Même le juste n’est pas à l’abri du pécher; Même l’amour à ses failles… parce que l’homme lui impose ses propres faiblesses. Il était parfait, il n’était que pour elle; Son beau guerrier, son homme. Et que n’aurait-il pas fait pour elle; Il lui aurait donné la lune et les étoiles en parure, lui aurait construit un palais luxueux d’attentions, d’amour et de rêves finement tissés. Mais il pouvait aussi éteindre la lumière du soleil de son ombre cruelle, la suivant tel un spectre, sournoise. Quel visage horrible a t-il bien put lui montrer pour la briser ainsi, quel masque s’est fendu parmi les vapeurs de ce poison au nom pourtant si délicieux qu’est l’alcool.
On vint le chercher, ivre comme il était. Oh Moera, si elle savait comme les mots sont tranchants; Lui le savait pourtant, mais il laissa les mots poignarder son cœur, une juste punition à sa bêtise. Et à mesure que les mots blessaient, Gaunvan guérissait de ses paroles, remettant l’esprit du mercenaire en route, le forçant à réfléchir. Puis ils la cherchèrent de par Albion. Il laissa la fierté loin derrière, quémandant à genoux s’il le fallait; Un homme désespéré est prêt à tout. Ce ne fut pas nécessaire; Daïshizen veillerait-il sur lui? L’arrivé de Marhalt fut d’un grand secours, un guide. Et ils la trouvèrent…
Au cœur de la Forêt sauvage, près de la rivière où il l’avait déjà mené. Marhalt le laissa seul, seul à s’avancer, d’une lenteur mortelle, vers celle qu’il ne méritait plus. Entre échanges de regards et larmes versées, il lui tendit sa dague et lui offrit son dos dénudé… mais orné de cette croix blanche; Son enfer, ses ombres les plus noires.
Délivre-moi de mon esclavage…
Et elle accepta la requête d’un homme à bout, fatigué des combats contre lui-même. L’intervention fut douloureuse, il en garderait la cicatrice encore longtemps. Dans un pot de grès fut déposé ce bout de chair, si simple pourtant, mais chargé d’un symbole au passé tragique. Il n’y resta pas longtemps, se voyant jeté au feu pour disparaître en un tas de cendres maintenant ensevelit sous un amas de terre.
Aivnar Hikage est mort; Ce nom n’est qu’ombres, un emprunt au goût amer. Cet homme, je l’ai bien connu. S’il devait revenir, je le tuerais de mes propres mains, autant de fois qu’il le faudra. Assez longtemps ai-je renié le nom de ma famille, de peur de leur apporter la honte, de leur transmettre mes ombres. Combien d’années me suis-je ainsi renié?
Celui que qu’elle aime, c’est l’homme qu’elle a sut voir derrière les chaînes.
Aivnar Saikin est de retour.
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Assit sur le lit, Aivnar regarde par les battants ouverts d’une des fenêtres. Il fait plein jour, la journée semble belle. Lui savoure les rayons dorés sur sa peau, la chaleur qu’ils lui procurent. Son dos le fait encore souffrir, mais les soins de Llewan sont efficaces… il guérira de cette blessure... mais elle? Se levant du coin du lit, le mercenaire prend une chemise légère de la commode et l’enfile doucement, évitant les gestes brusques. Puis il ceint ses lames, même si en faire usage en son état serait peu souhaitable, et quitte la chambre ainsi que la demeure des Chasseurs. Debout à l entré de la taverne du Dragon Noir, il lève la tête vers le ciel.
Père, mère, votre fils est revenu à la vie…
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