Chapitre XXIII: Le vrai ! (qui remplace l'ancien, posté hier 0_o)

Répondre
Partager Rechercher
Bon, eh bien ça arrive.
Ca vous montre bien que j'écris au jour le jour de manière spontanée
Parce que voilà, je suis très mécontent du dernier chapitre que je vous ai livré, qui anticipe en fait sur pas mal de choses que je voulais faire, et qui en conséquence fout mon histoire en l'air.

Donc voilà une refonte TOTALE du chapitre 23. Il y a certains passages que vous reconnaîtrez, des descriptions qui sont toujours là, mais l'histoire en est totalement différente.

J'espère que vous apprécierez... Enjoy
C'est accessoirement le plus long chapitre de l'histoire jusqu'à présent (8 pages word)


Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII

----------------------------------------------------------


Laath s'arrêta net. La lance était étrange, la hampe plus souple, la pointe plus large que celles qu'il connaissait. Mais cela ne changeait rien au problème. Si jamais il respirait trop profondément, il avait l'impression que le sang jaillirait, tant la lame d'acier était proche de son ventre. Il déglutit.
"Je me disais bien qu'il y avait des bruits bizarres" ricana l'homme. "Voyons voir ce que j'ai attrapé… Un gamin, rien que ça !"

C'était une véritable brute, qui avait visiblement forcé sur la boisson de la manière dont ses yeux ne cessaient de ciller. Son haleine était pestilentielle et sentait le vin et l'alcool de poire. Mais sa prise sur la lance n'en était pas moins ferme, alors qu'il contraignait Laath à reculer d'un pas à l'intérieur de la chambre.
"Je ne voulais pas…" balbutia le jeune homme, cherchant frénétiquement une solution.
"Tu ne voulais pas… quoi ?" imita le garde, avant de partir d'un rire gras. "J'espère que tu as une bonne raison pour être dans le palais cette nuit, petit. Tu sais que le nouvel empereur, il aime pas les voleurs. Alors moi non plus, ça non. J'avais bien vu que quelqu'un était passé par là. Yavait des traces partout, comme si quelqu'un s'était caché. Et puis la fenêtre était ouverte" Il rit de nouveau, fier de son sens de l'observation.
Laath aurait pu se gifler. Il s'était cru tellement habile, tellement malin, mais il n'avait même pas fait attention à dissimuler ses traces lorsqu'il avait fui les gardes, la veille. Mais tomber sur un soldat si obstiné et consciencieux qu'il patiente pendant la nuit devant cette porte… C'était un manque de chance flagrant, s'il en était.
"Je peux tout expliquer" murmura le jeune homme, avalant sa salive avec bruit.

"Ca a intérêt à me convaincre, gamin. Et ça a surtout intérêt à être la vérité, parce que le vieux Glamdush aime pas qu'on lui raconte des histoires. Ca fait deux heures que je surveille ce couloir, alors j'espère que c'est une sacrément bonne explication…"
Laath prit une grande inspiration. Il fallait absolument qu'il invente un mensonge crédible. Il recula d'un pas, et le garde le suivit. Un autre pas, et Glamdush se retrouva dans l'embrasure de la porte.
"Je… je voulais voir si je parviendrais à rentrer dans le palais. Les gars du quartier, ils disent que je ne suis pas courageux, parce que je ne fais pas les mêmes bêtises qu'eux. Alors je voulais leur montrer. Je leur ai dit que je rentrerai dans le palais cette nuit, et que je ne me ferais pas attraper. Mais je n'ai pas eu de chance…"
"Ouais… Non seulement t'as pas eu de chance, mais en plus tu me prends pour un abruti. Déjà, je crois pas ton histoire de pari, je te le dis tout de suite. Mais même si c'était vrai, pourquoi est-ce que tu reviens, alors ? Je sais que tu es déjà venu, j'ai vu les traces. Une fois, ça suffit, non ?"

Laath recula à nouveau de deux pas, et le garde le suivit. La pointe lui piqua doucement dans son ventre, et il gémit alors que la douleur remontait à son cerveau.
"Je vous jure que c'est la vérité" glapit-il. "J'ai profité de la journée pour reconnaître les lieux et ouvrir la fenêtre, c'est vrai ! Mais ils ont dit que ça ne suffisait pas, que n'importe qui pouvait rentrer dans le palais durant la journée. Je vous assure que je ne mens pas !" Il arbora avec conviction son air de chien battu cherchant à se faire pardonner. Le garde retira sa lame, et lui donna un violent coup de hampe sur le crâne, le faisant tituber. Il recula, à moitié assommé. Le soldat le suivit dans la pièce.
"Je t'ai dit de ne pas te foutre de moi ! Tu vas me suivre, et on va aller voir le sergent. Il saura sûrement te faire parler, lui. Il a des techniques qui ne sont pas humaines, et tu vas parler, je te le dis !"
Son rire épais s'étouffa alors qu'une dague glissait contre sa gorge. Le sang jaillit violemment, tel un torrent longtemps emprisonnée sous terre qui retrouvait enfin la surface. Incrédule, le garde lâcha sa lance et porta ses mains à son cou. Le flot de sang qui teinta ses doigts le fit gargouiller. Désespérément, futilement, il tenta de stopper l'hémorragie, mais sa vision était déjà floue, de plus en plus floue. Il s'affaissa lentement. Ses mains étaient rouges.

