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Ca y est, voici le chapitre XIX.
Je n'ai jamais été très à l'aise pour décrire des scènes de maladie. Ca se ressent dans le style, qui ne doit pas être très bon... J'espère que vous aimerez quand même Introduction Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII Chapitre XVII Chapitre XVIII --------------------------------------------------------- Dani n'avait pas souhaité venir. "C'est gentil, mon mignon, mais je ne serais pas vraiment à ma place dans ce palais, tu vois, c'est trop luxueux, c'est froid, c'est glacé. La mode est aux minces, en ce moment. Je ne crois pas que je peux passer pour une noble, même si je m'habillais correctement" "Puisse passer pour une noble" avait rectifié Rekk d'un air absent. "Ce n'est pas grave. Tes informations m'ont été très précieuses, et je suis sûr que Laath pourra identifier la personne qu'il a vue. Ne t'inquiète pas, et essaie plutôt de retrouver un endroit sûr pour t'y établir." Il avait hésité un instant avant de rajouter: "Je suis désolé pour ta maison. Partout où je vais, je sème la destruction. Je n'aurais pas dû chercher à te revoir" "Mais tu l'as fait, et j'en suis bien content, mon grand ! Et si jamais tu te sens seul, dans le grand nord, rappelle-toi que tu peux toujours me demander de venir. Un peu de frais me ferait le plus grand bien." Elle lui avait caressé le bras, et il avait rougi. Rekk, le Banni, le Démon Cornu, l'Epée de Flammes, avait balbutié quelques remerciements comme un adolescent, avant de se détourner dans un mouvement de cape et de marcher à grands pas vers le palais. Malek, Shareen et Laath étaient sur ses talons. Ils avaient tous profité de quelques heures de sommeil, et ils avaient désormais l'air plus en forme. Malek avait bouclé avec fierté son épée sur son haubert aux couleurs des Licornéens. Laath portait le même blason: il avait dû emprunter les vêtements de rechange du jeune homme pour pouvoir espérer résister à l'examen des gardes du palais. Un va-nu-pieds habillé comme il l'était n'aurait eu aucune chance, autrement. Et Rekk ne tenait pas particulièrement à attirer l'attention avant même d'entrer. Shareen jetait des regards à Laath, à la dérobée, alors qu'ils marchaient dans les rues. C'était stupéfiant ce qu'un bain matinal dans le Verdoyant, et des habits corrects, pouvaient changer un homme. Il n'avait certainement pas le maintien d'un noble, et encore moins leur arrogance naturelle, mais il pourrait certainement faire illusion. Au moins ne paraîtrait-il pas déplacé. "Et si nous tombons sur ton père ?" s'était enquis Shareen. "Il sera compréhensif… du moins je l'espère" avait murmuré Malek en retour. "En tout cas, cela ne sert à rien de se tracasser avant. Tous mes habits sont frappés de mon blason, de toute façon." "Voilà bien la noblesse" avait persiflé Shareen. Elle s'était enfuie en riant, et il lui avait couru après. Laath les avait regardés se chamailler avec une expression incrédule, et avec ce drôle de petit sourire en coin qu'il arborait en permanence. Mais maintenant, le temps n'était plus aux rires. Le palais se dressait devant eux, encombré de carrosses et de chevaux dans toutes ses allées. Les serviteurs et les gardes couraient en tous sens pour assister les nobles des principales maisons, pour les aider à ranger leur véhicule, et les inviter à entrer. "Je n'avais jamais vu autant d'agitation par ici" murmura Malek, incrédule. "Alors, ce serait vrai ? L'empereur serait mourant ?" "C'est ce que je vous avais dit, non ?" fit Rekk sans ralentir le pas. "Visiblement, la rumeur se confirme. Allons bon. Voilà qui ne va pas simplifier les choses" "Vous ne pensez qu'à votre vengeance" grinça Malek, furieux. "Mais c'est bien le moindre des