Provient du message de
Nea
Mais là il faut se demander si les gens peuvent être effectivement classés en catégories Il y a plein de gens piercés, des punks, des metalleux, mais aussi des cakes (comme on dit à Marseille) des ptites poufs sur le nombril... Est ce qu'il y a une catégorie qui nous englobe tous ?
Une réponse signifiante (et non provoquée, je ne suis pas vicelard à ce point, du moins pas toujours) : je n'avais pas précisé de "catégorie" particulière, mais tu m'en as immédiatement fourni une liste basée sur des goûts musicaux.
En fait, dans le monde du boulot (et des adultes, par extension), on associe plus une apparence non conventionnelle à des traits de caractère qu'à une "catégorie" proprement dite. Après vient le caractère "évocateur" de certaines modes, dont le succès auprès des jeunes (puisque ce sont eux, essentiellement, qui sont les plus fondus de modes) est justement le côté "dangereux" d'origine.
Le piercing, les tatouages, le verlan ou les blousons de cuir, pour ne citer que ça tout en ratissant large, viennent des milieux carcéraux, ou délinquants, ou au moins "marginaux qui font peur" (comme les gitans). Les lycéens occidentaux les ont adoptés à diverses époques, dans une version évidemment "safe", édulcorée et dépourvue d'autre sens que d'affirmer son identité à sa "génération", et généralement pour imiter des stars de la musique ou du cinéma.
Il est évident qu'un jeune parisien piercé aujourd'hui n'est pas plus délinquant qu'un jeune banlieusard avec un blouson de cuir dans les années 50. Néanmoins, si ces phénomènes de mode sont la récupération lycéenne rebelle (without a cause) de signes identitaires de communautés à haut taux de frissons, ce n'est pas pour rien. Il est donc mal venu de se scandaliser qu'un type de 50 ans, par exemple, associe à un niveau quasi subliminal un piercing facial et des rites tribaux tels qu'on en voit dans le National Geographic.
Dans tous les cas, et faute de catégorie bien établie comme celles que tu as listées, la personne sera perçue au minimum comme m'as-tu-vu à tendance agressive.
Evidemment, ceux qui arrivent bien après les initiateurs de la mode et n'ont d'autre ambition que faire comme tout le monde (ou tout au moins comme leur "tribu") pâtissent de cet état de fait. Eux ne savent pas pourquoi tel ou tel truc est devenu courant chez les jeunes 4 ou 5 ans auparavant, ne voient dans l'attribut en question qu'une innocente parure à la mode, et s'étonnent donc, sinon à juste titre, tout au moins
sincèrement d'être ostracisés ou tournés en dérision. Je doute que beaucoup de jeunes des années 80 aient su que le verlan était un langage carcéral ou que les nanas d'aujourd'hui aient conscience que c'est Madonna qui lança en 84/85 la mode du "petit haut" qui laisse voir le nombril, (ainsi que le soutien-gorge apparent, d'ailleurs). Mais bon... comme dirait l'autre...
c'est la vie, mon chéri.
D'un autre côté, une mode peut aussi parfois coller réellement à une mentalité. Les collants noirs, par exemple, qui n'étaient portées que par les prostituées jusqu'au milieu des années 70, ont d'abord été plus ou moins détachés de leur contexte avec le punk, puis franchement banalisés avec la new wave de 78/80 (Siouxsie, Cure etc.). Dans ce cas précis, le noir lui-même est devenu la couleur jeune, non pas en référence à la prostitution, ni à un courant musical, mais au deuil et au désespoir, état par lequel passent la plupart des ados, plus ou moins longtemps, et avec plus ou moins d'affectation. Justifiée sociologiquement, la mode a perduré et s'est du coup diluée en à peine 10 ans dans toutes les tranches d'âge, au point de cesser d'être une mode et rejoindre le jean, le T-Shirt ou la cravate au rang des habits conventionnels.
Euuuuuh... j'ai p't'être été un peu long, là, non ?