[Education] quelque chose me gêne

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Dans le même genre que FV, j'ai eu un pote qui a fait 5 ans de lycée (2 secondes, 2 premières, 1 terminale, il n'a pas eu le bac à la fin ). Et, en effet, je pense qu'il est passé parce qu'il n'avait pas le droit de tripler, et pas de lycée public à des km à la ronde
Edit pour au-dessus : je trouve le système américain bien pire que le système français

Edit pour FV: j'étais dans un lycée public aussi, ce qui explique sûrement la réticence des profs à l'expulser ...
Citation :
Provient du message de Ariendell
Dans le même genre que FV, j'ai eu un pote qui a fait 5 ans de lycée (2 secondes, 2 premières, 1 terminale, il n'a pas eu le bac à la fin ). Et, en effet, je pense qu'il est passé parce qu'il n'avait pas le droit de tripler, et pas de lycée public à des km à la ronde
Dans mon cas, c'est un lycée public, je précise. Et elle est bien partie pour faire comme ton pote, puisque la probabilité qu'elle ait son BAC est assez mince, après 4 ans de glandouille (en ce moment, elle révise pour son BAC, mais c'est difficile de réviser ce qu'on n'a pas appris).
Citation :
Provient du message de Elandil Eldaron
Perso, je trouve le système scolaire français un peu mal foutu, comparé à certains de nos voisins européens, et aux USA dont j'ai un peu eut l'expérience.
Tu peux nous eclairer stp ?

Citation :
De nombreux parents font pression sur les profs pour qu'ils laissent passer leur enfant en classe supérieure
J'ai fait pression sur mes professeurs pour qu'ils ne me laissent pas passer en classe sup (de la 3eme a la 2nd)
Alors qu'ils souhaitaient me faire passer (sans meme se poser de questions) et que j'avais reussit mon brevet des colleges.

Ils ont finis par accepter ma demande.
C'est la meilleur chose que j'ai faite.

Quand je suis arrivé au bac sans probleme, je me suis retrouvé avec des gars qui avaient tous perdus au moins une année, suite a des changements de classe trop hatifs ou a des erreurs d'orientations.

Comme quoi ça depends aussi des eleves.
C'est pas un concour. c'est pas le premier arrivé.

Mais il est vrai que tant qu'on se dira que ça fait "mauvais genre" de planter une année ben on aura des betises de ce genre.
Plusieurs choses m'etonnent dans ce que tu dis. En particulier la "demission du corps enseignant". Lorsque j'etais encore dans le secondaire (en eleve) et ca n'est pas si loin, 7 8 ans a peine, je n'ai pas du tout senti cette "demission". Bien sur il y avait des incapables, ou des profs proches de la retraite qui etaient usés jusqu'a la corde et ne supportaient plus leurs eleves. Bien sur j'ai rouspeté quand j'ai eu en premiere S une prof de physique nulle, qui n'avait pas la capacité technique requise pour assurer ses cours et ne comprenait elle meme pas les points du programme. Mais c'etait vraiment des cas isolés. La plupart des enseignants etaient motivés, essayaient de faire passer quelque chose avec passion, et parfois ca ne devait pas etre facile (essayez d'etre prof de francais en S, une bande de legumes qui jouent avec leurs caculettes en cours ca ne motive vraiment pas). Donc si demission il y a eu elle est recente, et spectaculaire.

J'ai des amis qui sont enseignants dans des colleges en banlieu parisienne. Je les ais vu preparer leurs cours, discuter entre eux pedagogie, s'interroger sur certains eleves en difficultés comme des cas individuels. Le meme genre de demarche que toi : ils veulent apporter quelques chose aux eleves. J'ai donc le doute sur la generalité que tu fais. Je pense pour ma part que le corps enseignant n'est pas demissionaire (de facon globale, bien sur tu trouvera des exemple de profs incompetents/blasés).

Cela dit je ne remet pas en cause ton temoignage. Mais penses bien que en tant que prof privé, tu recois justement des eleves qui sont en difficultés scolaires, pour lesquels il y a eu un probleme. Ta position meme fait que tu te trouves confronté aux problemes eventuels du systeme educatif. Tu ramasses les miettes. Comme le pompier voit des morts quotidienement tu vois des eleves victimes d'un prof incompetent. En suivant la meme demarche que toi, le pompier pourrait etre amené a declarer que tout le monde est en train de mourir dans des accidents de voiture. Pourtant il n'y a pas 10000 morts sur les routes chaque années. Enfin je pense que tu vois ce que je veux te faire comprendre avec cette analogie.

Enfin question d'absenteisme. La encore je m'etonne (et je m'insurge si c'est le cas ! ). J'ai raté un unique cours sans justification cette année (a cause d'un reveil demissionaire lui aussi). J'ai du m'en expliquer des le lendemain a l'administration de mon IUT, le ton n'etait pas a la rigolade ni au laxisme (et les heures non effectuées ont ete retenues sur mon salaire). De meme je ne pense pas qu'un prof du secondaire qui serait absent de facon permanente sans raisons pourrait continuer impunement. L'absenteisme est une faute professionelle pour les profs aussi, d'autant qu'il est tres facilement verifiable et que leur abscence non justifiée est immediatement penalisante.



Enfin, pour ce qui concerne les passages dans l'année superieure qui ne devraient pas etre faits. Lorsque ce systeme de non redoublement des classes primaires puis de non redoublement d'un certain nombre de classes intermediaires a été decidé, un grand nombre d'enseignants etaient contre (comme tu le fais remarquer, il est stupide d'envoyer un eleve qui ne sait pas lire en 4e, de toute facon il n'a aucune chance de reussir. Tu imagines bien qu'une telle evidence n'a pas pu passer a coté de la vue des gens qui sont avec des eleves toutes la journée). Mais les directives academiques etant ce qu'elles sont, les professeur ssont contraints de les appliquer, ainsi que les directeurs d'etablissements. Le retour du redoublement decidé par le conseil de classe et non optionel n'appartient pas a la reforme proposée soit dit en passant.

Enfin, tu dis que le fait d'avoir des auxiliaires (qu'il s'agisse de jardiniers, d'administratifs de secretariat, ou de surveillants) n'ameliore pas la qualité de l'enseignement. Au contraire, je pense qu'un cadre agreable ameliore la motivation des eleves et des enseignants, qui sont donc plus productifs. Je pense que le fait qu'un secretariat soit efficace et rende les notes et documents demandés en temps n'est pas une option. Si je demande une serie de photocopies pour un cours et qu'on me les donne 1 semaine apres parce que l'administration est debordée, ca diminue la qualité de mon enseignement (puisque finalement j'ai du me passer des polys prevus), ou alors ca augmente ma charge de travail inutile (passer 1 heure a faire des photocopies au lieu de me documenter pour preparer un cours plus a jours par exemple). Quand aux surveillants, les supprimer alors qu'on parle toujours plus d'insecurité a l'ecole, et que ce gouvernemetn a été elu sur des considerations securitaires ca me parrait exageré.