Laath laissa fuser un long soupir. Malek surgit de derrière le corps. Ses doigts étaient blancs tant il serrait avec force le poignard ensanglanté. Il tremblait doucement. Shareen sortit du recoin dans lequel elle s'était dissimulée. Elle aussi tenait son couteau d'une main ferme.
"Laath ? Tout va bien" s'enquit-elle, la voix peu assurée.
"Je crois. Oui. Oui, tout va bien. Vous l'avez tué ?" fit-il, incrédule.
"On n'avait pas tellement le choix. Qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse" protesta Malek. Avec écoeurement, il se pencha, et essuya sa dague sur les vêtements de l'homme, laissant une large trace rouge sur sa cape impériale.
"Je ne sais pas, l'assommer ? Il ne faisait que son travail, après tout. C'est nous, les intrus, pas lui !"
Malek haussa les épaules. Il tentait de faire bonne figure, mais son visage était pâle comme celui d'un mort.
"Je suis désolé, je dois dire que je n'ai pas réfléchi. Mais je te trouve bien délicat pour un brigand"
Laath lui lança un regard furieux.
"Je ne suis pas un brigand. Je suis un cambrioleur ! Je n'ai jamais tué personne ! La violence, ça ne sert vraiment à rien quand la subtilité peut suffire"
"Dit ça à Rekk" fit Malek, amusé. "Je suis sûr qu'il serait ravi d'entendre tes arguments"
"Vous n'avez pas fini, tous les deux ?" protesta Shareen, s'interposant entre les deux garçons. "On a peut-être mieux à faire que se disputer tout de suite, non ?"
Les deux jeunes gens se lancèrent un regard venimeux, puis Laath détourna les yeux.
"Tu as raison. Occupons-nous de cacher le corps dans un coin, et repartons"
"On pourrait prendre ses habits, non ?" proposa Malek. "L'un d'eux pourrait se déguiser en garde ?
Le cambrioleur haussa les épaules
"Ca ne marchera jamais. Jamais tu ne résisterais à une inspection poussée"
"Tu es trop pessimiste. Je suis sûr que je ferais un garde parfait ! Et puis, aujourd'hui en particulier, il y a tellement de gardes dans le palais que personne ne pourra me reconnaître"
"Mmh.." Laath se détourna ostensiblement. "Fais comme tu veux. Mais il n'y a qu'un seul garde; si tu veux te déguiser, nous devrons te suivre à distance. Ca ne rimerait à rien"
Malek regarda avec regret le corps sur le sol. Il soupira.
"Tu as peut-être raison. Bon, cachons le corps alors, et repartons."
"Heureux de voir que tu es sensible aux arguments" fit Laath, son sourire enlevant un peu du reproche dans sa voix.

Ils s'y prirent à trois pour soulever l'homme, et le traîner dans un coin de la pièce. Avec effort, Malek renversa un perchoir sur lequel un perroquet empaillé le regardait en silence. Puis il posa une tête de cerf par-dessus le tout. Ca ne faisait pas un camouflage très crédible mais, au premier regard, on pouvait voir un amoncellement de vieilleries, plutôt qu'un corps ensanglanté. C'était déjà mieux.
Malek essuya d'un revers de main la sueur qui lui coulait dans les yeux.
"Finalement, c'est facile de tuer; ce qui est dur, c'est ce qui se passe après"
"C'est très profond, ce que tu dis là" observa Shareen, se mordant les lèvres pour ne pas sourire. Malek lui lança une bourrade.
"Il faudrait peut-être que nous repartions, non ?" fit Laath impatiemment.
Malek se baissa une dernière fois et s'empara de l'épée de l'homme. Elle était mal équilibrée pour sa main, mais c'était toujours bien mieux que la dague qu'il avait utilisé. Il se sentait revivre. Il avait eu l'impression d'être totalement nu, sans lame à son côté. Il caressa le fourreau d'un doigt furtif et murmura une prière à la Déesse du Destin, qui s'était jusque là révélée plutôt miséricordieuse.
"Allons-y" acquiesca-t-il.

Laath prit autoritairement la tête du petit groupe. Il avançait à moitié courbé, les mains écartées en balancier, et ses pieds ne faisaient pas le moindre bruit en touchant le parquet. On ne pouvait en dire autant de Malek et de Shareen. Malgré tous leurs efforts, le plancher grinçait dangereusement à chacun de leurs pas, et le jeune cambrioleur leur lançait épisodiquement des regards courroucés. Eh bien, désolé de ne pas être un aussi bon voleur que toi, pensa Malek avec colère. Il n'avait jamais eu l'intention d'être un poids pour personne, mais il lui semblait que, depuis un mois, il n'avait fait que gêner des gens plus habiles, plus forts, plus expérimentés que lui. C'était une pensée déprimante, et il la repoussa bien vite de côté.

