Chapitre 24: certains passages vont rappeler des choses à certains ;)

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Hop, les limites de tailles de chapitres sont encore une fois repoussées.
Mais j'ai une excuse: vous allez voir que certains passages ont été repris du mauvais chapitre 23. Forcément, il fallait que ça serve.

Voilà, donc désolé encore une fois pour l'incident d'hier, et maintenant l'histoire reprend son cours. Stress et hémoglobine au menu


Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII

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L'homme avait la peau noire comme de l'ébène. Deux yeux profonds et terrifiants brillaient dans un visage aussi sombre que le puits des enfers. Il était habillé à la manière des nobles de l'Empire, un pourpoint de soie bleu pâle collant à sa peau, rehaussant la noirceur de ses bras nus. Il avait des cheveux crêpus, qu'il portait longs, ce qui lui donnait l'air d'un lion majestueux.

Mais le lion était en cage. De lourdes chaînes entravaient ses jambes et ses poignets, reliées à un lourd anneau dans le mur. Le pourpoint était souillé et sa couleur tirait maintenant sur le brun sale. Ses cheveux étaient maculés de poussière et de saleté, et du sang finissait de se coaguler sur son front. Il fixait les trois jeunes gens de ses yeux sombres, qui ne cillaient pas.
"G'kaa ?" murmura Malek, incrédule.
Le prisonnier haussa un sourcil alors qu'on prononçait son nom.
"Tu me connais, oui ? Qui tu es ?"
"Qui c'est ?" chuchota Shareen en écho à son oreille gauche. "Qu'est-ce qu'il se passe ? Rekk n'est pas là ? On a fait tout ça pour rien ?"
"Je suis Malek, le fils du Duc de Licorne" fit le jeune homme en s'inclinant, avant de se tourner vers les autres. "C'est G'kaa. C'est le représentant de Koush à Musheim"
"Si c'est un ambassadeur, qu'est-ce qu'il fait là ?" observa Laath, fort justement.
"Mahl'k" fit le Koushite, agitant les mains et faisant cliqueter ses chaînes. "Je me souviens de toi, oui ? Le cheval cornu ? Qu'est-ce que toi, et toi, et toi, vous faites ici, oui ? Les gardes, ils sont où ?"
"Les gardes dorment" fit Malek. "Mais qu'est-ce que vous faites en prison ? Nous cherchions quelqu'un, mais nous ne pensions vraiment pas tomber sur vous"

G'kaa haussa les épaules.
"Le petit empereur, il a fait ça, oui ? Je sais qu'il a tué son père, mais l'Héritier, il dit que ce n'est pas vrai. Alors il a appelé ses gardes, et il m'a jeté là. Il voulait me tuer, oui. Mais Mandonius lui a dit que ça voulait dire la guerre, alors le petit empereur a eu peur et il ne m'a pas tué." Un sourire apparut et disparut sur son visage tuméfié. "Mais ce sera la guerre quand même, oui. Et le petit empereur, il ne va pas aimer quand on se reverra"
"Faites la queue, vous n'êtes pas le premier sur la liste" observa finement Malek. "Bon, on va essayer de vous libérer, si j'arrive à retrouver la clé. Ne bougez pas"
G'kaa le fixa avec un amusement manifeste. Il agita ses chaînes.
"Je te promets, je ne bouge pas beaucoup, oui ?"

Malek se détourna alors que Shareen riait sous cape. Ce fut un plaisir de retrouver la salle de gardes, et de pouvoir respirer un air moins vicié. Avec adresse, il entreprit de fouiller rapidement les quatre hommes qu'ils avaient neutralisés. Tous ronflaient encore tranquillement.
Le nouvel empereur commettait bévue sur bévue, il semblait. Séquestrer un ambassadeur, voilà quelque chose qui ne s'était pas produit depuis des dizaines d'années, s'il se rappelait bien ses leçons d'histoire. On ne pouvait pas les jeter en prison, sauf en cas de haute trahison. Et, même ainsi, les ambassadeurs bénéficiaient d'un traitement de faveur jusqu'à leur jugement. Mais en jeter ainsi un dans un cul de basse-fosse… Le jeune homme frémit. C'allait être la guerre, comme l'avait dit G'kaa. Les perspectives étaient effrayantes. Comment quelqu'un pouvait-il se mettre à dos autant d'ennemis dangereux en aussi peu de temps ?

"Tu trouves ?" lança Laath. "Je peux essayer de crocheter la serrure, sinon !"
"Non, ça y est !" répondit Malek alors que ses doigts se refermaient enfin sur un trousseau de clés de bonne taille. Il avait cru que ce serait le sergent qui l'aurait, mais c'était finalement en fouillant l'un des trois autres qu'il l'avait trouvé. "J'arrive !"

