lexique économique

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Bon, ça tourne autour dans différents fils sans pour autant se lancer pour de bon. Comme de plus, beaucoup de termes volent dans tous les sens avec parfois un net sentiment d'imprécision, tentons de redéfinir certains termes.
Commençons par le libéralisme. Ce fil a pour but de susciter la discussion et la polémique, mais il serait intéressant de rester aussi théorique que possible. J'entends déjà les empiristes hurler, mais il serait souhaitable de pouvoir s'entendre sur quelques notions avant de se jeter nos vécus à la figure.

Le libéralisme est donc un courant philosophique relativement ancien, anglo-saxon, qui croit à l'auto organisation du marché comme meilleure façon de gérer l'économie, ce qu'Adam Smith appelait "la main invisible."
Signalons dès maintenant, que le libéralisme n'entretient aucun lien organique avec le capitalisme et qu'il s'agit de deux concepts très différents.
Les postulat sont simples : Si une communauté d'individus a un besoin, une entreprise pourra prospérer en remplissant ce besoin. Par conséquent, les entreprises qui répondent aux besoins des individus apparaîtront là où elles sont nécessaires, et disparaîtront là où elles sont devenues inutiles. Ensuite, si deux entreprises proposent des produits ou des services équivalents, le consommateur ira naturellement acheter celui qui présente le meilleur rapport qualité/prix, départageant les entreprises en concurrence en faisant prospérer celles qui fonctionnent mieux que les autres.
Ainsi la poursuite des intérêts individuels bien compris, le profit pour les entrepreneurs, et la qualité des produits pour les acheteurs, emmène naturellement la société vers un mieux général.
On voit donc qu'il existe quelques conditions au bon fonctionnement d'un système libéral :
- Une absolue circulation de l'information : pour bien choisir et faire prospérer les bonnes entreprises, les consommateurs doivent être en mesure de comparer les offres. Par conséquent la publicité et le marketing sont un fléau pour les libéraux. Prenons deux sociétés strictement équivalentes. Si l'une d'entre elles consacre 10% de son budget à la publicité alors que l'autre n'y consacre rien, la compagnie qui fait de la publicité fournira forcément de moins bons produits : elle dispose de moins de moyens que l'autre. Mais elle vendra plus, car elle communique, faussant ainsi le système.
- L'interdiction de toute situation de monopole : il est impératif qu'il existe plusieurs offres différentes, sinon le jeu est faussé. Si une entreprise seule générera ainsi des bénéfices hors de proportions, dans le cas de concentrations verticales, cela devient dramatique, puisque la société pourra avec ces bénéfices hors de propos vendre à perte d'autres produits, pourrissant l'ensemble du marché.
- L'abaissement de toutes les barrières douanières et de toutes les subventions étatiques qui faussent le jeu commercial. Si on met en concurrence deux produits dont l'un a été subventionné, il est impossible aux mécanismes concurrentiels de jouer normalement.

De nombreux économistes ont compris que ces pré-requis ne peuvent être atteints en permanence, et que les imperfections génère un bruit systémique qui mène l'ensemble à sa perte si on n'intervient pas pour corriger les déséquilibres. C'est Keynes et tout les post-keynésiens, néo-keynésiens… pour qui il est donc impératif que le système économique évolue dans un cadre législatif strict et politiquement fort pour corriger les déséquilibres inhérents au système.

Il existe une autre opposition au libéralisme qui ne peut être entièrement pris en compte par le calcul économique. C'est qu'à l'instar du fascisme, le libéralisme souhaite le malheur aux vaincus. La théorie ne prévoit rien pour les perdants du jeu concurrentiel. Charge à eux de rebondir. Dans un système libéral mondialisé, où les économies de pays entiers sont mis en concurrence, c'est accepter que des régions entières du globe plongent dans la misère.

