George Orwell, un "Big Brother" de la guerre froide

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Source Le temps version papier

On en connaissait l'existence, on en a désormais la preuve: quelques mois avant d'être terrassé par la tuberculose, George Orwell a bien transmis au Foreign Office une liste de noms d'acteurs, d'écrivains, de journalistes et d'artistes qu'il soupçonnait être des communistes, actifs ou sympathisants. (...) C'est l'auteur et journaliste Timothy Garton Ash qui vient de mettre la main sur la fameuse liste d'Orwell. (...)
Dans ce document de 38 noms, George Orwell désigne ceux qu'il considère comme des "cryptocommunistes, des sympathisants ou des personnes tentées de l'être, et à qui on ne peut faire confiance pour la propagande anticommuniste". (...) L'écrivain y règle aussi ses comptes avec une intelligentsia de gauche qu'il abhorre (...). Ses qualitatifs sont souvent lapidaires et cruels : "Bon reporter. Stupide" (...) ou "Sympatisante idiote".
(...)
Il venait d'achever "1984", allégorie d'une Grande-Bretagne soumise au totalitarisme communiste. C'est à ce moment que Celia Kirwan, une femme a qui il avait déclaré sa flamme et qui étaient restée son amie après l'avoir éconduit, vient le trouver. Elle travaille désormais au Foreign Office chargé de contrer la propagande communiste, et elle demande l'aide d'Orwell, dont elle sait qu'il tient des listes de noms. Il accepte.
La liste, comme Orwell le confesse lui-même, ne contient "rien d'extraordinaire". Elle est marquée pas les signes paranoïaques de la maladie qui gagne l'écrivain. (...) On n'en sait pas exactement ce qu'en a fait le Foreign Office.
Timothy Garton Ash a également retrouvé un carnet de notes de George Orwell, dans lequel il tient d'autres fiches sur les gens qu'il connaît ou qu'il côtoie. En ressort un antisémitisme prononcé.
La preuve est établie: le héraut de l'indépendance journalistique, le défenseur de la démocratie était un informateur volontaire auprès d'un service de propagande gouvernementale.
Reste une question : si le demande qui lui avait été faite de communiquer des noms était venue d'un agent en imper mastic, et non d'une créature qu'il désirait, George Orwell aurait-il accepté le rôle de "Big Brother"?
Il faut toujours se méfier des femmes. Et surtout de celles qui nous ont éconduit.
Rumeur diffamatoire ressurgissant à intervalle régulier, alors pourtant qu'elle avait été infirmée, y compris dans un ouvrage dédié. En préparation à un débat, Orwel s'était contenté de fournir la liste de ceux qui n'était pas nécessaire, selon lui, d'inviter. Plus d'information dans un article complet d'un des derniers Canard enchaîné (que je n'ai plus pour ma part, si quelqu'un ici pouvait compléter ma réponse).
Citation :
Il venait d'achever "1984", allégorie d'une Grande-Bretagne soumise au totalitarisme communiste.
Je ne me rapelle pas d'une quelconque notion de communisme dans 1984... c'etait un totalitarisme, certe, mais communiste, je doute...
Citation :
Provient du message de Cocyte
Je ne me rapelle pas d'une quelconque notion de communisme dans 1984... c'etait un totalitarisme, certe, mais communiste, je doute...
Un pays divisé entre les membres du partis et les prolétaires.

Bof ... ça fait pas mal communiste quand meme.
Citation :
Provient du message de Cocyte
Je ne me rapelle pas d'une quelconque notion de communisme dans 1984... c'etait un totalitarisme, certe, mais communiste, je doute...
Ne doute pas. 1984 est bel et bien une violente dénonciation du communisme. De même que la Ferme des animaux, où les trois cochons figurent Staline, Lénine et Trotsky.

Orwell fut l'un des rares écrivains de talent à s'élever contre le communisme. Merci de ne pas lui retirer ça.
Citation :
Provient du message de Cocyte
Je ne me rapelle pas d'une quelconque notion de communisme dans 1984... c'etait un totalitarisme, certe, mais communiste, je doute...
Les petites ceintures rouges.

Oui, je sais tout ce qui est rouge n'est pas forcément communiste.
Citation :
Provient du message de Nof Samedisthjofr
Rumeur diffamatoire (...)
Il semblerait que cette fois un journaliste aie trouvé des preuves. Mais, il m'est impossible de vérifier par moi-même, comme toujours.
Citation :
Provient du message de FautVoir
Ne doute pas. 1984 est bel et bien une violente dénonciation du communisme. De même que la Ferme des animaux, où les trois cochons figurent Staline, Lénine et Trotsky.


