[Chaos] Le voyage de Saint Wakan

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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire30.gifa baleine revisitée


Ils se remirent en route et poursuivirent leur voyage jusqu'au Jeudi Saint. Le Saint Wakan revint à la même île qu'il avait visitée l'année précédente.
Voilà qu'ils retrouvèrent leur hôte, le vieillard aux cheveux blancs, qui venait de leur dresser un pavillon au port. Il invita ceux qui étaient fatigués à prendre un bain, et leur fit préparer des vêtements de rechange.
Ils commémorèrent la Cène et le lavement des pieds selon les préceptes de l'Écriture Sainte, et ils restent sur l'île jusqu'au troisième jour. Le samedi, ils repartent en bateau et arrivent sur la baleine.

« Accostons », leur dit Saint Wakan, et les moines ADB de retrouver leur marmite qu'ils avaient perdue l'année précédente. La baleine l'avait gardée sur son dos, et ils la récupérèrent. Cette fois-ci, ils s'aventurent sur son dos avec plus d'assurance, et y célèbrent une fête splendide.
Elle dura toute la nuit, jusqu'au lendemain matin. Ils célèbrent le jour de Pâques, mais n'oublient pas l'heure qui avait fixée pour leur départ : ils ne s'attardent pas au-delà de midi, et rechargent leur bateau.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire31.gife retour chez les oiseaux



Le saint repartit aussitôt et fit voile en direction de l'Île aux Oiseaux où ils avaient abordé auparavant. Ils ne manquèrent pas de reconnaître l'arbre blanc et les oiseaux perchés sur les branches.
De loin dur la mer ils entendirent l'accueil que les oiseaux leur faisaient : ils ne cessèrent de chanter jusqu'à l'arrivée des pèlerins sur terre.
Ceux-ci remontent leur bateau le long du cours d'eau où ils avaient trouvé un port lors de leur première visite.
Voici leur hôte qui dresse un pavillon : il leur avait amené un plein bateau de provisions. Il leur dit : «Vous resterez ici quelques temps. Moi, avec votre permission, je repars.
Vous demeurerez ici sans rencontrer de difficulté jusqu'à l'octave de la Pentecôte.
N'ayez pas peur; je ne tarderai pas à revenir. Je viendrai vous aider quand il le faudra. » Ayant amarré leur bateau avec des chaînes, les frères ADB passent huit semaines sur l'île.
Quand l'heure du départ arrive, l'un des oiseaux se mettre à descendre vers eux.
Il décrivit un large cercle avant de venir se poser sur la vergue. Voyant qu'il désire parler, Wakan commande à chacun de se taire : « Seigneurs », dit l'oiseau, « vous reviendrez sur cette île tous les sept ans, et chaque année à Noël vous irez séjourner sur l'île d'Ailbe.
Vous célébrerez la communion de Pâques et le lavement des pieds là où votre hôte l'a prescrit.
Et chaque année vous célébrerez la fête de Pâques sur la baleine. » Ayant ainsi parlé, il rejoignit le sommet de l'arbre d'où il était descendu. Le bateau gagne le large et danse sur l'eau au-dessus des profondeurs. Tous guettent l'arrivée de l'hôte.
Il ne tarde pas à se présenter, son bateau chargé de provisions, et il fait transborder sur le vaisseau des frères une quantité de ravitaillement précieux.
Puis il invoque le Fils de la Vierge en le priant de protéger l'équipage des moines. Ils fixent un terme pour le retour. Le départ leur fait venir les larmes aux yeux.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire32.gifn monstre marin à l'attaque


Ils font force voiles, poussés par un vent propice qui les emmène vers l'ouest.
Puis la mer se calme et finit par se figer complètement, et ils n'avancent qu'avec difficulté.
Ils naviguent ainsi pendant six semaines lorsque, tout à coup, leur sang se glace dans leurs veines, et une terrible peur s'empare d'eux : leur bateau tangue dangereusement dans une tempête, et peu s'en faut qu'il ne chavire et ne se renverse sur eux. Puis il leur arrive un autre incident qui les effraie plus que tous les autres périls qu'ils ont eu à subir : les poursuivant plus rapidement que le vent, un monstre marin fonce sur eux.
Sa gueule, qui vomit du feu, s'embrase comme du bois à brûler jeté dans une fournaise; les flammes sont énormes, chauffent très fort et les frères craignent pour leur vie. Le corps du monstre est gigantesque, et il brait plus fort que quinze taureaux.
Même si la bête n'avait été redoutable que par ses dents, rien qu'à les voir, quinze cents hommes auraient pris la fuite.
Les vagues que le monstre soulevait suffisaient à elles seules pour déclencher une immense tempête. Comme celui-ci approchait des pèlerins, Wakan, en véritable homme de Dieu, déclara : « Seigneurs, ne craignez rien ! La vengeance divine vous fera justice.
Gardez-vous de vous affoler de façon insensée, d'abandonner ainsi Dieu et le bonheur qu'il vous réserve. Celui que Dieu prend sous sa protection ne doit redouter aucune créature vivante. »
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire33.gifombat et défaite du monstre