Le postulat du capitalisme est assez différent. Il est simplissime : alors que pour le libéralisme, la seule chose qui génère de l'argent c'est le travail, pour le capitalisme, posséder un capital est déjà en soi une source de revenus.
Le but est altruiste : pour que l'économie fonctionne, il faut que l'argent se concentre en quantités suffisantes pour être investies et ensuite ré-injectées dans le système. Ainsi, en permettant au capital de rapporter de l'argent, on encourage sa concentration, et par là, sa distribution. On trouve dans les moyens d'accumulation capitalistes standards :
- Le prêt avec intérêt.
- La location immobilière ou autre ( qui s'assimile aux prêt avec intérêt, puisqu'il s'agit de la jouissance temporaire d'un capital en échange d'une contrepartie financière)
- L'actionnariat, qui est une forme dévoyée de prêt avec intérêt. On achète à une valeur fixe, une part de la richesse globale d'une entreprise, susceptible de se modifier.
- La possession des moyens de production et le salariat. Précisons qu'il n'est pas ici question de la gestion d'une entreprise, mais bien de sa possession. Le fait que les deux postes se confondent souvent jette un rideau de fumée sur ces mécanismes. Le gestionnaire de l'entreprise est un salarié comme les autres, le propriétaire est celui qui engrange le profit du travail d'autrui.

Le capitalisme a pour effet de ponctionner régulièrement la richesse produite par la masse des travailleurs (parmi lesquels les gestionnaires d'entreprises) et de la capter au profit des possédants. Mathématiquement, avec une masse de richesses fixe, le système n'est pas soutenable, au bout d'un certain nombres de cycles, toute la richesse a été captée. Le capitalisme a donc comme postulat fondamental une croissance infinie. Si a un moment la croissance ( c'est à dire la masse de toutes les transactions économiques du système) est plus petite que le taux d'accaparement du capital, alors le système plonge.
L'une des solutions est de refuser l'héritage, limitant l'accumulation à une seule génération, et redistribuant ensuite la richesse captée.
Mais le problème majeur qui est posé par le capitalisme dans sa forme dynastique actuel, est que postuler une croissance infinie dans un monde où les ressources ne le sont pas, est suicidaire.
De plus, le capitalisme poussant à l'accumulation, il pousse également au monopole, au protectionnisme et à la concurrence déloyale, il est donc un frein majeur au fonctionnement correct du système libéral dans lequel, bon gré, mal gré, nous évoluons.

Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire, mais je vois que je m'étale déjà pas mal, aussi je m'arrête là. Toute critique, commentaire et ajout sont les bienvenus. Je ne prétends pas avoir fait le tour de la question, et par définition, tout ce qui est simple est faux. Mais je pense avoir cerné l'essentiel.
Interessant, mais je pense que c'est un peu trop magistrale pour soulever un débat.

J'ai souvent entendu dire que le libéralisme s'inpirait (philosophiquement parlant) du darwinisme.
A savoir: L'espèce, la civilisation evolue et s'améliore car seul les elements supérieurs survivent et demeurent, la société actuelle agissant comme une selection naturelles, eliminant les individus, les mode de pensée et les groupes sociaux les plus faibles et les moins adaptés.

(attention ceci est à relativiser et à ne pas prendre dans le sens de l'eugénisme)
Malgre la neutralité du ton que j'apprécie, je pense que les insultes genre "bolchevique" ou "gauchiste" ne vont pas tarder a fuser. Enfin, tu ne sais pas que le capitalisme et le néo liberalisme (celui la, bien capitaliste jusqu'au trognon) ont pour objectif la paix dans le monde et le bien être des l'humanité entière ?

Sinon bienvenue a toi avec ton propre compte
Re: lexique économique
Citation :
Provient du message de Alamankarazieff
Les postulat sont simples : Si une communauté d'individus a un besoin, une entreprise pourra prospérer en remplissant ce besoin. [...] Ensuite, si deux entreprises proposent des produits ou des services équivalents, le consommateur ira naturellement acheter celui qui présente le meilleur rapport qualité/prix.
[...]
- L'interdiction de toute situation de monopole : il est impératif qu'il existe plusieurs offres différentes, sinon le jeu est faussé. Si une entreprise seule générera ainsi des bénéfices hors de proportions, dans le cas de concentrations verticales, cela devient dramatique, puisque la société pourra avec ces bénéfices hors de propos vendre à perte d'autres produits, pourrissant l'ensemble du marché.
Les postulats sont vrais lors de la phase d'appel d'offre, mais si dans 10 ans il est avéré que l'entreprise A est meilleure que B ... il y a alors monopole puisque le jeu de la libre concurrence va amener les clients à acheter les produits de l'entreprise A.

Et le systéme est alors rapidement foutu en l'air.

