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Une sombre nuit dans le royaume d'Hibernia. Il pleut. Un groupe de gens se bat non loin de moi, contre une étrange créature à l'air féroce. Cette dernière plante des crocs aiguisés à la jambe de l'un, qui s'écroule au sol dans un cri de douleur, vite rejoint par un deuxième, la tête lacérée de griffures à peine discernables sous une quantité affluente de sang. Le troisième et dernier larron, se sentant pris de panique sans doute, envoie un juron à la bête et fuit en courant, hurlant qu'il reviendra se venger plus tard. Mais la bête le rattrape, le fait trébucher et lui plante de longues dents dans la gorge. La bête ne m'a pas vu. Elle est occupée avec un bras de sa dernière victime, qui suffoque lentement étouffée, et ne peut même plus crier pour son membre qu'il est en train de se faire dévorer. Puis le silence s'installe. Les trois combattants ont succombé, et la bête sauvage s'en retourne vers la forêt, repue.

Ce monde m'est encore inconnu, mais je m'y sens déjà à l'aise. Je viens de contrées lointaines desquelles j'ai décidé de fuir, une détestable ère de paix s'y étant instaurée, et je promet que cela ne se produira jamais ici. J'aime trop le goût du sang pour accepter un jour d'en être privé. L'hypocrisie sera mon alliée, afin de trouver des forces pour accomplir mon dessein. Les gens semblent stupides ici. La nature... Ils n'ont que ce mot à la bouche. Leurs ennemis des deux autres royaumes me semblent plus malins finalement. Ils apprécient la guerre pour le sang, le combat, la mort, le désespoir qu'ils répandent. Ici, on ne parle que de défendre le territoire. Des hommes aussi... purs... sont toujours très malléables et je pense qu'ils feront de parfaits alliés. Quant aux autres, je les admire, c'est vrai, mais leurs boyaux sur le sol n'en seront que plus agréables à mes yeux. Il est tellement meilleur de voir mourir un homme fier et intelligent dans la honte et le déshonneur, qu'un autre homme qui est déjà pitoyable de nature.

Dès demain, je partirai à la recherche d'alliés... Que dis-je... d'hommes de main plutôt... Et je les manipulerai tous. je mentirai pour aboutir mes fins. Je tuerai celui qui s'écartera de ma volonté. Haine, violence, torture, seront monnaie courante, et aussi longtemps que je vivrai sur ces terres, ces mots ne pourront être oubliés. Cela est valable pour tous. Ils souffriront, et je m'en réjouis d'avance.

Tiens... Quel est cet homme qui me regarde fixement? A-t-il tant hâte de mourir qu'il m'appelle déjà vers lui? Voyons voir ce qu'il veut. Ahhhh... Un maître Eldricht. Ceci est intéressant. "Oui mon ami, j'accepte avec joie que vous m'enseigniez votre savoir !" Ramenant d'un geste ample ma cape rouge sang sur mes sombres vêtements, et rabaissant mon chapeau afin qu'on ne puisse apercevoir mon regard, je m'éloignais, pensant… Prendre sa place le jour de sa mort... Qu'il se méfie que ce jour n'arrive pas plus tôt que prévu... Bah... Ecoutons le tant qu'il a à m'apprendre. Nous verrons ensuite.

Ma nuit fut bercée des plus beaux cauchemars qu'il m'ait été jamais donné d'avoir: enfants égorgés, familles décimées... C'était là mon ancienne vie sur mes anciennes terres... Je dormis du plus profond sommeil, jusqu'à ce qu’une vision d'horreur me réveille: l'armée de celui qui m'avait enlevé ce que j'avais de plus cher, arrivant en héros, et sauvant une à une mes misérables victimes... Devant ce détestable spectacle, je me réveillais d'un seul coup, harassé par une nuit qui aurait pu être bénéfique.

Un jour où j’étais dans un lieu fréquenté non seulement par les Hiberniens mais aussi par les populaces des deux autres royaumes, j’étudiais les diverses techniques qui me permettraient ultérieurement de raser la vermine ennemie. C’est alors que, mues sans doute par une soif de mort et de souffrance au moins aussi grande que la mienne, une troupe ennemie m’est tombée dessus. Refusant de céder, et désirant par dessus tout ne pas mourir dans mon unique sang, je luttais comme je pouvais, mais fut bientôt complètement débordé. C’est alors qu’approchant de loin, un ranger m’apporta son aide et transperça quelques corps de ses flèches. Puis, il s’approcha, et acheva les derniers assaillants à l’épée, ne prenant aucune précaution pour que ceci soit fait dans les règles de la propreté. Cet homme, Rockysifredo, m’avait sauvé la vie, et, en toute logique, je lui étais redevable. Bien au contraire, je me dis que cette position me serait fort utile afin de me rapprocher de sa personne et de l’utiliser comme je l’entendais.

Les jours qui suivirent, ne voulant plus être pris au dépourvu, je partais en quête de puissance, et d'éventuels autres crétins prêts à donner leur vie pour moi. Je tombais sur certains dont la niaiserie n'avait d'égal que leur profond désir de protéger honneur et patrie. Puis se présenta à moi une dame, nommée Herykiane. Elle me proposait de m'instruire, tout comme mon vieux maître Eldricht. Ne refusant jamais le savoir, j'acceptais la proposition, et, jours après jours, je jouais le faux ami avec cette dame, mais aussi avec tous mes autres compagnons de fortune.

Ma puissance s'accroissait, mais je me rendais également compte d'un changement en moi... Je craignais dès lors ce changement et ne pouvais pourtant rien y faire: à jouer les faux amis avec dame Herykiane, Rockysifredo, ou d'autres encore, je parvenais de moins en moins facilement à faire la part des choses entre hypocrisie et... réel lien. J'avais le sentiment d'amitié en horreur, et pourtant, je crois qu'il s'emparait de moi... Si j'avais pu, j'aurais fui à nouveau afin d'être sûr que ne disparaisse pas ce que j'avais été. Mais la fuite était maintenant chose impossible: j'avais besoin de pouvoir, j'avais besoin de compagnons pour voir le sang couler. J'étais contraint à prendre le risque de m'attacher à des gens.

Lorsque j'étais avec eux, je parlais désormais presque naturellement, me haïssant intérieurement, et aussitôt laissé seul, je criais ma haine envers ce changement de ma personnalité. Une seule chose m'apaisait pourtant: je m'imaginais qu'avec de tels alliés de mon côté, du sang et des larmes, j'en verrai couler chez nos ennemis, et j'exultais de joie rien qu'en y pensant. Un nouveau combat avait fait son apparition, au bout duquel aucune souffrance physique ne devait avoir lieu. Et ce combat intérieur serait le plus dur de ma vie.
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