Les mains moites, il essaya les clés les unes après les autres. Après trois essais, la porte s'ouvrit en couinant.
"On va vous sortir de là, ne vous inquiétez pas" fit Shareen en souriant au koushite, le ton rassurant.
"Je ne m'inquiète pas, non. Mais pourquoi est-ce que vous m'aidez ?"
Malek grimaça, s'affairant à déboucler les bracelets autour des chevilles de l'homme.
"Les ennemis de nos ennemis…" commença-t-il, haussant les épaules. "Sincèrement, vous pensiez qu'on vous laisserait crever dans un tel trou à rats ? Vous nous prenez pour qui ?"
Avec un grincement de métal, les dernières chaînes tombèrent sur le sol. Le Koushite bailla et s'étira.
"C'est bien de pouvoir bouger, oui. Les muscles, il faut qu'ils travaillent, sinon ce n'est pas bon"
"Oui, oui" fit Laath impatiemment. "Maintenant qu'on a libéré Monsieur, il faudrait peut-être qu'on file d'ici. Visiblement, on s'est trompés d'endroit. La personne qu'on cherche n'est pas là"
Malek haussa un sourcil. Le jeune cambrioleur avait adroitement évité de mentionner le nom de Rekk. C'était une prudence excessive, de toute évidence, le prisonnier ne portait pas l'empereur dans son cœur. Mais il tint sa langue. Si Laath voulait faire des secrets, grand bien lui fasse.
G'kaa se leva enfin, agitant les bras tranquillement pour retrouver les sensations dans ses mains.
" Et que fait le cheval cornu ici, dans ces couloirs ? Il est recherché, j'ai entendu. Le petit empereur le veut mort, oui ? C'est dangereux, trois petits loups, dans un palais, oui ? Les chasseurs, ils sont partout, non ? Alors, pourquoi ?"

Malek poussa un grand soupir. Il jeta un œil à Shareen et Laath, mais ses deux compagnons se contentèrent de lui rendre son regard en haussant les épaules. S'il voulait parler, la décision lui revenait.
D'un côté, ils pouvaient décider de ne rien dire, laisser l'ambassadeur partir tranquillement de son côté, et se remettre à chercher Rekk. De l'autre, il pouvait se confier, ne serait-ce qu'à moitié, et espérer que l'homme serait de bon conseil. Après tout, il avait habité plusieurs années dans le palais, et devait en connaître les moindres recoins. Ce serait un allié précieux, s'il acceptait de leur donner quelques informations.
"Je… Nous sommes ici pour essayer d'aider un ami, qui s'est fait emprisonner par l'empereur. Nous essayons de trouver les geôles, l'en libérer, et nous enfuir avec lui"

G'kaa émit un son étranglé, puis un second. Ses épaules s'agitaient doucement. Il fallut un moment aux jeunes gens pour comprendre ce qui se passait: le Koushite riait ! Il riait même de bon cœur, et tentait désespérément d'étouffer les sons qu'il produisait en baissant la tête et portant les mains à sa bouche. Les trois jeunes gens le regardèrent avec surprise.
"Trois louveteaux petits. Pas grands, mais déjà des crocs, oui ?" Il rit de nouveau. "Et vous attaquez la prison tous seuls et aidez votre ami, oui ?"
"C'est le plan, je suppose" murmura Malek, déconcerté.
"Il est important, cet ami, pour que trois louveteaux marchent dans un palais. Oui ? Important ? Il est ?"
"C'est…" commença Malek, mais Laath lui coupa la parole: "C'est le père de la fille que j'aime"
Le Koushite lui lança un regard perçant.
"Je vois, je vois. L'amour, ça fait des choses, oui ? Et c'est la fille, là ?" Il désigna Shareen.
"Non" grognèrent Malek et Shareen de concert.
La fille s'engouffra avec bonheur dans le silence qui suivit.
"Mais nous sommes tous les deux des amis de sa fille, de grands amis. C'est pour ça que nous avons décidé d'aider son père. Elle ne peut pas le faire, elle"
Elle battait des cils avec un air tellement innocent que Malek aurait éclaté de rire, si la situation n'était pas aussi ennuyeuse. Puis il reporta son attention sur le koushite.

G'kaa hochait lentement la tête, comme s'il comprenait. Puis il sourit. C'était étrange, un tel sourire sur un tel visage. On avait l'impression d'un véritable tremblement de terre, de rochers glissant les uns contre les autres, alors que l'expression sévère disparaissait, et qu'une parfaite rangée de dents blanches brillait à la lumière des torches.
"Une vie, vous avez sauvé. Ma vie, je vous dois. Je vais vous aider, oui ?"
"Nous aider ?" fit Malek, surpris.
" Une fille, elle ne doit pas être séparée de son père, non." Il eut un sourire sinistre. "De toute façon, je ne sais pas où aller, non. Et je veux me venger"

