Tadaaaaaam !
Je sais qu'il est un peu tard, que j'ai un peu bu (
), mais j'ai envie de vous faire partager une expérience inoubliable. Traumatisante, dirais-je même. Tant elle a ramené dans ma caboche de djeunz habitué aux ersatz et autres plats congelés/préparés/à réchauffer vite fait.
Vous vous en foutez sans doute complètement, mais ce soir j'ai mangé un lapin en gibelotte. C'est à dire fait dans une cocotte en fonte avec tout un assortiment aromatique, du lardon, des oignons, du vin blanc et des chtites pommes de terre. C'était très bon.
Jusqu'à... Jusqu'à ce que...
Jusqu'à ce que je tombe sur le
Nécronomicon de la Cuisine... Je m'arrête là. Le bouquin parle de lui-même. Les circonstances dans lesquelles je tombais sur cet ouvrage restent obscurs (une histoire de jouissance en faisant caca aux toilettes en lisant... mais ce n'est pas le sujet.
)
Il s'agit de
"La cuisine pour tous", rédigée en 1955 (notez l'ancienneté) par la fabuleuse mais néanmoins inconnue Ginette Mathiot.
LE LAPIN
Le lapin bon à manger doit avoir de 5 à 6 mois.
Pov'bête... 5 à 6 mois, c'est jeune.
Préparation du lapin. - Une fois le lapin tué, le suspendre par les pattes de derrière. Arracher un oeil pour faire sortir le sang que l'on recueille dans un bol contenant un peu de vinaigre.
Le vinaigre permet de "réserver" le sang, de sauvegarder en partie sa saveur... Blougl...
Lorsque le lapin est saigné, le dépouiller. Faire avec un couteau pointu, une incision entre les cuisses et l'anus, allant de la patte droite à la patte gauche. Dégager les cuisses. Rabattre la peau et tirer jusqu'à ce que le corps soit complètement dégagé. Sortir les pattes de devant en s'aidant de la pointe du couteau. Tirer jusqu'aux oreilles et dégager la tête en coupant
On notera là, que notre talentueuse cuisinière-écrivaine a été honteusement plagiée par Mel Gibson pour la scène finale de
Braveheart...
Pour vider un lapin. - Placer le lapin sur le dos. Faire une incision de haut en bas. Ecarter les deux pattes de derrière en donnant un coup de couteau dans le bas du râble. Retirer les entrailles.
Note pour les ignares : le râble c'est comme la croupe de la vache, ou les fesses/reins de l'homme. En fait on donne juste un coup de couteau au niveau de l'équivalent du coccyx chez le lapin. Bandes d'ignorants.
Pour couper un lapin. - Le lapin peut se servir en rôti. On peut rôtir le râble entier et couper seulement la partie antérieure que l'on cuira en sauté ou en ragoût. Si la préparation cuisinaire l'exige on peut couper complètement le lapin en morceaux. Cette opération se fait naturellement sur la viande crue.
Ah, faut pas la faire sur la viande vivante.. encore chaude... le petit coeur battant ?
Couper chaque épaule en deux. Chaque cuisse en trois. Séparer le thorax du râble. Couper le thorax en deux dans le sens de la longueur puis en deux dans le sens de la largeur. Couper le râble en morceaux perpendiculairement à la colonne vertébrale. Il vaut mieux couper les morceaux en cherchant les articulation qu'en utilisant un couperet. Il y a toujours des morceaux d'os qui restent mélangés au plat et qui sont dangereux.
Prenez-en d'la graine !! C'est du débitage de serial-cuisineur (se), ça. Du grand art. ça vaut tout les effets spéciaux des films d'horreur, j'vous dis.
N'empêche que.
Elle a 'achement raison dans sa dernière partie. Mais c'est très dur de trouver les articulations, et de glisser le couteau de telle manière à ce qu'il ne touche pas à un os... Il faut de la patience, du doigté, le nez et les n'oeils parfois très près de la bidasse (qui-rappelons-le, frémit encore légèrement - non, je rigole). Le couperet, c'est une arme de barbare. En fait, c'est l'arme fatale pour faire pleins d'esquilles d'os dans votre ragoût. Et ces morceaux d'os sont aussi l'arme fatale pour tuer votre chieuse de belle-mère. (vous me remercierez un jour...
)
Vous en voulez encore ? Nan ? Ok, on va arrêter là.
Tout ça pour dire que la lecture de ce livre sur le trône était fort intéressante. Même que ça a réveillé un instant mon estomac enseveli sous quelques kilos de ce lapin et du vin (Je vous conseille un Bordeaux pour accompagner le lapin). Et par effet de domino, la sensation du bide monta à la tête stimuler mon cortex (ou truc-rachilo-hypothalamo-bidulien) et réveiller de douloureux souvenirs : j'avais une grande tante qui habitait à la campagne, et le dimanche, quand on avait beaucoup de famille, elle allait chercher un lapin dans sa cage pour l'occasion. Dans sa cuisine, sa lampe avait été conçue de telle manière à ce qu'il y ait un crochet. Elle attachait les pattes du lapin avec un morceau de corde. Accrochait le lapin. Allait chercher une bûche un peu solide ou le baton du balai. Visait en tirant la langue (j'exagère) et VLAN. PAF sur la nuque du lapin, qui, dans mes souvenirs, braillait comme un porc qu'on égorgeait ('fin, l'était pas loin de cette situation). Si le lapin braillait un peu plus fort ou remuait encore, c'est qu'elle avait loupée son coup (Re-VLAN. deuxième coup. Droit au but. danse des canards pour célébrer la victoire). Ensuite, elle allait chercher une cuillère ou un couteau et d'un coup sec, très précis, l'énucléait (elle avait au préalable placer un bol en dessous). Et le sang s'écoulait, bien rouge, bien poisseux dans le bol... en filet liquide continu... Pis, le dépiautage. Du grand art... Sisi, essayez donc un peu d'arracher la peau d'un lapin, c'est pas gagné. Il faut bien couper aux bons endroits, puis hop, ça allait tout seul ! Elle mettait la fourrure de côté pour la revendre dans la semaine au brocanteur du coin (elle la mettait au grenier, et pitain, quand elle oubliait d'aller la vendre, ça schlinguait dans la maison...). Le reste, elle suivait scrupuleusement les règles universelles énoncées ci-dessus (elle les savait par coeur, heureusement).
Bref, bref....
Je suis traumatisé à vie... Même si je me dis que ça ne devait rien avoir d'exceptionnel.
Voilà, c'était le quart d'heure du jeune névrosé citadin et crétin que je suis, qui tenait à vous faire partager cette inoubliable expérience.
--
Cian
P.S : Je sais, j'ai des lectures malsaines.
P.P.S : Je sais, j'ai des pensées malsaines.
P.P.P.S : Je sais, je bois trop.
P.P.P.S : La semaine prochaine :
"Comment dépiauter un calamar géant avec un couteau de suisse, tout en recueillant l'encre pour le stylo plume de votre beau-frère." de Jean-Rodolphe Costou !
*sort*