Ayant ainsi parlé, il se mit à prier Dieu, et instantanément ses prières furent exaucées : les moines ADB voient arriver un deuxième monstre qui va bel et bien affronter le premier. Celui-ci se dirigeait droit sur le bateau, lorsque le deuxième annonça son arrivée avec un beuglement de rage.
Le premier reconnut qu'il allait devoir l'attaquer, et se détourna du bateau pour reculer.

Les deux bêtes sont aux prises l'une avec l'autre : elles dressent leurs têtes haut dans les airs; des flammes jaillissent des naseaux et s'envolent jusqu'aux nuages.
Avec leurs nageoires, qu'elles brandissent comme des boucliers, et avec leurs pattes, elles assènent des coups l'une sur l'autre. Elles se mordent et se déchirent de leurs dents tranchantes et aiguisées comme des épieux.
Le sang gicle des morsures féroces qu'infligent les dents dans leurs énormes corps. Les plaies sont très profondes, et les vagues ensanglantées. La bataille fut furieuse, et la mer toute démontée par l'agitation qu'elles créaient.
Puis le deuxième monstre l'emporta en mettant à mort le premier. De ses dents il se mit à le lacérer, et finit par le déchirer en trois morceaux. Ainsi vengé, il regagna son repaire.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire34.gifavitaillement opportun


Quand on voit Dieu si prompt à fournir nourriture et vêtement, à porter secours à ceux qui sont en grand danger, et à les arracher aux griffes de la mort, on ne doit jamais désespérer, mais plutôt raffermir sa foi.
Saint Wakan dit à ses compagnons : « Laissons tomber tout le reste : un tel seigneur mérite bien qu'on le serve. » Ce à quoi les moines ADB répondent spontanément : « Nous avons la certitude qu'il nous aime. »
Le lendemain ils aperçoivent la terre et se croient arrivés à bon port. Ils s'empressent d'accoster et de débarquer afin de se reposer de la fatigue du voyage.
Ils dressent leur tente dans les prés et tirent leur bateau au sec. Au moment où ils touchèrent terre, les coups de vent s'intensifièrent;
Wakan comprit, l'air étant déjà humide, que le temps allait se gâter sérieusement. Un vent contraire s'était levé, et les provisions touchaient à leur fin. Mais ce n'est pas assez pour consterner les moines, quel que soit le danger qu'il courent.

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Grâce aux exhortations de leur Saint Wakan et aux bienfaits qu'ils reçoivent partout de Dieu, il leur est tout à fait impossible de manquer de foi, quoi qu'il leur arrive au cours du voyage. Peu après, juste au bon moment, leur apparaît un des trois morceaux du monstre démembré.
Les vagues le poussent si bien qu'il est rejeté près d'eux sur le rivage. L'orage le conduit jusqu'à la terre afin qu'il soulage la faim des pèlerins. « Voyez, seigneurs », dit Wakan, « celui qui vous a attaqués naguère nous porte maintenant secours par la grâce de Dieu. Vous aurez à manger pour longtemps. N'ayez pas peur; il nous servira de nourriture, tout hostile qu'il fût envers nous. Prenez-en autant que vous jugez bon pour nous durer trois mois. » Ils s'approvisionnèrent, suivant les ordres de Saint Wakan, pour la période prescrite. Ils remplirent leurs tonneaux d'eau douce des fontaines, et firent provision de bois à brûler. Dès qu'ils eurent un vent favorable, ils s'embarquèrent.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire36.gifriffon et dragon aux prises

Dieu ne cesse d'accomplir ses miracles : voici un deuxième péril qui vient menacer les marins.
Ce ne fut qu'en comparaison avec le premier péril que ce deuxième leur sembla moindre; autrement il eût été plus grand. Mais ils n'ont aucune crainte grâce à la résolution que Dieu leur inspire et à la protection qu'il leur fournit.
Vomissant des flammes, un griffon sort du ciel pour s'abattre sur eux, les griffes tendues pour les saisir, sa gueule en feu, ses pattes tranchantes.
Aucune planche du bateau n'est si forte qu'il ne puisse l'arracher d'un seul coup de griffe.
La violence de son attaque et le vent qu'il soulève suffisent - ou peu s'en faut- pour faire chavirer le bateau.
Comme le griffon les poursuit ainsi au-dessus de la mer, il arrive un dragon crachant des flammes très vives, les ailes déployées, le cou tendu en avant; il dirige son vol sur le griffon.