[edit] concernant le capitalisme, magistrale explication, simple et parafaitement claire, même pour moi.
Re: Re: lexique économique
Citation :
Provient du message de Hannibal da GimpZor
Les postulats sont vrais lors de la phase d'appel d'offre, mais si dans 10 ans il est avéré que l'entreprise A est meilleure que B ... il y a alors monopole puisque le jeu de la libre concurrence va amener les clients à acheter les produits de l'entreprise A.

Et le systéme est alors rapidement foutu en l'air.
D'un, le raisonement n'est pas tout à fait bon (il se limite a 2 entreprises, pour N entreprises, il en restera n (avec n<N evidemment) toutes en concurrence, vendant chaque meme article au meme prix p, et chaque entreprise aura un profit nul. On est en situation d'equilibre général, ou plus rien ne bouge, et ou aucune entreprise n'a interet individuellement a changer quoi que se soit).
[edit : evidemment ce raisonement ne marche que dans le cas de rendements decroissants, une des hypotheses de base du raisonement neoclassique, qui pourtant est archi faux. Rendements decroissants, cela signifie que plus on produit, et moins cela coute, mais que cette baisse du coup diminue. Autrement dit, en passant de la production d'1 sucette a 2 sucettes, je vais peut etre reduire mon cout de 60%. Puis si je passe a 3, je ne le reduis plus que de 30% et ainsi de suite. Au final, il existe un moment ou ca ne m'arrange pas de produire plus, et par consequent, je ne peux produire assez pour toute la demande, et donc une autre entreprise doit le faire a ma place. Si les rendements etaient croissants -ce qui est tres souvent le cas dans pas mal de domaines- on justifie le monopole, qui produira donc toujours moins cher que plusieurs entreprises.]

De 2, l'ecole autrichienne a créé le principe de "marché contestable". Un monopole n'est pas nefaste si le marché est contestable, c'est a dire qu'il n'y a ni barrieres a l'entrée, ni barrieres a la sortie du marché, et qu'ainsi, une autre entreprise peut a tout moment s'installer et faire concurrence. Il y a donc une pression sur l'entreprise en monopole, qui vend a un prix tres proche du prix concurrenciel, pour eviter de couler si une autre entreprise s'installait.
Mais evidemment, comme tout le raisonement classique et neoclassique, tout se passe sur une "tete d'epingle". C'est a dire en raisonant sans l'espace et instantanément. C'est dingue de penser que les institutions comme le FMI se basent encore sur ces theories sans fondements.

En parlant de fondements, et puisqu'on est dans le libéralisme, il me semble qu'une explication des fondements du libéralisme (philosophique, politique puis economique) permettront a beaucoup d'y voir plus clair, et de mieux comprendre d'ou vient ce mouvement tant décrié.
Je vais donc poster ici un petit dossier que j'ai rédigé pour mon cours d'Histoire de ma licence de Sciences eco. Je dis petit, parceque j'ai raccourci, mais il doit encore faire l'equivalent de 2 pages doubles, une fois ecrit a la main... Donc seuls ceux qui sotn vraiment interressés le liront, ce qui veut dire pas beaucoup mais je le poste quand meme.
N'hesitez pas pour toute reaction/commentaire.
Sinon, je dois avouer que Alamankarazieff m'a coupé l'herbe sous le pied, puisque je souhaitais faire sur JoL pendant les vacances quelques threads a but purement informatifs sur les grands points et les grandes questions de l'economie de nos jours, comme des sortes de fiches sur l'economie du travail, sur l'economie environementale, sur l'intégration de l'espace dans l'economie, ou encore sur l'histoire.
Si jamais ca interresse des gens, faites m'en part, je m'y attelerais. Sinon, tant pis, je gagnerai du temps

Attention, commencage de dossier, postage par accoups.

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Les fondements du libéralisme.


Le libéralisme, courant majeur de la pensée politique et économique, qui place la liberté de l’individu au-dessus de toutes les valeurs, se confond avec l’histoire des progrès de la tolérance et de la démocratie. La supériorité du « laisser-faire » sur le protectionnisme, du marché sur la planification, que les théories libérales affirment avec force, semble confirmée par la fin du communisme européen. Le libéralisme n’en est pas moins confronté avec des problèmes inédits posés par une économie aux implications planétaires.
Il semble donc important de se pencher sur les fondements même du libéralisme afin de mieux le comprendre.
Les trois aspects qui peuvent être distingués dans le libéralisme correspondent à trois périodes de son histoire : la défense de la liberté de pensée constitue une premiere phase, la deuxieme est marquée par la promotion de la liberté individuelle politique et la troisieme par la mise en lumiere du role du marché dans la societe civile.


