Broc - Albion - Rencontre... près d'un lac...

 
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Snowdonia…
Je ne sais pas si c’est l’air plus frais dû à l’altitude, ou l’impression de solitude qui se dégage de ces hauts sommets enneigés, mais j’aime cette région. Ou peut être ais je appris à l’aimer. Après tout, la Fraternité m’a souvent envoyé ici pour épiloguer sur divers sujets avec Rhodri. Toujours est il que je me sens bien lorsque je suis au bord de ce lac, allongé dans l’herbe, loin de tout, loin des autres. Le clapotis de l’eau sur les berges est reposant, tout comme le souffle du vent dans les branches des arbres. Les arbres. Bizarrement je viens toujours m’installer près du même. Je me redresse de ma position allongée et le regarde, l’observe.

Ah… Snowdonia…
La route était longue mais ça valait la peine, ce blanc neigeux accroché au pic des montagnes change agréablement des Monts Collory. Qui plus est, l’endroit à l’air paisible, et cela me convient. Après tout, c’est ce que je cherchais, un peu de tranquillité. J’ai failli quelque fois me faire surprendre par une patrouille un peu trop zélée, mais heureusement pour moi, il commence à faire tard et le crépuscule naissant et ses ombres qui s’allongent m’ont bien aidé. J’ai pu remettre mon arc en bandoulière et commencer à profiter un peu du paysage. Je m’assieds au bord de ce lac dont on m’a tant parlé, sous un arbre.


Tiens, un tremblement dans l’air, comme lorsqu’une flamme dégage de la chaleur par une chaude journée, un vacillement imperceptible. Brome a toutefois semblé reconnaître quelque chose et a tourné sa masse rocailleuse dans la même direction que moi, derrière cet arbre. Il s’avance doucement, de sa démarche pataude et balourde, et tout comme moi, il finit par distinguer ce que j’ai vu et trouver anormal cette ombre sans support, cette herbe aplatie dans le creux des racines de l’arbre. Je ressaisis mon bâton posé à côté de moi.

J’ai un mauvais pressentiment. Une sorte de tic nerveux à l’oreille, et ça m’agace. Je me retourne prudemment, prenant garde à ne pas faire de bruit et me retrouve nez à nez avec un étrange construct. Quel idiot ! Absorbé dans ma contemplation, je n’ai même pas pensé à vérifier si il y avait quelqu’un aux alentours. L’étrange créature à l’aspect minéral semble bien me regarder. Je recule de quelques pas, pensant qu’il ne s’agit que d’une de ces étranges bêtes qui rodent aux alentours, mais je ne me fais guère d’illusion. J’ai entendu parler de ces choses. Je m’arrête dans ma lente progression en voyant le propriétaire du golem se relever derrière l’arbre et empoigner un bâton couleur suie et à l’étrange forme. Il est vêtu d’une robe aux couleurs sombres et aux motifs inquiétants et ses gants… ses gants…
Il a parlé.


J’ai parlé.
J’ai demandé qui était là. C’est très bête de ma part, mais j’ai posé la question. De toute façon je sais très bien qu’il ne risque pas de me comprendre. Après tout, si les ombres grandissantes de ce début de soirée ne me trompent pas, cette silhouette élancée, ces mouvements fluides, ces yeux brillants et surtout, l’étrange forme de ses oreilles en disait long sur le type d’interlocuteur auquel j’avais à faire.
Un Elfe.

Un Avalonien.
Enfin je pense que c’est ça, émacié et grand. J’ai souvent entendu parler de mages qui étaient Avaloniens, sans vraiment avoir cherché non plus à me renseigner davantage, il y avait fort à parier qu’il s’agissait bien de l’un d’entre eux. Il a un drôle de regard.


Il me détaille. Moi aussi en fait. A en juger par l’arc qu’il porte en bandoulière, ce doit être un de ces archers dont on m’a souvent dit de me méfier. Il porte un pourpoint bleuté, argenté, métallique presque, comme sa cape en fait.

Que dois je faire ?
Que dois je faire ?

