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L'éducation, l'insécurité, le communautarisme, etc.
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Je me suis toujours demandé si le modèle d'intégration à la française était efficace, ou pas. Et dans quelle condition il pouvait l'être.
L'article présenté par Diacre met en avant un aspect intéressant des problèmes qui touchent les collèges / lycées "sensibles", que ce soit dans les banlieues ou les grandes villes ( les établissements des banlieues de grand centres urbains n'ont pas l'exclusivité des problèmes liés à la délinquance ). Il met l'accent, en relatant certains faits précis, et c'est en cela que l'article est intéressant, non pas sur les problèmes d'intégration, mais sur les relents de racismes inter-ethniques, dont font montre certains jeunes entre eux, à l'école. Comment faut-il réagir face à un père d'origine sub-saharienne qui vient se plaindre à la proviseur du fait que sa fille est mal notée car la professeur est portugaise ? On en rit ? On en pleure ? On lui en retourne une ? On lui dit que sa fifille chérie est une brelle finie ? Ce n'est pas de communautarisme qu'il s'agit ici, mais bien de racisme au quotidien. Cela ne touche peut-être pas une majorité de lycées / collèges, ni d'étudiants, mais les catégories touchées sont souvent les moins favorisées, les moins éduquées, et souvent il s'agit de populations immigrées. Ce qui n'empêche pas des français " de souche " ( désolé pour le "de souche ", je n'arrive pas à trouver une autre expression, on pourrait dire "des français de plusieurs générations " ) issus de couches aisées de la population d'être racistes aussi, ou tout du moins xénophobes. Khronos avait commis un fort beau post à propos de ces petites phrases du quotidien, de ces "petites blagues un peu racistes mais pas trop ", qui finissent par pourrir la vie, marquer les esprits, nous empreindre d'un mépris de l'autre quasi inconscient. Et j'ai le sentiment que c'est ce qui se passe un peu avec ces élèves. Déjà, quand j'allais encore au collège ( moins au lycée, pour différentes raisons ), il existait non pas des regroupements communautaires entre " gens de même couleurs ou même origine ", mais une certaine animosité sporadique entre " robeux / black / çaifranc " ( comme si eux-mêmes n'étaient pas français ... ), comme ils se complaisaient à le dire. C'était il y a environ une douzaine d'années. Mais comme ils n'étaient pas assez représentés au sein de la population étudiante de mon établissement, le clivage se faisait plutôt entre " çaifranc " et les "autres" ( black, robeux, etc ... ). Mais dans tous les cas on ne le sentait pas clairement. Ca restait diffus, mais inconsciemment présent. A l'heure actuelle, dans des établissements du secondaires où la population immigrée ou française d'origine étrangère est plus élevée qu'ailleurs, je pense qu'il est tout à fait réaliste qu'il existe des " replis communautaires ". Je pense que le problème n'est pas forcément ce repli, mais plutôt ce qu'il exprime. Plus qu'une recherche d'identité perdue ( le pays d'origine, la famille restée "là-bas", la religion, les traditions, etc ... ), j'ai l'impression qu'il exprime un rejet. Un rejet par lequel ces personnes s'expriment. On a souvent négligé ce besoin d'être défini, de se "sentir" français. En disant : " Tu n'es pas moi, tu ne me ressembles pas, et donc tu es mauvais, je ne t'aime pas", on rejette l'autre, on le stigmatise, puis on finit par se forger son identité, qu'on pense être meilleure. Le père pris en exemple plus haut n'a même pas le réflexe de se dire que sa fille est mauvaise élève, qu'elle n'a pas les qualités requises. Non. La réaction est de rejeter la faute sur l'autre qui est différent, et donc nuisible pour sa fille et pour lui. Ce père ne s'identifie donc plus aux institutions de la République, ne lui accorde aucun crédit. Il fait confiance aux gens "comme lui " , et à rien d'autre. Il y a donc profondément un échec, un échec dont les raisons sont éminemment complexes. On dit souvent que les vagues d'immigrations polonaises, portugaises, italiennes ont été mieux absorbées que la vague d'Afrique du Nord et la vague d'Afrique sub-saharienne. Et à vrai dire on ne se l'explique pas