Les couloirs paraissaient interminables, surtout à cette allure d'escargot. Parfois, des tapis épais leur permettaient de ne plus avoir à se soucier du bruit mais, autrement, Malek ne cessait de gémir en écho des grincements du bois. Il se sentait nerveux à l'extrême. Il faillit pousser un cri alors que plusieurs formes sombres se profilaient dans la pénombre. Mais ce n'étaient que de vieilles armures. Juchées sur leurs piédestaux, des heaumes vides depuis plusieurs centaines d'années les regardaient avec une expression austère. Des gants sans main serraient de longs glaives tous simples, des armes qui avaient connu la violence et la guerre. Des armes grâce auxquelles l'Empire avait réussi à s'étendre au long des siècles.

"Je vais prendre une de ces armes" murmura Shareen, s'approchant d'une armure. "Toi, tu as l'épée du garde, mais je n'ai rien. Si jamais il nous faut combattre, je préfère utiliser autre chose qu'une dague"
"Attention au bruit" siffla Laath. "Il ne faut pas qu'on perde de temps !"
"Ne t'inquiète pas" répondit la jeune fille, desserrant doucement l'étreinte de gantelets de plate sur la lame qu'il convoitait. Elle procédait avec d'infinies précaution, tentant de ne pas déséquilibrer l'armure. Elle sentait le regard impatient du cambrioleur sur son dos, mais l'opération ne prit finalement que quelques secondes. Avec fierté, elle exhiba sa nouvelle acquisition.
"Je l'ai !"
"Ca y est, tu es contente ? On peut y aller ?"

Sans un regard en arrière, Laath reprit sa progression. Malek secoua la tête avec commisération avant de lui emboîter le pas. Shareen haussa les épaules. Furtivement, elle jeta un regard à sa nouvelle arme. C'était une épée de bon acier, mais bien plus lourde que ce à quoi elle se serait attendu. L'arme paraissait vieille dans ses mains, mais la lame en étant toujours mortellement tranchante. Un espace vide dans le pommeau laissait croire qu'elle avait été richement incrustée autrefois mais, quelle que fût la pierre précieuse qui reposait là des années auparavant, une main cupide s'en était emparée. Il y avait aussi des marques plus sombres vers la pointe de la lame. Elle avait pris cela au début pour de la rouille, mais un examen plus approfondi ne laissait aucun doute: c'étaient des traces de sang. Elle ne savait pas à quel ancien guerrier il avait pris son arme, mais elle avait en tout cas déjà servi. La pensée était troublante. Quels faits d'armes avait-elle pu aider à accomplir ?
"Tu as probablement contribué à forger des légendes" murmura-t-elle doucement à la lame. "Maintenant, c'est moi qu'il faut aider"
Malek se tourna vers elle, inquiet, mais elle se contenta de lui sourire. Parler à une épée. Je suis complètement folle. C'est cette angoisse omniprésente…

Au détour d'un couloir, Laath s'interrompit soudain, tous les sens aux aguets.
"Des gardes" murmura-t-il. "Ils arrivent"
"On va les combattre ?" Shareen leva avec enthousiasme sa nouvelle épée. Enfin, de l'action, quelque chose. L'indécision la rendait folle.
"Par là"
Le cambrioleur ne prit pas même la peine de lui répondre. Sans hésiter, il ouvrit une porte sur la gauche, et tous s'engouffrèrent dans la pièce. Il referma la porte avec douceur et colla son oreille à la cloison.

Malek jeta un œil à la pièce, et son cœur s'arrêta de battre. Ils étaient dans une chambre à coucher. Un grand lit à baldaquin occupait près d'un tiers de la pièce et un couple ronflait tranquillement dedans, enlacés. La femme était à moitié cachée par les couvertures, mais l'homme avait la tête sortie et la bouche ouverte. Malek le connaissait de vue. C'était le frère du Duc de Lion. Où était-ce le cousin ? En tous les cas, un noble d'une Maison importante, qui avait dû venir spécialement pour les funérailles de l'empereur et le couronnement du nouveau.
La fenêtre était ouverte sur la nuit et l'orage. La pluie crépitait contre le rebord, et l'orage grondait de temps en temps en contrepoint. Malek était reconnaissant de ces bruits parasites. Avec un peu de chance, le couple ne se réveillerait pas. Il reporta son attention sur la porte.

Laath avait les yeux collés sur la serrure, et ce qu'il voyait semblait lui plaire. Il attendit une bonne minute ainsi, avant de rouvrir délicatement la porte.
"Les gardes sont passés. On peut repartir"
Ce fut avec soulagement que Malek déboucha de nouveau dans le couloir. Il avait les jointures blanches à force de serrer son épée.
"Détends-toi" murmura Shareen, caressant doucement son bras. "Tu es tout crispé"
"Ca va, ça va" Il prit une grande inspiration. "Continuons. Laath va partir sans nous, si nous traînons"
De fait, le cambrioleur était déjà loin. Il leur fallut accélérer pour les rattraper, alors que le plancher grinçait de nouveau.
Enfin, ils arrivèrent aux escaliers. Si ses souvenirs étaient bons, ceux-ci descendaient jusqu'au rez-de-chaussée, puis s'enfonçaient dans les sous-sols du palais. Il n'avait jamais imaginé qu'il puisse y avoir des geôles alors qu'il jouait dans la citadelle, enfant. Mais si geôle il y avait, alors elles ne pouvaient que se trouver au bas de ce sombre escalier en colimaçon. Laath les emprunta sans hésiter une seule seconde. Ce ne fut qu'arrivé au rez-de-chaussée qu'il attendit patiemment que les autres le rejoignent.
"C'est maintenant que les choses vont se compliquer" murmura-t-il.
"Je ne sais pas pourquoi, j'étais sûr que tu dirais ça" répondit Malek avec fatalisme. Shareen pouffa et se colla de nouveau contre lui. Ses petits seins se pressaient contre son côté.

