Bon alors il va vous falloir un peu chercher
Cette été les joyeux drilles constituant le mouvement littéraire connu sous le nom chantant d'Oulipo, campent à Zug. Ma femme a comme d'habitude fait des problèmes, n'appréciant guère de m'imaginer en goguette avec des ladres dont le lieu de campement est plutôt d'ordinaire le hall des maisons d'éditions. Bien sur, Queneau (à qui n'aurait pas déplu ces exercices de style), Calvino (de père italien), Ian Monk (de père ukrainien), et George (de Perec, qu'on avait anobli par dérision), avaient rapidement connu le succès. Pour les autres, moi compris, c'était bernique, macache et tintin. Mais ma femme, la peau flétrie et la couenne usée comme une caouane, avait bien du s'y faire, même si pour ces vacances je devais régulièrement invoquer le bien être de mon entéléchie. Le matin de mon départ, juste avant que je rapporte l'édition de la veille du Monde et du nouvel Obs au laitier qui me les prêtait aimablement, Calvino m'appelle.
Calvino: bonjour oulipien
Moi: bonjour l'esthète d'oulipo
Calvino: je voudrais te parler de mon nouveau héros, Ursino
Moi: Quel drôle de nom
Calvino: C'est le fils de Neptune, il me fallait un prénom marin
Moi: Et après le baron perché quel va être son problème au garçon ?
Calvino: Et bien...Ursino pisse partout. C'est pour ça qu'il se fait éjecter de chez lui, parce que dans l'eau c'est dégueulasse, déjà que les poissons ils baisent dedans.
Moi: Calvino tu crois pas que tu vas trop loin là ?
Calvino:
Gêné. Franchement...je sais pu. Le creux de la vague. L'inspiration est au plus bas. J'ai besoin de m'aérer. Lucien vient ?
Moi: Quand on te dit "Lu vient" ça veut dire quoi d'après toi ?
Calvino: Bon. On se voit tout à l'heure donc.
raccroche
Oui, décidément, ces vacances nous feront du bien. Je prépare mon baise-en-ville, enfile mon blazer, me tourne, vise la serrure, et pan, prends des champs la clé et de ma rombière congé. La tortue, l'oeil triste, me dit au revoir par la fenêtre.
Khro