Concernant l'Aîkido, je vais faire ce dernier post.
A l'heure actuel, tel que l'enseignement "officiel", donc fédéralisé, l'enseigne, l'Aïkido est pris comme un catalogue de techniques, où pratiquement tous les enseignements se font en "statique". Statique, c'est-à-dire que les deux partenaires ( et non adversaires
) sont face-à-face, et que celui qui "subit" la technique se contente, peu ou prou, de donner son bras / poignet / tête / nuque à son partenaire, pour que celui-ci puisse faire pépère sa technique. Le plus grave, c'est quand celui qui "fait" la technique commence à s'arrêter en plein mouvement, pour réfléchir à comment il va bien pouvoir la faire. Bref, ça devient du n'importe quoi.
L'Aïkido est basé sur le mouvement et le sens de la réactivité, ainsi que l'intuition. Pour exprimer ce point de vue, le club où j'ai pratiqué, faisait évidemment des "éducatifs" ( apprentissage statique ), mais même là, si celui qui fait la technique est trop long / lent / réfléchi, le partenaire a pour consigne de lui en coller une ( gentillement, évidemment
), pour lui faire comprendre que ce qu'il fait c'est du n'importe quoi, la preuve, il s'est pris un coup ce qui ne devrait pas arriver.
Seulement, la différence entre mon club ( et ceux qui sont affiliés à la même fédération "non-officielle" ), c'est que du statique on passe immédiatement au combat au mouvement. Débutants ou non, même tarif pour tout le monde. Et là, les notions de placement, centrage, fluidité, prennent tout leur sens. Dans un premier temps, le partenaire a le droit de "résister" à la technique. Dans un deuxième temps, il attaque en mouvement, donc il ne se laisse pas "saisir" comme un arbre immobile. Enfin, celui qui fait la technique a le droit, dans le cas où la technique objet de l'étude ne peut pas être exécutée, d'en faire une autre, plus adéquate à la situation changeante, inhérente aux aléas d'un combat un peu "réaliste". De plus, l'attaque en mouvement a ceci d'utile que lorsque celui qui est en face n'est pas centré, ne sait pas esquiver, n'est pas réactif et fluide, mais se contente de plaquer une technique mal connue, il finit par se prendre un coup. Ce qui, en aïkido, est mauvais. Car le partenaire a pour consigne de porter une attaque, pas de toutes ses forces évidemment, mais on est pas là pour se faire des cadeaux. ( et cet état d'esprit est bien présent dans l'aïkido originel : le partenaire n'est pas là pour servir de punching ball, en aucun cas ).
Et les maîtres ne vont pas venir t'engueuler parce que tu as foiré ta technique au profit d'une autre. Au contraire. Si tu as réussis à rattraper ton erreur en exécutant autre chose, tout en restant fluide et efficace, alors ils te félicitent, car le pratiquant a fait preuve de réactivité, d'initiative, tout en restant dans l'esprit de l'aïkido.
Beaucoup d'aïkidoka ne se rendent pas compte, car on ne leur a pas appris, que 95% des mouvements en aïkido débutent sur un atémi, ou une esquive. Et ça revient à ce que tu disais alamankarazieff. En portant au moment judicieux un atémi, ou en exécutant une esquive, l'adversaire se retrouve déséquilibré, déstabilisé, et l'aïkidoka a plusieurs choix : en profiter pour exécuter un mouvement typique aïkido ( clés, projections, etc ... ), fuir, ou attendre la prochaine attaque, dans l'espoir que la situation conflictuelle se résorbe ( on peut rêver ).
Pour avoir fait quelques inter-clubs, j'ai été profondément choqué de la manière dont se comportait les autres pratiquants. Quand j'exécutais les techniques, ils me "donnaient" littéralement" leurs poignets / bras, etc ... le tout à deux à l'heure. Moi je faisais l'inverse. Je les forçais à me mettre en déséquilibre, à me mettre en difficulté, je "résistais", pour leur faire comprendre que l'aïkido n'est pas un catalogue de projections / clés, mais avant tout une question de centrage et de positionnement. En restant hors de portée de l'adversaire, celui-ci ne te touche pas. En le déséquilibrant, celui-ci devient faible. En lui portant une technique, celui-ci est neutralisé. Ces fondamentaux leur étaient inconnus, et c'est scandaleux. Ou alors ils les connaissaient, mais n'en voyaient pas l'utilité, puisque leurs partenaires se laissaient faire !!!!! Donc, cela revient à enseigner un catalogue de clé . projections, devenus parfaitement inutiles sans le fondement même de l'aïkido : rapidité, réactivité, fluidité, en clair : harmonie et énergie.
Pour conclure, je finis sur cette anecdote : Un pratiquant assez bon, qui avait sa ceinture noire et deux dans, m'a raconté une des rares fois où il avait eu maille à partir avec quelqu'un, dans la "rue" ( en fait, il s'agissait d'un bar ). Il est simplement sorti de la ligne d'attaque pour éviter un coup de poing et, étant centré et son adversaire en déséquilibre, en a profité pour lui asséner un atémi, et le mettre KO.
Voilà, le "combat " s'est arrêté ici. En quoi l'aïkido lui a été utile ? Et bien, tout d'abord à rester hors de portée d'un coup, ce qui lui a permis de très facilement voir l'adversaire avancer, puis d'esquiver son attaque. Il aurait pu en rester là tu me diras. Mais bon. Il n'a pas essayé de lui placer une quelconque techniques. Un atémi, ni plus, ni moins. Et en faisant cela, il a renoué avec l'essence même de l'aïkido : il a "créé le vide autour de lui", et a neutralisé la menace. Les techniques de clé / projections, à haut niveau, ne sont que des accessoires. L'important sont le placement et la réactivité naturelle / fluide à toutes les agressions. Or l'enseignement officiel français n'enseigne pas cela. Il enseigne un catalogue de techniques, qui sont par définition inutilisables, car les élèves ne savent pas se placer, être centrés, ne connaissent pas l'essence même de l'aïkido.
Bon, voilà, j'espère avoir été compréhensible.