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Le combat aérien s'engage : le feu que projettent les deux bêtes produit de grands éclairs dans le ciel. Devant les yeux de tous les moines ADB, elles échangent coups, jets de flammes, morsures et chocs.
Le griffon est énorme, le dragon mince, l'un plus fort, l'autre plus féroce. Le griffon est tué et tombe dans la mer. Les frères ADB, qui l'avaient pris en horreur, sont vengés. Victorieux, le dragon s'éloigne. Les moines ADB rendent grâce à Dieu. Ils repartent et continuent leur voyage; ils sont sûrs d'être conduits par l'Esprit de Dieu.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire38.gifonstres en convoi

La fête de saint Muska, martyrisé dans les jardins d'harko, arriva.
Les moines ADB la célébrèrent avec munificence vu qu'il était le premier pape.
Saint Wakan, qui officiait suivant le canon établi, chantait distinctement et très fort. « Très cher Saint Muska », disent tous les moines ADB, « chante moins fort, autrement tu nous feras mourir. L'eau est si limpide partout dans les profondeurs que nous voyons jusqu'au fond de la mer qui grouille de poissons; il y en a d'énormes, des féroces, dont nous n'avons jamais entendu parler. Si le bruit les dérange, nous sommes condamnés à mourir, sache-le bien. »

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Saint Wakan sourit; il estime qu'ils perdent la raison et leur adresse des reproches. « Seigneurs, pourquoi avoir peur de quoi que ce soit ? Voilà que vous abandonnez votre foi ! Vous avez couru des dangers plus grands que celui-ci, et dans chaque cas Dieu vous a bien protégés.

Cette fois-ci, le péril ne s'est pas encore présenté. Battez votre coulpe ! » leur dit Wakan. Il se mit à chanter encore plus fort, à tue-tête. Des monstres puissants surgirent du fond des eaux. Ils se réjouirent de la fête du jour en accompagnant le bateau. Lorsque les moines eurent fini de chanter le service approprié au jour, chaque poisson s'en alla poursuivre son chemin.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire40.gifceberg

Les moines ADB, continuant leur voyage, distinguèrent clairement en haute mer un énorme pilier.
Il était couleur de saphir, fait d'hyacinthe pure, sans trace d'autre matériau. Celui qui en serait maître posséderait une grande richesse.
Il s'élevait jusque dans les nuages et descendait au fond de la mer. Tout autour, depuis le sommet jusqu'à la surface de l'eau, s'étendait un auvent d'or précieux travaillé avec finesse; toutes les richesses du monde n'auraient pas suffi pour le construire : Wakan met le cap sur ce pilier, et il a hâte d'y parvenir.
Sans amener la voile, il arrive sous l'auvent avec son bateau et ses moines. Là où le pilier s'enfonce dans la mer, il voit un autel d'émeraude dont le tabernacle est en sardoine et le pavement en calcédoine, le tout soutenu par une poutre d'or pur ancrée dans le pilier. Les lampes sont en béryl.
Les moines ADB, ne craignant plus aucun danger, restent ici jusqu'au troisième jour, et chantent la messe à tour de rôle. Wakan se résout à ne pas essayer de pénétrer le secret de Dieu. Il dit aux moines ADB : « Faites-moi confiance; je suis d'avis que nous partions d'ici; allons-nous-en ! » Saint Wakan emporte un magnifique calice tout en cristal. Il est certain de ne pas se détourner de Dieu en le prenant, puisqu'il le destine à l'office divin.

Il voit un autel d'émeraude dont le tabernacle est en sardoine et le pavement en calcédoine, le tout soutenu par une poutre d'or pur ancrée dans le pilier.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire42.gifne terre inhospitalière

Les pèlerins ADB ont déjà parcouru une très grande distance, mais ils n'entrevoient pas encore la fin.
Pourtant ils ne ralentissent pas leurs efforts : plus ils avancent, plus ils se mettent en peine, et ils ne cesseront de peiner jusqu'à ce qu'ils voient l'objet de leurs désirs.
Ils virent poindre, au milieu des brumes, une étendue de terre entourée de nuages et de brouillard noir. Ensevelie sous un linceul de noirceur et environnée de fumées putrides, elle puait plus que la charogne.