vraiment. Les cultures ? Quelle différence entre un paysan polonais arriéré et pauvre et un paysan malien arriéré et pauvre ? Aucune, la France est inconnue aussi bien pour l'un que pour l'autre. La religion ? Elle ne joue qu'un rôle mineure dans un processus d'intégration " à la Française ". Par définition la France est laïque. Mais alors quoi ? Qu'est-ce qui a bloqué avec nos derniers immigrés, et qui est très bien passés avec les précédents ? Et bien justement. Je pense qu'une des raisons qui a fait que nos précédents immigrés se sont si bien "immiscés" dans notre pays, c'est le communautarisme. On a forcé les Africains, d'où qu'ils soient, à "s'intégrer", maison avait plutôt laissé faire nos précédents immigrés. Il est bien connu que dans bon nombre de villes de France, il existe de très grandes zones où une entité ethnique est majoritaire. Ce n'est pas pour autant que ces communautés se sont refermées, où qu'elles ont créés des lois parallèles, faisant régner la terreur. Bien au contraire. Par l'entraide mutuelle, l'accueil de leur compatriote, la proximité géographique entre eux, la communauté leur a servi de tremplin pour s'ouvrir définitivement à la société laïque française. J'ai le sentiment que cela a été exactement l'inverse avec nos immigrés d'origine africaine. La communauté pour eux ne seraient plus une structure officieuse d'entre-aide, mais bien un refuge par le rejet de ce qui n'est pas "eux", ce qui se répercute inévitablement sur les enfants, et l'attitude qu'ils adoptent en général face aux institutions françaises. Ils ne sont plus de leur pays d'origine, mais ils n'arrivent pas à se sentir pleinement français. Mais alors qui sont-ils ? Alors certains jeunes, les plus exposés, se réfugient dans l'idolâtrie de la vie à l'américaine : Nike aux pieds, bandanas rouges autour de la tête qui signifie qu'ils règnent sur la rue Victor Hugo et le boulevard Magenta, squattage devant le McDo, où chacun exhibe ses dernières "acquisitions " ( qu'il s'agisse d'une fille ou d'un portable ). Qu'avons nous raté avec eux ? Et, d'un autre côté, qu'ont raté leurs parents ? Je n'ai pas de réponse précise, à vrai dire. Ce qui m'inquiète, c'est que cette génération de jeunes qui refusent l'éducation et les institutions françaises, car ils ne les reconnaissent pas comme les leurs, m'inquiète. Oh, ils ne sont pas la majorité. Ils ne sont pas les plus nombreux. Mais ils sont le reflet de quelque chose de plus profond : le néant identitaire. Ils ne sont rien, et ils le savent plus ou moins. Ils en sont plus ou moins conscients. Alors, de ce rien nait le besoin de différence : "Tu es portugais, Je suis marocain, et nous deux, on est pas pareil, on est différent. " Et c'est le début de la création identitaire. Le problème est qu'elle suit le mauvais chemin. Certains avaient suggéré des cours d'histoire adapté pour chaque "ethnie", en plus des cours normaux. Levée de boucliers, hurlements de douleur, on a crié " C'est la mort de la laïcité !! ". Mais redonnons une histoire à ces enfants, donnons leur une identité non pas française, mais franco-communautaire. Ne leur disons plus : " Tu es français et tais-toi !" car c'est faux ! Ils sont issus de l'immigration ET ils sont français. Sans histoire, sans racine, sans passé, nous ne sommes rien. Un être n'est pas qu'une carte d'identité et un n° de sécu. C'est aussi un pays, des traditions, que ces gens ont perdu. Nier un passé, au nom de l'intégration à la Française, c'est aussi nier ce que leur famille, leurs racines, ont été. Or, ils ne s'intègrent pas, ils ne se reconnaissent pas dans ce qu'on a essayé d'asséner non pas aux parents, mais aux enfants. Et les parents ne savent plus qui ils sont non plus. Alors où sont-ils ? Qui sont-ils ? Les oubliés de la République, sûrement ... Reconnaissons les, et ils nous reconnaitrons. Peut-être est-il encore temps.... Désolé, mon post est peu argumenté, mais j'ai trouvé ce lien intéressant sur le communautarisme. Il y en a des dizaines d'autres, évidemment, ceci dit, je n'ai pas le temps de tout lire. Le communautarisme en France J'ai l'impression que certains ont déjà lu cet article. Bah, tant pis, je laisse quand même. |
20/05/2003, 00h12 |
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