problèmes si jamais l'empereur meurt ! Vous imaginez les problèmes de succession ! Ca va être une catastrophe !" "Je suis bien placée pour savoir qu'il avait un fils" fit Shareen, acerbe. "C'est cet enfant de catin qui va monter sur le trône, non ?" "Normalement, oui… du moins, si Rekk ne décide pas soudain de se jeter sur lui pour le décapiter" "J'y ai pensé" fit doucement Rekk. "Je le savais… mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution. En ce moment, la moitié des nobles doivent être en train de chercher un moyen soit de l'assassiner, soit de s'attirer ses bonnes grâces" "Et l'autre moitié ?" demanda doucement Laath "Elle n'est pas encore au courant" "Oh" fit Laath. "Je vois. Vous êtes tous comme ça, dans la noblesse ?" "Parce que tu vas me dire qu'il y a plus d'honneur dans les bas-fonds de la ville, peut-être ?" "Silence, les gamins. Nous arrivons" Pour l'occasion, la garde du palais avait été triplée. On voyait des soldats partout, armés de leur sempiternelle lance et de leur bouclier arborant l'aigle de feu. Ils paraissaient nerveux, et cela se comprenait. La quasi-totalité des gouverneurs de province étaient venus avec une escorte, et tous ces gens ne faisaient pas forcément bon ménage. On pouvait voir dans un coin quelques guerriers Koushites, sombres et élancés comme des lianes, tapant rythmiquement leur sagaie contre le sol et agitant leurs boucliers de manière menaçante vers un groupe de soldats de Sharnel. Ces rudes montagnards en kilt avaient déjà plusieurs fois répondu aux provocations, et seule la garde impériale avait empêché le combat. De même, les soldats Veeshites, vêtus de leurs habituelles cottes d'écailles peintes en rouge, toisaient les autres avec indolence et insolence, et les réactions violentes n'étaient pas rares. Rekk avisa rapidement la personne qui coordonnait la garde. Il n'était pas difficile à trouver: c'était le seul officier à cheval, rouge à force de s'époumoner, agitant les bras en tous sens pour ordonner aux soldats de s'activer, de calmer les rixes, et d'organiser tout ce petit monde. Rekk le connaissait, pour avoir été son supérieur durant plus d'un an lors des guerres Koushites. C'était le capitaine Milons. Un homme habituellement calme et composé, mais qui paraissait pour une fois dépassé par les événements. Rekk rabaissa le capuchon de son manteau avant de l'approcher. "Le bonjour, capitaine. Je suis le Baron Gaffick. Le précepteur a-t-il laissé des ordres me concernant ?" Le manteau était inutile: Milons ne baissa pas même les yeux pour le dévisager, occupé qu'il était à observer deux Veeshites en train d'aiguiser ostensiblement leurs longs cimeterres. "Baron, oui, tout à fait. Séparez-les, bande de larves ! Si jamais je vois le moindre sang couler entre eux, je vous déchire le dos à coups de fouets ! Que disiez-vous ? Le précepteur ? Oui, oui, allez dans l'antichambre, il m'a parlé de vous. Vous êtes accompagnés, non ? Deux personnes, il a dit. Voilà le marquis de Griffon, les enfants ! Il commande les marches du sud, alors ça risque de saigner avec les Koushites ! Vous me les mettez loin les uns des autres ! Plus vite, par le Sang, plus vite !" Il tourna brièvement son regard vers Rekk. "Vous êtes quatre ? Ce n'était pas prévu, ça. Bah, peu importe. Passez. Vous voulez une escorte ?" "Non merci, Capitaine. Je connais le chemin" fit le Banni sur un ton apaisant. "Parfait, parfait. Ca m'aurait ennuyé de me priver de quelques hommes juste pour vous protéger. Sans offense, hein, Baron ?" "Ne vous inquiétez pas, je sais me protéger" murmura Rekk, amusé, avant de dépasser le barrage de gardes. Les lances s'écartèrent pour eux. "Eh bien, je serai content de me retrouver à l'intérieur, je peux vous dire. Quel vacarme…" "C'est ici que je vais vous laisser" murmura Laath. "Je vais aller me promener un peu autour, histoire de voir si je ne retrouve pas l'homme que Deria et moi avions croisé, celui qui lui avait donné le rendez-vous" "Tu ne viens pas avec nous ?" fit Malek, surpris. "Non, je pense que je serai plus utile comme ça. Si jamais je ne vous revoie pas, je serai à la caverne. A bientôt !" A moitié marchant, à moitié courant, le jeune cambrioleur disparut au détour d'un mur. Rekk haussa les épaules; son regard était pensif. Le bruit disparut progressivement alors qu'ils avançaient dans les couloirs du palais. Les soldats restaient à l'extérieur, et leurs disputes stériles avec. Ici, tout n'était que tapis épais et pas feutrés, comme il seyait à l'antichambre d'un malade. Ils croisèrent quelques nobles de différentes maisons éparpillés en petits groupes, commentant les dernières nouvelles qu'ils avaient pu avoir. Visiblement, les choses avaient évoluées en une dizaine d'heures. Plus personne ne semblait de soucier de la victoire brutale du Baron Gaffick, et personne ne les arrêta jusqu'à ce qu'ils parviennent devant la chambre de l'empereur. Deux gardes du régiment spécial de l'empereur étaient plantés devant la porte, repoussant fermement les quelques nobles qui cherchaient à voir à l'intérieur. Rekk avança entre les lances sans ralentir. "Hola, où croyez-vous aller ?" "Mandonius m'attend" "Ne bougez pas, alors. On va aller le chercher" Rekk regarda avec intérêt la pointe de la lame qui lui effleurait le ventre. "Faites donc, faites donc…" Il ne fallut que quelques instants pour que le précepteur apparaisse, entrouvrant doucement la porte à doubles battants. "Re… Baron Gaffick ! Je t'ai cherché toute la nuit ! Où est-ce que tu étais passé ?" "J'attendais que l'agitation se calme" maugréa Rekk. "Et je réfléchissais à ce que tu m'avais dit. Comment va l'empereur ?" "Viens, marchons un peu. Il y a des oreilles qui traînent un peu par… tu as trois écuyers, maintenant ?" Mandonius venait de croiser le regard de Laath. Le jeune garçon baissa les yeux, intimidé. "Je t'expliquerai. Mais ils viennent avec moi. Je ne veux pas risquer de me séparer d'eux, surtout pas maintenant. Moi aussi, j'ai des choses à t'expliquer" "Plus tard, plus tard" Le précepteur poussa le petit groupe hors de l'antichambre, avant d'emprunter à grands pas le couloir qui menait au jardin intérieur du palais. "Je ne suis pas sûr d'avoir envie d'admirer des fleurs pour l'instant" grommela Rekk alors que la porte s'ouvrait devant eux. "Que c'est beau !" glapit Shareen. Ca l'était. Le jardin intérieur avait été construit pour le bon plaisir de l'empereur Bel, mais c'était Marcus qui l'avait rendu aussi vivant, et l'avait élargi sur deux arcades de plus. Partout où l'on posait les yeux, ce n'était qu'une orgie de bleu, de rouge, de jaune, de violet. Des fleurs exotiques poussaient dans tous les coins, et un chemin pavé d'argent permettait de se promener sans encombre entre différentes fontaines incrustées de pierreries. "Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur endroit pour discuter, mais au moins nous serons loin de ces querelles de succession stériles" soupira Mandonius. "Querelles de succession ? L'empereur est mort ?" balbutia Malek, atterré. "Pas encore, mais ça ne saurait tarder. Il est tombé brutalement malade lorsque je suis allé libérer Rekk de l'académie. Et ça n'a fait qu'empirer durant la nuit. Je ne sais pas où tu étais passé, Rekk, mais c'était l'émeute ici alors que tous les nobles tissaient des plans pour essayer de profiter au mieux de la situation. Il a fallu que je fasse venir plusieurs régiments de garde en renfort, pour tenter de maîtriser la situation. Je ne suis pas sûr qu'elle soit tellement meilleure qu'avant, d'ailleurs. Plus nous faisons de démonstration de force, plus les gens sont convaincus qu'il s'agit de masquer la faiblesse de l'empereur. Et le pire, c'est que c'est exactement ça" "Epargne-moi toutes ces considérations" soupira Rekk. "Est-ce qu'il va mourir, oui ou non ?" "Il crache du sang depuis plusieurs heures, c'est tout ce que je peux te dire. Les guérisseurs se succèdent à son chevet, mais ce sont des incapables de la pire espèce. Ils prescrivent une saignée. Une saignée ! Alors qu'il est déjà faible comme un nourrisson !" "Je ne comprends pas" fit Malek, interrompant leur discussion. "Comment a-t-il pu tomber malade aussi brutalement ? Il était pourtant capable de chasser, hier !" "Poison" firent les deux hommes en même temps. Mandonius hocha la tête en signe d'approbation pour Rekk, puis continua: "Je ne sais pas qui ni comment, mais il est certain que c'est l'œuvre d'un poison quelconque. Un poison très violent, par ailleurs, au vu de la vitesse à laquelle il perd ses forces" "Il est condamné, alors ?" "Probablement…" Mandonius ferma les yeux et frappa une fontaine de frustration. "Par tous les démons gelés, ce n'était vraiment pas le moment !" Rekk haussa un sourcil. "Pas le moment ? Comment ça ?" "Peu importe, maintenant. Toujours est-il que les choses risquent de prendre une tournure inquiétante. Si jamais l'empereur venait à mourir, ce serait le prince Theorocle qui monterait sur le trône; ce serait une catastrophe" Le banni hocha la tête. "Quoi qu'il en soit, il n'y resterait pas longtemps. Je pense que le prince et moi avons beaucoup à nous dire" Mandonius lui lança un regard acéré. "Comment ça ? Tu veux dire que… ?" "Simplement ce que j'ai dit: nous avons besoin d'une petite conversation, l'héritier et moi" "Il est sous bonne garde. Une vingtaine d'hommes dévoués le protègent des tentatives d'assassinat. Ce n'est probablement pas le meilleur moment. Mais dis-moi, tu as appris autre chose pour être soudain aussi sûr de toi ?" "Je suppose que tu peux savoir…" fit Rekk, dubitatif. En quelques mots, il expliqua l'histoire que Laath avait racontée, l'homme qui avait donné le rendez-vous et l'attaque de la jeune fille par les dix garçons. "Je vois" Mandonius s'était troublé. "Vu ce que je t'ai dit hier, il est compréhensible que tu penses que ce soit le prince" "Oui, je ne vois pas qui d'autre. En tout cas, cela vaut la peine de lui poser quelques questions. J'aimerais bien connaître l'identité de l'homme, également. Laath est justement dans le palais en ce moment pour essayer de le trouver" "Intéressant…" murmura Mandonius. "Il a bien vu l'homme ? Vous pensez qu'il pourra l'identifier ?" "Il a dit qu'il en serait capable. Nous verrons bien." "Oui, je serais moi aussi intéressé par savoir de qui il s'agit. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le problème pour l'instant. L'empereur veut te voir. Je pense qu'il ne va pas survivre la journée. A vrai dire, si le poison continue à se propager comme ça, les choses risquent de s'accélérer en fin de matinée. "Voilà des nouvelles réjouissantes, dis-moi…" murmura Rekk. "Le poison est très violent. Je ne comprends pas comment il a pu être administré. L'empereur a toujours un goûteur avec lui pour éviter ce type d'incidents, et le goûteur est en parfaite santé." Le Banni haussa les épaules. "Bon. Je suppose que je vais devoir attendre un peu pour mettre la main sur le petit démon, alors. Allons voir l'empereur, j'aimerais lui parler s'il est encore conscient" "J'allais te le proposer" Mandonius hocha la tête. "C'est vraiment une catastrophe" Ils reprirent les couloirs dans le sens inverse. Cette fois-ci, ils entrèrent dans la chambre. |
28/04/2003, 18h48 |
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