Mais qu…
Qu’est ce qu…

Quelque chose vient d’heurter de plein fouet Brome. Rapide, sauvage, brutal. Le simulacre s’effondre, brisé avec une profonde entaille dans le dos. La forme hirsute se redresse et se jette sur l’archer en rugissant. J’ai un moment de surprise quand le lien avec Brome se rompt et ne réagit pas. Dans un reflet du soleil déclinant, j’ai vu quelque chose briller au bout des poignets de l’attaquant.
Un Valkyn.

Un Valkyn.
Le construct s’est fait briser en deux et 10 centimètres d’acier se plongeaient dans mes côtes avant que je ne puisse enfin comprendre ce qui se passait. La douleur me coupe le souffle et je tombe en arrière, un filet de sang suintant de mon armure, ma vue se brouillant. J’attrape une de mes dagues torsadées en tombant mais je sais que le geste est vain, la créature a l’avantage. Je suis à terre et elle se redresse de sa position recroquevillée. Elle lèche ses griffes fixées à ses poignets et hurle une nouvelle fois. J’essaye de me relever en reculant et je la vois bander ses muscles pour bondir de nouveau.


Quelque chose l’en empêche, des ronces noires et violacées viennent de s’entourer autour de ses mollets. Derrière la silhouette trapue de la bête je distingue une flamme. Elle semble provenir du bâton du mage.

L’hurlement m’a fait reprendre mes esprits, j’ai incanté, mon focus s’embrassant et je faisais sortir de terre des ronces pour l’immobiliser. Le sauvage hurle une nouvelle fois de dépit avant de se retourner vers moi, un étrange sourire malsain aux lèvres, ses crocs saillants, un regard mauvais. D’un déhanchement brusque et dans un cri, il s’arrache à la prise des liens qui le maintenait et se jette sur moi.

Il a réussi à s’échapper des ronces et se rue maintenant sur le mage. J’ai mal. Je tousse et crache du sang. Je lache la dague que je tenais et essaye de me relever en m’aidant de l’arbre. Suant, je vois le sauvage tomber sur le mage qui de nouveau incantait. Un étrange nuage verdâtre se dessine autour de lui. Mais c’est surement trop tard.

Vite. Plus vite. Il faut que j’y arrive. Je sens cette onde familière due à la magie descendre le long de mon dos. J’ai bientôt fini les sigles. Oui, j’y suis presque. Je vois le nuage se former.
Il est sur moi.

Il est sur lui.
Le Valkyn a bondit sur lui ses deux griffes en l’air, prêtes à s’abattre sur la frêle silhouette du mage. Pendant un instant je reste interdis, je ne comprends pas. Il m’a semblé voir l’image du mage se distordre comme pliée sous les coups du sauvage qui venait d’abattre ses lames sur lui. J’ai pourtant vu les lames déchirer la robe du mage mais pourtant non. Elle est toujours intacte, lui aussi, comme l’illusion disparaît dans une teinte grise et que le bouclier du mage s’efface. Un léger sourire s’affiche sur le visage de l’Avalonien comme il constate que son bouclier a fonctionné, et que le nuage qu’il vient de créer éclate et emplit l’air environnant.


Ca y est. Le sort est lancé. Une fois de plus je remercie cette seconde peau d’avoir absorbé le premier assaut. Néanmoins, je ne sais pas si cela suffira. Certes le poison est laché, et les vapeurs malfaisantes se dirigent déjà, guidées par la magie, vers le visage du sauvage, mais j’ai un doute. La bête recule un instant, en plissant les yeux sous l’effet de la morsure des toxines. Elle s’affaisse un instant à genoux mais se redresse, plus de sourire, mais un regard encore plus cruel et hargneux.
Ca ne va pas du tout aller.

Ca ne va pas du tout aller.
Non pas que la mienne vaille grand-chose à présent, mais je ne donnais pas cher de la peau du mage. Le Valkyn se redresse en titubant légèrement et frappe de toute sa haine en criant. Il ne touche que maladroitement l’épaule, peut être est ce du au poison, mais un peu plus au centre et c’était le cœur. La blessure semble profonde aussi sur l’avalonien, il s’effondre à son tour en laissant échapper un cri de douleur comme un second coup lui griffait le torse.