1) Le libéralisme philosophique, premier aspect de ce courant, trouve ses origines dans la renaissance du XVème siècle, puis au XVIIème dans la réforme protestante. John Locke, un penseur anglais, se fait alors connaître et développe rapidement des idées très libérales.
En effet, la Renaissance et la Reforme voient l’émergence de la liberté de pensée sous la forme d’un triple combat : contre le poids de la tradition, contre la domination de l’Eglise, et contre le despotisme de l’Etat. Dans ce dernier cas, il s’agit plus de fonder le pouvoir de l’Etat dans la volonté, le choix rationnel des individus.
C’est dans cette période que naquit en Angleterre J. Locke en 1632. Il peut sans conteste être considéré comme le premier en date des grands penseurs libéraux. Réagissant aux thèses absolutistes de Hobbes (1588-1679), il fut influencé par l’égalitarisme démocratique et individualiste des « niveleurs » (révolutionnaires opposés à Cromwell). L’essentiel de sa contribution au libéralisme se tient dans le « Deuxième Traité du gouvernement civil » en 1690, où il proclame le caractère inaliénable des droits de l’homme individuel à la propriété privée et à la libre participation au pouvoir politique. L’état de nature lockéen, s’opposant à Hobbes et Spinoza (1632-1677) met en place des individus naturellement libres et égaux, gouvernés par une loi naturelle : la raison. Pour lui, tout individu est ainsi « seigneur absolu de sa personne, de ses possessions, maître et propriétaire de sa personne, de toutes ses actions, de tout son travail ».Ainsi le travail donne le droit de propriété fondé antérieurement à tout pouvoir politique : on ne peut le violer. Les biens ainsi produits peuvent être librement échangés. Toutefois, cet état de nature est précaire et pour Locke, il faut l’instauration d’un « gouvernement civil » dont la fin est de remédier aux inconvénients de l’état de nature qui naissent de la liberté d’être juge de sa propre cause. On retrouve aujourd’hui les fonctions « régaliennes » de l’Etat. La philosophie de Locke va très vite irriguer la pensée libérale en train de prendre corps et exercer une influence considérable jusqu’à nos jours. Vers la fin du XVIIIème siècle, cette influence sera particulièrement sensible aux Etats-Unis, chez Thomas Jefferson, inspirateur de la Déclaration américaine des droits, et chez Thomas Paine. De plus, d’autres penseurs vont rapidement reprendre ces idées. Même Spinoza, dont on peut se demander s’il était vraiment libéral, fonde la science sur la raison et non sur l’autorité de la tradition : il propose comme condition au fonctionnement d’une cité juste, la liberté de pensée et une religion civique autorisant la liberté de culte pour chaque religion particuliere. Plus d’un siècle avant Adam Smith et sa main invisible, Spinoza écrivait dans « L’Ethique » : « Quand chaque homme recherche le plus ce qui lui est le plus utile à lui meme, alors les hommes sont les plus utiles les uns aux autres », anticipant dès lors sur la naissance d’un libéralisme politique et surtout économique.
Très vite, les idées philosophiques du libéralisme vont se propager au domaine politique, et finiront par imposer le libéralisme comme le principal agent de la construction de la démocratie parlementaire.

2) Dans la construction des libertés politiques, deux idées libérales semblent être primordiales : la limitation mutuelle des pouvoirs et le developpement de l’individualisme.
En effet, l’idée que le « pouvoir doit arrêter le pouvoir » commence à se répandre grâce à Locke tout d’abord, puis Montesquieu et Benjamin Constant, tous deux français. Fortement influencé par l’exemple constitutionnel anglais, Charles de Montesquieu (1689-1775) expose ce qui est considéré comme la quintessence de la tradition du libéralisme politique classique dans « De l’esprit des lois » en 1748. Pour lui, la liberté n’a de sens que dans une perspective politique : c’est celle du citoyen, et dit-il, elle ne se trouve que dans les gouvernements modérés. Ainsi, plusieurs points doivent être respectés : le respect d’une constitution, la mse en place des lois, garanties de la liberté, et surtout, le principe de séparation interne des pouvoirs qui se controlent mutuellement. Cette pluralité du pouvoir se déclinant en pouvoir législatif, représentatif et en un pouvoir exécutif. Toutefois, chez Benjamin Constant (1767-1830), les bienfaits du régime représentatifs ne doivent pas être annulés par une souveraineté illimitée du peuple qui se traduit toujours par l’oppression de la minorité. Lorsque « les masses réclament le droit d’asservir la minorité à la majorité », il n’y a là que déni du Droit : principe canonique du libéralisme.
C’est d’ailleurs chez Constant que l’on retrouve principalement l’idée qu’il ne faut jamais demander le sacrifice de l’indépendance individuelle pour établir la liberté politique. Par liberté il entend le triomphe de l’individualité. Apres la Révolution française, le décret d’Allarde, renforcé par la loi « Le Chapelier » en 1791, interdisant les corporations, refusait aux citoyens le droit de défendre de prétendus intérêts communs. On ne reconnaissait d’intérêts légitimes qu’à l’individu, et l’harmonie de ces intérêts servait l’intérêt général : ainsi naquit l’individualisme, assise philospohique et politique du libéralisme. La vraie référence étant l’individu, les valeurs trouvent leur principe dans ce qui lui est utile. Ainsi l’individualisme se prolongera-t-il plus tard dans l’utilitarisme (illustré par J. Bentham et J.S. Mill) si cher aux économistes actuels.

Mais la force du libéralisme fut, à une époque d’industrialisation, d’étayer ses revendications de liberté politique par une démonstration économique. La liberté politique sans libertés économiques conduirait le capitalisme à l’inefficacité, ce qui à la longue compromettrait la démocratie. A l’inverse, un monde de libertés économiques sans liberté politique est instable.

3) L’intégration de la notion de liberté au champ de l’économie a entraîné une véritable rupture théorique marquée par l’apparition du libre-échangisme, qui correspond à la naissance du courant classique avec les « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations » d’Adam Smith en 1776. Mais déjà avant lui, les mercantilistes et les physiocrates avaient effleuré quelques concepts proches du libéralisme.
En effet, le mercantilisme définit le cadre de l’économie comme étant celui de la nation et affirme l’importance de la possession de métaux précieux. Il faut tout faire pour exporter les marchandises. Bien que la technicité économique des textes mercantilistes soit faible, leur cadre d’analyse n’a pas été entièrement dévalorisé par la pensée libérale. On peut considérer que ce mouvement portait sa propre contradiction : il visait à la suppression des barrières internes aux Etats, mais une fois édifiée à l’abri des barrières douanières, l’industrie manufacturière semblait appeler de nouveaux marchés et une division du travail à l’échelle planétaire. La critique du mercantilisme par les physiocrates, dont la figure centrale est François Quesnay (1694-1774), accorde à la terre une valeur supérieure à tous les autres biens, y compris les métaux précieux, car elle « produit comme spontanément ». Les Physiocrates vont alors anticiper sur A. Smith ou Ricardo, car ils estiment que par ses interventions, le pouvoir politique ne peut que perturber des mécanismes économiques par lesquels le bien se fait tout seul. Ils se prononçaient d’ailleurs, à l’inverse des mercantilistes, en faveur de la liberté des prix en général, et du grain en particulier. En France, Turgot développa une politique du « laisser-faire, laisser-passer » qui le conduisit en 1774, à instaurer la liberté du commerce des grains et à supprimer, en 1776, les corporations. C’est la même année, qu’avec son ouvrage, A. Smith fut à l’origine de la pensée libérale en économie, en posant les bases du libre-échangisme.
Selon lui, les interventions en faveur des exportations ne conduisent pas à une division optimale du travail. Il estime qu’un pays doit se spécialiser dans le type de production où il est le plus efficace : c’est la doctrine de l’avantage absolu, affinée plus tard par Ricardo et la théorie des avantages comparatifs. Par ailleurs, il propose de réduire le budget de l’Etat aux simples fonctions régaliennes, à l’éducation et la dignité du Souverain. En suivant ses recommandations, l’Angleterre se hissera au rang de première puissance mondiale au XIXème siècle. Pour Smith, la recherche par l’individu de son intérêt propre est le moteur de l’économie. Chaque être est mû par une « main invisible » qui produit un effet global non attendu : l’instauration d’un ordre meilleur que celui qu’une volonté unique aurait pu vouloir : les entraves quis eraient mises à la liberté individuelle au nom du bien commun sont illégitimes. En France, c’est J.B. Say (1767-1832) qui diffusa l’œuvre d’A. Smith. Il est à la fois chef d’entreprise et universitaire. Il compléta la pensée libérale avec trois grandes idées. Tout d’abord ce que l’on appelle la « loi des débouchés » que l’on résume par : « toute offre crée sa propre demande », inversant alors la présentation commune faisant de l’offre la réponse à une demande préalable. Ainsi pour lui, la richesse ne vient pas de la demande mais de l’offre. Ensuite il s’oppose à Smith (et plus tard à Ricardo) en refusant l’idée de « valeur travail ». Il pense au contraire qu’il n’y a pas de distinction entre prix naturel et prix de marché, puisque la valeur de la chose acquise est « égale à la valeur de la chose que l’on consent à nous donner en échange » ; c’est son utilité qui fait désirer un objet. Enfin d’après lui, il ne peut y avoir de surabondance générale et de surproduction sur le marché. Ce dernier est en rééquilibrage permanent et spontané : les offreurs s’adaptent aux conditions changeantes. Le moteur de cette autorégulation est l’intérêt personnel qui est toujours le meilleur juge. Tout le monde est nécessairement gagnant à ce jeu a somme non nulle, grâce à la concurrence. Aujourd’hui encore, les idées de Say sont reprises et fondent un « noyau dur » du libéralisme économique moderne.

