Panda, tu devrais lui parler comme je me suis adressé à lui. Il ne comprend rien, et ça me soulage autant de lui avoir parlé comme de ne pas avoir eu de réponse.
*Deuz 200% parti pris*
Et puis on a pas mal dérivé du sujet du thread :
La reconstruction de l'Irak. Pourquoi reconstruire ? Qu'est-ce qui a exactement été détruit et par qui ?
L'idée d'une "reconstruction" n'est-elle pas du même acabit que celle d'une "libération" de l'Irak ?
J'ai une image qui me vient en pensant à cela. On a creusé avec conviction un trou que maintenant on rebouche pieusement, en croyant chasser des cauchemars. Vingt ans en arrière, on soutenait Saddam, aujourd'hui on reprend les jouets qu'on lui avait "prêtés". Les intérêts ont changé, les paroles n'ont jamais été tenues.
Et notre mémoire est toujours autant défragmentée, nourrie par perfusion au déchainement télévisuel quotidien. Quant à notre mollesse, elle n'a pas vraiment changé. On descend toujours dans la rue - c'est une habitude populaire vieille de trois siècles
-, histoire de voir où en sont les représentations du pouvoir (il paraît aussi que lorsqu'on se lève le matin, on trouve des boulangeries ouvertes).
Et les lendemains de grogne, on se rappelle très vite que cent mille personnes sur les pavés un après-midi ne marquent guère les consciences face au grand fleuve de l'Oubli, le Lethe, le terrible déversoir totémique, cynique et cathodique dont sont inondés les foules et les ermites. On est noyé sous les produits de consommation dits d'information, et c'est une telle habitude que respirer ne nous est plus familier.
On voudrait prendre la mesure exacte d'un évènement, produire le contre-poids démocratique qu'insuffle une pensée se voulant libre et éclairée, mais on a déjà tout raté avant même de s'être laissé séduire par l'intention d'agir. A notre époque, on crée l'information. On provoque les scènes de l'Histoire. On précommande avec de belles images retouchées les futurs ouvrages qu'étudieront nos chérubins aux têtes blondes.
Et ainsi, quand sur une idée de la CIA, le CentCom donne l'ordre à des G.I.'s de réunir une petite centaine de figurants irakiens pour déboulonner une des milliers de statues du dictateur-superstar, nos oracles officiels y lisent plus que la préfiguration d'un déclin attendu, c'est la Vérité à moitié nue qui se dévoile (protégé par la bannière étoilée du Stars & Stripes), je vous le dis mes frères, erf.
Quoi qu'il en soit, peu m'importe le pétrole dans toute cette affaire, tant que je suis livré en CocaCola.
Il n'y a plus de souci à se faire. Les irakiens vont avoir du travail. Ils n'auront qu'à reconstruire les maisons qu'on leur a désintégrées. Mais quelque chose me dit que les promoteurs immobiliers de Babylone mâcheront le cigare et se l'allumeront avec des billets verts. Si jamais la situation quitte sa sphère de simplicité heureuse, on saura toujours foudroyer le regard de la masse non pensante mais préoccupante en embrasant quelques peuples auxquels ils restent des enfants qui dorment encore avec leur mère, sans songer à la toxicité de l'uranium appauvri, et sans imaginer quelle merveille technologique représente une bombe à fragmentation guidée par le zélé et divin laser satellitaire américain.