D'un commun accord, les trois jeunes gens reculèrent pour discuter. G'kaa les regarda faire sans paraître plus troublé que cela par ce manque de confiance.
"Il ressemble à Rekk" chuchota Shareen, pince-sans-rire.
"Ce n'était pas prévu" murmura Laath.
"Ce n'est pas toi qui voulait improviser sur place ? Eh bien voilà, on a improvisé" répondit Malek. "Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?"
"Est-ce qu'on peut lui faire confiance ?"
"Je ne sais même pas si je peux te faire confiance… Mais il était en prison, et ça en fait notre allié, au moins provisoirement. Et puis, nous aurons certainement besoin d'aide, si nous continuons à chercher Rekk. On n'a plus de poison, maintenant."
"Et toi qui disais que nous étions les seuls assez stupides pour nous lancer dans une expédition pareille…" sourit Shareen. "Tu vois, il y a d'autres personnes qui pensent à la vie de leurs amis avant la leur"
"Oui, oui. Les Koushites sont vraiment bizarres" grommela Malek. "Sur ce, il faudrait quand même penser à partir. Je ne sais pas dans combien de temps les gardes seront relevés, mais il faudrait que nous soyons loin avant"
"C'est préférable" acquiesca Laath.
"G'kaa" fit Malek, s'inclinant avec déférence, "c'est avec plaisir que nous acceptons votre offre d'assistance. Mais nous n'avons aucune idée d'où chercher, maintenant. Nous étions convaincus que R… que la personne que nous cherchions était enfermée ici. Si ce n'est pas le cas, alors où peut-il être ?"
"C'est un noble, oui ? Si ce n'est pas un noble, il n'est pas dans le palais. Peut-être dans le donjon ? Est-ce que je le connais ? Lui, comment il s'appelle ?"
Shareen haussa les épaules.
"Je ne vois pas pourquoi les autres font autant de simagrées, au point où on en est. Et puis, autant que vous sachiez tout avant de dire que vous voulez venir avec nous. La personne que nous cherchons à libérer, c'est Rekk. Celui qu'on appelle le Démon Cornu, l'Epée de Feu, le Faiseur de Veuves. Ca ne sera probablement pas facile"
"Shareen, non" murmura Malek, mais c'était trop tard.
G'kaa resta un instant interdit, puis ses yeux s'étrécirent. Si son expression était sombre auparavant, le regard qu'il leur lançait désormais pouvait briser les pierres.
"L'homme, celui que vous cherchez, c'est Rekk ? Le père de votre amie, c'est le Danseur Rouge, oui ?"

Malek gémit intérieurement. Voilà pourquoi il n'avait pas souhaité révéler son nom. Ses souvenirs d'histoire revenaient en force alors qu'il cherchait à se remémorer les guerres koushites. Il y avait eu de nombreux cours sur leur art militaire à l'académie. Les avis des maîtres étaient souvent teintés de patriotisme, mais le fait était que les koushites étaient considérés comme de formidables guerriers, et que seul Rekk avait réussi à les soumettre. Les rares leçons qu'il avait pris la peine d'apprendre l'avaient révulsé, alors. On y racontait les méthodes inommables du Banni, avec un mélange d'admiration et d'horreur. On parlait de villages détruits, de forêts brûlées, d'enfants tués dans les bras de leurs mères, elles-mêmes faites prisonnières pour être vendues comme esclaves dans les bordels des différentes villes. On racontait que, maintenant encore, certaines prières koushites demandaient de protéger le village contre les sauterelles, la maladie, le feu et le Danseur Rouge. Dans ces circonstantes, peut-être était-ce une mauvaise idée de révéler l'indentité de la personne qu'il cherchait à secourir. Mais la question ne se posait plus, désormais.

"Shareen" soupira Malek de nouveau.
"Quoi ?" protesta-t-elle. "Il vaut toujours mieux dire la vérité ! Et puis, qu'est-ce que ça changerait ? Si il venait nous aider, il finirait par découvrir qui c'est, non ?"
"Oui, mais va-t-il nous aider, maintenant ?"
Malek tourna son attention vers le koushite. G'kaa avait absorbé la nouvelle avec une rapidité surprenante. S'il avait paru déstabilisé durant quelques battements de cœur, ce n'était plus le cas. Son expression était résolue.
"Quoi que vous croyiez, vous n'avez aucune dette envers nous" fit Malek, lentement. "Nous n'étions pas venus pour vous aider, et c'est une pure coincidence si nous avons pu vous libérer. Je comprends parfaitement les sentiments que vous pouvez avoir pour cet homme, et je comprends encore mieux que vous n'ayez pas envie de le secourir. Je vous demanderai juste de ne pas nous entraver"

Le Koushite ne répondit pas, ses yeux sombres rivés sur ceux du jeune homme. Malek eut un instant d'hésitation. Avait-il compris ce qu'il avait dit ? L'ambassadeur avait toujours paru s'exprimer dans un Impérial très correct, même s'il avait un accent épouvantable, mais cela ne voulait pas forcément dire qu'il comprenait toutes les subtilités de la langue. Mais, alors qu'il se préparait à répéter plus doucement, le koushite détourna enfin le regard.
"J'ai dit que moi, je vous aidais, oui ? Le Danseur Rouge, il est vieux maintenant. Il n'est plus dangereux pour Koush, non. Mais l'empereur, il ne nous aime pas, il n'aime pas notre couleur, il veut faire du mal, oui. Si le Danseur Rouge, il est l'ennemi de l'empereur, alors je l'aide, oui"
"Ca…" Shareen sourit doucement. "Si l'empereur a un ennemi, c'est bien lui. Rekk croit qu'il a tué sa fille"
G'kaa secoua la tête.
"Je viens avec vous, alors. Un père doit pouvoir venger sa fille. Un père, il ne trouve le repos que quand elle est vengée, et que son âme va rejoindre le Shal'd, oui."
"Même si cet homme vous a fait du mal, autrefois ?"