En conclusion, après avoir montré en quoi les idées philosophiques sur la liberté des individus et le combat face au despotisme et le rejet de l’absolutisme fondent le vrai fondement du libéralisme, nous avons analysé les conséquences de ces pensées sur le plan politique, pour en finir par étudier les origines du libéralisme économique qui prit vraiment forme avec Adam Smith et les économistes dits Classiques.
Toutefois, au cours des 20 dernières années, le libéralisme est devenu l’alpha et l’oméga des grandes institutions internationales. Sur la même période, on constate à la fois un net ralentissement de la croissance mondiale et n profond creusement des inégalités Nord-Sud. La mondialisation libérale n’est bien sur par la seule responsable des problèmes constatés. Tout de même ne devrions nous pas, au début de ce nouveau siècle et à la lumière de nos connaissances actuelles, remettre e cause certains fondements même du libéralisme, telle la « main invisible » qui se révèle en grande partie fausse à l’échelle du globe ?



Bibliographie :
Flamant Maurice, « Histoire du libéralisme », PUF, Collection Que Sais-je ?, 1992
Laurent Alain, « Les grands courants du libéralisme », Armand Colin, 1998
Guiheneuf Yves, « Economie et Utopie, Du marxisme à l’ultra libéralisme en 31 points », L’Harmattan, Collection « Economie et Innovation », Série Clichés, 2002
« Alternatives économiques », hors série n° 51, 1er trimestre 2002
Encyclopédie Axis.
Hop, le genre de post qui fait pencher ma balance "quel fac faire si je rate le concours science po la premiere année" vers l'éco .
Le genre de raisonnement que j'adore, et que souvent, je m'amuse a faire superficiellement pendant les cours d'svt (Quel con d'avoir fait S bordel!)
C'est marrant d'ailleurs, en aillant jamais parler capitalisme avec qui que ce soit et sans aucun cours d'eco, j'avais deja assimilé la notion de "pas de croissance=petage de gueule" *fier*
Citation :
Provient du message de Fingo SARCASME Rakar
Rajoutons que la main invisible d'Adam Smith n'existe pas, comme l'a souligné, je crois, Pitit Flo.
C'est a dire... plus exactement, dans l'absolu, elle existe. Malheureusement il existe des interferences qui l'empechent de jouer a plein, je donnerai les 2 principales :
Les problemes d'information (il est tres a la mode en sciences eco depuis quelques années de parler d'asymetrie d'information, de mettre de l'alea moral par ci, de la selection adverse par la, differentes notions que l'on doit a des prix nobels comme Joseph Stiglitz ou Akerloff, qui sont, le hasard fait bien les choses, des post/neo keynesiens) qui font que les agents ne prennent pas toujours des decisions rationnelles et donc qui menent a des situations nefastes ou sous optimales.
Les externalités. C'est a dire tout ce qui resulte du processus de production mais qui n'est pas pris en compte par le marché. Des externalités negatives (comme une usine qui pollue un lac, et va donc reduire la recolte des pecheurs du lac) et positives (imaginons un apiculteur a coté d'un producteur de pommes, les abeilles vont venir butiner les pommiers et donc augmenter la fertilité et la recolte, et a l'inverse, grace aux pommiers, les abeilles produiront plus de miel).
Pour les externalités négatives, puisque le marché n'en tient pas compte, les agents produisent trop (si on instaure une taxe sur la pollution du lac qu'on reverse au pecheur pour compenser, l'usine va produire moins), pour les positives, ils ne produisent pas assez (l'apiculteur et l'agriculteur auraient interet a augmenter le nombre de pommiers et d'abeilles, il faudrait les subventionner pour les y motiver)
Ces principes de defaillances du marchés, qui empechent la main invisible de fonctionner suffisent a justifier l'intervention de l'etat dans l'economie, car seul le "dictateur bienvaillant" peut voir ces externalités, les calculer et de fait internaliser les externalités, c'est a dire instaurer des taxes ou des subventions pour que les agents produisent de maniere a atteindre un optimum (au sens de pareto), donc un etat ou on ne peut pas ameliorer la condition d'un agent sans deteriorer celle d'un autre.