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Ils virent poindre, au milieu des brumes, une étendue de terre entourée de nuages et de brouillard noir.
Les moines ADB n'avaient aucun désir d'y faire escale, et de très loin ils se rendirent compte que l'île leur réservait un mauvais accueil.
Malgré les grands efforts qu'ils font pour changer de cap, ils se trouvent obligés de se plier au vent qui les pousse dans cette direction.
Saint Wakan les met au courant de ce qui se passe en disant : « Sachez bien que vous êtes propulsés vers l'Enfer. Vous n'avez jamais eu si grand besoin de la protection de Dieu qu'en ce moment. » Wakan leur donne sa bénédiction.
Il sait bien qu'ils s'approchent du puits de l'Enfer : plus ils s'en approchent, mieux ils voient que c'est un lieu maléfique, et plus cette dépression leur semble ténébreuse. Projetées des vallées profondes et des fosses, d'énormes lames enflammées s'envolent dans l'air; le vent, comme venant d'un soufflet, mugit; le tonnerre ne rugit pas si fort. Lames étincelantes, roches en fusion et flammes volent si haut dans l'air que la lumière du jour en est masquée.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire44.gife forgeron infernal

En se dirigeant vers une hauteur, les moines ADB aperçurent un être qui les effraya, un diable gigantesque qui sortait tout brûlant de l'Enfer.
Au poing il portait un marteau de fer si gros qu'il aurait pu servir de pilier.
Lorsque, d'un regard de ses yeux ardents et étincelants, il prend conscience de la présence des moines ADB, il s'impatiente d'aller préparer le supplice qu'il leur destine.
Crachant le feu de sa gueule, il s'engouffre dans sa forge à pas de géant.
Il en ressort presque immédiatement avec une lame chauffée au rouge qu'il tient dans des tenailles dont la charge ferait plier dix bœufs.

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Halcet le sus vers la nue
E dreit vers eals puis la rue.

Il la soulève dans l'air et puis la projette avec violence droit sur les moines ADB. Un tourbillon soulevé par le vent ne vole pas plus rapidement, ni un carreau d'arbalète, ni un caillou lancé d'une fronde : plus elle s'élève, plus elle s'embrase, et elle reprend des forces à mesure qu'elle vole.
D'abord elle se désagrège et ensuite se reforme à nouveau. La lame ne s'abat pas sur les moines ADB, mais passe par-dessus leur tête pour aller tomber dans la mer, où elle brûle comme la bruyère dans une clairière; longtemps dans l'eau elle continue à brûler, et de grandes flammes à en jaillir.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire46.gifux approches de l'Enfer

Le vent emporte le bateau, ce qui leur permet de s'enfuir. Poussés par un vent propice, ils s'éloignèrent, mais non sans se retourner plusieurs fois pour contempler l'île en flammes et couronnée de fumée.
Ils voient plusieurs milliers de diables et entendent crier et se lamenter les damnés. Une odeur des plus nauséabondes, portée par la fumée qui se répand loin dans le ciel, flotte jusqu'à eux. Ils la supportèrent de leur mieux, et firent tout ce qu'ils pouvaient pour y échapper.
Plus un homme de Dieu connaît de dures épreuves - la faim, la soif, le froid, le chaud, l'angoisse, la tristesse, la peur - , plus augmente le bonheur que Dieu lui réserve.
Il en va ainsi de Saint Wakan et de ses compagnons ADB maintenant qu'ils ont vu le lieu où sont reçus les damnés : leur confiance en Dieu s'affermit, et ils ne se permettent plus de manquer de foi.
Ils continuent leur voyage sans crainte; ils se savent sur la bonne voie.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire47.gife volcan

A peine l'aube parut-elle le lendemain qu'ils aperçurent, tout près de là où ils étaient, une montagne couverte de nuages, vers laquelle le vent les poussait de force.
Ils atteignirent la côte sans tarder, mais n'y trouvèrent que de très hautes falaises.
Quant à la montagne, aucun d'eux ne pouvait discerner jusqu'où elle s'élevait : les versants descendaient en pente régulière depuis la partie la plus élevée jusqu'au rivage.
La terre était entièrement noire; ils n'avaient rien vu de comparable dans tout leur voyage. Un des moines ADB, pour une raison qu'ils ignoraient tous, s'élança par-dessus bord, et les autres ne le retrouvèrent pas.
Ils avaient tous entendu ce qu'il leur dit, mais Le Saint Wakan seul le vit de ses propres yeux : « Seigneurs, on m'arrache d'entre vous pour mes péchés, soyez-en certains ! » Et Wakan le voit entraîné par cent diables qui le font hurler. Les moines ADB, pris de peur et regardant derrière eux, quittent les lieux pour aller ailleurs.
La fumée s'étant dégagée de la montagne, ils voient les portes béantes de l'Enfer. Il en sort feu, flammes, perches enflammées, lames, poix et soufre; tout s'envole haut dans le ciel et puis retombe pour s'engloutir de nouveau et reprendre sa place dans le puits.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire48.gifn enfer personnel