Je suis au sol. L’épaule ouverte, du sang sur le torse. Il me regarde, l’air satisfait et retire sa griffe de la plaie en prenant soin de la faire tourner lentement avant. J’ai mal et commence à transpirer. Il sait que je ne peux plus rien faire. Il se penche vers moi, babines retroussées et filet de salive qui glisse entre ses crocs. Il lève les poings pour les abattre sur moi. Je ne peux que regarder, me tenant l’épaule, cet acier descendre sur moi pour m’achever.

Un bruit sec et rapide dans l’air. Il a stoppé son mouvement et un gargouillis s’échappe de sa gorge. Un filet de sang s’écoule de sa bouche… et de la plaie de son cou, là où la pointe de la flèche venait de le transpercer.

J’ai tiré. Je suis haletant et à bout de force, le mouvement n’a sûrement fait qu’agrandir ma plaie. Je lâche mon arc et m’effondre sur l’herbe comme le Valkyn, désormais mort. J’ai presque un rire dans un hoquet devant le comique de la situation : j’ai sauvé un Avalonien, un ennemi, et maintenant…
Je meurs.


Je vis...
L’archer. Je me redresse tout en maintenant mon épaule plus ou moins à sa place. Je regarde le cadavre du sauvage, inerte, yeux révulsés, le poison continuant à agir dans son organisme. J’évaluais ma condition, ma blessure à la poitrine n’était pas inquiétante, les runes de la robe, maintenant détruites, m’ont suffisamment protégé.
Je vivrais.

Quelques mètres plus loin, sous l’arbre, une autre silhouette est allongée. Je m’approche de lui. La respiration rauque et saccadée il se tient le côté d’où s’écoule du sang. La tâche vermeil s’agrandissait sous lui.
Il mourrait.

Je tourne la tête, et le vois. Il me regarde. Je lui souris, je ne sais même pas pourquoi. Son regard est triste, je ne sais pas pourquoi non plus. Il cesse de se tenir l’épaule, il s’agenouille à côté de moi. Je ne peux pas bouger, j’ai trop mal. Il commence à tracer des sigles dans l’air, en marmonnant d’une voix triste quelque sombre incantation. Je ferme les yeux, j’attends, je ne lui en veux pas.

J’incante. La magie arrive. Je vais lancer le sort. Ce funeste sort que j’ai appris trop tard, bien trop tard. Je pose mes mains gantées sur sa poitrine. Je relâche la magie.

J’ai une profonde inspiration et tousse fort quand le mage me touche, comme si je m’étouffais. Mais je ne tousse plus du sang, et en fait, je ne m’étouffe pas. Je ne sens plus rien sur mon côté gauche, je n’ais presque plus mal. J’ouvre les yeux. Il est concentré sur ses mains posées sur ma poitrine. Je les regarde, et je vois ces gants, ces gants rouges, ces gants rouge sang. Je ne comprends pas au début, pourtant… pourtant je sens que ma blessure ne saigne plus. Son visage a sensiblement pâlit et a prit une teinte blême, froide. Une larme coule doucement le long d’une de ses joues. Une larme de tristesse, pas de douleur.

Je l’ai fait. Je suis affaibli mais je l’ai fait. J’ai sauvé une vie, enfin. Je sens qu’une larme coule sur mon visage. Pas de la sueur non, et je sais pourquoi cette larme est là, alors je la laisse mourir sur ma joue. Il faut que je me repose. Je n’ai pas perdu beaucoup de sang, mais j’ai donné beaucoup. Un dernier sort, juste un, et il m’aidera à rentrer. Je me tourne vers l’endroit où Brome est tombé. Je le redresse par magie en me servant des mes dernières forces. Je peux rentrer maintenant.

Il s’en va. Il a redressé le simulacre. Je devrais pouvoir rentrer aussi, doucement. Je m’appuie contre l’arbre. Je le regarde partir.

Je pars en regardant une dernière fois la dépouille du sauvage, la flèche elfique toujours plantée en travers de sa gorge. Je me tourne vers le sud et rentre vers la citadelle.

Merci.
Merci.


(Edit : quelques petites fautes de frappes et autres répétitions inutiles...)
 

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