch Blodfellag, celui qu’il aurait du tuer en cette nuit où sa vie avait basculer…

Le vent soufflait avec la rage d’un dieu blessé au milieu d’une tempête sans nom quand l’Assassin arriva en vue du reliquaire Hibernien de Dun Dagda. Le sol argileux et parsemé d’herbe du Mont Collory ne parvenait plus à ingurgiter les torrents de pluie déversés par un ciel d’un noir d’encre, si bien que, petit à petit, la boue commençait à envahir la nature autour du reliquaire, recouvrant le vert par un gris maladif et sombre.
Nosroth se revit, deux années auparavant, quasiment au même endroit, espionner l’armée Albionaise enfoncer les portes du reliquaire sous le feu des Maîtres Eldrichts, il se revit encore une fois se faufiler, invisible, dans la masse des soldats, alors que la dernière porte, celle du donjon, allait tomber. Il se revit courir pour arriver le premier dans la salle des reliques, avec Zytha sur ses talons…
Jamais il ne s’était senti aussi vivant que ce soir la.
La tempête redoubla d’intensité et l’éclair gigantesque qui zébra le ciel ramena l’Assassin au présent. Trempé de la tête aux pieds, il poursuivit sa route jusqu’au mur d’enceinte du reliquaire, suivant le même chemin que la dernière fois, empruntant le même mur pour grimper, jusqu’à ce qu’il se retrouve sur les remparts et qu’il comprenne que quelque chose n’allait pas.
Il n’y avait aucun garde de visible à l’extérieur, ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : C’était un piège !
L’attaque vint de la droite, quand l’Ombre, d’un geste souple et mortel, alla pour lui trancher la gorge. Nosroth esquiva à la dernière seconde en se jetant à terre et riposta au même instant, enfonçant sa lame dans la jambe du lurikeen qui couina de douleur avant de faire un bon en arrière.
Mais, à travers le rideau de pluie, l’Assassin discerna les mouvements d’autres furtifs convergeant sur sa position et il sut qu’il était dépassé par leur nombre. Il se mit en garde, prêt à en envoyer le maximum dans la mort avec lui. C’est à ce moment, alors qu’il reculait, que son dos rencontra un obstacle solide qui lui murmura à l’oreille :
_Tu es en retard vieux frère, cela fait plusieurs heures que je t’attendais…
Hyado ! Ainsi il était venu aussi ! Mais il n’était pas venu seul, et Nosroth se fendit d’un sourire quand il entendit Zytha prononcer ces quelques mots :
_Comme au bon vieux temps mes amis…
_NousCaD’Accord ! , s’exclama Lews derrière eux.
Les larmes aux yeux, Nosroth lança une dernière phrase avant de se jeter dans la bataille :
_J’ai toujours su que je mourrais seul, mes amis, jamais je ne saurai assez vous remercier.
Sur quoi les Ombres attaquèrent et eurent la surprise de combattre non pas un Assassin, mais quatre. Sept d’entre eux tombèrent avant de se remettre de leur surprise. Les quelques survivants de cette nuit se souviendraient à jamais du combat des Assassins contre ces Ombres sur les remparts du reliquaire. La fluidité des mouvements, leur implacable précision, le bruit sinistre de craquement des os quand les haches trouvèrent leur cible, tout cela et tellement plus encore. Les quatre Assassins qui se battaient, tels des lions, n’avaient pas besoin de mots, ni de regarder ce que l’autre faisait, ils se connaissaient tous depuis trop longtemps pour cela, ensemble, ils étaient invincibles, et les Ombres l’avaient compris alors que leurs rangs diminuaient.
Un long sifflement aigu retentit alors au milieu du vacarme de la tempête, un signal aux gardes du reliquaires qui sortirent des tours, les armes à la main. Rapidement, les gardes prirent position sur les remparts et dans la cours, encerclant les quatre Assassins pris au piège.
Alors seulement une voix s’éleva au milieu de l’orage, une voix que Nosroth n’avait pas entendu en quinze ans. Arloch Blodfellag sortit du donjon du reliquaire, son marteau de Thane à la main, en armure épique noire comme la nuit :
_Nosroth… A quoi penses-tu ? Tu comptes donc prendre Dun Dagda à quatre malheureux furtifs ? Allons…
_Toi…
Toute la haine d’un homme contenue dans un seul mot.
_Nous avons tous deux fait du chemin en quinze ans n’est-ce pas ? Pendant que mon père et moi mettions au point notre petite affaire dans Jordheim, tu devenais cette machine à tuer… Pourquoi tout ce sang versé, hein Nosroth ? Pour oublier Zekintha ? Ahhhhhh, crois moi, je m’en souviens de ta jeune femme ! Je m’en souviens même dans les moindres détails, si tu vois ce que je veux dire ! Après tout, c’est bien pour cela que tu es ici non ? A cause d’elle ? Cela tombe bien vois-tu, car tu vas bientôt la rejoindre !
Arloch partit d’un rire lugubre mais s’arrêta bien vite, Nosroth n’avait pas l’air fou de rage, mais…souriait, tel un fauve ayant finalement acculé sa proie :