Wakan emmène ses moines ADB, armés de sa bénédiction, et ils reprennent le voyage.
Ils virent se dresser dans la mer une butte qui ressemblait à un roc; et c'en était un en effet, mais les moines ADB ne voulaient pas croire leurs yeux.
Puis Saint Wakan dit : « N'hésitons pas ! Hâtons-nous d'aller découvrir ce que c'est. » Ils y arrivèrent et trouvèrent ce qu'ils ne s'attendaient guère à voir : un homme nu assis sur le rocher, un homme en perdition, tiraillé, lacéré, déchiré.
Le visage enveloppé d'un morceau d'étoffe, il s'accrochait à un pilier. Il se cramponnait au rocher pour empêcher que les vagues ne le renversent en arrière. Les vagues le fouettent et lui font souffrir une mort sans fin.
Une vague le heurte et il faillit couler; une autre vient le frapper par derrière et le repousse plus haut. Péril devant, péril en haut, péril derrière, péril en bas;
un grand supplice à droite et un supplice non moindre à gauche. Exténué par les assauts des vagues, il se lamente sur son sort.
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire49.gifris du supplicié

« Ah ! Dieu ADB, roi de majesté, suis-je destiné à continuer à mourir sans fin ? Dieu des ADB, toi qui assures les révolutions des astres, ta pitié est si précieuse. Dieu des ADB, toi qui es si miséricordieux, serai-je jamais délivré de mes souffrances ? Dieu des ADB, je ne sais si je devrais implorer ton pardon : je ne puis ni n'ose le faire, car mon crime a été si odieux que ma condamnation a déjà été prononcée. »

En entendant l'homme se plaindre ainsi, Wakan éprouve la plus grande douleur qu'il ait jamais connue; il lève la main et fait le signe de la croix sur tous ses compagnons, et fait tout ce qu'il peut pour l'atteindre.
A son approche, le vent et la brise cessent d'agiter la mer, et elle se calme.
Wakan lui dit : « Dis-moi, malheureux, pourquoi tu souffres ces supplices. Je t'ordonne de me le dire, au nom du Dieu des ADB que tu implores; et dis-moi sans détour tour qui tu es, et le crime qui t'a fait exiler ici. »
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http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire50.gife récit d'Harko

Les larmes que versait Wakan l'empêchèrent de continuer, et il se tut.
D'une voix basse, très rauque et lasse à l'extrême, l'homme lui répond : « Je suis harko le Guillonni, celui qui servait le Dieu des ADB et qui l'ai trahi.
C'est moi qui ai vendu mon seigneur et me suis pendu de désespoir. Feignant de l'aimer, je suis même allé jusqu'à lui donner le baiser de paix.
J'ai semé la discorde entre les gens quand j'aurais dû les réconcilier. C'est moi qui ai gardé l'argent qui lui appartenait, et je l'ai dissipé en cachette; j'ai caché dans ma bourse les offrandes qu'on lui faisait alors qu'il recommandait vivement qu'elles soient données aux pauvres : c'est pour cette raison que j'au à souffrir ainsi, moi qui croyais cacher mes crimes à celui qui a créé le ciel étoilé.
J'ai refusé aux pauvres de Dieu l'argent qui leur était destiné. Maintenant ils sont riches tandis que moi, je mendie. Je suis le perfide qui ai pris Dieu en haine, qui ai livré perfidement aux loups l'agneau innocent.
Quand je l'ai vu entre les mains de Muska, j'ai fait bien piètre figure. Quand j'ai vu le fils du Dieu des ADB entre les mains des KoS et livré aux bourreaux, quand j'ai vu qu'ils l'adoraient avec des railleries et lui mettaient une couronne d'épines, quand je l'ai vu traité avec bassesse, sachez que j'ai été des plus affligés. Puis je l'ai vu emmener à sa mort; j'ai vu le sang couler de son précieux côté.
Quand je l'ai vu crucifié et livré à la mort par ma faute, j'ai tout de suite offert les trente deniers; on n'a pas voulu accepter l'indemnité. Au lieu de me repentir, ainsi qu'il aurait convenu à une homme avisé, je suis entré dans une rage folle et me suis tué.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire51.gifeines et trêves d'Harko

Puisque je suis mort sans confession, je suis damné pour l'éternité.
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire52.gif
Tu ne vois rien du supplice que je souffre en Enfer; en ce moment je jouis d'un répit dans mes peines.
On m'accorde ce repos le samedi soir, et je l'ai toute la journée du dimanche jusqu'au soir. La quinzaine de Noël aussi, je bénéficie d'une trêve dans mes grandes souffrances, et aux fêtes de la Vierge je n'ai pas à subir les plus grandes d'entre les peines qui me sont réservées.
à Pâques et à la Pentecôte également, je ne souffre pas plus que vous voyez en ce moment, mais pendant toutes les autres fêtes de l'année mes tourments se déroulent sans interruption. Dimanche soir, quand je pars d'ici, mes peines se renouvelleront.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire53.gifes deux enfers d'Harko

