Que d'illusions, generés par cette idealisation et cette banalisation de l'acte...
Bah franchement, n'importe qui peut dire: "aller demain j'me suicide", comme ça, maintenant, le faire en est une autre...
D'une, n'importe qui est aussi capable de dire : demain, je prend mes problemes a bras le corps, et je m'en sors... mais tous ne le font pas non plus...
De deux, je ne dis pas que l'acte est facile. Et c'est tout naturel : arriver a prendre suffisement sur soi pour arriver a annuler le desir et l'instinct de survie n'est pas chose facile.
Maintenant, ce n'est pas de reussir une chose difficile qui permet de dire que l'on est courageux. Il ne faut pas confondre. Le courage, c'est affronter ce dont on a peur. Une personne qui se suicide a plus peur de la vie que de la mort. Est ce donc faire montre de courage que de choisir la solution qui effraie le moins ?
Bah justement, il y a des problèmes que la vie ne peut résoudre, la mort est une solution comme une autre, elle est juste différente...
La mort ne solutionne rien : dans l'essence du mot solution, il y a la notion sous jascente d'avant (un probleme), et d'apres (probleme reglé.)
La mort n'apporte pas l'apres. Il convient de bien s'en souvenir. Ce ne peut pas etre une solution, a quoi que ce soit, puisque "l'apres-probleme" n'est pas.
Si la vie comporte des problèmes, l'absence de vie se définit par l'absence de problème, faut pas chercher plus loin!
Le concept de bonheur ne doit pas prendre une grande part des émotions de la vie des gens qui se suicident à mon avis...
L'absence de vie se definit par l'absence de vie. Pas plus, pas moins. Le concept de probleme n'existant plus, effectivement, il est facile de considerer la mort comme l'absence de probleme.
Mais c'est comme le bien et le mal : supprime l'un, l'autre disparait. Pareil pour les problemes : supprimes les problemes, et il ne reste rien... il n'y a pas d'etat sans probleme : il y a un etat de non-etre... c'est a mon avis totalement different.
Pourquoi ne pourrait-on pas décider de l'instant de sa mort: la seule décision dans laquelle nous sommes seul juge, la seule décision dans laquelle ce choix viendrait vraiment de nous...
Car tu ne mesure pas toutes les implications, si tu fais ce choix : tu n'es que dans l'illusion d'un controle sur quelque chose. A quoi bon le controle une fois mort. Tu te place dans l'optique d'un vivant : je controle l'instant de ma mort, donc je suis en vie. C'est effectivement une facon de voir, mais tant qu'elle reste fantasmatique : une fois que tu passe a l'acte, tu ne controle plus rien...
Justement, ne plus regretter est un principe intéressant de la mort. J'irais même jusqu'à dire que l'aspect intéressant de la mort est l'absence tout court, l'absence d'obligations, de devoirs, de promesses, de sentiments, etc...
Quel peut etre l'interet de ne plus regretter quand tu ne peut plus en jouir, de cette absence de regret ? A quoi bon les devoir, les obligations, les plaisirs, les deplaisirs, les sentiments, ou leur absence, quand il n'y a plus de toi ? Encore une fois, ton raisonnement, s'il est interressant pour comprendre l'etat psychologique d'un candidat au suicide, ne mesure pas pleinement les implications de l'absence de vie. Tu estime avoir plus de mal a perdre que de bien, mais tant que tu reste en vie, tu peut te permettre de perdre, car tu possede quelque chose. Une fois mort, tu n'es rien. Je ne peut meme pas dire que tu n'as plus rien a perdre, ce serait faire l'erreur que tu fais quand tu considere la mort : tu prend effectivement une distance par rapport a toi meme pour en parler, mais tu continue a la definir par des correlations de ce que tu apprehende : presence/absence de quelque chose (pb ou autre).
Lol, la personne qui ne subit que des sévices ne connait pas ce qu'on appelle le bonheur. D'ailleurs, elle ne s'en rend même pas compte puisqu'elle ne sait pas qu'elle est malheureuse. Elle a juste une vie monotone quotidiennement. Maintenant, blâmer ce genre de personne de se suicider, c'est peut-être un peu égoïste sur les bords, je dirais même déplacé...
Blamer ? Qui blamme ?
Je ne dis pas que cette personne soit objectivement heureuse... ce n'est pas ce que je dis du tout. Je dis qu'elle est encore dans le concept du bonheur, tandis qu'un mort lui, n'y est plus. Il n'est donc pas faux de dire qu'un vivant est plus heureux qu'un mort, puisque le mort ne concoit meme pas le bonheur. (ou le malheur).
Le suicide est un acte mûrement réfléchi au contraire, je dirais même que c'est un acte qui ne dépend que de nous. Maintenant, si vivre une vie misérable est un acte de courage, bah non, vivre comme une larve, c'est très dégradant, être une larve, c'est pareil, alors dire que ceux qui se suicident sont des lâches, non, ils ont juste décidés d'arrêter de vivre pour plusieurs raisons. Il se peut même que cela soit pour ne pas faire de peine à quelqu'un d'autre. Les insulter de lâches, non, c'est légèrement déplacé, parce qu'on ne vit pas à leur place, nous ne voyons pas les mêmes choses, du même regard, et surtout, c'est bien le seul choix qui leur appartienne vraiment, alors il ne faut pas blâmer des gens qui veulent l'utiliser...
Encore une fois, je ne blamme personne : chacun fais ses choix, et c'est bien la une des rares choses que la vie permet.
Mais ce qui me sidere, c'est que ceux qui restent appliquent la notion de courage, la ou ne peut etre considéré qu'un choix qui consiste a ne pas faire front. Un choix qui ne fais que rendre ses cartes, sachant que de toute facon, la partie a une fin. refuser de jouer car les cartes sont contre toi.
La mort est ineluctable. La precipiter, pour echapper a vie, c'est refuser d'affronter la vie...
Et cela, n'est pas courageux...