Le koushite eut un sourire triste.
"La vengeance, qu'est-ce qu'elle vaut, si le pardon n'existe pas, oui ?"
Il s'étira de nouveau, et un sourire de satisfaction monta sur ses lèvres. Les sensations revenaient doucement. En quelques foulées, il s'extirpa de la cellule et sortit dans la salle de gardes. Son sourire s'élargit en voyant les gardes ronfler.
"Les louveteaux, ils sont rusés, oui ?"
Il se pencha, et ramassa la lance d'un des gardes, abandonnée dans un coin. Les sourcils froncés, l'air concentré, il la fit tournoyer, éprouvant l'équilibre et le poids de l'arme. Une grimace dubitatif lui creusa le visage.
"G'kaa" fit Malek en le suivant. "Est-ce que tu as une idée d'où Rekk pourrait être, puisqu'il n'est pas ici ?"
"Au donjon" répondit immédiatement le Koushite. "Le petit empereur, c'est ce qu'il a dit. Il voulait pouvoir le torturer, oui." Son expression était compatissante. "Le Danseur Rouge, même lui, il ne mérite pas que ce petit monstre lui fasse du mal, non"
"Le donjon ?" Laath laissa fuser un petit sifflement. "C'est la tour qui surplombe le palais ? Si c'est le cas, ça ne va pas être une partie de plaisir. Ca doit probablement grouiller de soldats"
"Nous savions déjà que le plus dur restait à venir, de toute façon" fit Malek, imitant la voix du cambrioleur. Shareen sourit.
"On laisse les gardes ici ? N'importe qui pourrait descendre et les voir,"
"Ca ne changerait rien de les cacher dans les cellules, si c'est ce que tu proposais. Le simple fait de ne pas les apercevoir à leur poste suffira à donner l'alarme. Il vaut mieux que nous partions d'ici le plus vite possible, et qu'on profite de l'avance qu'on a"
"Cette lance, elle n'est pas très bonne, mais elle suffira, oui" interrompit G'kaa, se déportant à leur niveau. Il avait l'air tranquille, comme s'il se préparait à une promenade de santé. Le fait de devoir, à peine libéré, prendre le risque d'être de nouveau capturé voire, pire, tué, ne semblait pas le déranger plus que cela.
"De toute façon" intervint Laath d'un ton péremptoire, "on continue à garder un profil bas. Avec un peu de chance, tu n'auras pas à te servir de cette lance." Il surprit le regard des autres sur lui, et soupira. "D'accord. Avec beaucoup de chance"
"Bon, plus rien ne nous retient ici. Filons"

Ils remontèrent rapidement l'escalier. Laath ouvrait de nouveau la marche, mais G'kaa le talonnait. Le koushite se déplaçait avec une grâce et une rapidité stupéfiante, malgré ses muscles probablement ankylosés d'avoir porté des fers. Si Rekk ressemblait à un tigre, alors G'kaa pouvait être comparé à un lion. Tous deux respiraient la violence contenue, et la puissance de la jeunesse cachée dans une enveloppe grisonnante.
Arrivés en haut des marches, Laath s'arrêta.
"Quelqu'un connaît bien le palais ? Je n'ai aucune idée de la manière de rejoindre le donjon"
"Vous me suivez, oui ?"
Avec autorité, G'kaa le dépassa et ouvrit la porte qui donnait sur la cour intérieure. Elle était verrouillée, mais les loquets étaient de ce côté. En quelques mouvements, elle s'ouvrit.

Dehors, le temps ne s'était pas amélioré depuis le temps qu'ils étaient rentrés. Malek avait l'impression que cela faisait plus de deux heures, pourtant le brouillard était toujours présent; la pluie aussi. Il jeta un œil dans la cour, mais on n'y voyait pas plus loin que la main.
"Il semblerait que les dieux soient toujours avec nous" murmura-t-il.
"Les louveteaux, ils ont beaucoup de chance, oui" marmotta G'kaa, faisant un signe contre le mauvais œil. "Cette brume, elle n'est pas naturelle"
"Il y a toujours du brouillard et de la pluie au début du printemps, à Musheim" fit Laath en haussant les épaules. "A force de vivre dans un coin au toit percé, on s'en rend vite compte"
"Toujours est-il que ça devrait nous faciliter les choses… du moins, si on sait vers où se diriger. Ce donjon, on ne voit que lui quand on regarde le palais, mais maintenant que le brouillard est là, je n'ai plus aucune idée de la direction à prendre"
"Par là. Vous me suivez, oui"