_Arloch, si je suis là ce soir, ce n’est pas seulement à propos de Zekintha. Fais moi confiance, tu paieras pour ce que tu lui as fait. Allons Arloch, tu ne penses tout de même pas que je suis venu me jeter dans la gueule du loup tout seul n’est-ce pas ? Je ne suis pas le seul à qui tu dois des comptes ce soir…
Et à peine Nosroth eut-il finit de parler que des ricanements de kobold se firent entendre de part et d’autre, et quand un éclair illumina la scène, Arloch eut le temps d’apercevoir plusieurs gardes tomber sans un bruit, des dagues plantées dans le dos, ainsi que d’une multitude de silhouettes rendues floues, tant par la pluie battante que par la rapidité de leurs mouvements.
En cet instant Arloch comprit que l’Ordre de Loki se trouvait dans l’enceinte de Dun Dagda et, comme tout le monde, il leva la tête en entendant ces paroles :
_Comment ? Un Blodfellag qui respire encore ? Plus pour longtemps mon cher, plus pour longtemps !
Silace retrouva son invisibilité après ces paroles et fondit sur l’un des gardes hébété, lui tranchant la tête d’un coup de claymore des nains dévastateur.
Profitant du tumulte, les quatre Assassins, tel un seul homme, repartirent au combat, apportant le chaos et la mort dans les rangs ennemis soudain dépassés, jusqu’à ce qu’une détonation étouffe tout autre bruit, faisant tourner toutes les têtes dans la direction des remparts : les Maîtres Eldrichts faisaient feu à l’intérieur du reliquaire avec une puissance dévastatrice.
Nosroth s’élança dans leur direction et, avant que le magicien elfe ne décoche sa boule de feu, il lança une série de dague, certaines arrêtée par la bulle protectrice, d’autres trouvant leur cible. Mais la boule de feu partit tout de même, droit sur Nosroth qui se releva rapidement et courra pour échapper à la mort.
Arrivé à l’angle du donjon, dans la cours, il sauta de côté, sachant que la boule de feu, dirigée par magie, le suivrait. Avec un grand fracas, elle s’écrasa contre le mur du reliquaire, y creusant un trou béant et faisant trembler l’édifice. Mais telle était la puissance de la magie de l’Eldricht que des débris furent propulsés dans toutes les direction, ainsi qu’une vague de chaleur insoutenable, et Nosroth, trop près de la zone d’impact, sentit son côté droit se calciner dans une douleur atroce.
L’odeur de chair brûlée se répandit sur le champs de bataille
Mais, graduellement, un autre bruit ainsi qu’une autre odeur autrement plus forte et terrifiante s’éleva de l’extérieur. Arloch se hâta de monter les escalier pour rejoindre les Maîtres Eldrichts terrifiés qui ne pouvaient croire ce qu’ils contemplaient.
Recouvrant la vallée du Mont Colloris, marchant, titubant, rampant, les morts, tant elfes que vikings que bretons s’approchaient en hurlant du reliquaire dans un cortège infâme.
Et au milieu de la masse grouillante et pourrissante, une valkyn, épuisée par l’effort colossale de rappeler tant de morts à la vie, avait posé un genou à terre. Derrière elle, Doywan contemplait ce spectacle macabre et incroyable sans arriver à articuler le moindre mot. Quelques minutes auparavant, il lui avait demandé avec sarcasme si elle satisfaite, car la Garde Noire l’avait emmenée là où elle le désirait.
Manifestement, Aleiwena, Prêtresse de Bogdar, était satisfaite.
Frénétiquement, les Maîtres Eldrichts firent feu sur le cortège des morts, mais comment tuer ce qui ne vit pas ? Et c’est avec une horreur sans nom que les elfes virent les…les morceaux des corps qu’ils venaient de détruire continuer à avancer. Et les murs de Dun Dagda commencèrent à trembler légèrement quand la masse des morts se jeta contre les portes, contre l’enceinte si bien que, pour les défenseurs, ces murs qui tremblaient n’étaient plus que l’ultime fossé les séparants des noirs abîmes d’une folie sans fond.
Toujours sur le rempart, médusé, Arloch se retourna quand un hurlement de haine et de rage recouvrit le reste :
_ARLOCH BLODFELLAG !
Derrière lui, à une dizaine de mètres, les corps d’un garde et de deux Ombres fumant encore à ses pieds, se tenait Nosroth Delving. Blessé, brûlé, le bras gauche pendant mollement le long de son corps, un œil à moitié fermé par la douleur, l’Assassin tenait toujours son épée courte des nains en arcanium et le rictus de haine qui se lisait sur son visage fit douter le Blodfellag l’espace d’un instant.
Et alors qu’Arloch se mettait en garde, son marteau à deux mains, gigantesque, devant lui, il lança ces paroles :
_Ainsi nous en arrivons au match final. Comme te l’a dit mon père il y a quinze ans, le passé nous rattrape toujours, et c’est le cas en cet instant. Mais cette fois, je finirai le travail de mon père, prépare toi à mourir Assassin !
Et avec un hurlement, Arloch se lança à l’assaut.