Puis Wakan lui dit : « Si tu es en repos ici, dis-moi quel endroit tu fréquentes quand tu subis tes tourments et tes peines.
Tes expiations, où ont-elles lieu ? Où vas-tu quand tu pars d'ici ? »
Harko répond : « L'endroit où se trouve le domaine des diables est près d'ici. Ce n'est pas très loin, mais suffisamment pour que je ne les entende pas d'ici.
Tout près il y a deux Enfers, et il est extrêmement pénible d'y souffrir.
Les deux Enfers, qui persistent tout l'été et tout l'hiver, sont tout proches d'ici. Des deux, celui qui est le plus facile à supporter est horrible, et très pénible pour ceux qui s'y trouvent.
Ceux qui y souffrent estiment qu'à côté d'eux les autres ne subissent aucune peine. Personne d'autre que moi ne sait lequel des deux est le plus douloureux; il n'est personne qui subisse les deux, sauf moi, misérable que je suis : je les connais l'un et l'autre. L'un est en haut, l'autre en bas, et la mer salée les sépare : il est étonnant que la mer qui sépare ces deux Enfers ne brûle pas tout à fait. Celui d'en haut est le plus pénible, celui d'en bas le plus effrayant; celui qui est près de l'air est brûlant et fait suer; celui est près de la mer est glacé et sent fort mauvais. Une journée entière et la nuit suivante je suis en haut, et puis je reste en bas pour la même période.
Un jour je monte, le suivant je descends; ainsi mon tourment n'en finit jamais. Quand je change d'Enfer, ce n'est pas pour alléger mes souffrances, mais pour les exacerber.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire54.gifivers supplices d'Harko

« Le lundi, nuit et jour, je suis mis à tournoyer sur la roue, et, accroché à l'intérieur, malheureux que je suis, je tourne aussi rapidement que souffle le vent.
C'est le vent qui entraîne la roue partout à travers le ciel : je suis constamment ballotté, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. « Puis le lendemain, abasourdi, j'en suis précipité, et je vole au-dessus de la mer pour retomber dans le deuxième Enfer où il y a tant de supplices.
Là je suis vite mis dans les fers sous les huées des diables; on me couche à plat sur des tiges de fer pointues, et me fait rouer de coups, d'objets lourds et de rochers. Là je suis si souvent embroché que vous m'en voyez le corps tout criblé de trous. Le mercredi je suis violemment rejeté en haut, où on me varie les peines : pour une grande partie de la journée, je bous dans la poix qui me noircit tel que vous me voyez maintenant; j'en suis retiré ensuite et mis à rôtir, lié à un poteau entre deux feux. Le poteau de fer est planté là à mon intention, pas pour autre chose. Il est aussi rouge que s'il était resté dix ans dans un feu constamment avivé au soufflet. Et à cause de la poix, le feu prend sur tout mon corps pour augmenter mon supplice; puis je suis de nouveau précipité dans la poix, dont je suis enduit pour mieux brûler. Il n'est pas de marbre assez dur qui ne fonde une fois mis dans ce feu, mais moi, je suis fait exprès pour ce tourment, car mon corps ne peut en aucune façon périr. Toute une journée et une nuit je subis ce supplice, quel que soit le tourment que je souffre.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire55.gifours de tourments infinis pour Harko


