Maître Berwick

 
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Mon premier spectacle à Costwold fut un succès dépassant mes espérances. J'étais tellement inquiète de la réaction du public que j'avais particulièrement soigné mon apparence ainsi que mon entrée en scène. Comme d'habitude, une fois lancée, mon angoisse s'était envolée et mon excitation s'était amplifiée au fur et à mesure de mon récit. Je sentais mes joues en feu et une immense jubilation m'avait envahie. Les yeux brillants et les visages illuminés des spectateurs restaient pour moi, la plus belle des récompenses. Et enfin, lorsque je saluais l'assistance, ses applaudissements et ses cris de joie représentaient la plus douce des musiques.

Avant de monter me coucher, je demandais au tenancier quelle était la meilleure école de Ménestrels de Camelot. Il m'expliqua que je devais me rendre à l'Académie de Magie dont une des sections regroupait les professeurs les plus réputés du royaume. C'est donc pleine d'espoir que je décidais de me rendre dans la cité dès le lendemain matin. Je dormis merveilleusement ce soir là.

Je me levais à l'aube et après mes ablutions matinales et un frugal petit-déjeuner, je me dirigeais vers les remparts de Camelot. Leur hauteur m'impressionnait et plus j'approchais de la porte Est, plus je me sentais insignifiante à côté de la puissance dégagée par la vertigineuse muraille de pierres. Je traversais le pont surplombant les douves. Deux gardes se tenaient de part et d'autre de l'entrée, si imperturbables qu'il me semblait que même une armée de dragons furieux ne les aurait pas délogés de leur poste. Je traversais ensuite un immense passage à l'air libre avant d'atteindre le mur d'enceinte entourant la ville. Deux autres soldats protégeaient le portail, tout aussi placides que les précédents. En les dépassant, j'admirais et félicitais intérieurement la discipline des gardes royaux.

Lorsque j'entrais dans Camelot, sa beauté me frappa au cœur et j'en eu le souffle coupé. Tout ce que j'avais pu lire à son sujet s'avérait bien en-dessous de la vérité. Je décidais de prendre la matinée pour visiter les lieux et déambuler dans les rues. Tout n'était que couleurs chatoyantes, parfums entêtants et brouhaha assourdissant. Je croisais une foule bigarrée, du guerrier en côte de mailles rutilante à la femme en robe de soie éclatante, du jeune page en livrée neuve au vieil homme au costume austère et usagé. La place du marché me ravit ! Jamais de ma vie je n'avais vu autant d'échoppes. On devait pouvoir trouver ici les articles les plus disparates, du plus indispensable au plus inutile.

Alors que le soleil atteignait son zénith, je sentais la faim qui commençait à me tenailler. Je m'arrêtais donc à un étal particulièrement appétissant et achetais une petite tourte au poulet toute chaude et quelques beignets au miel. J'en profitais pour demander au marchand où se situait l'Académie de Magie. L'homme m'indiqua le chemin et, après l'avoir gentiment remercié, je partis en dégustant tranquillement mon déjeuner.

Je repérais l'école de loin. Il s'agissait d'un immense groupe de bâtiments entouré d'une grande muraille et dont l'enseigne était magnifiquement ouvragée. Je passais le portique d'accès et interpellais un jeune élève qui marchait dans ma direction d'un air concentré.
"Excusez-moi, je cherche la section des Ménestrels, je vous prie", lui demandais-je.
"C'est par là !", me répondit-il en montrant une porte sur sa gauche. "Mais, adressez-vous à Maître Berwick, il vous renseignera." Continua-t-il en m'indiquant un homme discutant, à quelques mètres de nous, avec trois étudiants. Je hochais la tête et le remerciais.

Maître Berwick était un homme d'une quarantaine d'années, à l'allure assez commune. Néanmoins, les jeunes gens auxquels il s'adressait paraissaient l'écouter avec vénération. Il était vêtu d'un pourpoint et de hauts-de-chausses taillés dans une étoffe simple mais de qualité, révélant une personne préférant le confort aux rubans et dentelles dont s'affublaient les conteurs que j'avais rencontrés dans le bourg de mon enfance. J'attendais qu'il ait terminé sa conversation pour m'approcher de lui.

"Bonjour Maître Berwick, je me nomme Kalliopê", me présentais-je nerveusement. "Je souhaiterais devenir Ménestrelle et on m'a conseillé de venir à l'Académie de Magie."
"Suivez-moi, mon enfant", me pria-t-il. "Installons-nous dans une classe ; nous y serons plus à notre aise pour parler."

En quelques secondes, j'avais compris pourquoi cet homme officiait en ces lieux. Sa voix était grave, chaude et envoûtante et, lorsque mon regard avait croisé le sien, il n'avait pu s'en détacher. J'étais comme hypnotisée. Son attitude était si bienveillante que je me sentais bien, sereine et en pleine confiance.

Nous arrivâmes dans une petite salle lumineuse dans laquelle une dizaine de lutrins étaient alignés. Une haute bibliothèque regorgeait d'ouvrages aux reliures de cuir, de feuillets et autres rouleaux de parchemin. Le professeur se tourna alors vers moi et me dit : "Bien ! Maintenant, montrez-moi ce que vous savez faire !" et remarquant mon hésitation, il ajouta "Ne vous inquiétez pas, je veux juste me rendre compte de vos capacités."

Je me jetais à l'eau et entamais le spectacle que je j'avais présenté la veille à Costwold. Il m'arrêta au bout de quelques minutes et me demanda de l'attendre. Il sortit de la pièce par une petite porte et revint peu de temps après avec un luth entre les mains.
"Bravo, Mademoiselle. Votre potentiel est indéniable et j'accepte de vous enseigner mon art. Je vous souhaite la bienvenue à l'Académie !", me félicita-t-il en me tendant l'objet.
Je m'en saisis timidement pendant qu'il continuait : "Je ne vous cache pas que la voie que vous avez choisie demande énormément de travail. Je vous apprendrai le maniement des instruments à cordes, à vent et à percussions, sans compter le chant, la diction et la danse. Nous débuterons les cours demain matin à 6 heures. J'exige la plus grande ponctualité de la part de mes élèves."

Après l'avoir salué, je le laissais. Je traversais la cours d'un pas digne, la tête haute et la mine aussi impassible que possible. Une fois dans la rue, n'y pouvant plus, je laissais exploser mon exultation en poussant un grand cri de joie et en exécutant un petit pas de danse. Quelques passants sursautèrent et me regardèrent surpris. Je leur adressais en retour un éclat de rire, puis me dirigeais gaiement vers les portes de Camelot pour regagner l'auberge de Costwold.
ça me rappelle la saga de menolly, dans les chroniques de Pern, de Mc Caffrey.
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Camlann : Nicholas (moine 5L5), Nicholason (healer 4L0)
Ys : Wardenne (sentinelle 5L7), LGM tailor
Glastonbury : Bazin (ménestrel 50 4L), Nicho (nécro, LGM tailor), Nicholas (wizard 3L)
 

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