Enfin bon, je vois qu'encore une fois je fais un pavé de pas grand chose, j'ai toujours tendance a m'etaler et a ne pas aller a l'essentiel, desolé


Citation :
Le genre de raisonnement que j'adore, et que souvent, je m'amuse a faire superficiellement pendant les cours d'svt (Quel con d'avoir fait S bordel!)
Detrompe toi, si tu rates sciences po, et que tu fais une fac d'eco, avoir un bac S te sera d'une grande utilité. Il est a noter que la fac d'eco convient beaucoup mieux aux S qu'aux ES (je suis bien placé pour le dire, j'ai fais ES et une fac d'eco ), qui ont beaucoup de lacunes en maths (et te leurre pas, la fac d'eco c'est QUE des maths, surtout en DEUG) et tres peu d'avantage en eco (les cours de lycée en ES n'ont rien a voir avec ce qu'on apprend et la maniere dont on l'apprend en fac). Et je dis pas ca parceque je n'ai jamais decollé du 8 en maths et en econométrie depuis 3 ans
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Citation :
De 2, l'ecole autrichienne a créé le principe de "marché contestable". Un monopole n'est pas nefaste si le marché est contestable, c'est a dire qu'il n'y a ni barrieres a l'entrée, ni barrieres a la sortie du marché, et qu'ainsi, une autre entreprise peut a tout moment s'installer et faire concurrence. Il y a donc une pression sur l'entreprise en monopole, qui vend a un prix tres proche du prix concurrenciel, pour eviter de couler si une autre entreprise s'installait.
Mais evidemment, comme tout le raisonement classique et neoclassique, tout se passe sur une "tete d'epingle". C'est a dire en raisonant sans l'espace et instantanément. C'est dingue de penser que les institutions comme le FMI se basent encore sur ces theories sans fondements.
C'est pas la concurrence monopolistique plutot ?
Citation :
Provient du message de Grosquick
C'est pas la concurrence monopolistique plutot ?
Non non. La concurrence monopolistique c'est autre chose.
Sans vouloir dire trop de betises, il me semble que c'est lorsque des entreprises produisent et vendent sur un meme marché des biens qui sont des substituts imparfaits. C'est a dire des biens qui sont presque identiques, mais pas totalement. Du coup, certains agents vont preferer tel produit, et ne vont le trouver que chez l'entreprise A (qui est donc en monopole), mais si jamais cette entreprise profite trop de son monopole et vend son bien a un prix trop elevé, les agents vont aller acheter un autre bien presque identique ailleurs.

Le marché des voitures peut etre considéré comme un marché en concurrence monopolistique. Vous voulez acheter une 106, bah vous en trouverez que chez Peugeot, vous etes obligés d'aller la bas. Mais si Peugeot vend sa 106 trop cher, Ford lui, vous vendra sa fiesta (donc a peu pres le meme type de voiture que la 106) pour moins cher.

Le principe des marchés contestables a ete a l'origine trouvé par Frederich Von Hayeck, autrichien et ultra liberal du debut du XXème siecle, qui est parti de l'idée que d'imposer une concurrence pure et parfaite sur des marchés, c'est deja imposer trop de regles. Pour lui, il suffit alors qu'il n'y ait ni barrieres a l'entree, ni a la sortie pour assurer que les prix de vente des monopoles soient presque les memes que les prix de concurrence.
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