Sans attendre de réponse, G'kaa se lança sous la pluie. L'eau ruisselait sur son visage, et il leva les yeux avec un bonheur visible. Il passa sa main dans ses cheveux, nettoyant le sang et la crasse qui s'y étaient mêlés. Il resta ainsi quelques instants, profitant de l'averse, jusqu'à ce que Malek émette quelques signes d'impatience. Il était très content de voir le koushite heureux de la pluie mais lui, pour sa part, avait froid et envie d'éternuer.
"On perd du temps, non ? L'alarme ne va probablement pas tarder à être donnée, il faudrait se dépêcher"
G'kaa se tourna vers lui et sourit de toutes ses dents.
"La vie, elle est précieuse, oui ? Mais juste si on en profite, oui ?"
Il essuya l'eau qui lui coulait dans les yeux et termina de se nettoyer rapidement, sous les regards impatients des autres. Enfin, il se remit en route.
"Pas trop tôt" murmura Malek. "La sagesse koushite commence à me taper sur les nerfs"
"Ce n'est pas faux, remarque" répondit Shareen.
"J'ai froid. Je ne philosophe jamais quand j'ai froid"
La jeune fille lui sourit. Tendrement, lui sembla-t-il. Mais peut-être n'était-ce qu'une illusion. Elle était très belle, ainsi, avec ses cheveux trempés et dégoulinant sur ses épaules. Il y avait en elle une sensualité primaire, une beauté sauvage, qui le troublait et l'attirait en même temps. Il sursauta lorsqu'il croisa son regard, et détourna les yeux. Crétin ! Ce n'est pas le moment de regarder ce genre de choses. Concentre-toi !
"Le donjon, il n'est pas loin devant" murmura soudain le koushite, le ramenant à des préoccupations plus terre-à-terre. "Tu vois, sans se presser, on arrive quand même"
Malek retint un commentaire acerbe, et plissa les yeux contre la pluie. Il ne voyait rien, absolument rien. Même en mettant sa main en visière pour se protéger et ne pas avoir à ciller autant, seul le brouillard lui répondait.

"Tu es sûr que c'est par là ?" fit-il, dubitatif.
"Tu ne me crois pas, oui ?" Le Koushite sourit, puis se figea soudain. "Silence"
Une lanterne s'approchait, rapidement suivie d'une voix venue du fin fond de l'univers brumeux qui les entourait.
"Borlaak ? C'est toi, Borlaak ? Foutue purée de pois, on n'y voit rien !"
G'kaa leur intima le silence d'un geste abrupt de la main. Lorsque le garde arriva à portée, il n'eut pas même le temps de crier. Le koushite frappa silencieusement et mortellement. La lance vint s'enfoncer dans la gorge de l'homme et ressortit de l'autre côté avec un bruit étrange. Le garde plia les genoux et s'effondra, mais déjà G'kaa se penchait pour amortir sa chute de son bras gauche, recevant près de deux cent livres de chair et d'armure sans même ciller. Doucement, il l'allongea sur le sol, puis il ouvrit la lanterne et l'éteignit.
"Mauvais équilibre, cette lance, mais elle fera l'affaire, oui" commenta-t-il alors qu'il se retournait vers ses compagnons.
Shareen le regardait bouche bée.
"Vous le tuez, comme ça ?"
"Oui" fit G'kaa. Puis se détournant d'elle: "Vous tous, vous vous préparez à vous battre, oui ? On arrive à la tour"
"Comment ça, se battre ?" protesta Shareen, furieuse de se faire ignorer ainsi.
Mais G'kaa ne l'écoutait déjà plus. En deux enjambées, il s'était enfoncé dans le brouillard. Il y eut un gargouillis étouffé, puis un bruit de chute, et un second gargouillis.
Lorsque Malek avança pour rejoindre le koushite, deux corps reposaient sur le sol, et l'homme était fort occupé à ouvrir la porte.
"Tout va bien, oui ? Les gardes, ils n'étaient que deux"
Malek échangea un regard avec les deux autres.
"Plus le temps passe, plus je trouve qu'il ressemble à Rekk" murmura-t-il.
Un couloir s'offrait à eux. Toutes les torches étaient éteintes, et l'obscurité menaçait de les engloutir alors qu'ils pénétraient dans le donjon.
"Pas tellement d'amélioration par rapport au brouillard" marmonna Shareen.

La porte se referma sur eux. L'obscurité était maintenant totale. C'est à tâtons que Malek parvint à trouver l'escalier, alors que Shareen et Laath tentaient de se tenir à lui pour suivre le rythme. La main de la jeune fille était agréable contre sa peau, mais il se serait débarassé avec joie du cambrioleur.
"Les louveteaux, vous montez, oui ?"
La voix de G'kaa les guida, et ils avancèrent lentement, marche après marche. Arrivés au premier palier, les torches étaient enfin allumées, et la pénombre recula. Leur progression en était d'autant facilitée.
L'escalier était encadré de chambres de tous les côtés, abritant la famille proche de l'empereur. Il y avait un garde à chaque palier mais, lorsque Malek atteignait ce niveau, le soldat était habituellement allongé sur le sol, une tache de sang s'étendant sur son bliaut. G'kaa n'était pas très bavard, mais efficace.
"C'est une méthode moins discrète, mais efficace" nota-t-il sentencieusement, alors qu'ils croisaient le quatrième corps.
"On n'aurait pas pu se glisser sans se faire voir, de toute façon" fit Laath avec fatalisme. "Vous vous rendez compte de ce qu'on est en train de faire ? On prend d'assaut le donjon. Le donjon ! C'est absolument ridicule !"
"Je le dis depuis le début" observa Malek, "mais jusqu'à maintenant, ça nous a réussi. Et puis, on a G'kaa de notre côté. Ca simplifie plutôt les choses"
"Au moins, il ne se pose pas de conscience" grommela Shareen en butant dans un cinquième corps.
"Cinq morts, cinq étages. On ne devrait pas être loin du sommet"