Comme tu vois nous ne sommes pas d'accord sur grand chose. Sauf peut etre que les methodes pedagogiques qui ont ete imposées aux profs ces 10 dernieres années ne sont pas bien efficaces et qu'il faudrait revenir a quelque chose de plus classique.
Citation :
Provient du message de Dwelfigor
Tu peux nous éclairer stp ?
Nan ... Nous éclaires pas STP ... Fait un post pour qu'il y ait une "discussion" sur les mérites comparés du "système" américain et du système français, mais nous éclaires pas ... c'est pas le sujet du post ...
témoignage très intéressant.

quelques idées qui me viennent à l'esprit :

- quelle est aujourd'hui la proportion d'étudiants qui choisit de devenir prof par *vocation* et celle qui le fait pour profiter des horaires allégés et des nombreuses vacances? (sans parler de la garantie de l'emploi même s'ils ont archi nuls. à moins de décapiter un élève ça doit pas être possible pour un prof de se faire virer)
j'ai un cousin qui a fait prof d'histoire par vocation d'enseigner (ou plutôt pour faire partager sa passion, enfin je crois, je connais pas non plus ses motivations profondes...). Par contre je peux citer plusieurs personnes qui ont entrepris des études dans cette voie pour les motifs bien moins avouables mentionnés plus hauts.
Je ne prétends pas que le cercle de mes connaissances est représentatif d'une population plus large, mais si c'est le cas, ceci expliquerait peut-être celà...

- on a malheureusement dans ce pays des gens, toujours les mêmes et dont font partie de nombreux profs, qui rejettent j'allais dire "par principe" toute évolution ou modification même nécessaire et/ou fondée, en se cachant derrière le pretexte de "la défense du service public" alors qu'en fait ils ne pensent qu'à leur pomme.
evidemment qu'on aimerait tous partir à la retraite plus tôt. sauf que pour des raisons d'evolution démographique, ce n'est pas possible.
Citation :
Provient du message de Annabella Belli


- on a malheureusement dans ce pays des gens, toujours les mêmes et dont font partie de nombreux profs, qui rejettent j'allais dire "par principe" toute évolution ou modification même nécessaire et/ou fondée, en se cachant derrière le pretexte de "la défense du service public" alors qu'en fait ils ne pensent qu'à leur pomme.
evidemment qu'on aimerait tous partir à la retraite plus tôt. sauf que pour des raisons d'evolution démographique, ce n'est pas possible.
La remarque de mon amie enseignante en college en regardant les infos hier soir : "Ils ne parlent que des retraites et pas du tout de nos revendications, ca m'enerve", ce juste avant d'eteindre la tv d'un coup de zapette rageur. Le probleme de l'educatin nationale n'est pas lié au probleme des retraite. Tu prends un racourcis un peu rapide Anabelle en les liant artificiellement. D'ailleurs mon amie est en greve alors qu'elle soutient la reforme des retraites (je pense qu'elle a tort de soutenir cette reforme des retraites, mais c'est un autre debat qui a deja eu suffisement de posts pour lui je pense).
Moi ce qui me gêne le plus sur le comportement des profs ( et qui en dit beaucoup je pense), c'est qu'ils soient capables de bloquer les examens d'élèves qu'ils ont préparé à ces examens plusieurs années
Citation :
Provient du message de Mothra

Enfin question d'absenteisme. La encore je m'etonne (et je m'insurge si c'est le cas ! ). J'ai raté un unique cours sans justification cette année (a cause d'un reveil demissionaire lui aussi). J'ai du m'en expliquer des le lendemain a l'administration de mon IUT, le ton n'etait pas a la rigolade ni au laxisme (et les heures non effectuées ont ete retenues sur mon salaire). De meme je ne pense pas qu'un prof du secondaire qui serait absent de facon permanente sans raisons pourrait continuer impunement. L'absenteisme est une faute professionelle pour les profs aussi, d'autant qu'il est tres facilement verifiable et que leur abscence non justifiée est immediatement penalisante.
par contre quand tu as un médecin complaisant, ça devient très facile...
Super Ton post Meborack.....

Tu refute sois disant ce que dit fenrhyl en reprenant des slogans generalistes et qui n'apporte rien au debat. De plus il analyse le probleme de son point de vue, ce qui n'est absolument pas superficiel.

Diviser pour regner... non mais laisser moi rire, le president a ete élu il represente le peuple, il ne regne pas et il ne divise pas, il applique les reformes qui doivent etre faites. Si vous n'êtes pas content faudra penser a voter la prochaine fois. Quand je pense au taux d'absention du premier tour des presidentielles, ca me fait vomir de voir autant de gens raler ds les rues. Il y en a quantite qui n'ont pas du aller voter...

Apres toujours le probleme de l'egalite. Ca va etre vite regle car si le systeme scolaire francais continue dans ce sens, les parents mettront leurs enfants dans le privé. Et puis c'est quoi l'egalite pour toi ? une education pourri pour tous ? la decentralisation NE TOUCHE PAS LES PROFS, je ne vois pas ce que ca change que la femme de menage soit payer par la region et pas par l'etat au niveau de l'education.

Et enfin ton magnifique post se fini par un jugement hatif et infondé, puisque tu critique sa capacite a raisonner sur ce probleme alors qu'il est prof et qu'il constate les effets de la degradation du systeme scolaire francais a travers les cours de soutiens qu'il donne.
Le posteur original, même s'il se veut objectif, ne voit que ceux qui sont en situation d'échec scolaire. Il devient évident que si échec il y a, c'est pour des raisons (celles qu'il a mentionnées en l'occurrence), mais on passe à côté de tous ceux qui réussissent. Ce serait bien d'avoir un ton moins mordant, la discussion était jusque là saine.
Ceux qui reussissent c'est-a-dire prepa , grandes ecoles ou grandes Fac sont en general issus des bons bahuts parisiens ou de bahut privé et rarement du bahut public de province.
Mais réussir quoi? Tout le monde ne se destine pas à ENA ou devenir informaticien ...
Franchement cette notion de réussite me sort par les yeux, quelqu'un peut très bien réussir et être parfaitement heureux sans avoir fait une grande école ! pfffffff !
Je parle de reussite scolaire, pas sociale. La reussite scolaire jusqu'a preuve du contraire passe par les etudes. On peut tres bien reussire sa vie avec un Bep ou un Cap mais on ne dira pas qu'on a reussi a l'ecole. la reussite scolaire passe par de longues etudes.
Citation :
Provient du message de Torna
Ceux qui reussissent c'est-a-dire prepa , grandes ecoles ou grandes Fac sont en general issus des bons bahuts parisiens ou de bahut privé et rarement du bahut public de province.
Je viens d'un college de banlieue public avec des incendies de voitures frequents tout autour.
J'ai fait un lycée de banlieue public en province. Pas prestigieux, juste efficace.
J'ai fait des etudes longues (est ce que j'ai "reussi" ? Ca je n'en sais rien).
Oui, ce n'est qu'un témoignage, et les réponses constructives sont intéressantes à lire.

