Comme dit dans mes premiers posts, ce qui est surtout horrifiant, c'est la valeur accordée par ces jeunes à autrui, du moins au "bouffon", c'est-à-dire envers tous ceux qui n'habitent pas leur quartier / qui ne sont pas de leur famille, en bref, hors de leur "tribu", une valeur qui ne vaut pas plus que celle d'une chose, qui mérite qu'on la "tue", plutôt qu'on la détruise, lorsque celle-ci ne se comporte pas comme ils l'attendaient, à savoir comme une chose, donc soumise et jetable ( bonne à tuer ).
C'est comme un Windaube qui plante, lorsque l'erreur est trop grave à nos yeux, on formate. Et bien ces jeunes ont formaté le disque dur....
Cette phrase peut vous choquer, mais psychologiquement, ces jeunes en sont à ce niveau là. L'éducation parentale n'existe pas, la scolarisation n'a fait que les exclure un peu plus et leur faire comprendre qu'ils n'arriveraient à rien. Il leur reste donc le sport, leur tribu et le territoire qui va avec. Le reste, donc les "bouffons", est bon à donner son fric quand on lui demande, et à être "jeté", "détruit", c'est-à-dire tué pour nous, lorsque le bouffon n'a pas eu la réaction attendue.
Quand Alamakarazieff parle de rétablissement du lien social, il a raison, mais en partie seulement. Aloïsius a complété en disant que la justice doit être aussi le début du processus de compréhension, qui doit amener à la compréhension de ce que le criminel a fait et aussi à la compréhension de sa punition.
Car bien souvent, quand il ne s'agit pas de crimes passionnels, ce dont beaucoup parle ici à titre d'exemple ( le fameux " et si ça arrivait à un proche", blablabla ... ), ou de vengeance, les gens qui se rendent responsables d'un crime, ici d'un meurtre, ou de graves coups et blessures, ne comprennent pas, ne savent pas, et n'ont pas les bases éducatives pour comprendre, qu'autrui n'est pas une chose qui doit répondre à une attente ( file moi ton fric ), et qu'il ne mérite pas la mort s'il "plante" ( il refuse ).
Chandler ( bises à Monica
), a donné à ce titre un exemple intéressant : Un conducteur freine trop tard, rentre dans le cul de la voiture du conducteur le précédant. La "victime" de l'accident descend et lui fracasse la tête, le conducteur fautif se retrouve un mois à l'hôpital. En terme criminogène, le conducteur "victime" ici, qui se transforme donc en agresseur, ne vaut pas mieux que les 4 jeunes agresseurs, acteurs du fait divers. Sa voiture, qui fait partie de sa tribu, a la même valeur, voire plus, que la vie du conducteur fautif. Le conducteur fautif a "planté", il s'est donc chargé de le reformater un bon coup. Il ne place la vie du "bouffon" pas plus haut que celle de la durée de vie d'un pare-choc de voiture. Et ce type de comportement, n'est pas l'apanage de nos "jeunes des banlieues". Combien de fois ai-je vu, entendu dire que, telle personne qui avait fait une erreur ( accidents de voiture, etc ... ) s'était retrouvée rouée de coups, parfois tuée, pour une peinture rayée, ou ce genre de choses ??
Par ailleurs, on constate autre chose : le châtiment infligé par ces personnes est immédiatement corporel, ce qui vient étayer ma thèse. Tu casses ma voiture, je te tue ( et non pas je casse la tienne ). Ce qui tend à prouver que le "bouffon", autrui, est comme la voiture : une chose qui en abime une autre. Ni plus, ni moins.
Et, inconsciemment ou non, tout le monde peut se retrouver dans une telle situation. La plupart des personnes ont une barrière mentale, qui fait qu'ils ne tueront pas, taperont pas autrui pour une peinture rayée, un objet volé, etc ... Mais d'autres, pas si minoritaires que celà, vont immédiatement employer le châtiment corporel : " Rend moi mon stylo, bouffon, sinon je te tue ". Quelque chose du genre. Au pire, je comprends la bonne pêche argotique, le bon "gnon", envoyé à l'abruti coupable. Mais je ne comprends pas qu'on en arrive à démolir une personne pour un pare-choc cassé. Voire à tuer. Enfin si je comprends ( puisque je suis en train d'expliquer !
), mais cela est injustifiable.
Kylie et d'autres, dont Diacre notamment, nous parlent de peine de mort. Et je dis : pourquoi pas, mais après ?
Comme l'a précisé Tigonnea, la peine de mort n'est pas une peine dissuasive, et elle est une grave source d'erreurs judiciaires.
Comme l'ont précisé Aloïsius et Alamkarazieff, la peine de mort est, selon les cas, l'échec de valeurs que nous prônons, depuis maintenant plus de 200 ans : chaque Homme a droit à la vie. Et rien ne peut venir altérer ce droit, pas même le crime le plus ôdieux. La peine de mort, c'est estimer que la vie est quelque chose que l'on peut marchander, au gré des crimes et délits, plus ou moins ignobles. Et c'est se comporter de la même manière que les crapules qui ont agi dans ce fait divers, sauf que cette fois-ci, c'est la société qui considère le criminel comme un "bouffon", qu'il convient de formater au plus vite.
Mais ce n'est pas que cela. Il s'agit aussi d'un constat d'échec. Ces jeunes renvoient, par leur crime odieux, à l'échec de la société dans son ensemble : échec éducatif, social, économique. Je ne dévolepperai pas plus avant ce point, pour cause de HS latent.
Le problème, qui n'est dès lors plus judiciaire mais bien carcéral, est bien celui-ci : peut-on rééduquer ces jeunes ? Soyons honnêtes : en France ( et le topo doit être le même en Suisse ), la prison ne réinsère pas, ou plus, faute de moyens et de personnel. On enferme, et détruit, on pourrit encore plus, et on fait ressortir des dangers publics.
L'inaction des pouvoirs publics dans le domaine de la réinsertion fait le lit des partisans de la peine de mort, et, plus largement, des chantres de la loi du Tallion, ainsi que des nationalistes ( pour rester poli ) de tout poil.
Seulement, quand les gardiens de prison font grève, tout le monde s'en fout. Quand la Ligue de Droits de l'Homme pointe du doigt les insuffisances des prisons françaises, et mondiales en général, dans le domaine de la réinsertion, notamment, tout le monde s'en fout. Quand le budget de la justice en France, qui je vous le rappelle, englobe aussi celui du système pénitentiaire, ce qui englobe par conséquent tous les salaires des magistrats, greffiers, gardiens de prison, etc, etc ... est un des moins élevé de l'Etat, au regard des fonctions que la "justice" doit accomplir, tout le monde s'en fout.
Par contre, qu'un récidiviste vienne à violer pour la 4ème fois, ou qu'un assassin commette un ou plusieurs crimes après une peine effective de 15 ans, les journaux s'empressent de s'emparer de l'affaire.
Mais dès lors que nos chers fonctionnaires de l'Education Nationale, ou les statutaires de la SNCF et consorts défilent pour leurs retraites, pour un engagement sérieux de l'Etat, alors plus personne ne s'en fout.
Les priorités sont celles pour lesquelles on veut bien donner du temps et de l'argent. Or souvent, elles se réduisent au premier quart d'heure du JT de 20 heures. A qui la faute ?