Quand on sait que ce livre a inspiré Animals de Pink Floyd, qui ressemblerait plutôt à une diatribe contre le capitalisme.. ça laisse rêveur, non?

Saucer
Citation :
Provient du message de Iko
Il semblerait que cette fois un journaliste aie trouvé des preuves. Mais, il m'est impossible de vérifier par moi-même, comme toujours.
Non. C'est toujours le même document qui ressort à intervalle régulier. Rien de neuf. Comme Nof, je vous renvoie à l'article du dernier Canard (ou étais ce Charlie Hebdo ?). Et ce document n'était pas une liste noire pour le MI5, mais une liste de chieurs* à ne pas inviter pour un débat.


*orwell aurait utilisé un terme plus soft, je pense.
Citation :
Provient du message de FautVoir
Ne doute pas. 1984 est bel et bien une violente dénonciation du communisme.
C'est pas flagrant...
Le monde de 1984 etait composé de 3 blocs en guerre perpetuelle, et on apprend au final que cette guerre est arrangée entre les 3 blocs afin d'assurer la mainmise sur la population

Je sent plus une analyse de l'evolution potentielle de la guerre froide, et une denonciation assez generalisée des ideologies totalitaires et bellicistes qu'une critique simplement du communisme.

enfin bon, c'est comme tout, on ne voit que ce que l'on veut bien voir
Citation :
Provient du message de Cocyte
Je ne me rapelle pas d'une quelconque notion de communisme dans 1984... c'etait un totalitarisme, certe, mais communiste, je doute...
Orwell a dressé un tableau cohérent d'un état totalitaire mais emprunte évidemment pleins d'exemples au communisme stalinien:

- le physique et l'omniprésence/potence de big brother
- les méthodes de torture & de lavage de cerveau
- la réecriture de l'histoire et de controle de l'info en permanence
- la structure de l'administration, les idéaux du régime
- la dénonciation des opposants

Tout ça est très approximatif mais première fnac et tu trouveras des milliards de bouquins plus sérieux qui se sont chargés de tous ces rapprochements.

Edit: paf un lien (en anglais)
Citation :
Provient du message de Saucer
Quand on sait que ce livre a inspiré Animals de Pink Floyd, qui ressemblerait plutôt à une diatribe contre le capitalisme.. ça laisse rêveur, non?

Saucer
La principale différence (en mettant de côté le talent) étant qu'Orwell a réellement lutté contre le communisme (et le fascisme), tandis que Waters se vautrait dans le capitalisme comme un goret tout en écrivant les petits textes démagogiques d'Animals qui plaisaient tant aux lycéens rebelles en mal de cause (j'en fus, penché sur mon Harrap's, donc ne comptez pas sur moi pour jeter le premier single ). On récupère ce qu'on peut, comme on peut...
Citation :
Provient du message de Cocyte
C'est pas flagrant...
Le monde de 1984 etait composé de 3 blocs en guerre perpetuelle, et on apprend au final que cette guerre est arrangée entre les 3 blocs afin d'assurer la mainmise sur la population

Je sent plus une analyse de l'evolution potentielle de la guerre froide, et une denonciation assez generalisée des ideologies totalitaires et bellicistes qu'une critique simplement du communisme.

enfin bon, c'est comme tout, on ne voit que ce que l'on veut bien voir
Oui, on y trouve aussi un portrait de la guerre froide. Ca ne change rien au fait qu'Orwell était profondément anti-communiste, que 1984 est principalement inspiré par l'URSS et les méthodes staliniennes et qu'il préfigure même certains aspects du maoisme. cf la bonne récap' de Bezoar qui a posté juste avant moi.
Citation :
Provient du message de Aloïsius
Non. C'est toujours le même document qui ressort à intervalle régulier. Rien de neuf. Comme Nof, je vous renvoie à l'article du dernier Canard (ou étais ce Charlie Hebdo ?). Et ce document n'était pas une liste noire pour le MI5, mais une liste de chieurs* à ne pas inviter pour un débat.
Comme dans mon trou perdu je n'ai pas de distribution officielle du Canard (et de l'autre aussi), j'aimerais quelques compléments d'informations en étalant mon inculture.

Donc, si je comprends bien, il a bel et bien donné une liste de noms au gouvernement. Est-ce que quelqu'un conteste ce point?
Parceque si la réponse est oui, pas la peine d'aller plus loin.

L'article disait que l'on ne savait pas ce qu'en avait fait le Foreign Office et donc il laisse la porte ouverte autant à la liste de simple chieurs qu'à la liste d'hommes à abattre. Rien a été précisé.

Il reste qu'il a quand même dénoncé du monde et fait (même légèrement) le jeu d'un état (même légèrement) semblable (inquisiteur, pas communiste) à celui de son livre, d'où le titre. Pour moi, le geste de dénonciation est quand même important, non?

Quant à l'importance de ce qu'en a fait le FO, ça me rappelle un roman de PK Dick où la police envoyait de jeunes chez les gens pour qu'ils fassent une lettre de bonnes moeurs de leurs voisins. Comme ils disaient, ils en apprenaient souvent beaucoup plus que s'ils avaient simplement demandé plus ou moins poliment.

Donc, sait-on réellement ce qu'a fait le FO de cette liste?
J'ai trouvé ce texte de 98 du même Timothy Garton Ash cité par l'article comme ayant "mis la main" sur le fameux carnet :
Citation :
A word is due about the already notorious list of crypto-Communists and fellow travelers, which he is popularly thought to have handed over to the British secret service. ("Socialist Icon Who Became an Informer," trumpeted the Daily Telegraph when "breaking" the story in 1998.) The facts are these. Orwell kept a pale blue notebook in which he noted names and details of suspected communist agents or sympathizers. The content of this notebook is disquieting, with its sharp judgments—"almost certainly agent of some kind," "decayed liberal," "appeaser only"—and especially its national/racial annotations: "Jewish?" (Charlie Chaplin) or "English Jew" (Tom Driberg) as well as "Polish," "Jugo-Slav," "Anglo-American," and so on. There is something unsettling—a touch of the old imperial policeman—about a writer who could have lunch with a friend like the poet Stephen Spender and then go home to note "Sentimental sympathizer and very unreliable. Easily influenced. Tendency to homosexuality."

However, two very important things need to be said in explanation. First, there was a Cold War on. There were Soviet agents and sympathizers about, and they were influential. The most telling example is the man Orwell had down as "almost certainly agent of some kind." His name was Peter Smollett. During World War II he was the head of the Russian section in the Ministry of Information, and it was on his advice that T. S. Eliot, no less, rejected Animal Farm for Jonathan Cape. We now know that Smollett was indeed a Soviet spy.

Second, Orwell did not give this notebook to the British secret service. He gave a list of 35 names drawn from it to the Information Research Department, a semisecret branch of the Foreign Office that specialized in getting writers on the democratic left to counter the then highly organized Soviet communist propaganda offensive. Absurdly, the British government has not declassified this list or any letter that accompanied it. So we still don’t know exactly what Orwell did. But from the available evidence it is quite clear that Orwell was not putting some British thought police onto these people’s tails. All he was doing, in effect, was to say: "Don’t use these people for anticommunist propaganda because they are probably communists or communist sympathizers!"

A dying man, but still in complete command of his faculties, Orwell judged this to be a morally defensible act for a writer in a period of intense political struggle, just as he had earlier judged that it was proper for a politically engaged writer to take up arms against Franco. I think he was right. You may think he was wrong. Either way, he exemplifies for us—he is that exemplar—of the dilemmas of the political writer.
Ce que je ne comprends pas bien, c'est que le contenu du carnet était déjà connu en 1998, et que T.G. Ash le commentait déjà abondamment, sans d'ailleurs charger Orwell. L'article du Temps n'apporte absolument rien de neuf par rapport à celui que j'ai quoté. Qu'est-ce qui a fait rebondir le truc ces derniers jours ?
Citation :
Provient du message de FautVoir
De même que la Ferme des animaux, où les trois cochons figurent Staline, Lénine et Trotsky.
Il y a même eu un dessin animé. Quoi, chacun ses références (bon je l'ai quand même lu hein...).
Citation :
Provient du message de Iko
Donc, si je comprends bien, il a bel et bien donné une liste de noms au gouvernementt. Est-ce que quelqu'un conteste ce point?
Parceque si la réponse est oui, pas la peine d'aller plus loin.
Oui. Je n'ai plus le canard sous la main, et donc dans l'impossibilité de donner des détails, mais de mémoire, l'organisateur d'un débat l'a contacté pour lui demander qui il était pertinent, selon lui, d'inviter. Orwell a répondu en donnant la liste de ceux qu'il ne considérait pas comme pertinent d'inviter. Si Mind me demandait la liste des personnes à inviter pour un débat sur le PvP dans SWG, que je lui fournissais la liste des joueurs de DAoC comme étant à ne pas inviter car non concernés, et que Mind vendait en douce cette liste au gouvernemen français, ce ne serait pas la même chose que d'aller dénoncer moi même ces joueurs dans le but de leur nuire.
Citation :
Provient du message de Nof Samedisthjofr
(...)
Ok, ok

Et le carnet dans lequel il tenait des fiches sur les gens qu'il côtoyait, de l'intox aussi?
Libé du 26/6 venant, pour fêter le centenaire du décédé, de ressortir lui aussi le faux scoop périmé (l'histoire avait déjà été "révélée" par le Guardian en 1996), le Canard republie un article à ce sujet, ce qui va me permettre de compléter mes propos: l'affaire est démentie dans "George Orwell devant ses calomniateurs", chez Ivrea/l'Encyclopédie des nuisances.
En 1949, Orwell est malade (il meurt de la tuberculose l'année suivant), et il reçoit au sanatorium la visite de Cecilia Kirwan, qu'il avait effectivement demandé, un an au par avant, en mariage). Elle lui parle alors de la lutte qu'elle mène, au Foreign Office, contre la propagande stalinienne, et lui demande de l'aide. Orwell, effectivement anti-stalinien depuis son expérience en Espagne dans les Brigades internationales, et la vue des bolchevique à lœuvre, lui donne alors une première liste, celle des personnes dignes de confiance qui pourront l'aider, puis une seconde, de 38 noms, de sympathisants communistes avoués, qu'il est inutile de contacter. Il n'y a là aucune volonté de dénonciation (il n'y alors aucune chasse aux sorcières en Angleterre, et ces personnes ne cachaient pas leurs idées politiques), simplement d'éviter à une amie de perdre son temps à prendre contact avec des personnes qui, de toute façon, n'auraient pas voulu travailler avec elle. La seule conséquence fut d'ailleurs leur non-invitation à la campagne antistalinnienne, chose reconnue par l'auteur de l'article du Guardian, Garton Ash.

Aucune mention, nulle part, du prétendu "carnet". D'ailleurs, la source de l'information sur la "liste" ne vient pas des documents d'Orwell, mais de ceux de Cécilia Kirwan, retrouvés par sa fille.

Quelqu'un se rappellerait il du nom qu'Orwell avait donné à la réécriture permanente de l'histoire dans le but de dés-informer les foules?
Le genre de "révélations" dont je me méfie énormément, à moins que ça ne soit tiré des archives officielles.

Pour complêter, ce petit commentaire trouvé sur le oueb et dont je me sens très proche.

EDIT: grillé par Nof

Bah alors cet extrait d'un article du Monde, qui retrace un peu la vie militante d'Orwell:

Citation :
George Orwell, auteur de Homage to Catalonia (Hommage à la Catalogne), 1938, a inspiré au cours du temps un indiscutable respect. Une fois le fascisme, le communisme et l'anarchisme libertaire disparus d'Europe, son livre acquiert une portée symbolique. Il fut l'ultime cri désespéré pour la survie de la liberté. C'est ainsi que les Britanniques, en particulier, le considèrent aujourd'hui. La preuve en est le succès obtenu par Ken Loach avec son film Land and Freedom, adaptation du livre d'Orwell.

A son arrivée en Espagne comme volontaire, George Orwell s'enrôle, un peu par hasard, dans les milices du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste). Et là ses idéaux deviennent réalité. Très vite, il se convainc que le Parti communiste est la principale organisation contre-révolutionnaire. Il affirmera : " Le gouvernement républicain craignait plus la révolution que les fascistes. " A Barcelone, communistes et anarchistes s'entretuaient, et George Orwell en arriva à la pessimiste conclusion que l'unité de la gauche était impossible " à cause de la nature même de la gauche ". Malgré ses désillusions, Orwell considéra que la guerre d'Espagne avait un objectif central, aussi sacré qu'inaliénable : la liberté.
Source

Ca correspond aussi à ce dont je me souviens des rares cours de français qui m'avaient intéressés.

Ciao,
LoneCat
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