Il avait bien besoin de ce changement d'idées. La descente était plus angoissante qu'il avait pu l'imaginer. Avancer dans un palais désert, au milieu d'une forêt de patrouilles de gardes, accompagné d'un sauvage avec une lance, n'était pas la meilleure chose à faire si l'on voulait vivre vieux.
Les murs ici étaient suintants d'humidité et couverts de moisissure. Plus ils s'enfonçaient profondément dans la terre, plus les escaliers se changeaient en un boyau raide, éclairé par quelques maigres torches. Laath ne ralentissait pas son allure, posant le pied sur les marches ébréchées et recouvertes de spores comme s'il avançait sur un tapis moelleux. L'escalier tournait et tournait, s'enroulant sur lui-même comme un escargot à la coquille pleine de boue. Malek sentait progressivement la confiance revenir en lui. Ce n'était que ça, après tout ?
"…trop tôt !"
"…plaindre ! … trois heures ! …. Gagne…"
Laath se figea brusquement alors que les bribes de dialogue montaient vers lui. Il inclina la tête de côté, comme pour mieux écouter.
"On dirait qu'il y a du monde pour surveiller les geôles. Le contraire m'aurait étonné. Restons silencieux, maintenant."
A pas de loups, le cambrioleur descendit les quelques marches qui restaient, les autres sur ses talons. Malek essuya la sueur qui lui coulait dans les yeux. Il avait l'impression que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Les soldats ne pourraient éviter de l'entendre, s'il continuait à battre à ce rythme. Ou alors, ils entendraient sa respiration saccadée. Ou bien encore le cliquetis de l'épée alors qu'il ne pouvait empêcher ses mains de trembler. C'était un petit réconfort de voir que Shareen avait l'air plus effrayée que lui encore. Elle semblait avoir du mal à trouver de l'air. Il la prit dans ses bras en souriant. C'était étonnant, ce que trouver quelqu'un à réconforter pouvait aider contre sa propre peur. Avec précaution, il glissa un œil au-delà de l'escalier.

Au premier regard, il put constater qu'ils ne s'étaient pas trompés d'endroit. De l'autre côté de la pièce, on pouvait voir une épaisse herse en fer forgé, visiblement très épaisse, qui donnait directement sur un couloir parsemé de cachots. Malek pouvait sentir d'ici l'odeur pestilentielle de paille souillée qui se dégageait de l'endroit, et entendre les cris déchirants qui rythmaient la nuit.
Les gardes ne paraissaient pas particulièrement intimidés ni incommodés par la proximité de ces pauvres diables. Ils étaient quatre à occuper la pièce. Trois d'entre eux étaient assis en tailleur sur le sol à jouer aux dés ou aux cartes. Le dernier occupait l'unique chaise et ronflait doucement, visiblement perdu dans les vapeurs de l'alcool. Trois pichets de vin trônaient sur la table, entièrement vides. Certains avaient une bonne descente.
Les conversations étaient maintenant beaucoup plus distinctes.

"Encore une heure ? Je n'arriverais jamais à tenir aussi longtemps ! Ca fait combien de temps qu'on est là, je m'engourdis complètement !"
"Dis plutôt que tu veux retrouver la petite servante, là, comment elle s'appelait ? Celle qui n'a pas arrêté de te regarder pendant le couronnement"
"Arrête, elle est vraiment moche ! Je ne suis pas désespéré à ce point !"
"Comment ça, moche ? Elle est bien ronde, là où il faut ! Qu'est-ce que tu lui demandes de plus ?"
Il y eut un concert de rires gras alors que les dés roulaient sur le sol, puis des exclamations lorsque le score fut révélé.
"Triple cinq ! La déesse de la chance est avec moi, ce soir !"
"La déesse des cocus, oui ! Foutu salaud, ça fait vingt pièces de cuivre que tu me prends en une heure ! Comment je vais me payer à boire, demain ? Tu peux me dire ?"
"Tu demanderas à ta servante !"
"Je t'ai dit qu'elle n'était pas à mon goût ! Non, moi, il y en a une qui me plaisait bien, c'est la petite que le prince recherche, là. Tu sais, elle était là, au bal. Je t'en avais parlé. Un beau morceau, je te dis. Pas assez de seins, mais une bouche faite pour l'amour !"
"Oublie la, elle n'est pas pour toi, mon vieux. Tu n'as pas intérêt à chasser le même gibier que l'empereur, ça m'étonnerait qu'il apprécie"
"Tu as raison. Non, moi, ce qu'il me faudrait, c'est une Koushite. On dit qu'elle sont farouches, mais que quand on les dresse…"

