La matinée était déjà bien avancée quand le jeune homme se réveilla. Il trouva Danilo dans la même position que le soir précédent, fumant la même pipe. Il avait l'air serein. Sans rien dire il lui tendit un panier de fruits à l'odeur très alléchante. Quand il eut finit de se restaurer, il sortit de la couche et sorti faire quelques exercices physiques. Puis, après s'être sommairement lavé dans la rivière proche, il rentra dans la baraque, se planta devant le vieillard et attendit. Enfin ce dernier prit la parole.
"Tu te doutes qu'il t'es arrivé quelque chose. Une chose qui a effacé ta mémoire mais... après en avoir longuement discuté avec un mage de mes connaissances, j'ai pus trouver un sortilège qui devrait t'aider à retrouver la mémoire, du moins partiellement. Es-tu prêt? Sache que ça ne sera pas facile..."
Songeur, le jeune homme avait plus peur de se faire avoir plutôt que de retrouver son passé. Peut-être avait-il tort... Il répondit donc :
"Bien sûr que je suis prêt! C'est douloureux de vivre sans passé!"
Inspirant profondément, Danilo éteignit sa pipe.
"Bien... bien... Mais il faut aussi que tu saches que ça peut ne pas marcher du tout, rien n'est toujours sûr avec ton genre de mal... Allons, commençons donc. Tout d'abord tu dois te détendre! Assied toi donc ici!"
Le vieux indiquait la paillasse. Docile, le jeune homme s'assit en tailleur sur la couche puis attendit. Une étrange mélopée ne tarda soudain pas à sortir de la bouche du vieil homme. La mélodie était entrainante bien que lancinante... De la fumée, venu d'on ne sais ou, se répandait dans la pièce, de nombreuses odeurs venaient titiller les narines. Tout semblait irréel, étranger, lointain. Il ne sentait plus son corps, plus rien, il était bien. Il était le chant et puis les questions. Comment faisait-il pour chanter et poser des questions? Peut importe. Les questions se firent plus pressantes, alors, instinctivement, il commença à répondre. Cela venait tout naturellement.
-"Comment t'appelles-tu?"
-"Obierwan"
-"Bien. Comment es-tu arrivé ici?"
-"Je ne me souviens pas... Je... AAHHAHAAHH! Je souffre!"
Obierwan commença à se tordre les mains de douleur, puis il se contorsionna dans tous les sens.
-"STOP! Pense au calme qui règne ici, pense à la paix, la douceur, la joie."
La folie hystérique du jeune homme s'apaisa puis s'estompa totalement. Les questions reprirent, mais plus subtilement. Mais, l'esprit trop embrumé du pauvre homme ne retinrent rien. A son réveil, il se trouvait allongé par terre, dans une autre clairière. Seul. Terriblement seul. Il chercha des yeux son compagnon mais celui ci avait bel et bien disparu... Ou alors se cachait-il quelque part... Toujours est-il qu'il ne voulait pas être vu. Alors, ayant fini de scruter les broussailles, il trouva un papier dans sa poche. Il se mit à le regarder et réussi à lire les lettres sans trop savoir comment. Il savait lire! La lettre disait ceci :
"Obierwan, le sort que j'ai lancé a fonctionné... peut-être n'aurait-il jamais du... en tout cas, je ne peux rien te dévoiler de ce que j'ai appris ce jour là. Sache que tu t'appelles Obierwan, que tu sais lire et écrire et que tu as des bases de sorcellerie. D'ailleurs certains sorts que tu connaissais avant sont déjà présent au bord de ta mémoire et au moment opportun tu sauras les ressortir.
Désolé de t'abandonner ainsi, mais il le faut, j'ai d'urgentes affaires à régler. Si tu cherches un travail, adresse toi au chambellan royal de la capitale, c'est un homme bon qui saura sans nul doute trouver une tâche pour toi. Fais ce que bon te semblera mais mon conseil semble la meilleure manière pour toi de t'installer pour un temps afin de mettre de l'ordre dans tes idées. Surtout ne cherche pas à me retrouver, tu ne réussiras pas.
Courage mon ami!"
Tout d'abord courroucé par les premiers mots de la lettre, Obierwan devint peu à peu sceptique puis résigné. Il ne savait trop que faire. Peut-être allait-il suivre le conseil de Danilo, peut-être pas...
|