Il fallut deux cadavres de plus pour enfin atteindre la dernière volée de marches. Le marbre était soudain remplacé par le bois, comme si on avait rajouté cet étage en arrière-pensée. G'kaa avait réussi le tour de force de tuer d'un coup chaque garde, profitant de l'effet de surprise. Aucun bruit ne résonnait dans la tour. Personne n'avait sonné l'alarme. C'était presque irréel.
"Autant de chance" respira Malek, s'adossant contre le mur pour essuyer la sueur qui coulait de son front. "C'est presque indécent. Si on parvient à se sortir de tout ça vivant, je jure de sacrifier un chevreau à la Déesse du Destin. Non, deux"
"Ca fera trois, avec moi" ajouta Shareen. Elle aussi était pâle comme la mort.
"Je me forge ma propre chance" fit Laath avec cynisme. Puis, il ajouta: "Mais je pense que je vous accompagnerai, aussi"
"Les louveteaux parlent de chance. Mais la chance, elle est finie"
L'air sombre de G'kaa coupa dans le soulagement des jeunes gens. Il redescendait silencieusement de l'escalier de bois. Ses yeux brillaient dans la lumière des torches.
"Il y a beaucoup de monde, là-haut" chuchota-t-il. "Dix gardes, je crois. Le petit empereur, il est très méfiant, oui ?"
"Dix gardes ?" Malek baissa les yeux, le désespoir l'envahissant. "Qu'est-ce qu'on peut bien faire contre dix gardes ?"
C'était désespérant. Tout semblait s'être si bien passé jusqu'à maintenant. Et ils étaient arrivés aussi loin… pour rien ? Il frémit. Cette pensée était insupportable. Il cherchait désespérément une idée, un plan, mais rien ne lui venait.
"Personne n'aurait une solution ? Laath, Dani ne t'aurait pas donné une autre fiole de poison, ou quelque chose d'autre qui pourrait nous être utile ? N'importe quoi ?"
Le cambrioleur secoua tristement la tête.
"Non, c'était la seule dose que j'avais. De toute façon, elle n'aurait pas suffi pour autant de monde. Et puis, on a eu beaucoup de chance que les gardes précédents aient eux-mêmes demandé à une servante de descendre, sinon ils auraient été plus méfiants."
"Il va falloir trouver autre chose" murmura Shareen. "On ne va pas renoncer si près du but ?"

"Les plans, ils sont mieux quand ils sont simples, oui ?" intervint G'kaa, coupant la répartie de Malek. "Le Danseur Rouge, il est derrière ce palier, oui ?"
"Je ne vois pas vraiment où tu veux en venir" fit lentement Laath. "Tu as une idée ?"
Le grand noir sourit de toutes ses dents.
"Non…" murmura Malek, incrédule.

G'kaa bondit des escaliers, la lance au poing. Il fonça vers les hommes assis sur le sol tel un tigre dans la savane. Rapidement, silencieusement, mortellement. Les soldats étaient encore en train de plaisanter lorsque la mort vint les cueillir.
La mort, pour le premier, avait ce soir la forme d'une sagaie aiguisée, qui vint le cueillir sous le poumon gauche alors qu'il se penchait pour ramasser ses gains. Il ouvrit des yeux incrédules alors que la douleur remontait à son cerveau. Il lâcha une poignée de pièces de cuivres sur le sol. Il pensa à sa femme, qui n'avait jamais su qu'il la trompait. Puis il ne pensa plus, et ne bougea plus.
"Qu'est-ce que…"
La mort, pour le second, fut douloureuse et lente, alors que la lance lui tranchait négligemment la gorge. Il porta la main à son cou, incrédule, et le flot de sang qui teinta ses doigts le fit gargouiller. Désespérément, futilement, il tenta de stopper l'hémorragie, mais sa vision était déjà floue, de plus en plus floue. Il s'affaissa lentement. Ses mains étaient rouges.
Le troisième se leva d'un bond en réalisant ce qu'il se passait, et la sagaie se planta dans son bas-ventre alors qu'il arborait encore une grimace amusée. Son sourire se fondit en un rictus de douleur. Il attrappa la hampe de l'arme avec ses deux mains mais G'kaa tourna vicieusement l'arme, et il hurla avant de tomber.

Le koushite recula d'un pas. Sa lance dégouttait de sang. L'effet de surprise était en train de passer, et les soldats se levaient avec hâte, tirant leurs épées avec des gestes hébétés.
"Un noir ! Il est seul, bande d'abrutis ! Tuez-le, et faites-le souffrir !" hurla le sergent d'une voix avinée, ramassant sa propre lance d'une main maladroite. "Je veux le voir crier !"
G'kaa envoya un vicieux coup de la pointe de sa sagaie au premier homme qui cherchait à l'atteindre. Le soldat tenta de parer, mais ses réflexes étaient engourdis par l'alcool. Le maître d'armes qui l'avait formé lui avait toujours dit que cela causerait sa perte. Golhnak, il s'appelait. Un bon entraîneur, qui avait apprécié le potentiel du jeune soldat et l'avait incité à rejoindre la garde. La seule promesse que Golhnak avait exigé, c'était que le garde nouvellement promu ne force pas trop sur l'alcool de poire, son péché mignon.
La pointe de la sagaie dans le cœur, le garde se prit à regretter de ne pas avoir obéi. Mais la mort effaça doucement ses regrets.
Le koushite se remit en position, récupérant sa lance d'un mouvement de poignet. Les choses s'étaient bien passées jusqu'à maintenant, et l'effet de surprise avait pleinement joué en sa faveur. Mais maintenant, il devait faire face à sept hommes qui, même s'ils étaient ralentis par l'alcool et usés par l'inactivité, n'en restaient pas moins des guerriers entraînés et bien armés. Il recula pour se mettre à l'entrée de l'escalier, mais deux gardes l'avaient déjà encerclé par un mouvement tournant, lui coupant toute possibilité de fuir.

"Vous êtes venus aider le Banni, hein, sales chiens ?" cracha le sergent, avançant d'un pas titubant. "Il est pas beau à voir, je te dis, avec les coups qu'il s'est pris ! Mais il était pas beau avant, alors ça changeait rien !" Il éclata d'un rire aviné en regardant le noir. "Toi aussi, t'as une sale gueule. J'aime pas les Koushites. Et attends qu'on ait fini de s'occuper de toi… Qu'est-ce que c'est encore que ça ?"
G'kaa détourna les yeux pour suivre la direction du regard du sergent. Shareen venait de se ruer dans la salle, prenant à revers les gardes qui lui bloquaient les chemins de l'escalier. Elle tenait dans son poing l'épée qu'elle avait dérobée aux anciens empereurs, et elle l'abattit de toutes ses forces sur le premier homme qui lui tournait le dos. Le lourd glaive écrasa la maille, trancha la chair, et ressortit de l'autre côté tant le coup était puissant. Avec un cri horrible, l'homme amputé recula de quelques pas et trébucha sur la table retournée, le sang giclant de son moignon d'épaule.
Malek et Laath étaient sur ses talons. Alors qu'elle tentait encore de contrôler le poids supérieur de son nouveau glaive, les deux jeunes gens frappaient eux aussi, transperçant de concert le deuxième homme qui ne les avait pas vu venir. Les lames d'acier s'insinuèrent avec force dans les jointures de l'armure. Il n'y eut pas un son alors que le soldat s'effondrait. Son casque s'échappa de sa tête, libérant une cascade de cheveux. L'homme avait été blond et plutôt beau garçon. C'était lui qui avait attiré l'œil de la servante dont ils parlaient quelques minutes auparavant. Maintenant, il était mort.

"Des gamins, maintenant ?" piailla le sergent, soudain effrayé que d'autres ennemis n'arrivent. "Tuez-les tous, par les enfers ! "
Suivant son propre conseil, il se jeta en avant, agitant sa hache. Malek avança d'un pas, et rencontra l'acier avec celui de son épée.
"Déesse du Destin, mais tu es vraiment une outre à vin" grogna le jeune homme alors que l'haleine du sergent lui parvenait, chargée d'alcool.
Il dégagea sa lame et frappa de nouveau de taille, mais la hache vint s'interposer, avant de tenter de lui trancher le poignet. Si le sergent avait été sobre, la manœuvre aurait réussi, mais Malek parvint de justesse à esquiver d'une feinte de corps. Tout le monde se battait autour de lui, et il n'avait pas une seconde pour regarder comment la bataille tournait. L'homme avait beau être ivre, il était redoutablement habile. Ses coups étaient puissants et précis, et l'épée pesait de plus en plus lourd dans les mains moites du jeune homme. Il serra les dents alors que l'impact lui engourdissait le bras, et recula d'un pas. Si jamais un autre garde venait aider leur sergent, il ne parviendrait jamais à tenir.
Mais personne ne venait. Les gardes semblaient tous également occupés, ce qui était plutôt bon signe. Il fallait espérer que G'kaa soit aussi habile qu'il en avait l'air. Mais, habile ou non, parviendrait-il à survivre contre autant d'assaillants ? Comment aurait réagi Rekk dans une telle situation ?