De nouveau, il y eut plusieurs éclats de rire, suivis par des suggestions sur la manière d'amener à l'obéissance les plus sauvages des filles. Malek écoutait avec intérêt, jusqu'à ce que Shareen lui lance une bourrade furieuse dans les côtes.
"Tous les hommes sont des porcs, ma parole !" cracha-t-elle, avant d'ajouter, un ton plus bas: "Tu crois que c'est de moi dont il parlait ?"
"Je pense. Je ne connais pas beaucoup de filles à la poitrine plate" ironisa-t-il, pour se venger du regard noir qu'elle lui lançait. "Bon, on fait quoi, maintenant ? Ils sont très nombreux !"
Laath haussa les épaules.
"J'avais un plan, mais je ne sais pas si c'est possible, maintenant…" Il fouilla dans ses poches, et produisit une petite fiole. "Là-dedans, il y a assez pour endormir une petite armée. Enfin, une dizaine de personnes, quoi. Mais je ne sais vraiment pas comment on pourrait le leur faire boire…"
"Où est-ce que tu t'es procuré ça ?" fit Malek, incrédule. "Tu ne nous en as pas parlé avant !"
"C'était un cadeau de Dame Dani. Elle appelait ça sa "petite contribution à notre aventure". Mais je ne sais pas vraiment comment on va pouvoir s'en servir, maintenant. Ils sont trop nombreux pour que tous succombent à l'effet, de toute façon. Il faut qu'on trouve autre chose"
"Des bruits de pas ! Silence !" murmura soudain Shareen.

Instinctivement, les deux garçons remontèrent de quelques marches pour se soustraire aux éventuels regards. C'était une erreur, bien entendu. Le martèlement de sandales qu'avait entendu la jeune fille ne venaient pas de la salle de garde, mais bien d'au-dessus.
"Nous sommes perdus" murmura Laath, fermant les yeux. "Pourquoi maintenant ? On y était presque"
"Nous vendrons chèrement notre peau" siffla Malek en réponse, tirant son épée sans un bruit.
"J'aurais préféré ne pas avoir à la vendre du tout" rétorqua Laath. Il sortit un poignard de sa manche, arborant une expression malheureuse.
"Le voilà" murmura Shareen, se pressant contre Malek.
Les bruits de pas se firent plus insistants. La personne ne cherchait absolument pas à passer inaperçu. Lorsqu'elle tourna le coin du mur et tomba nez à nez avec eux, on n'aurait pu dire qui était le plus surpris. La personne de se retrouver face à trois jeunes gens armés au regard féroce – ou les trois jeunes gens en question de voir que celle qui leur avait fait aussi peur était simplement une servante portant un plateau de nourriture. Malek laissa échapper un juron. Laath laissa retomber son bras armé. Et la servante ouvrit la bouche pour crier.
Shareen fut plus rapide. Elle se jeta en avant dans un mouvement fluide, et posa la lame de sa dague sur la gorge de la jeune fille, assez proche pour faire perler une goutte de sang au milieu de son cou.
"Tu cries, je te tue. Tu te débats, je te tue. C'est compris ?"

Stupéfaite, prise par surprise, la femme ouvrit de grands yeux, mais le hurlement resta coincé dans sa gorge. Lentement, elle hocha la tête.
"Ne… ne me tuez pas" balbutia-t-elle.
"Ca, ça dépend des réponses que tu vas nous donner" fit Shareen, la voix glaciale. Malek la regarda avec étonnement. Il ne pensait pas qu'elle puisse faire preuve d'autant de contrôle d'elle-même. Elle avait réagi d'instinct, et semblait maintenant contrôler totalement la situation. Peut-être était-ce le fait d'avoir côtoyé Rekk ? Ses méthodes expéditives semblaient avoir un effet particulier sur la femme, qui se recroquevilla sous la menace de la lame.
"Tout ce que vous voulez… ne me tuez pas… J'ai un enfant…Ne me tuez pas…"
La servante paraissait bien jeune pour être mère. Shareen eut une moue dubitative, avant de se pencher plus avant, jusqu'à ce que leurs visages se touchent.
"Je te l'ai dit, dis-nous la vérité, et il ne t'arrivera rien" susurra-t-elle, en une parfaite imitation des manières froides du Banni. "Est-ce que d'autres serviteurs vont descendre ici bientôt ?"