Si je devais réécrire ce texte, je pense que je le rendrais nuancé. J'ai eu des professeurs extraordinaires (presque tous profs de français/latin d'ailleurs, j'ignore si ça a une importance), ceux là je pense qu'il faudrait leur élever une statue... et des professeurs pitoyables... mais ce ne sont pas les plus pitoyables qui m'ont vraiment ennuyé quand j'étais en classes... qu'un prof devienne alcoolique ou dépressif ça peut se comprendre, c'est sûrement parce que son métier lui tient à coeur, on peut imaginer mille raisons (ça peut aussi être un poivrot ou une personne très sensible, mais dans ce cas là l'administration n'aurait jamais du le laisser devenir professeur.) Mais il y avait la grande majorité de ceux dont j'avais l'impression qu'ils n'en avaient rien à foutre. Mais vraiment rien. Ils étaient présents, répondaient aux questions, mais n'étaient vraiment là que pour leur salaire et leur situation... et ça se sentait.

Mais ya rien à faire, ça me révulse de voir des élèves qui veulent s'en sortir et qui ne trouvent aucune réponse en face.

Et quand j'y repense, la quantité de mes camarades qui, en licence, sont allés en IUFM parce qu'ils voulaient se faire une situation était incroyable. En en discutant avec eux, peu avaient comme premier sujet de préoccupation une passion de l'enseignement, beaucoup parlaient situation et avantages... je pense qu'une grande partie de mon pessimisme vient de là.

Comme l'a dit quelqu'un, je ramasse les miettes. C'est un bon métier, très utile. Mais autant ramasser les miettes parce qu'un élève a du mal, des problèmes de méthode ou des lacunes ne me gêne pas, autant faire le travail du professeur à sa place me gêne beaucoup. Je le fais parce que je n'ai pas le choix actuellement. Mais j'ai clairement l'impression d'entretenir une machine qui, à terme, va causer de grands problèmes.

En y repensant bien, j'estime que c'est un problème ou tout le monde joue l'autruche : parents, professeurs, état. Et au milieu les élèves en prennent plein la gueule.
Je copie colle ici les raisons pour lesquelles je fais grève en ce moment. Je les avais écrites dans le sujet "Grève générale" il ya quelques temps.
Noter bien que je fais grève depuis un moment, mais pas pour les retraites. Je ne fais grève que pour l'Education Nationale. Simplement l'amalgame a vite été fait par les médias, et le gouvernement en a profité pour diviser encore et toujours public / privé.

Certaines références du textes sont à rapporter au thread en question.
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- DECENTRALISATION

Comme te répond Trouveur dans le thread, cette décentralisation place donc les collèges / lycées sous tutelle régionale. Elle a déjà été faite pour les écoles primaires d'ailleurs.
Pour le moment elle ne concerne que les emplois des personnels ATOS (ce sont les gens qui s'occupent de l'entretien des établissements, d'une manière générale) et les universités et est prévu pour les professeur d'ici quelque temps et in-fine pour toute la gestion de l'Education.

Or les régions n'ont pas forcément les moyens de financer une telle chose (lire le texte de Pierre Mondy (plus trop sur du nom) qui décrit tout cela très très bien. Ah, il est conseiller régional, justement..)

Ce qui induit, comme le dit Trouveur, deux choix:
- soit ils augmenteront les impots locaux pour financer ça, avec au final toujours plus de chose à payer et toujours plus d'inégalité pour celui qui n'a déjà pas un salaire élevé.
- soit on fera appel à des entreprises privées (comme aux Etat Unis), avec les dérives qu'on peut imaginer (telle entreprise pourra dire par exemple "euh non, ne faites pas cette partie du programme qui ne correspond pas à ce qu'on souhaite, sinon on enlève les sous").
Cela peut aussi enlever des pans entiers de l'enseignement si l'entreprise n'y voit pas un quelconque profit (parce que comme tu le rappelles si bien, une entreprise, c'est quand même fait pour ça).
Quelle entreprise ira financer une recherche sur la vie de Platon par exemple ? Ou une réflexion sur un texte philosophique ? Ou sur une recherche purement mathématiques ?
Tu peux me dire "bah faudra chercher, on trouvera surement". Peut-etre, encore que ce n'est pas sur. Mais surtout, il "faudra chercher " ! Actuellement, toutes les recherches fondamentales peuvent être faites sans soucis de "rentabilité" (je te rassure avant que tu bondisses et me rerécites tous tes arguments, il y a quand même des soucis de rentabilité, mais bien moindre que dans le privé. Je détaillerais ce point si tu le souhaites ; ou d'autres le feront mieux que moi d'ailleurs).

Comme tu le rappelles également dans le même thread, les chercheurs du privés ne PEUVENT pas faire de recherche fondamentale. Et si tout devient privé, la recherche fondamentale n'existera donc plus (et sans elle, il n'y aura pas beaucoup de progrès. Les applications ne pouvant pas être faite sans recherches fondamentales. Et inversement !)

Bref, c'est mettre l'école et l'enseignement sous la tutelle du privé, et je suis totalement contre.

Autre conséquence, celles des programmes des enseignements, qui seront décidés par les régions là encore. Ce qui veut dire des programmes différents selon l'endroit de la France où tu es. Et par conséquent des diplomes de différentes qualités. Si tu as la chance d'être dans une région riche alors tes enfants auront surement un super diplome. Si tu as la malchance d'être dans une région moins riche, bah ce sera tant pis pour ta pomme. Tu n'avais qu'à naitre ailleurs, après tout...

Sans compter que ces programmes peuvent très bien être influencés beaucoup plus facilement par la couleur du gouvernement en place quand c'est une région qui les gère, plutôt que l'Etat. Imagines un programme scolaire vu par des partis extrèmes...

- SUPRRESSION DES POSTES

1/3 des postes de surveillants sont prévus pour être supprimés. Parmis ces 1/3, le gouvernement prévoit quand même d'ouvrir des postes (pas tous) à "ceux qui veulent", et notamment les RETRAITES et les Femmes au foyer le désirant (autrement dit des bénévoles, ou en tout cas payés très peu..).
Bon inutile de dire que ce sont des économies faites sur le dos des étudiants puisque ce sont eux qui occupent ces postes actuellement. Du coup, il sera presque impossible de faire des études, sauf si c'est payé par papa maman ou si l'étudiant travaille dans le privé. Mais là, vu que les horaires du privé sont quand même moins flexibles, je souhaite bonne chance à l'étudiant choisissant cette voie.

A la rigueur tu peux me dire, comme tu l'as fait si brillament dans le thread, que "ça a toujours été le cas, on a toujours manqué de pions".
Ben oui, comme tu le rappelles, déjà on manque de surveillants ! Et en plus, le gouvernement veut ENCORE en supprimer !
Ce qu'on fait donc actuellement en tirant sur la corde (en tant que lycéen, forcément, tu ne le voyais pas), on ne pourra plus le faire désormais.

Aller je te donne l'exemple de mon collège : dès l'année prochaine, ces mesures font disparaitre 3 postes. TROIS ! Sur un tout petit collège (200 élèves) !
On aura donc, 1 surveillant en moins, 1 emploi jeune informaticien en moins, et un emploi jeune musicien en moins.
Pour le dernier cas, je ne te le détaille pas, notre collège est particulier.
Pour le 1er, tu imagines très bien ce que ça peut donner : plus d'études pour les gamins (ou alors surchargées mais on n'a pas les salles pour), moins de réactivité en cas de problème (absence d'un prof ou autre), donc les gamins on les envoit dans la rue, parce qu'on ne pourra pas les gérer de toute manière.

Pour le 2eme, là encore tu imagines sans peine ce que ça peut donner : notre salle informatique qui était ouverte pour les enfants constamment depuis 5 ans (depuis que le poste s'est crée) sera l'année prochaine tout le temps fermée.
Notre emploi jeune s'occupait en effet de l'entretien des machines, de l'installation des logiciels, des réparations du serveur, aussi bien dans la salle info que dans l'administration d'ailleurs. Il était tout le temps présent, donc capable également de recevoir des élèves dans la salle et de les surveiller pendant qu'ils utilisaient les ordinateurs comme ils le voulaient (Internet, recherche documentaire, exposé à faire..)

L'année prochaine, devine qui va faire tout ça ?
Moi et la documentaliste !
Sous prétexte que j'ai un ordi chez moi, on m'a parachuté responsable de la salle. Je ne connais presque rien au réseau, je suis incapable de réparer une machine (j'ai essayé d'apprendre tout ça cette année, mais je n'ai toujours pas eu de formation pour cela. Bah oui, les formations, ça coute cher, d'après le gouvernement).
Bref, ça va être le bordel, et pour éviter les problèmes, on va fermer la salle. Elle ne sera ouverte que lorsqu'un prof voudra y travailler avec ses élèves.

Tu trouves ça bien pour les enfants ?
Moi pas.

Derniere chose concernant ce point, je trouve totalement imbécile de faire appel à des retraités et des mères au foyer pour garder les enfants. Ceux-ci sont constamment sous la pression des adultes (nous). Les surveillants jeunes sont une soupapes très importantes pour eux (surtout à l'internat par exemple). Tu imagines un papy de 65 ans (bah oui retraité maintenant ça veut dire 65 ans) surveiller un internat avec des gamins de 11 ans ? Toute la nuit ?
Moi pas...

Nos protestations (tu ne les as pas vues, ce n'étaient pas des grèves) sont pour le moment parvenues à changer un point : les postes seront prioritairement accordés aux étudiants (ce mot n'était pas dans le texte originel, maintenant faut voir ce qu'ils vont en faire).

- SUPPRESSION DES POSTES D'ENSEIGNANTS

La même réforme (ah oui ils y sont allés forts là) prévoit également la suppression de pas mal de postes d'enseignants.

La réponse typique dite du "bah y a moins d'enfants c'est normal" est assez basique : nos classes sont à 30 élèves en moyenne sur la France, il aurait été intelligent de garder le même nombre de poste afin de diminuer les effectifs des classes et donc d'avoir de meilleurs conditions de travail (surtout que ça a l'air de te précoccuper, puisque tu dis qu'un bon prof' doit absolument faire du cas par cas. Je suis désolé de te décevoir, avec 30 élèves, c'est IMPOSSIBLE. Mais je m'égare).

Néanmoins ce ne sont pas les suppressions de ces postes qui nous irritent tellement, c'est surtout le changement de statut.
Par exemple, les TZR n'existeront plus. Les TZR ce sont les Titulaire sur Zone de Remplacement. Ce sont eux qui vont remplacer les profs' absents quand ça se produit. Ils sont Titulaires autrement dit ils ont le Capes, ont suivi une formation. Ce sont des "vrais" profs.

Ils disparaissent. Y a plus. Fini.
Les remplacements seront donc moins assurés, ou alors par des gens recrutés sur le tas, comme les vacataires, qui seront corvéable à merci, qui n'auront donc que des petits contrats (bah oui ce seront des remplaçants, donc c'est très aléatoire) et qui auront un statut très précaire et qui seront payés au lance pierre (ça ils sont habitués, c'est déjà le cas, généralement la paye arrive avec 3 mois de retard).
Ah tiens tu disais quoi à propos de la sécurité de l'emploi d'un fonctionnaire ?

Bref.

Voilà un petit résumé de ce pourquoi je me bats moi.
J'estime que ce sont des mesures stupides, qui vont rabaisser considérablement le niveau de l'éducation dans notre pays. J'estime que le gouvernement actuel ne prend absolument pas en compte le bien être des enfants.

Ah dernier point: je suis un prof Titulaire, non TZR (j'ai un poste fixe). Aucune de ces mesures ne changera quoi que ce soit dans ma manière de vivre l'année prochaine. Je dis bien aucune ! J'aurais le même nombre d'heure (plus 1 heure sup pour la salle info), j'aurais le même salaire, les mêmes avantages, les mêmes désavantages.. Je pourrais m'en foutre totalement et ne pas perdre des journées de salaires à faire grève.
Mais voilà, je pense que, pour l'avenir, c'est mieux de se battre maintenant, plutôt que de me résigner plus tard.

Dernière chose : tu sais, on a commencé à réagir fin décembre (oui oui fin décembre. Dans notre collège on était même au courant en octobre, vu que notre principal à des amis politiques très très haut placés, et qu'il nous avait mis en garde).
Depuis cette date, on a fait des lettres, on a lu attentivement les réformes. Personne n'en a parlé, et le Grand Public n'était pas au courant.
C'est normal après tout, c'était des discussions internes. Je ne suis pas au courant de ce qui se passe dans ton entreprise moi non plus.

Personne ne nous a écouté.
On s'est donc mis en grève.
Quand ça Larmes à ton avis ?
Contrairement à l'amalgame fait par les médias, nos grèves, pour l'enseignement (et seulement pour ça) ont commencé fin mars et n'avaient rien à voir avec les retraites (fin mars, les retraites, personnes n'en parlait). Il s'agissait juste de quelques journées, pour dire qu'on n'était pas d'accord (vu que tout ce qu'on avait fait avant n'avait servi à rien).
Quelques irréductibles faisaient déjà à l'époque des grèves dures. J'ai des amis parisiens qui ont déjà perdu 1 mois de salaire entier (1 mois.. Ils sont en grève depuis avril).
Personne n'en a parlé !!!
Tu sais pourquoi ?

C'était la guerre en Irak à l'époque...
Et, tu connais les médias, ils ne parlent que de ce qui choque leur public.

Toi qui n'était pas au courant, et qui m'assure dans un post que tu te fiches du journal de TF1, tu t'informais où exactement pour ne pas t'en souvenir, de ça ?