Toglog venait d’arriver en enfer. Il en était d’autant plus surpris qu’il n’avait pas eu la sensation de mourir… Pourtant, ce qu’il avait sous les yeux quand il arriva enfin à Dun Dagda ne pouvait être autre chose qu’une vision de ce que l’enfer pouvait offrir ! Tous ces morts allant à l’assaut du reliquaire, les différents incendies illuminant les remparts et enfin ce hurlement qui déchira la nuit et la tempête :
_ARLOCH BLODFELLAG !
C’est alors qu’il aperçut deux silhouettes sur le rempart en feu et c’est dans cette direction qu’il se dirigea, évitant le plus possible la masse putride des morts qui ricanaient et hurlaient tout en démontant méthodiquement le reliquaire, pierre après pierre. Arrivé en haut du rempart, l’Ombre reconnut l’un des deux silhouettes, c’était Nosroth, bien mal en point mais qui esquivait les coups dévastateurs de l’autre viking, ripostant comme l’éclair, mais tout de même diminué par ses nombreuses blessures.
Autour d’eux, tout n’était que folie, partout, des Assassins qu’il savait appartenir à l’Ordre de Loki, se battaient avec les gardes au milieu des morts, du feu et des débris de pierre qui commençaient à tomber de la structure principale du donjon.
Reportant son attention sur le combat, il vit Nosroth projeté à terre quand l’énorme marteau du Thane le toucha enfin. Sonné, l’Assassin avait du mal à se relever, tellement sa souffrance était grande, mais Toglog reconnu ce qu’il lut dans les yeux de son alter ego : la haine et la volonté de continuer le combat, malgré son corps brisé et son épuisement.
Alors Toglog prit sa décision, par instinct.
Invisible, il s’approcha du Thane qui, debout devant Nosroth le regardait en souriant de manière suffisante et, d’un geste vif et précis, lui entailla la jambe droite ainsi que les côtes avant de plonger un de ses poignards dans son bras gauche.
Avec un hurlement, Arloch se dégagea et riposta bien plus vite que Toglog ait pu l’imaginer. Le marteau atteignit l’elfe en pleine poitrine, brisant des côtes, lui coupant le souffle. En seul coup, le viking l’avait quasiment broyé.
Mais ces quelques secondes avaient suffit à Nosroth pour se redresser et lui fournir une ouverture, si bien que quand Arloch reporta de nouveau son attention sur lui, l’Assassin lui trancha la gorge avant de l’éventrer d’un geste tournoyant et souple.
Le marteau tomba au sol alors que le Thane tentait vainement à la fois de couvrir sa gorge et de rattraper ses entrailles chaudes qui s’échappaient de son ventre.
Au dessus de lui, Nosroth le regarda froidement et ses paroles furent les dernières qu’il entendit dans ce monde :
_Tu vois Arloch, ton passé t’a finalement rattrapé…

