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Le Bastion de la Tempête
Le ranger traversait les vastes plaines des Karana d'un pas rapide, l'oeil et l'oreille en alerte...
Il s'arrêta un instant et contempla les environs... Voilà bien longtemps qu'il n'était passé par là. Jadis il connaissait ces vertes contrées comme nul autre, chaque colline d'herbe n'avait aucun secret pour lui.
Il se souvenait encore de ses virées en solitaire, prenant l'aspect du loup pour ne faire plus qu'un avec la Nature, parcourant des centaines de lieues sans s'arrêter, l'herbe grasse et verte lui chatouillant la douce fourrure ventrale au rythme de la course sans fin.
Mais ce temps était loin maintenant, il n'était plus venu dans ces terres depuis des décennies.
Les loups qu'il connaissait autrefois étaient tous morts depuis fort longtemps et leur louveteaux ne se souvenaient plus de lui.
Les plaines des Karana lui étaient étrangères et il n'était qu'un étranger de plus en leur sein. Même l'herbe était différente. Autrefois d'un vert pur, gorgée d'eau et si grande qu'on pouvait se dissimuler dedans lorsqu'on désirait approcher le gibier sans se faire voir, l'herbe n'était maintenant que de la paille sèche, jaunie par un soleil de plomb.
Voilà fort longtemps que la pluie n'était point tombée en ces terres et la vie mourait peu à peu...
Mais que faisait Karana ? N'était-il pas le Dieu de la tempête et de la pluie ? ne pouvait-il donc pas protéger son royaume du soleil ? Tunare tentait en vein de faire survivre la nature en faisant naître de jeunes pousses d'arbres mais celles-ci se faisaient calciner en quelques jours... Les paisibles herbivores avaient fuit depuis longtemps ces terres arides, certains étant allé trouver la mort prés de Halas et de ses terres gelées par le froid, tandis que d'autres avaient migré vers l'Est, vers les Commonlands où il restait encore de la verdure. Les carnivores, faut de proies, s'étaient alors tourner vers les villes des hommes et les contrées de Qeynos étaient devenues dangereuses. Seul Surefall Glade avait réussi à conserver son petit paradis, protégé par la bienveillance de Tunare et de ses bénédictions.
Le Roi avait raison, il fallait faire quelque chose, il fallait aller voir Karana. C'était la raison de la présence du ranger en ces plaines : contempler les dégâts pour juger de la gravité du problème, après tout on ne dérange pas tous les jours un Dieu pour lui dire qu'il fait mal son travail... Mais les faits étaient là, il fallait quérir Karana pour qu'il rétablisse la situation.
Le ranger reprit sa route mais accéléra l'allure,il ne fallait pas qu'il rate le départ de l'armée.
Lorsqu'il arriva dans le Plan de la Tranquillité, quelques jours plus tard, toute l'armée était là, prête au départ. Il était le dernier des éclaireurs à être rentré. Sans prendre le temps de déposer ses affaires il se dirigea vers la vaste tente du Roi. L'entrée de la tente était flanquée de deux jeunes gardes en armures rutilantes. "Hum, songea le Ranger, encore de nouvelles recrues, nous commençons à être fort nombreux..."
Dans la tente, le Roi et ses conseillers étaient penchés sur plusieurs cartes du plan de Karana. En apercevant le ranger, le Roi releva la tête :
"Ah, Baeandor, nous n'attendions que vous... Alors, pas de changements au sein des Karana ?
Le ranger fit un bref salut et répondit :
- Hélas non Sire, une vaste savane, voilà tout ce qui occupe les Karanas de nos jours...
- La situation est encore plus grave que cela, les Karanas ne sont pas les seules touchées, il n'y a plus que de la paille sèche en guise d'herbe de Qeynos à Freeport et Faydwer commence à être touché également par ces épidémie, malgré les soins de ta déesse.
- J'ai reçu une missive il y a trois jours de la Dame des Archers, me disant qu'il fallait que je rentre au plus vite car l'armée devait bouger en entier pour voir Karana. Je ne comprend pas, pourquoi n'envoyons-nous pas simplement un messager, Karana n'est pas notre ennemi et le laisser venir à lui, n'est-ce pas ?
Un conseiller prit la parole :
- Apparemment Karana a changé, il est devenu hostile et a fortifié son bastion. Ses gardes attaquent quiconque ose franchir ses portes, nous n'avons pas d'autre choix que de nous dégager un chemin jusqu'à lui à l'aide de nos armes.
Le Roi ajouta, un regard triste sur le visage :
- Il est douloureux de devoir affronter les gardes d'un Dieu mais nous n'avons pas le choix.
- Quand partons-nous dans ce cas ? demanda le ranger.
- En fin d'après-midi, lorsque le soleil sera moins agressif... Vas te changer et te reposer, tu en auras besoin..."
Le ranger salua le Roi et ses conseillers et sortit de la tente pour se diriger vers le quartier général des rangers.