La jeune femme secoua la tête misérablement, et se mit à parler comme une fontaine intarissable, le débit rapide et saccadé.
"Tout le monde est parti. C'est la cuisinière, ils sont montés tout à l'heure la déranger alors qu'elle allait partir se coucher, pour lui demander à manger et à boire. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas eu assez, que tout le monde faisait la fête dans le palais pour le couronnement, et que ce n'était pas juste qu'ils n'aient que des miettes, tout ça parce qu'ils devaient surveiller un prisonnier important. La cuisinière n'était pas contente, elle leur a dit qu'elle leur enverrait quelqu'un, et c'était moi, mais ne me tuez pas, je vous en prie, je vous en supplie"
Malek sentit une boule dans sa gorge. A quelques minutes près, ils seraient tombés sur les gardes en train de monter exiger de la nourriture. Ils n'auraient jamais pu se cacher, dans cet escalier ! Ils l'avaient échappé belle…
La femme sanglotait doucement, maintenant, et Malek sentit un élan de pitié vers la pauvre servante. Mais Shareen était toujours aussi impitoyable, tournant doucement le poignard sur la gorge offerte comme si elle envisageait de l'enfoncer.
"Et la relève des gardes est pour quand ?"
La femme leva des yeux mouillés de larmes.
"Je ne sais pas, je vous jure que je ne sais pas ! Oh, ne me tuez pas, je vous en prie"
Malek s'empara du poignet de Shareen avec fermeté.
"Laisse-la tranquille. On sait ce qu'on voulait savoir. Ne la tue pas"
Elle ouvrit de grands yeux candides.
"Qui a dit que j'allais le faire ? Il n'y a bien que vous, les hommes, pour abattre les gens lorsque ce n'est pas nécessaire… n'est-ce pas Malek ?" Elle se pencha vers la servante. "Non, il y a bien mieux à faire. Toi et moi allons avoir une petite conversation. Viens avec moi. Restez ici, vous deux. Je vous rejoins tout de suite"
"Qu'est-ce que tu veux faire ?"
"J'ai été une servante, moi aussi. Je suis sûre que ses habits m'iront très bien. Ne me suivez pas"
Malek haussa un sourcil devant le ton de commandement, mais ne bougea pas alors que les deux filles remontaient lentement les marches, la servante toujours sous la menace de la dague.
Il s'assit, de mauvaise humeur.
"Je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à attendre"
"Ne te plains pas" sourit Laath. "Sans Shareen, la fille aurait donné l'alerte. C'est une sacrée gamine, ta copine. Elle me rappelle un peu Deria, par moment. Mais elle est plus innocente, je trouve"
"Ah oui ? Je n'en ai pas l'impression, moi" marmonna Malek. Puis, machinalement, il rajouta: "Ce n'est pas ma copine"
"J'ai vu avec quels yeux tu la regardais…"
"Ca n'a rien à voir ! Je peux te dire que…"

Il s'interrompit alors que de nouveaux bruits de pas se faisaient entendre. Instinctivement, il porta de nouveau sa main à son épée, mais c'était Shareen qui redescendait. Elle avait abandonné ses vêtements gris pour enfiler l'ample robe et le tablier de la servante, et elle avait attaché ses cheveux en queue de cheval, comme le faisaient toutes les filles pour éviter que la graisse ne les souille. Elle portait dans ses mains le plateau qu'avait la femme auparavant, avec quelques miches de pain, deux pichets de vin et un peu de lard fumé.

"Alors, comment vous me trouvez ?"
"Superbe" fit Malek, sincèrement. "Une vraie fille de cuisine" Elle lui tira la langue, faussement ingénue.
"Tu comptes essayer d'empoisonner les gardes avec ma fiole ?" fit Laath, dubitatif. "L'un d'eux a dit qu'il t'avait déjà vue au bal, si tu te rappelles bien ses propos. Il va forcément te reconnaître"
"Je ne pense pas" fit-elle en secouant la tête. "Il a vu une jeune noble habillée de soie, les cheveux lâches et peignés. Je ne pense pas qu'il me reconnaisse dans la souillon qui va venir leur apporter leur repas. Je ne sais pas comment il pourrait faire le rapprochement. Et puis, est-ce qu'on a vraiment une autre solution ?"
Malek resta un instant à la regarder. Elle avait ce serrement de mâchoire, ces yeux volontaires qu'il avait appris à connaître. Une vraie tête de mule. Il ne la ferait pas changer d'avis.
"Si les choses tournent mal, nous irons t'aider" se contenta-t-il de dire, touchant le pommeau de son épée comme pour sceller la promesse.
"Les choses ne tournent jamais mal, quand c'est moi qui m'en occupe. Laath, tu peux me donner le poison ?"
Le cambrioleur produisit de nouveau sa petite gourde de potion, et entreprit d'en verser dans les deux pichets. Par acquis de conscience, il en répandit un peu sur le lard également.
"Quoi ?" fit-il en voyant les autres le regarder. "Il paraît que sa saveur est indétectable, c'est le moment de vérifier. Si on n'en met que dans le vin et que l'un d'eux ne boit pas, les choses se compliqueraient"
"Tu as raison. J'y vais"
Sur ces mots, et sans attendre de réponse, Shareen s'empara du plateau et descendit les marches d'un pas assuré. Malek et Laath l'accompagnèrent jusqu'en bas puis se coulèrent dans l'ombre, résignés à suivre la scène en observateurs.

"Voici le vin et la nourriture que vous avez demandé" fit la jeune fille en rentrant dans la salle, baissant les yeux avec déférence.
"Aaaah, c'est pas trop tôt !" se réjouit un des gardes, rabaissant la lance qu'il avait saisie lorsqu'elle avait surgi. "Ca fait plus d'une heure qu'on attend ! Et tu nous amènes quoi, petite ? De la nourriture qui tient au corps, j'espère ?"
"De la soupe chaude ?" renchérit un second. "Il fait un de ces froids, dans ces cachots. Quand je pense que c'est le printemps, dehors, et qu'on se gèle bêtement sous terre"
"Il pleut, dehors, abruti" répliqua le sergent, se levant maladroitement de son siège. A voir sa démarche, il devait déjà avoir beaucoup bu. "Tu devrais t'estimer heureux de ne pas être de faction aux portes du palais, ou tu serais déjà trempé comme une grenouille des torrents. Arrête de râler, et remercie la jeune fille pour le bon repas qu'elle nous apporte". Il s'inclina en une révérence, rendue ridicule par son embonpoint. "Merci, gente dame, de se préoccuper de quelques pauvres gardes de faction"
"Il n'y a pas de soupe" s'excusa Shareen, gardant les yeux baissés. "La cuisinière a dû mal comprendre. Mais vous avez du lard et du pain, et du bon vin pour vous réchauffer les os. Ca ne doit pas être facile, de monter la garde aussi tard dans la nuit"