Un grand bruit se fit entendre quand les murs du donjon se fissurèrent sous la pression et Mcelroy, comprenant ce qui allait arriver, rappela ses troupes :
_ToutLeMondeDehorsDuTerrier !ViteViteVite !
Comme un seul hommes, les Assassins de Loki se jetèrent par dessus les remparts, laissant ce qui restait des gardes aux prise avec les flammes et les chutes de pierre.
De leur côté, Zytha, Hyado et Lews cherchaient Nosroth au milieu des décombres quand un craquement encore plus forts que les autres ne se fasse entendre et ce fut Hyado qui prit Zytha par le bras et commença à la traîner hors du reliquaire :
_Il faut partir !
_Pas sans lui Hyado ! Pas sans Nosroth !
_Il s’en sortira, tu le connais ! Mais nous devons sauver nos vies !
Et alors qu’ils allaient sauter, Lews vit, de l’autre côté du reliquaire, un elfe aider Nosroth à se relever avant que le mur ne s’effondre sous leurs pieds, les projetant dans l’ombre du donjon.
_COPAIN NOS ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !

Nosroth et Toglog furent projeté à terre avec la masse du mur d’enceinte. Sonnés, il leur fallu quelques secondes pour retrouver leurs esprits. Autour d’eux, les pierres tombaient, la tempête faisait rage, les morts gisaient par dizaine, d’autre morts dehors ne se tenant pas aussi tranquilles. Avec désespoir, ils virent que tout ce qui avait été en bois dans le reliquaire, y compris les escaliers, avait brûlé.
Ils étaient coincé dans la cours, et le donjon menaçait de s’écrouler à tout instant.
C’est alors qu’ils eurent tous les deux la même idée au même moment. Ils se regardèrent et, voyant que l’autre avait déjà compris, ils se ruèrent dans le donjon alors que celui-ci cédait finalement sous son propre poids et que plusieurs centaines de tonnes de pierres ensevelirent toute chose, vivante comme morte dans un grondement incroyable qui fut entendu dans tout Mont Collory.

Depuis l’extérieur, la spectacle avait été terrible, voir la masse du reliquaire s’effondrer avait empli les cœurs d’effroi, et c’est la mine lugubre que Doywan vit Lews, Zytha et le reste de l’Ordre de Loki approcher au milieu des morts.
Nosroth n’était pas avec eux. Et c’est la voix étranglée qu’il demanda :
_Où est-il ?
Le regard rempli de larmes de Lews lui confirma ce qu’il redoutait : Nosroth était encore dans le reliquaire quand il s’était effondré. L’assemblée resta silencieuse, chacun ayant du mal à retenir sa peine à l’idée d’avoir perdu leur ami.

Aleiwena congédia les morts qui retournèrent dans leurs tombes, heureux d’avoir pu aider la Prêtresse et ainsi d’avoir pu retrouver vie l’espace de quelques instants. Elle avait entendu ce que Lews avait annoncé, et c’est avec les yeux débordant de larmes qu’elle le chercha parmi la Grande Majorité.
Quelques minutes plus tard, Doywan s’approcha d’elle et lui posa la main sur l’épaule :
_Nous devons partir, l’armée Hibernienne va bientôt arriver.
_Oui. Partons d’ici.
_Ca ira tu crois ?
Doywan ne comprit pas le regard qu’elle lui lança, ni son petit sourire timide :
_Oui, je pense que ça ira…
Message hors-roleplay
(Quel Talent Nosroth , sache que .. mon estime est grandissante a ton égard meme si ca ne te fait ni chaud ni froid, j'ai tout lu et relu ,passionnant =) , mes histoires sont loin d'égaler les tiennes , meme si je ne figurerai jamais dans les chroniques je suis vraiment enchanté a chacune de tes histoires =) )
Dun Dagda, le reliquaire Hibernien, s'est effondré dans un déluge de pierres séculaires, alors que le Mont Collory résonnait encore de la plainte hideuse des morts ramenés à la vie par Aleiwena, Prêtresse de Bogdar, pendant que la horde d'Assassins de l'ex Ordre de Loki apparaissaient une dernière fois tous ensemble pour se venger de ceux qui les avaient trahis.
Au milieu de la bataille, Nosroth Delving et son allié du moment du moment, l'Elfe Ombre Toglog, vinrent à bout de la Nemesis de l'Assassin, un Thane de clan Blodfellag, complice d'une sombre machination englobant les trois royaumes et dont les buts ne semblent pas encore clairs.
Mais alors que le combat entre ces deux vieux ennemis s'achevait, le vieux reliquaire, malmenée par les combats ainsi que l'assaut des centaines de morts ramenés à la vie par l'odieuse magie de la Valkyn, céda finalement et s'effondra, engouffrant dans un tombeau de pierres froides les malheureux encore présents dans son enceinte.
Alors que Lews, kobold Assassin et ami de Nosroth, se retournait une dernière fois avant de fuir, il eut le temps de voir son ami disparaître alors qu'un rempart s'écroulait, et c'est avec les larmes aux yeux qu'il annonça la triste nouvelle à Doywan, commandant de la Garde Noire : Nosroth avait disparu.