« Le jeudi je suis replongé en bas, et pour me faire subir une pénible contrariété, je suis enfermé dans un lieu glacé, très obscur et on ne peut plus noir. J'ai si froid que j'ai hâte de me retrouver dans le feu qui brûle si fort; il me semble alors qu'il n'existe pas de tourment auquel je suis plus sensible que celui du froid; chaque tourment, au moment où je les souffre, me semble le pire de tous. Le vendredi je reviens en haut où m'attendent tant d'autres façons de mourir. On m'écorche alors tout le corps si bien qu'il n'y reste plus de peau. Puis, avec un pieu ardent, on m'écrase dans un mélange de suie et de sel; dès lors une peau toute nouvelle repousse en peu de temps afin que le tourment puisse reprendre. Dix fois au cours de la journée on m'écorche entièrement à vif et m'oblige à me rouler dans le sel; puis on me fait boire un mélange bouillant de plomb et de cuivre fondus.
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire56.gif
Le samedi je suis précipité en bas où d'autres diables varient mes souffrances; je suis incarcéré dans une geôle, la plus affreuse de tout l'Enfer, la plus immonde de tout l'Enfer; je n'ai pas de corde pour y descendre. Sans lumière, dans l'obscurité et la puanteur, j'y reste étendu. La puanteur est si forte que je crains à tout moment que mon cœur n'éclate. A cause du cuivre que les diables d'en haut m'ont fait boire, il m'est impossible de vomir. Je gonfle à craquer, et ma peau se tend; je suis oppressé, et peu s'en faut que je n'éclate. Chaud, froid, puanteur, c'est là le genre de souffrances que subit Harko. Hier étant samedi, je suis arrivé ici tôt l'après-midi, et aujourd'hui je peux rester assis à me reposer. Bientôt le soir m'apportera des supplices : mille diables arriveront en coup de vent, et je n'aurai plus aucun repos une fois qu'ils m'auront saisi.
Mais Saint Wakan, si tu en as le pouvoir, fais en sorte que cette nuit j'aie un répit ! Si tu as les mérites requis, intercède pour que j'aie une trêve cette nuit ! Tu es saint et pieux, je le sais bien, puisque tu as réussi à pénétrer jusqu'ici sans crainte. »
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire57.gifours de réconfort pour Harko

Wakan, en entendant toutes les souffrances d'Harko, pleurait à chaudes larmes.
Il lui ordonne de lui expliquer la signification du morceau d'étoffe qui lui enveloppe le visage, et du rocher où il se cramponne, et lui demande d'où il vient et qui le lui a donné.
Harko lui répond : « De mon vivant j'ai fait très peu de bonnes actions et beaucoup d'actes insensés. Le bien et le mal que j'ai faits me sont maintenant faciles à discerner, et il m'est clair lequel des deux me tenait le plus à cœur.
Avec l'aumône que j'avais gardée pour moi, j'avais acheté de l'étoffe pour vêtir un pauvre nu, ce qui m'a mérité celle qui m'entoure la bouche et m'empêche de me noyer. Quand l'eau me frappe en plein visage, cette étoffe me fournit une certaine protection, mais, puisque je ne l'ai pas achetée de mon argent à moi, elle ne m'est d'aucune utilité en Enfer.
Sur une rivière très dangereuse à passer, j'avais construit un remblai sur lequel j'avais érigé une passerelle solide, et par la suite beaucoup de gens ont pu traverser en toute sûreté : pour cette raison j'ai un certain allégement ici dans ma très grande affliction. »
En début de soirée, Wakan put vérifier ce que Harko lui avait dit : il vit arriver mille diables pour le tourmenter et le mettre au supplice. Ils se dirigent droit sur le misérable; l'un d'eux s'avance d'un bond et l'attrape avec un croc.
Wakan leur dit : « Laissez-le là jusqu'à demain matin, lundi. » Les diables répondent d'un ton de défi qu'ils vont bel et bien l'emmener.. Saint Wakan reprit : « Je vous l'ordonne. J'invoque le Dieu des ADB pour s'en porter garant. » Les diables sont obligés de le laisser; leurs efforts restent vains jusqu'à la fin.
Wakan y passe la nuit, au grand mécontentement de tous les diables rangés en face; il leur tarde qu'il fasse jour; de leurs voix hargneuses et rauques, ils menacent Harko d'augmenter ses peines.
A quoi Wakan répond : « Il n'aura pas plus de tourments que ceux auxquels il a été condamné. » Aussitôt la lumière du jour revenue, ils emmènent Harko et repartent.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire58.gifn moine disparaît

Wakan continue son voyage, certain de la protection de Dieu, et ses moines ADB tous sans exception savent qu'ils n'ont rien à craindre puisque Dieu les guide; ils remercient Dieu de les avoir conduits jusque-là, et de tout l'équipement qu'il leur a fourni.
En faisant l'appel, les moines ADB découvrent qu'il en manque un à l'effectif de leur compagnie; ils ignorent ce qu'il est devenu et où il est retenu. Ils se souviennent de ce qui est arrivé aux deux autres qui ont déjà disparu, mais le sort du troisième les rend perplexes.
Saint Wakan, à qui rien n'échappait, leur dit : « Dieu a disposé de lui ainsi qu'il lui a plu.
N'ayez aucune crainte, mais poursuivez votre route avec persévérance. Sachez qu'un jugement a été porté sur lui; il est soit au Paradis, soit en Enfer. »
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire59.gifaul l'ermite