Elle déposa le plateau sur la table, et les quatre hommes se ruèrent dessus.
"Ca, tu l'as dit, petite" grommela l'un d'eux entre deux bouchées de pain. "Les pauvres diables qui sont là-dedans, ils ne sont pas lavés, ils pissent et chient sur la paille, c'est vraiment une odeur épouvantable ! Même maintenant, je ne suis pas habitué.."
"Gormash !" Le sergent frappa négligemment le soldat sur son casque. "Ce ne sont pas des choses à dire à une dame. Nous ferez-vous l'honneur de rester un peu nous tenir compagnie ? Il fait froid, comme le disait mon compagnon, et nous manquons cruellement d'occupation"
"Et puis t'es plutôt mignonne" fit un autre, buvant à même le cruchon de vin, le liquide coulant sur son pourpoint. "Ca serait bien si tu restais. Juste pour regarder, je veux dire"
Shareen écarta les bras, un regret sincère peint sur le visage.
"Je voudrais bien rester, mais la cuisinière a dit que je devais remonter tout de suite pour l'aider à tout nettoyer. Tout de suite, elle a dit. Et ça veut dire maintenant. Vous la connaissez. Si je n'obéis pas, c'est le fouet pour moi."
"Ca serait dommage d'abîmer une si belle peau" fit le sergent, hochant la tête en mordant dans une tranche de lard. "Allez, file, va. Va dire à la cuisinière qu'on la remercie de se soucier de pauvres bougres comme nous" Il eut un sourire presque tendre. "Mais si jamais tu as un peu de temps plus tard, ça ne te dérangerait pas de repasser, n'est-ce pas ? On se sent vraiment seuls, ici, avec les bruits de chaîne comme seuls compagnons"
"Tu parles bien, Bornald" grimaça l'un d'eux. Shareen le regardait avec inquiétude, car il n'avait pas encore touché à la nourriture ni à la boisson. Ce fut avec soulagement qu'elle le vit négligemment prendre une cruche des mains d'un de ses compagnons et boire avidement. Il claque de la langue. "Une mauvaise piquette, évidemment. Je ne m'attendais pas à mieux. Mais ça réchauffe le corps, c'est déjà ça." Il hocha la tête en direction de l'homme aviné. "Le sergent joue les jolis cœurs, mais il a raison. Tu devrais filer, petite. La cuisinière a un sacré tempérament. Je ne voudrais pas que tu sois punie à cause de nous" Il sourit amicalement, et lui lança quelques piécettes de cuivre. "Tiens, pour ta peine. Ca ne doit pas être facile de travailler lorsque tout le monde fait la fête"

Shareen attrapa adroitement l'argent, et s'inclina le plus bas qu'elle pouvait.
"Merci encore, seigneur" fit-elle avec déférence. "Je pars maintenant, mais j'essaierai de revenir, si je peux"
"Ce sera avec plaisir !" Le sergent lui fit un signe amical. "Bonne chance, et bon courage pour le nettoyage !"
La jeune fille tourna les talons sans hâte excessive. Ce ne fut qu'arrivé dans l'escalier et après avoir rejoint les autres que, cachée aux regards des gardes, elle put laisser échapper un long sifflement alors que la tension se relâchait.
"Je l'ai fait !" murmura-t-elle, incrédule.
Malek hocha la tête, et posa la main sur son épaule.
"Je suis fier de toi. C'était vraiment bien joué"
"Oui, le poison ne devrait pas tarder à agir" observa Laath. "Encore quelques minutes, et ça devrait être bon"
"Ils avaient l'air… gentils" fit Shareen, l'air vaguement surprise. "Je pensais qu'ils allaient essayer de me retenir, qu'ils allaient vouloir… s'amuser avec moi, et que je devrais trouver une excuse, mais ils n'étaient pas méchants"
Malek haussa les épaules.
"Ce sont des gardes, Shareen, pas des monstres. Il y en a des gentils et des moins gentils. Mais s'ils avaient su pourquoi tu étais là, ils se seraient peut-être montrés plus agressifs…"
"Oui" fit Laath "C'est pour ça que la violence est toujours mauvaise. Je suis content qu'on se contente de les endormir, plutôt que d'essayer de nous battre. Même si on gagnait, on tuerait des innocents. Des gens qui sont là au mauvais endroit, au mauvais moment."
"Epargne-nous tes leçons de morale" grommela Malek. "Bon, ils vont bientôt dormir, là ?"
"Un peu de patience, un peu de patience"