Seule Aleiwena semblait cependant en savoir plus que les autres, et c'est avec un timide sourire qu'elle suivit sa guilde sur leur chemin du retour.
_____________________

Quelques jours plus tard, un érudit de l'Académie de Camelot, versé dans l'écriture, se vit remettre une missive du haut commandement Albionnais : la nouvelle venait de tomber, quelque chose d'extraordinaire venait de se produire en Hibernia, il était rappelé dans ses anciennes fonctions.
_____________________

L'histoire peut continuer, bientôt la suite des Chroniques d'une Prêtresse de Bogdar...
Message hors-roleplay
(ouahhh c long mais tres bo )



Savoir si il a véritablement lu ou non, n'est pas mon rôle Daarkyel, et je pense que tu peux le comprendre.

Simplement ce môsieur comme tous le monde se doit de respecter les régles, message édité donc, je ne corrigerais pas les fautes d'orthographes, apres tous rien n'oblige à utiliser le correcteur..a part peut etre un tant soit peu de respect pour un si beau texte.
Message hors-roleplay
Citation :
Provient du message de Super sangoku
ouahhh c long mais tres bo
( comment peux-tu dire ceci alors qu'il y a deux minutes, tu floodais le forum général ? :/
Cette chronique prend, et mérite des heures à la lecture ..
Lysea ou un autre modo, effacez donc mon message et le sien qui n'a pour but que le flood ... )
L’Erudit passa nonchalamment les portes du temple, suscitant immédiatement la curiosité de l’assemblée déjà présente autour de la table en chêne massif et séculaire.
Enveloppé de sa pèlerine, il s’avança élégamment, tel l’Avalonien qu’il était, et prit place à la table aux côté d’un Maître d’Arme dont l’armure verte avait acquise une réputation certaine dans le royaume. Et c’est chaleureusement que l’Erudit salua Aratorn qui lui rendit son sourire. L’un des rares Maîtres d’Armes ayant un quelconque intérêt pour la lecture et les histoires, Aratorn lui avait déjà rendu visite à de nombreuses reprises, et sa discussion était plaisante.
Mais le moment n’était pas encore aux histoires.
Un rapide coup d’œil informa l’Erudit que tous les représentants des grandes guildes Albionaises, ainsi que la Garde, avaient été conviés autour de son vieil ami, le Général Azariel, qui se leva lentement en levant la main, réclamant le silence :
_Mes amis, nous sommes réunis en cette soirée exceptionnelle pour prendre connaissance d’une nouvelle effarante malheureusement vieille d’une semaine environ. Je vous laisse écouter le rapport de l’un de nos sicaires tout juste revenu de Mont Collory.
Azariel se tourna vers un Sarrasin resté silencieusement dans l’ombre :
_Azim, nous vous écoutons.
Le sicaire commença alors son récit, plongeant l’assemblée dans un effroi grandissant. Plusieurs fois, il fut question de l’Ordre de Loki, guilde maudite par tant d’Albionais de part ses actions passées, ainsi que de Nosroth Delving, un autre Assassin dont beaucoup d’entre eux avaient entendu parler, ou connaissaient après l’avoir rencontré en combat.
Pendant qu’Azim finissait son résumé, l’Erudit s’était rendu à la conclusion que ceci n’avait pas été une attaque de reliquaire classique mais cachait quelque chose de bien plus important, bien qu’il ne sache pas quoi.
Un bien grand dommage que ce Nosroth ait disparu dans Dagda, vraiment…

Le général Hibernien cherchait encore une trace quelconque après plus d’une semaine, sans rien trouver, et le soulagement qu’il avait ressenti en apprenant que ce Toglog avait péri dans la chute du reliquaire s’amenuisait chaque jour, alors qu’aucun des deux corps des assassins n’avaient encore été retrouvés.
Pour le moment, la conspiration n’était pas encore parvenue aux oreilles de Brigitte, il y avait veillé, bien que la destruction de Dagda ait porté un sérieux coup au secret que lui et ses associés tentaient si bien de garder. Maintenant, il allait lui falloir saborder l’enquête que la souveraine venait de demander, mais ce ne devrait pas poser trop de problème, les témoins principaux ayant à peu prêt tous péri dans l’holocauste du reliquaire.
Soudain, une pierre se détacha de ce qui restait de l’un des murs d’enceinte et roula avec fracas dans le cratère ou s’était trouvé le donjon. En effet, le portail des Abysses, n’étant plus contenu par son armature en fer et en pierre, avait fini par exploser alors que le donjon s’effondrait, dévastant l’édifice.
Quoi qu’il en soit, il fut ramené au moment présent et à son inquiétude grandissante : les corps de Toglog et ce Nosroth restaient introuvables. Bien que sûrement pulvérisés par l’explosion du portail, le général n’était néanmoins pas homme à se satisfaire de théories, et encore moins quand sa carrière et sa vie risquaient d’en dépendre…

Les marais d’Avalon baignaient dans leur brume maladive habituelle, déprimant profondément toute personne s’y aventurant, même au cours d’un simple voyage à cheval. Sir Callaghan ne faisait pas exception à la règle. Tenu d’apporter un message à Caer Gothwaith depuis Camelot, il n’avait d’autre choix que celui de s’aventurer dans le marais pour traverser le portail.
Enfin, au milieu de la brume, la tour du relais apparut, signifiant la fin du calvaire pour le Paladin qui se répéta encore une fois avec mauvaise humeur que la Lumière ferait bien d’atteindre cet endroit perdu…
Il mit pieds à terre une fois sa monture prise en main par le palefrenier et se dirigea d’un pas hâtif vers le portail gardé par cette petite horreur de Nécrite qui lui répugnait tant.
C’est à peine s’il prit le temps de marmonner une réponse au « Bien le bonjour Messire » que lui susurra le Nécrite au passage mais il s’arrêta néanmoins quand son regard fut attiré par un mouvement, quelques mètres à l’ouest, dans l’eau boueuse du marais.
Après quelques secondes passées à scruter la surface, Sir Callaghan sursauta quand il reconnu la chose qui flottait mollement sur le dos.
Le Paladin avait devant lui un corps humain.

___________
/HRP :
Nous voici entrés de plein pieds dans la deuxième saison des Chroniques, j’espère que vous apprécierez autant que la première, bonne lecture 
Roman s’approcha du Gothi Kurik après que celui-ci ait envoyé un énorme troll en direction d’Uppland grâce à la magie des portails. D’origine Valkyn, le Gothi lorgna le Prêtre de Hel d’un regard suspicieux et renifla tout en maugréant. Sa réaction ressemblait à celle de tous ceux qui avaient pu approcher Roman auparavant, peut-être était-ce dû à son teint anormalement pâle, ses yeux trop enfoncés dans des orbites sombres, ses lèvres quasiment sans couleurs… Combien de fois Roman n’avait-il pas entendu des commentaires de mépris et de dégoût le concernant lui et sa caste. Tout comme les Prêtres de Bogdar, les Prêtres de Hel jouaient avec la mort en permanence et avaient acquis la réputation de posséder certaines connaissances interdites jalousées par certains, craintes par d’autres. Sans un mot, Roman observa le Gothi d’un regard brûlant d’avidité alors qu’un viking s’approchait à son tour pour partir via le portail vers les terres gelées de la zone frontalière. Kurik commença à incanter le sort de téléportation et le viking disparut dans une bulle de lumière blanche. Quand il eut fini, le valkyn se tourna vers Roman qui n’arrivait pas à cacher sa frustration :
_Ce n’est pas la première fois que tu espionnes les Gothis, jeune Prêtre de Hel. Mais nos voix ne sauraient être les tiennes, vas t’en donc ramener des pauvres diables à la vie, jamais tu ne connaîtras le secret des portails !
Le sourire mauvais que lui retourna Roman avant de tourner le dos mit le valkyn mal à l’aise.

Aleiwena se réveilla en hurlant, encore une fois et son petit cri résonna dans les couloirs de Bledmeer Faste. Trop de tumulte dans l’éther, trop de morts lui parlant, la suppliant, la narguant… Ce qu’elle avait su maîtriser durant une grande partie de sa vie menaçait de la faire sombrer dans la folie, et ce depuis les événements de Dun Dagda, où elle avait fait ce qu’aucun autre prête n’avait osé avant elle. Jamais autant de morts n’avaient été réveillés par un seul individu, et le prix à payer se révélait malheureusement élevé… A côté d’elle, Lews chuchota quelques mots apaisants avant de se rendormir, inconscient de la terrible épreuve que traversait son amie.
Et alors que la Prêtresse de Bogdar sombrait de nouveau dans un sommeil agité, elle se remémora encore une fois le message qui lui était parvenu alors que le reliquaire Hibernien engouffrait les malheureux se trouvant encore en son sein :
« Aleiwena, je te remercie d’avoir aidé mon aimé dans sa tâche, je suis maintenant libre de rejoindre nos dieux, même si je sais que je devrai encore attendre pour être réunie avec lui. Encore une fois, merci, ami valkyn. »
Malgré sa peur et sa souffrance, Aleiwena esquissa un léger sourire, Zekintha Delving avait trouvé la paix. Si seulement Nosroth savait…
Le donjon qui s’effondre… explose… Nosroth qui ne sort pas à temps de l’enceinte…
Et pourtant, la valkyn n’avait pas senti l’âme de l’Assassin la toucher comme le font les nouveaux défunts…
Nosroth… où es-tu ?

Sir Callaghan tira à lui le corps inanimé jusqu’à la rive sous les yeux du Nécrite :
_Il a l’air mort celui-là.
Le Paladin lui jeta un regard dégoûté :
_Et tu t’y connais n’est-ce pas chose répugnante ? Hôte toi donc de là !
Il ferma alors les yeux et pria d’une voie douce et c’est avec étonnement que le Nécrite vit une lumière blanche et douce s’échapper des mains jointes du Paladin pour envelopper le corps de chaleur étincelante. Le Paladin, souriant, leva alors un bras au ciel et la lumière concentrée dans sa paume éclata en une gerbe aveuglante. Quand le Nécrite retrouva l’usage de ses yeux endoloris par la lumière vive, c’est avec stupeur qu’il aperçu le cadavre qui n’en était plus un dans les bras du Paladin, grelottant et misérable, mais vivant.
C’était un Sarrasin, jeune, athlétique bien qu’amaigri. Les traits tirés par le traumatisme que représente la résurrection, il regardait Callaghan avec effroi et incompréhension. Avec douceur, le Paladin le posa à terre :
_Qui es-tu ? Peux-tu me dire ce qui t’es arrivé ?
Le jeune homme ne quitta pas son air hébété, et c’est avec difficulté qu’il articula ces mots :
_Je… ne sais pas… me… souviens plus…
Douleur.
Faim.
Espoir.
La lumière.
Souffrance !
Chaos !
Le noir.
Pris de spasmes, le Sarrasin vomit sur l’herbe alors que certaines images confuses lui revenaient et c’est avec une force surprenante qu’il hurla à plein poumons dans le brouillard du matin :
_Geershaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas !
Revenons un petit peu dans le temps, au début de l'aventure racontée ici et nous pouvons nous apercevoir que certains événements sont restés dans l'ombre...

Que c'est-il réellement passé pendant ces deux années alors que Nosroth avait disparu ? Comment a-t-il commencé sa croisade ?

Un élément de réponse se trouve ICI en attendant que, finalement, le passé nous ait vraiment ratrappé
 

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