Malek para une nouvelle fois une botte vicieuse. Sa propre riposte fut écartée d'un revers de hache négligent. Le sergent se dessoulait vite dans l'action, et ses coups devenaient de plus en plus dangereux. Malek était plus jeune, plus fort, plus rapide. Mais l'homme était plus expérimenté et plus habile, et semblait se jouer de lui. De plus, le glaive que maniait le jeune homme n'était pas du tout adapté à l'escrime subtile que tentait le jeune homme.
Bloquant un contre à un pouce de son visage, il prit sa décision. Ahanant comme un bûcheron, il s'empara de l'arme à deux mains, et asséna un terrible coup de taille de toutes ses forces. Le sergent para, mais la violence du choc le fit reculer d'un pas pour retrouver son équilibre. Il eut à peine le temps de se rétablir que le second coup arrivait, aussi violent, puis un troisième. Le sergent aurait pu transpercer le jeune homme à tout moment, mais cela aurait voulu dire ne pas se protéger, et avoir le crâne fracassé. Patiemment, le vieux briscard attendait que le gamin se fatigue, reculant lorsque le coup était trop puissant.
Il ne comprit ce que le jeune homme cherchait à faire que lorsque ses talons butèrent contre une des chaises renversées sur le sol. Avec un cri étranglé, il trébucha, et étendit les bras pour retrouver son équilibre, abandonnant sa garde. L'épée s'abattit avec un vrombissement sourd, et lui brisa le crâne.
Malek essuya d'un geste las la sueur qui lui coulait dans les yeux. Il ne sentait plus ses bras. Son épée semblait peser plusieurs fois son poids.

G'kaa était toujours en vie, mais se retrouvait en mauvais situation. Son bras gauche pendait sur le côté, comme brisé. Il avait du sang sur ses bras noirs. Il avait abandonné sa lance quelque part dans le corps d'un de ses adversaires. Il tenait maintenant maladroitement une épée, et tentait de repousser avec lassitude deux hommes qui le harcelaient de leurs hallebardes. Shareen et Laath se battaient de concert contre le dernier homme encore en vie, dansant de côté pour essayer de l'inciter à montrer son flanc. Il ne tombait pas dans le piège, cependant, ses yeux allant constamment de l'un à l'autre pour ne pas les perdre de vue. Quand Malek le frappa par derrière, sa bouche s'arrondit de surprise.
A quatre contre deux, le combat n'en était plus un. C'était une boucherie. Le premier soldat mourut poignardé par Laath. Le second se retourna pour les affronter, les yeux fous, et l'épée de G'kaa trouva ses omoplates.
Le silence revint.

"Je n'y crois pas" balbutia Malek, embrassant le palier du regard.
Cette fois-ci, ils avaient dû réveiller toute la tour. Au temps pour la discrétion. Les corps mutilés des dix soldats gisaient sur le sol dans des postures grotesques. Le sang maculait les bottes du jeune homme.
"Ouvrez les portes, vite, oui ?" fit G'kaa, grimaçant en touchant son bras. "Il faut partir, bientôt"
Le palier débouchait sur trois portes. Les deux premières étaient vides, et Malek gémit intérieurement. Si jamais le Banni n'était pas ici… Si jamais ils avaient fait tout ça pour rien…

La troisième porte s'ouvrit sur une chambre plus large, meublée avec goût. Attaché solidement sur le lit, Rekk tourna les yeux vers eux et eut un sourire sans humour.
"J'ai failli attendre" fit-il tranquillement.

Au loin, le tocsin se mit à sonner.
Certaines remarques ironiques font sourire, ce qui atténue un peu le caractère de boucherie du chapitre.
La seule chose qui m'a un peu dérangée c'est qu'au début, Malek et les autres vouvoient G'kaa et qu'au bout d'un moment ils le tutoient. C'est fait expres pour montrer qu'en devenant complices ils se rapprochent?
Et comme toujours, vite la suite
Citation :
Provient du message de Eleange Wells
La seule chose qui m'a un peu dérangée c'est qu'au début, Malek et les autres vouvoient G'kaa et qu'au bout d'un moment ils le tutoient.
Sacrilège.

Désolé Grenouille je n'ai pas lu le chapitre

Edit pour en dessous : je ne vois pas comment vous appeler autrement Et le vouvoiement était implicite à la phrase, pas moyen de le mettre là où il n'apparaît pas.
[Message effacé à la demande de l'auteur]
[Message effacé à la demande de l'auteur]
Re: Chapitre 24: certains passages vont rappeler des choses à certains ;)
Citation :
Provient du message de Patum Ursus

- tiens ça me rappelle que demain j'attaquerai peut-être le neuvième...

Lumina et Grenouillebleue : le Point Corwin est à la fête.
Il peut, il mouille, c'est la fête à la grenouille.

Oriez-vous l'obligeance de me dire qu'elle est cette distribution de points?
Très bon chapitre

J'attends la suite avec impatience.

Une petite remarque quand même :

Citation :
Il n'y eut pas un son alors que le soldat s'effondrait. Son casque s'échappa de sa tête, libérant une cascade de cheveux. L'homme avait été blond et plutôt beau garçon. C'était lui qui avait attiré l'œil de la servante dont ils parlaient quelques minutes auparavant. Maintenant, il était mort.
Les joies du copier/coller
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