Le poison était très efficace. L'alcool y était peut-être aussi pour quelque chose. Mais, cinq minutes plus tard, les ronflements des gardes commencèrent à remplir l'atmosphère. Malek se permit de risquer un œil.
Ils étaient tous les quatre assoupis. Le sergent avait ôté son casque et dormait la tête dans les bras, affalé sur la table. Les trois autres gardes dormaient sur le sol, allongés de tout leur long. Deux d'entre eux arboraient un sourire heureux.
"Peut-être rêvent-ils de toi ?" suggéra Malek, souriant.
"Tu es stupide" protesta Shareen. "Quoi qu'il en soit, il faut les attacher, maintenant"

Il leur fallut un effort de volonté pour abandonner la sécurité des escaliers et s'avancer dans la salle. Si jamais le somnifère n'était pas aussi puissant, si jamais l'un d'eux se réveillait, les choses allaient vraiment se compliquer.
Mais ils ronflaient à poings fermés, et les quatre se laissèrent neutraliser sans difficulté. Laath utilisait avec habileté le rouleau de corde qu'il portait autour de la ceinture pour les attacher les uns aux autres. Ses nœuds étaient efficaces et rapides à faire. En peu de temps, les quatre gardes ne présentaient plus aucun danger. Parachevant son chef d'œuvre, il introduisit avec douceur un morceau de tissu roulé en boule dans leur bouche, pour être sûr qu'aucun ne pourrait crier. Ils remuèrent vaguement devant cette intrusion, mais aucun œil ne s'ouvrit.

"Je ne pensais pas que ce serait aussi facile" fit Malek, haletant. Il était couvert d'une sueur glacée qui lui coulait le long du dos et l'abrutissait totalement. Maintenant, même son statut de fils de duc ne pourrait le sauver: il avait porté la main sur des gardes de l'empire. Puis il se rappela: il en avait tué un, une heure plus tôt. Puis il se rappela encore: l'empereur le voulait mort, de toute façon. Ce qu'il faisait n'avait plus vraiment d'importance.
"Le plus dur est à venir" grommela Laath.
"Ca faisait longtemps que tu ne nous avait pas dit ça" sourit Malek.
"Le pessimisme et le doute, c'est ce qui fait un bon cambrioleur" rétorqua le voleur. "Et puis, c'est vrai que ce ne sera pas facile: il faut maintenant trouver Rekk, le sortir de son cachot, puis parvenir à l'enlever de la forteresse. Espérons au moins qu'il sera en bonne santé et capable de marcher"
"Ne parle pas de malheur" murmura Shareen.
Ils s'approchèrent de la herse. Lourde et épaisse, en fer forgé, elle était conçue pour résister aux pires assauts venus de l'intérieur. Mais lorsqu'on était dehors, tout était plus facile. En ahanant, Malek et Laath entreprirent de manipuler le mécanisme qui soulevait la porte. Lentement, elle remonta dans le mur.
"Un jeu d'enfant…"
Ils rentrèrent de concert dans les geoles.
Elles sentaient la saleté, la crasse, le vomi, l'urine et les excréments. Il n'y avait pas beaucoup de cellules, huit en tout, réservées aux prisonniers importants. Les criminels les plus ordinaires, Malek le savaient, se retrouvaient dans les prisons de Musheim, à l'autre bout de la ville. On aurait pu croire que ceux qui bénéficiaient des cellules du palais, de par leur rang, auraient plus de confort, pourtant c'était loin d'être le cas. La paille n'avait certainement pas été changée depuis une éternité. L'atmosphère était étouffante.
Et surtout, les cellules étaient vides.
La première ne contenait aucun prisonnier, la seconde non plus. Ni la troisième, ni même la septième.
"Ce n'est pas possible ! Il n'y a personne ?"
"Il y avait des gardes. Il doit forcément y avoir quelqu'un, quelque part !"
Avec désespoir, Malek se jeta sur la dernière geôle, un peu en retrait par rapport aux autres. Elle était occupée, et il sentit l'espoir revenir.
Mais ce n'était pas Rekk. L'homme qui était dans la cellule avait la peau noire.
Moins bourrin que l'autre, mais rudement bien !!


Comme d'hab, !!


Et tu as interet a nous mettre la suite vite fait pour te faire excuser
Re: Chapitre XXIII: Le vrai ! (qui remplace l'ancien, posté hier 0_o)
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
[i]Avancer dans un palais désert, au milieu d'une forêt de patrouilles de gardes, accompagné d'un sauvage avec une lance, n'était pas la meilleure chose à faire si l'on voulait vivre vieux.
Je crois qu'il n'est plus dans cette version.
__________________
Pour un parrainage : http://www.swtor.com/r/SlbSjx
Ben voui, désolé de vous avoir imposé cette refonte, mais au final ça m'arrange bien, et je suis beaucoup plus content de cette version que de la précédente.

Il faut bien que, parfois, les héros se débrouillent par eux-mêmes. Sinon, ce n'en sont plus (des héros )

Mais ne vous inquiétez pas, pour ceux qui regrettent la baston, ça ne saurait tarder
Mgnmgnmgnmgn c'est bien ecrit, mais jsais pas la quel des deux version je preferais avant.

Mais je subodore que cette tournure te complexifie moin la tache compte tenu que nous n'avons plus 1 bodyguard Koushit grievement blessé au bras

Enfin bref, la suite vile crapule ou on t'eborgneuh
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés