Provient du message de Le Saint
Justement c'est là que ton raisonnement est totalement biaisé et me hérisse le poil.
Ta notion de bien collectif, en partant du principe qu'un bien somptuaire comme la musique ou un jeu vidéo pourrait l'être, ce n'est en aucun cas au consommateur d'en décider mais bien à celui qui le crée.
Je ne comprends pas vraiment ta façon de penser. De plus, la législation en matière de production intellectuelle va à l'inverse.
Si tu as une idée, elle appartient à l'humanité, mais on met en place un système pour te rémunérer. Au bout d'un certain temps, toutes les oeuvres artistiques tombent dans le domaine public...
Donc non, ce n'est pas à celui qui crée de décider.
Et pour ma part je n'ai vu encore aucun artiste dire que son bien était un bien collectif et qu'il l'offrait à tous, justement les gars là ils essaient de tout stopper, si tu n'avais pas remarqué.
Je trouve vraiment "admirable" comme tu t'appropries le travail des autres mais en plus comme tu veux régenter leur manière de penser et de travailler.
Ce n'est pas vrai de tous les artistes. Là où Metallica dépense des fortunes en procès contre de petits geeks, Rage Against The Machine a félicité tous ceux qui téléchargeaient massivement leurs chansons, allant jusqu'à leur offrir des cadeaux. Pourquoi ? parce que pour eux ce qui compte, c'est que leur musique soit entendue. Je connais des tas d'artistes qui considèrent le P2P comme une merveilleuse invention, qui leur permet de diffuser leur musique sans nourrir les maisons de disques.
Je ne m'approprie pas le travail des autres, j'en profite, sans léser qui que ce soit. Je n'ai jamais prétendu être l'auteur de quoi que ce soit que j'ai téléchargé.
Ce serait comme de dire que je m'approprie le travail de Leibniz parce que j'utilise le calcul différentiel, ou bien que je m'approprie le travail de Gutenberg parce que je me sers d'une imprimante. J'utilise leurs idées.
Je ne veux régenter personne. Si un artiste ne veut pas qu'on duplique sa chanson alors qu'il ne la joue pas. Si elle passe à la radio, je peux l'enregistrer, si elle passe à la télé idem. Pire : si je l'entends, je peux la reproduire d'oreille (bon, moi non.)
Une chanson est immatérielle, c'est de l'information, vouloir appliquer les règles économiques et commerciales qui valent pour les objets physiques est vain.
Serais tu Dieu ?
Hélas, non.
Que le net soit un nouveau mode de commercialisation, je suis bien d'accord mais c'est tout, le reste n'est qu'utopie et démagogie.
Tu es en train de passer à côté d'une vraie révolution, des mentalités, et du monde. Mais bon...
Et pour tes analogies avec des biens de première nécessite comme le logement, le blé, je trouve vraiment très désagréable ton discours démagogue qui risque de convaincre les plus crédules et en tout cas donner bonne conscience à de simples profiteurs.
La notion de bien de première nécessité et de leur libre accès n'a strictement rien à voir les biens somptuaires de loisirs tel que la musique ou les jeux vidéos.
Faux. D'abord parce que considérer la culture comme un bien "somptuaire" a de désagréables relents (culture, révolver, tout ça...). Pour ma part, je considère l'accès à la culture comme tout à fait essentiel, nécessaire à la formation d'un esprit critique, éveillé.
Ensuite, tu éludes à nouveau complètement la dimension :
- Du gain individuel incommensurable.
- Du fait que les musiciens peuvent toujours faire des concerts.
- Du fait que la proportion d'artistes dont les profits sont menacés par le système ne représente qu'une petite partie du paysage musical.
Récemment, un libraire a eu des soucis parce qu'il proposait gratuitement sur son site des vieux livres introuvables mais pas encore passés dans le domaine public.
L'éditeur lui a fait un procès, alors que les livres n'étaient plus édités, ni trouvables ailleurs que dans les bouquineries.
Avant que le site ne doive fermer (en fait, je ne me rappelle plus si l'affaire avait été réglée), notre libraire avait permis à des auteurs sombrés dans l'oubli d'être redécouverts par des internautes.
Qui est lésé par sa démarche ? il offre au contraire une nouvelle notoriété à certains auteurs.
Je ne veux pas rentrer dans le débat art/pas art, mais il parait évident que nombre de maisons de disques ne choisissent pas leurs auteurs pour leur talent, mais pour leur capacité à vendre des disques. Et que quand sous la pression médiatique, un teen dépense 40 balles pour acheter un single, il n'ira pas fouiner du côté du rock précambrien (Queen, j'ai vu passer ça sur un autre post, sigh...). Tout simplement parce que ça coûte trop cher.
Dans ma vie de musicophile, j'avais jusqu'à l'année dernière amassé une quantité de frustration assez phénoménale : ça, ça a l'air bien, ça j'adore, ça je voudrais découvrir leurs premiers disques, mais c'était impossible car ça coûtait trop cher.
Mes seules réponses étaient les médiathèques (à propos desquels j'aimerais bien connaître ton avis.), puis le net est arrivé, et le rêve est devenu réalité. La musique était là, je n'avais qu'à me pencher pour l'écouter. Qui ais-je lésé ? personne. Je dépense toujours autant d'argent, mais en concert. En fait, en valeur absolue, je donne probablement beaucoup plus d'argent aux artistes maintenant qu'avant.