Alors là on continue nos grèves, on durcit le ton (le gouvernement aussi d'ailleurs, puisqu'on se fait taper dessus).
Personne ne nous écoute, et surtout pas Ferry.

Alors on continue même si, les amalgames aidant, et la communication du gouvernement étant perverse, on se met le public à dos.

Tu sais quoi ?

Tant pis.
Je suis prêt à expliquer autant de fois qu'il le faudra pourquoi je me bats, et pourquoi je crois en ce combat.

Si ça rate, alors je crois, sincèrement, que je donnerais ma démission..

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Voilà pour ça.

I)
Pour répondre de façon plus générale à la "prise d'otage", mots sympathique de nos chers ministres, je tiens juste à dire que cette réforme a été mise en branle depuis décembre.
Depuis décembre donc on écrit, on proteste, on discute, sans que qui que ce soit n'ait été écouté.

Les grèves ont commencé fin mars. Mais pas de bol, comme je le rappelle dans mon texte, à l'époque les médias faisaient leurs choux gras avec la guerre en Iraq, donc personne n'a parlé de ça dans les grands médias, ou alors très peu.

Ensuite est venu la réforme des retraites, et l'amalgame fait par les médias sur le pourquoi de notre grève (soit disant pour les retraites).

Evidemment s'il suffisait de dire "85% des profs sont contre cette réforme, il faut revoir tout ça" pour que le ministre réponde "ah ok, on va y retravailler", on n'aurait jamais de grève. Seulement voilà, les ministres en question attendent évidemment que la grogne atteigne son comble pour daigner réagir.

Voilà pour redresser un peu une image un peu faussée par tout ce que j'ai lu jusqu'ici.

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II)
Autre point, si beaucoup de gens râlent contre le fait qu'effectivement ils sont embêtées par les grèves en ce moment, il faut bien comprendre que si la réforme passe, ils devront de toute façon payer de plus en plus cher pour que leurs enfants aient la même éducation plus tard. Ce qu'ils perdent aujourd'hui, si la réforme passe, ils le payeront au centuple demain.

On assiste bien à une privatisation de l'Education Nationale, qui sera totalement désastreuse pour les personnes les plus défavorisées.
C'est contre cela que l'on se bat, et plus généralement contre la vision d'une éducation mercantile, monayable, et accessible seulement aux plus riches.

Je tiens ici à répéter que pour moi, effectivement, comme tu le rappelles, la réforme ne changera rien ! Pas mon salaire, ni mes heures, ni mes "avantages" (hahahaha).

Je pourrais m'en foutre totalement (comme certains de mes collègues d'ailleurs).

Seulement à long terme, je pense que j'y perdrais largement. Et tout le monde y perdra largement d'ailleurs.

Voilà pourquoi je fais grève.

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III)
Quand à la vision des enseignants que tu as, tu te focalises comme le font hélas beaucoup trop de personnes, sur des cas assez isolés (mais qui existent hélas bel et bien).
J'en ai rencontré des profs que j'avais envie de noyer sur le champ parce qu'ils me tenaient un discours abject (à savoir qu'il n'étaient là que pour en profiter un maximum) et moi aussi ça me révolte.

Mais ce n'est certainement pas la majorité.
Plus grave, saviez-vous que de plus en plus de prof sont recrutés après la licence, sans formation, sans rien, juste parce qu'ils cherchent du boulot ? Ce sont les vacataires ou les MA.. Des status très précaires (surtout les vacataires) qui deviennent de plus en plus monaie courante.

Ca le grand public ne le sait pas non plus. Ce sont en général ces profs là qui ont beaucoup d'absence, mais ce n'est pas de leur faute ! Les vacataires par exemple ont des contrats de 200 heures, sans congés payés. Au bout de leur contrat, ils virent, que la fin de l'année soit là ou pas.
Réaction des parents ? "Encore un prof' démissionaire qui veut partir en vacances 1 mois plus tôt".
Malheureusement ils sont loin de la réalité.

Bref, une fois qu'on est un peu au courant de la façon dont les profs sont traités, et ce de plus en plus souvent, on comprend beaucoup de choses.

Ce qui me désolée moi, c'est que le discours du gouvernement atteint de plus en plus sa cible, et parvient de plus en plus à diviser les gens.
C'est dangereux je pense. Très dangereux...

Un anglais que j'écoutais à France Inter tout à l'heure disait que ce que fait Raffarin actuellement, c'est exactement ce qu'a fait Tatcher dans les années 80...
Je ne veux pas que la France devienne l'Angleterre.
Surtout pas.

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IV)
Je termine (je suis très bavard, surtout quand on parle de quelque chose qui me touche profondément) sur ta vision des choses dans ton premier post : l'échec scolaire peut être en effet due aux 3 facteurs que tu cites.

Le 3eme facteur peut-être dû a des quantités de choses, et je trouve un peu malsain de ta part de vouloir généraliser. Certaines conditions de travail sont telles qu'il faut des nerfs d'acier pour y résister. La paye n'est pas motivante contrairement à tous les préjugés (que tu sembles avoir aussi d'ailleurs), et aimer enseigner ne suffit hélas généralement pas quand on est face à des problèmes insurmontables pour l'enfant (il y a des cas sociaux d'une complexité rare, ce n'est certainement pas le public que tu as dans tes cours particuliers, puisque déjà les parents s'occupent de leurs enfants).

Enfin pour les passages en classe supérieur d'élèves limites, il peut aussi être dû aux parents. Depuis quelques années (4 ans je crois) ce sont les PARENTS qui ont le dernier mot pour l'orientation, pas les profs (qui n'ont qu'un avis consultatif).
J'ai vu, depuis que j'enseigne, des dizaines de cas où l'on préconisait le redoublement mais où les parents l'ont refusé, sous prétexte que leur enfant "allait se rattrapper l'année prochaine, il l'a promis".

Il y a aussi les cas qu'on envoit en classe supérieur en sachant très bien que ça ne servira à rien. Mais ce sont en général des cas où l'enfant ne souhaite qu'une chose, aller dans un CAP le plus vite possible.
C'est franchement contestable, je vous l'accorde. Mais face à la réalité des choses, il faut parfois ranger ses principes

V)
Citation :
En terme poli, ça s'appelle un auto da fé. Et je méprise du plus profond de mon être tout ceux qui s'y sont livré.
Qui te dit qu'on ne l'a pas lu avant ?
Moi je l'ai lu.
Tout ce que je viens de dire est dans son livre.
Et dès la préface, il y a cette énorme coquille:
Luc Ferry dit "les trois missions de l'enseignement sont : instruire, éduquer, et préparer à un avenir professionel".
Or c'est faux.
Les trois missions sont:
" 1) Accueillir
2) Eduquer
3) Instruire".

On voit bien, juste avec ça, qu'on peut résumer son livre en "l'école va devenir un terrain pour former les futurs employés".

L'école n'est pas cela. Et j'espère bien qu'elle ne le deviendra
jamais.

Je finis par une phrase de Luc Ferry qui, je pense, te convaincra plus que n'importe quoi, vu que tu tiens particulièrement au sort des élèves (ce en quoi je te rejoins totalement).
L'une de ses premières revendications était de vouloir remettre en cause le principe du "l'élève est au centre de l'Education Nationale"...

Comment un ministre de l'EN peut en arriver à dire ce genre d'anerie, je ne sais pas, je me pose toujours la question.

FMP thE mAd / Miajong
Citation :
du message de Torna : Ceux qui reussissent c'est-a-dire prepa , grandes ecoles ou grandes Fac sont en general issus des bons bahuts parisiens ou de bahut privé et rarement du bahut public de province.
Je suis titulaire d'un BAC+5 en anthropologie, j'ai étudié dans le laboratoire du professeur Van Der Meersh, homme pour lequel je voue une admiration sans borne. J'ai du arrêter mes études faute de moyens et de motivation (je n'y croyais plus, mais c'est surtout l'argent qui m'a poussé à tout cesser.) Au moment où j'ai arrêté, je débutais une thèse dont le sujet était l'influence des modes de mariage sur la diversité génétique des populations en situation de dérive.

Voivi mon parcours :

Maternelle faite à moitié, le reste du temps j'étais à Djibouti, situation trop dangereuse pour que j'aille à l'école (c'était peu de temps après l'affaire du rapt du car scolaire.) Mon père et ma mère font de leur mieux pour combler le manque.

CP effectué dans un petit village très pauvre de Charente-maritime : l'instituteur me considérait comme un élève lent, dissipé, peu attentif et préférait s'occuper d'élèves plus prometteur. Confié à ma grand-mère par ma mère pour diverses raisons, celle-ci prend sur elle de faire mieux que l'instituteur et m'apprends tout ce qu'il faut savoir, et dépasse le programme. A la fin de l'année mon institutrice veut me faire passer le CE1 dans une classe pour enfants "différents" (il y en avait 3, très en difficulté.) Ma grand-mère refuse.

CE1/CE2 (même endroit): changement d'instit, même école. Je m'en sors très bien, je suis toujours aussi dissipé.

CM1/CM2 (Charente-maritime, autre village, pas plus riche que le précédent mais mieux géré) : changement de village, instituteurs fantastiques, en CM2 je prends mes premiers cours de biologie, d'allemand, de physique, on m'apprend des notions de mathématiques abordées en cinquième (dont les nombres relatifs). Toute la classe s'en sort très bien. Comme je n'aimais pas l'allemand ma mère me fait donner des cours d'anglais. Succès total. Comme je suis toujours aussi dissipé (principalement parce que je finis mon travail avant les autres) l'instituteur me punit en me forçant à lire des ouvrages de biologie et d'anatomie (merci monsieur Guérinaud, merci beaucoup.)

6ème et 5ème à Angoulème dans une ZUP. Baston contre les manouches, drogue, violence scolaire. J'apprends le Judo, mes profs sont assez mauvais sauf le prof de math, qui est une horreur en terme de discipline (200 fois le théorème de pythagore à copier, mes poignets s'en souviennent encore) mais un excellent enseignant. Une prof d'histoire géo soucieuse de faciliter l'intégration des enfants d'immigrés fait des cours d'initiation à la langue arabe pour les mettre en confiance, puis prépare un voyage à Paris pour visiter le centre du monde musulman à Paris (enfin le nom exact m'échappe) ainsi que le musée d'Orsay. En deux ans j'ai eu deux bons profs. J'étais pote avec le proviseur, on discutait pendant les récréations, et il faisait participer des élèves à des concours de jardinage. Ces trois personnes ont rattrapé ce qui aurait été sans ça une catastrophe.
Je pique le livre de latin de ma soeur et commence à le travailler tout seul.

4ème dans un collège miteux en Gironde, 2 profs valables, l1 admirable, es autres venaient pour pointer.

3ème dans un autre collège, mieux équipé, mais avec des catastrophes comme enseignants. Cerise sur le gâteau, je deviens le souffre-douleur de ma classe. Ces derniers déchantent rapidement quand je me révèle être capable de battre 3 personnes en quelques secondes. Merci le judo. Les parents se plaignent, on me demande de rentrer dans le rang. Jamais la direction n'a voulu croire à ma version (après tout, les autres parents eux, étaient connus et respectés en ville, pas ma mère.)

Lycée à Talence, dans une poubelle. Les meilleurs profs que j'ai jamais eu, surtout ceux de français/latin alors que nous étions dans un lycée technique. Plusieurs visites dans des musées parisiens, participation à des concours de lettres anciennes, des concours de maths, de chimie... au milieu d'une direction incompétente, dépassée par les événements et d'un climat de violence croissant (plusieurs interventions de police, j'ai personnellement du terroriser une bonne trentaine de personnes et me défenre à 3 reprises pour qu'on me foute la paix.)
La dernière année était marrante. On a eu le malheur de me dire seul le bac comptait pour aller à l'université, je n'ai donc rien fichu. Bac avec mention.

Puis, à partir de là,deug en 3 ans, passé limite, licence avec mention, Maîtrise avec mention, DEA rendu en retard (cause tombage en amour) mais salué par le jury à titre officieux. Le projet que j'ai présenté à divers laboratoire français était bon, si bon qu'on a simplement essayé de me tirer les vers du nez en me faisant miroiter une place quelque part. Comme je ne suis pas tombé de la dernière pluie, ça n'a pas marché, pris au laboratoire de Marseille (qui n'y croyait pas, à ce projet, donc j'ai juste été pris pour compléter les effectifs en somme) j'accepte cette opportunité. Mais, un an de course au laboratoire, précédé par une infection parasitaire et plusieurs petites maladies m'ont mis les nerfs à néant, l'enfoncement de mon couple dans la misère, les pressions diverses me font sombrer dans un départ de dépression. Ne trouvant pas d'issue à ma situation, je deviens intérimaire et vais faire des déménagements. Fin de ma carrière dans la recherche, avec soulagement, c'est un milieu pourri.

On a pas besoin de modernisme pour réussir. On a besoin de volonté, et de personnes prêtes à appuyer cette volonté. Le reste, c'est du confort, de l'ustensile. De nos jours, on se pose la question de la qualité de l'ustensile, avant de savoir si la personne qui le manie est apte à le faire, et si elle le manie bien.
Ah je tenais à rajouter quelque chose, c'est que ta vision des choses t'appartient.

Quand tu dis d'un ton catégorique "lycée machin, 2 prof valables, 1 admirable, les autres venaient pour pointer", j'avoue que je tique.
TOI tu trouvais ces profs valables, l'autre admirable. Ca pourra changer pour les autres élèves !
As-tu fais un sondage dans le lycée, parmi les élèves, pour voir si tout le monde partageait ton opinion ?
A part quelques profs faisant l'unanimité dans un sens ou dans l'autre (encore que je suis certain que ça n'existe pas, mais admettons), il est plus que fréquent que la classe elle même soit divisée.