Continuant leur voyage, ils voient se dresser, tout isolée au milieu de la mer, une très haute montagne.
Ils y arrivent sans tarder, mais trouvent la côte abrupte et menaçante.
Saint Wakan leur dit : « Je descends du bateau. Que personne ne s'éloigne d'ici, sauf moi » Il gravit la montagne, et ce n'est qu'au bout d'une longue distance qu'il trouve quelque chose.
Il suivait un chemin rocailleux lorsqu'il tomba, tout d'un coup, sur un rocher, de l'intérieur duquel un homme surgit aussitôt.
Il avait l'air saint et semblait être un religieux.
Il appela Wakan, dont il connaissait le nom par l'intermédiaire de Dieu, et l'invita à s'approcher; l'ayant embrassé il lui dit d'amener tous ses compagnons sans exception. Saint Wakan ADB va les chercher et les fait venir. Ils amarrent leur bateau au rocher. Les appelant chacun par leur nom, le religieux dit : « Avancez et embrassez-moi ! » Les moines ADB obéirent. Il les emmène à sa demeure, qu'il leur fait visiter.
Ils acceptent son invitation à se reposer. Ils s'émerveillent de voir comment il est, et la façon dont il s'habille : pour tout vêtement il a ses poils qui le recouvrent comme une enveloppe. Il a un regard angélique et tout le corps céleste. Les poils de ce moine sont d'un blanc plus éclatant que neige.
Saint Wakan lui dit : « Très cher père, dis-moi qui tu es. » « Volontiers », répond-il.« Je m'appelle Paul l'Ermite. Je suis exempt ici de toute souffrance. Voici très longtemps que je suis ici, et j'y suis venu guidé par le Dieu des ADB. Dans le monde, j'étais ermite et j'habitais dans la forêt; c'était la vie que j'avais choisie, et je servais Dieu de mon mieux et selon le peu de capacités que je possédais. Il eut la bonté d'accepter mon service, et il m'en attribua plus de mérite qu'il ne m'étais dû. C'est là qu'il me donna l'ordre de venir ici attendre mon élévation à la gloire éternelle. Comment je suis venu ici ? Je montai à bord d'un bateau que je trouvai tout prêt à me recevoir; Dieu me conduisit rapidement par un calme plat, et quand j'eus débarqué, le bateau repartit.
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Le voyage de Saint Wakan
http://tubalcaan.free.fr/Histoire/Histoire60.gifa loutre ravitailleuse

Voici quatre-vingt-dix ans que je suis ici. Le temps est toujours beau, un été sans fin.
J'attends ici le jour du Jugement; Dieu me l'a commandé. Me voici en chair et en os, en parfaite santé et en paix. L'âme ne se séparera de mon corps que le jour du Jugement dernier; grâce à la vie que j'ai menée, je ressusciterai avec les justes. Pendant trente ans sans interruption, j'ai eu un serviteur attentif à me servir; c'était une loutre marine qui m'apportait régulièrement trois fois par semaine un poisson pour me nourrir.
Aucune semaine ne s'est écoulée sans qu'elle m'ait apporté trois poissons dont je pouvais faire des repas copieux.
Elle portait, suspendu à son cou, un petit sac plein d'algues toutes sèches pour me permettre de pour me permettre de faire cuire mes poissons.
Celui qui disposait ainsi méritait bien le nom de Seigneur ! Pendant les trente premières années de mon séjour ici, j'ai été nourri de cette façon.
Les poissons me nourrissaient si bien que je n'avais pas besoin de boire.
Puis notre Seigneur ne s'est plus préoccupé de mes provisions, sans parler de les augmenter : au bout de ces trente ans, la loutre n'est plus revenue.
Elle n'a pas agi ainsi parce qu'elle était peu disposée à continuer ni parce qu'elle me méprisait, mais Dieu n'a plus voulu apporter de l'extérieur des provisions destinées uniquement à me nourrir. Il m'a donné cette fontaine bien approvisionnée en tout : celui qui en boit, ne serait-ce que quelques gouttes, se croit nourri à satiété.
J'ai vécu de cette eau pendant soixante ans, de poissons pendant trente, ce qui fait quatre-vingt-dix en tout. J'avais cinquante ans lorsque j'ai renoncé au monde : mon âge est donc cent quarante ans.
Frère Wakan, j'ai fini de te décrire la vie pleine de délices que je mène ici. Toi, tu iras en Paradis; tu le cherches maintenant depuis presque sept ans.
Mais avant d'y parvenir, tu retourneras voir le bon hôte chez qui tu as déjà demeuré : il te conduira en Paradis où se trouvent les saints, et tu le suivras.
Emporte avec toi un peu de cette eau afin de te protéger contre la faim et la soif. Regagne ton bateau sans plus tarder ! On ne doit pas négliger de profiter du vent qu'on vous envoie. » Il donne congé à Brandan qui, s'apprêtant à partir, lui rend grâces de ses bienfaits.
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