La plus belle

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Citation :
Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Ca n'est pas de moi, pour ceux qui ne sauraient pas, et je trouve que c'est un des plus beaux poemes que je n'ai jamais lu
Message roleplay
Citation :
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur le le lit semé de cailloux,

Les jambes en l'ai, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchanlante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comment afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la caracasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

La mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descedait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en petillant;
Ou le grain eût dit que le corps, enfilé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil faché,
Èpiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait laché.

-- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Ètoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les dernièrs sacrements,
Quand bous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vervaine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Charles Beaudelaire

Une Charogne "Les Fleurs du Mal"
Directement inspiré des deux poèmes cités ci-dessus :


Engeance d'un coquelicot

Par la porte délabrée d'une masure cramoisie,
L'oeil se glisse, contemplant ce spectacle d'hérésie
Visage aux yeux mornes d'une carcasse mal défraîchie,
Cherchant d'un regard violé ce Dieu de gâchis.

Imperceptiblement sa peau passée palpite,
Inéxorablement se manifeste le rite.

La vermine entame le pèlerinage de son corps,
Le sanctuaire de ses bubons prêts à éclore.
De ses blessures un flot sans fin d'humeurs s'épanche,
Pour baptiser ces charognards dans leurs revanches.

Pleurésie d'un cadavre momifié par les vers,
Engeance processionnaire d'un résidu larvaire,
Avant de rejoindre les cadavres du tombereau.
Un fossoyeur accablant les stèles de terreau.

Coquelicot, prend racine entre ses cotes décaties,
Bourgeonne de mille feux, d'incandescence s'éveille,
Face tannée par la pluie, exerce un repenti.
De la proie il ne reste que cet éclat vermeil.

Pèj
Citation :
Provient du message de Da Binian
Précisons que ça été écrit par Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Poésies)
Précisons aussi que le Sieur Rimbaud était trafiquant d'armes...
Citation :
Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Il m'avait fait pleurer ce poème, la première fois où je l'ai lu.
C'est sûrement pour ça que je l'aime autant, d'ailleurs.
Merci Seraphel, BlonDin° et Pisan

Moi,
Qui aime
Tiens "Une charogne" ça me rappelle un devoir de français assez désagréable que j'ai jamais eu le courage de faire
( commentaire du poème... j'ai pas été inspiré sur ce coup )
Citation :
Provient du message de Messer
Précisons aussi que le Sieur Rimbaud était trafiquant d'armes...
Rimbaud était drogué, homo à ses heures ( pour l'époque c'était très, très, très mal vu ), trafiquant en tout genre, immature ( il revenait toujours vers sa maman, l'imbécile ), fou, génial.

Bref, un artiste de talent. Mort trop tôt, ou plutôt, selon son désir....

" MERDE A DIEU ! " quoi que je ne suis plus très sûr que ce soit de lui, mais je crois que oui quand même
Citation :
Provient du message de Ulgrim
Rimbaud était drogué, homo à ses heures ( pour l'époque c'était très, très, très mal vu ), trafiquant en tout genre, immature ( il revenait toujours vers sa maman, l'imbécile ), fou, génial.

Bref, un artiste de talent. Mort trop tôt, ou plutôt, selon son désir....
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Qu'est-ce tu veux, ça rend fou de fricoter avec Paul
Réversibilité

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avide!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté;
Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!

Charles Baudelaire - Les fleurs du mal

C'est celui mon préféré.
Citation :
Provient du message de Serafel
Je suis un garcon, mais merci
C'était juste pour la rime à mon avis!
Quoique, dans ton manteau rouge, les cheveux mal (pas?) coiffés, on t'aurais mis une robe, tu avais les allures d'une demoiselle!!
Ou alors, la dame te connait pas, et elle se dit "serafel", c'est une fille ou un travelo...
Bon, apparemment, c'est pas une fille !
Citation :
Provient du message de S@do
Ceux qui ne connaissent pas ça ne vont pas à l'école.
Ou dorment en cours...

Moi, mon préféré c'est "A celle qui est trop gaie" de C. Baudelaire.

Citation :
A celle qui est trop gaie

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !
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