La grande difficulté d'être prof, c'est que c'est un rapport humain, bien avant toute chose ! Et un rapport humain, c'est subjectif.
Surtout avec des enfants qui jugent surtout sur des critères émotionels, et pas tellement objectifs.
Qui te dit que le prof que tu trouvais moyen ne travaillait pas 2 fois plus qu'un prof que tu adorais mais pour des raisons autre que strictement pédagogiques ?

Il y a des élèves qui me haissent, d'autres qui m'adorent, et d'autres que j'indiffère totalement. Au début, tu vas rire, je trouvais ça vexant. Avant que je me rende compte que c'est inévitable.

Merci donc de ne pas employer ce ton si catégorique qui gêne aux entournures, je trouve.

En dehors de ça, ton témoignage est intéressant.
Tout ceci est vraiment intéressant, d'autant plus que j'oscille entre ton point de vue (celui de Fenrhyl Wulfson) et celui de Mothra.
Certes, des élèves en difficulté non repérés et non suivis par l'éducation il y en a. Et beaucoup trop.. Mais je pense aussi que certains passent au travers de la passoire même dans le milieu privé, j'en ai pour exemple mes cousins et cousines (malheureusement pour eux..)
Certes, des professeurs démissionnaires et incapables d'exercer correctement leur fonction il y en a également ( j'ai aussi pour preuve mon professeur de français que l'on nous avait donné l'année de notre bac de français, et qui nous avait relativement mal préparé pour l'examen. Nous nous étions d'ailleurs plaint auprès des Conseillers d'Education, pour que l'on nous change de professeur, et ils nous avaient malheureusement répondu qu' étant donné qu'elle était agrégée et je ne sais plus trop quoi en plus, il fallait, pour la faire remplacer qu'elle fasse une faute professionnelle grave.. )
Certes, les grèves ont sûrement trop durer ( je ne m'étalerais pas sur le sujet, que ce soit au niveau du fond et de la forme, vu comme le soulignait l'un d'entre nous, il y a déjà plusieurs posts prévus à cet effet).

Mais de toute évidence, je pense qu'il faut relativiser tout cela.. C'est certain que pour le moment, par rapport aux expériences que j'ai pu avoir, je trouve que le niveau en général tend à baisser plutôt qu'a tendre vers le haut - à voir pour le Brevet des Collèges, ils ont retiré l'épreuve de grammaire ( c'est sur qu'on est vraiment tellement bons en français / grammaire/ orthographe qu'enlever cette épreuve c'était vraiment nécessaire.. )- ce qui est vraiment regrettable.. Et ce n'est pas de la faute des enseignants, qui ont essayé tant bien que mal de faire passer leur avis...

Pour ce qui est des enseignements, il faut voir que ce n'est plus du tout la même chose qu'auparavant, et même si mes années collège ne remontent pas à si longtemps que ça, j'ai bel et bien remarqué la différence.
Ayant fait trois mois de stage auprès des professeurs d'Histoire Géogrpahie au collège où j'avais planché, j'ai vite déchanté de mes souvenirs gentillets...
Les élèves ne sont plus ce qu'ils étaient, et du coup, le cours que j'ai connu ne pourraient plus être adaptés aux élèves. Et c'est bien ça qui m'a le plus choqué.. Bien sur, à notre "époque" nous n'étions pas non plus des enfants de coeur, mais je trouve tout de même qu'il y avait des limites à la correction. Aujourd'hui, pas un seul élève n'ose pas répondre à son professeur, et surtout, d'une manière que je qualifierais plutôt d'audacieuse, si ce n'est de vulgaire ou encore provocatrice. Le collège que j'ai pu observer n'est ni un collège de ZEP, ni un collège d'enseignement privé, mais l'un des meilleurs de la région tout de même, et c'est ce qui m'a fait le plus peur, réellement..
Je ne pense pas qu'il faille alors tout mettre sur le dos des enseignants, mais je dirais plutôt, remonter plus la source, à ceux qui forment les enseignants, qui sont souvent lâches comme ça, en pleine pâture et qui n'ont pas été formé pour adapter leur cours en fonction des élèves..
C'est sur ce point que je voulais notamment réagir..





Citation :
Provient du message de Annabella Belli
témoignage très intéressant.

quelques idées qui me viennent à l'esprit :

- quelle est aujourd'hui la proportion d'étudiants qui choisit de devenir prof par *vocation* et celle qui le fait pour profiter des horaires allégés et des nombreuses vacances? (sans parler de la garantie de l'emploi même s'ils ont archi nuls. à moins de décapiter un élève ça doit pas être possible pour un prof de se faire virer)
Pour ma part, j'avais une réelle envie d'enseigner et d'apporter mes connaissances au élèves, mais ces trois mois m'ont démoralisé, non pas justement, comme je le disais plus haut, à cause de la discipline, car j'avais un assez bon contact avec les élèves et même les 3èmes ( qui sont réputés être les plus indisciplinés et les plus je m'en foutistes ).
Je m'entendais bien avec eux [tout en sachant mettre une barrière entre eux et moi, sans faire copains copains, sinon ton autorité, elle tombe dans les chaussettes].
Mais j'ai été écoeurée par tout ce qui entourait le métier.. Le peu de choses que les élèves apprennent, et encore le moins de choses qu'ils retiennent ( ce qui n'est pas du tout la même chose ), le réel désintérêt des cours en général, même s'ils m'ont avoué avoir bien aimé la façon que j'avais de leur expliquer les cours et de les faire participer et comprendre d'eux même. Ils en ont strictement rien à faire pour la plupart, ou alors c'est mieux de faire semblant de pas s'intéresser. Je trouve vraiment cela regrettable..
La "fatigue"des professeurs face à ce genre de choses, mais qui ne le montre pas, (sans parler de démoralisation), parce que certains ont encore la passion, on encore cette envie d'apprendre, cette vie en eux qui brille au fond de leur pupille.
Cette petite gueguerre entre les profs qui au lieu de se serrer les coudes entre eux se concurrence pour savoir lequel d'entre eux est le plus aimé des profs, lequel est plus en avance sur le programme, lequel est plus fayot vis à vis du proviseur... (je ne l'ai pas remarqué au sein de l'équipe de professeurs d'histoire géographie mais dans d'autres matières). Bien sur me direz vous, que là ce n'est que ce qu'il se passe au sein de ce propre établissement, mais pour ce que j'en ai parlé à d'autres collègues, c'est sensiblement la même chose.. A croire qu'après le boulot des cours, il y a encore un boulot entre profs :/

Mais j'avoue que ce n'est franchement pas ce dernier point qui m'a fait renoncer au métier de l'enseignement dans le secondaire, même avec les avantages que cela propose.
J'en suis encore à me demander, depuis ce stage effectué maintenant depuis 3 ans quel métier je vais faire, sachant que j'ai vraiment laissé de coté l'idée d'exercer en primaire ou au collège ( lycée, je sais pas .. mais bon). Le métier de prof ne se choisi pas à la légère, enfin, pour moi..


Citation :
Provient du message de Pensée
Une anecdote me revient d'ailleurs : une amie, prof de français, qui prend son métier très à coeur et qui devait également gérer une stagiaire.
Elle me racontait ses déboires avec cette stagiaire :
- Alors que la stagiaire devait faire le cours, rien n'était préparé,
- A plusieurs reprises, elle râlait déjà sur le comportement des élèves,
- etc, etc (je ne m'étalerait pas sur d'autres problèmes plus lié à son établissement).

Ce que je me pose comme question, c'est : pourquoi cette stagiaire fait des études pour être prof ? Pour la paye et les horaires ?
Enfin, j'espère que ce n'est qu'une exception parmi tous ceux qui envisagent ce métier.

Il y a de tout dans tous les métiers, tu ne trouveras pas un métier où tous les gens soient motivés, passionnes, acharnés, poussés par une envie de bien faire ou je ne sais quoi encore..
Merci Miajong, ça remet les choses en place.

Je n'avais eu droit qu'au discours syndicaliste de base, et ça m'avait pas convaincu du tout. Là c'est plus clair et je comprends bien mieux quels en sont les enjeux.

Et effectivement la dernière phrase de monsieur Ferry ne me convient pas du tout.

Par contre, justement, si l'élève est le centre de la préoccupation de l'éducation nationale, pourquoi est-ce lui qui pâtit en premier du mouvement de grève ? Ca ne colle pas, c'est pas crédible une seconde.

Et je maintiens que bousiller des bouquins c'est mal. Si les gens qui ont reçu ce livre l'avaient diffusé, photocopié, fait lire au plus de monde possible ils auraient eu une action EDUCATIVE bien plus efficace qu'un massacre de bouquins, qui me cause un malaise prodigieux.

édité 2 : failli partir enseigner à Djibouti. Mais pour y avoir vécu auparavant, je ne me voyais pas y emmener ma compagne et avoir es enfants là-bas. C'est la seule chose qui m'a retenu.

Et pour finir, accueillir, éduquer, instruire. oui.

Mais ce n'est pas incompatible avec la préparation à la vie professionnelle. En l'occurrence, je suis le fruit de la philosophie "accueillir, éduquer, instruire". Et je suis complètement inadapté au marché du travail. Je fais des gaffes monumentales alors qu'en l'occurence, ma formation me rend apte dans plein de domaines. En quoi est-ce si inconcevable, si l'élève est au centre des préoccupations, de chercher à mettre TOUTES les chances de son côté. Pourquoi alors ne pas envisager de rajouter la préparation à la vie professionnelle aux autres points ?

Edité : L'appréciation de mes professeurs est fait à posteriori, sur la base suivante: m'ont-ils donné envie de m'instruire ? la réponse est en majorité non. Mais c'est vrai qu'un sondage massif serait pas mal.

Ah oui, un truc. tu crois vraiment qu'un de tes collègues irait avouer qu'il fait ce boulot par intérêt plutôt que par passion ? Quelle est la part d'hypocrisie là-dedans ?

Par contre, tu as l'air d'aimer ton travail. C'est appréciable et tu as toute mon estime.
Citation :
Provient du message de Fenrhyl Wulfson

Par contre, justement, si l'élève est le centre de la préoccupation de l'éducation nationale, pourquoi est-ce lui qui pâtit en premier du mouvement de grève ? Ca ne colle pas, c'est pas crédible une seconde.
C'est pour cette raison que j'assurais tout mes enseignements en me declarant greviste (enfin mes revendications sont encore autres puisque je suis dans le superieur, mais passons). Mais malheureusement avec certains interlocuteurs qui jouent au sours, on est obligés de devenir deraisonables pour les faire sortir de leur mutisme. C'est regretable. De toute facon quelque chose sera fait pour que les exams se tiennent de facon correcte. Si ca n'est pas en juin ca sera en septembre, ou alors les sujets seront adaptés.
Enfin si je comprend la motivation a bloquer les exams, je ne sais pas si j'aurais ete jusque la moi. Je ne pense pas.


Citation :
Et je maintiens que bousiller des bouquins c'est mal. Si les gens qui ont reçu ce livre l'avaient diffusé, photocopié, fait lire au plus de monde possible ils auraient eu une action EDUCATIVE bien plus efficace qu'un massacre de bouquins, qui me cause un malaise prodigieux.
Pour ce tte hisoire de livres je ne suis pas vraiment au courant. Mais si j'ai bien compris les ouvrages ont servi a eriger un mur, ils n'ont pas ete passés au bucher. Si c'est cela, il y avait une symbolique a faire un mur avec ces livres. Je ne crois pas que le but etait de les detruire, mais bien d'eriger un symbole.
Merci de m'avoir lu, je me rends compte que j'ai été extrèmement bavard et je tiens à m'en excuser (déformation du loisir que je préfère, écrire ).

Concernant le blocage des examens, je suis pour ma part encore très très mitigé et je reste optimiste en me disant que les grèves suffiront. Si jamais ça ne suffit pas, je ne sais vraiment pas ce que je ferai.
Quoiqu'il en soit, au pire les examens seront repoussés, il n'y aura pas d'annulation.

On verra, mais je t'avoue que je suis en pleine crise de conscience moi même sur ce point.

Je connais aussi des grèvistes qui font cours, mais je trouve que ça va dans le sens du gouvernement et que ça n'a pas l'effet escompé. Si tout les grêvistes faisaient cours, le gouvernement se ficherait complètement de nos grèves.
Ceci dit je suis le premier à faire cours à mes 3eme (et seulement à eux) alors que je suis grêviste. Mais disons que j'essaie d'être au milieu..

Quand au livre, n'oublie pas que personne ne l'a demandé, Ferry l'a envoyé aux frais de l'education Nationale à tous les profs.
Son livre n'est qu'une reprise de son programme finalement. Et effectivement il n'y a pas eu d'autodafé, seulement un symbole (on le renvoyait à Ferry, ou on faisait des murs avec). Sache quand même que la majorité des profs l'ont lu (enfin en tout cas des collègues que je connais). C'est assez soporifique d'ailleurs.

Quand au "préparer à l'avenir professionnel", l'école le fait déjà. Ce que je ne veux pas, c'est qu'elle devienne exclusivement ça. Pour moi l'école est là pour faire découvrir le monde aux enfants, les ouvrir à plein de choses différentes et qu'ils fassent le tri parmi ces choses (certaines sont essentielles, d'autres pas, mais on ne doit pas négliger une matière sous le prétexte qu'elle est futile je pense).
Elle n'a pas, je crois, un rôle strictement utilitaire.
Mais là c'est un autre débat.
(dsl j'ai pas lu toutes les réponses)
De toutes façons, il y aura toujours deux catégories de profs :
1°)Ceux qui font leur travail avec conscience (comme toi apparement)
2°)Les autres, ce qui ne font ce travail que pour les avantages qu'il apporte.

Malheureusement, j'ai fortement l'impression que ceux du 2ème cas sont majoritaires.


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