La tente des rangers, fidèle à la coutume avait été dressée un peu à l'écart du campement... Les rangers étaient des solitaires et ne parvenaient jamais vraiment à se fondre dans la masse de l'armée. Quand il entra dans la tente, la Dame des Archers l'accueillit :
"Baeandor ! Comment fut ton voyage ? Moins démoralisant que le notre j'espère...
- Hélas non, les seules plantes qui parviennent à survivre actuellement dans les Karanas sont les algues, et je n'en suis pas sûr, je ne suis pas allé vérifier... Le Roi m'a dit que Faydwer commençait à être touché lui aussi ?
- J'en ai bien peur. Je suis parti voir les Haut-Elfes de Felwithe pendant que Siclayn allait voir les Elfes des Bois de Kelethin. A Felwith il n'y a déjà plus d'herbe, quant à Kelethin il n'y en a plus dès qu'on s'écarte de plus de cinq lieues de la cité. Rictell est allé jusqu'à Ak'Anon et la situation est la même. Narvalo est rentré hier de son voyage de Kunark, apparemment ce continent n'est pas encore touché...
- Où est Siclayn, a-t-il tenté de communiquer avec karana ?
- Je ne lui ai pas demandé mais il parait bien sombre ces jours-ci... Il doit être dehors, en train de tailler des flèches, tu devrais aller lui parler..."
Le ranger, après avoir déposé son arc, ses deux épées courtes et son sac, ressortit de la tente et aperçut Siclayn, assis sur une large pierre à quelques mètres de là. Sans lever les yeux de l'encoche qu'il était en train de tailler, il dit doucement :
"Alors Seigneur Baeandor, les Karanas sont toujours jaunies par le soleil ? Melva t'a mis au courant de la situation à Faydwer ?
- Les Karanas sont toujours desséchées et Melva m'a mis au courant. As-tu tenté de communiquer avec Karana dernièrement ?"
Le ranger releva alors les yeux de sa tâche. Il semblait avoir pris des années depuis leur dernière rencontre, qui ne datait pourtant que de quelques semaines auparavant. Son regard était vide et triste, résigné.
"Il ne me répond plus. Je crois qu'Il ne m'écoute même plus. Je suis entré dans son bastion pour comprendre mais ses gardes ne m'ont pas laissé passer et m'ont laissé pour mort à l'entrée... J'ai l'impression de n'être plus qu'une écorce vide sans Sa présence Bae... Auparavant il me répondait dès que j'avais besoin de lui, maintenant j'ai presque du mal à lancer mes sorts. Je suis de plus en plus épuisé à chaque fois que je fais appel à la magie. J'ai peur qu'Il ne Lui soit arrivé quelque chose, je ne serai rassuré que lorsque nous serons en Sa présence.
- J'espère que nous parviendrons à le ramener à la raison avant que la nature soit complètement morte. Je vais me reposer quelques heures avant que le départ ne soit donné. Tu devrais te reposer aussi Siclayn, tu parais fatigué..."
Le vieux ranger poussa un soupir et se replongea dans son travail, tandis que le plus jeune retournait vers la tente...
Un léger chatouillement réveilla le ranger. Deux fourmis qui faisaient la course sur son bras. L'esprit encore embrumé il se leva. Un léger vertige l'obligea à s'appuyer contre l'arbre qui l'avait protégé durant son sommeil. L'armée se préparait, il était temps de partir. Nul besoin de lever le camp, des gardes resteront là le temps que l'armée revienne. Le bastion de Karana n'était pas loin et même si ses gardes étaient des colosses aux puissants pouvoirs, ils devraient être de retour au petit matin...
La large porte était à la fois imposante et terrifiante. La plupart d'entre eux étaient déjà entré dans ce bastion mais jamais en sachant qu'ils pourraient y trouver la mort, ce qui était le cas cette fois-ci. Les deux titans de l'esprit de la terre qui gardaient l'entrée étaient morts sous le premier assaut, sans infliger de trop lourds dégâts au sein de l'armée, ce qui avait rassuré les coeurs les plus apeurés... Le Roi leva son bâton et la troupe s'ébranla, le suivant dans la forteresse.
La peur au ventre, le ranger suivit les autres, en arrière garde.
Un silence les pénétra soudain, un silence angoissant, faisant croire à un lieu maudit ou abandonné... Seul le cliquetis des armes et des armures et le claquement des sabots se faisaient entendre. On sentait parfois un léger tremblement dans le sol, signe que des gardes titans déambulaient non loin, mais pas un seul bruit ne pouvait se faire entendre...
La troupe se mit alors en marche, vers la salle du trône du Dieu. Mais au bout de quelques mètres la première embuscade se resserrait sur eux. Les titans n'étaient qu'une poignée mais leur force colossale provoqua de nombreux remous dans l'armée. L'un des géants était un initié de la magie et à lui seul provoqua de nombreux morts au sein des rangs. Tant de morts et si peu de distance parcourue.
"Sire, nous devrions faire une halte le temps de quémander l'aide d'Erollisi pour soigner les blessés et ressusciter les morts, proposa un conseiller au Roi.
- Non, si nous faisons une pause à chacune des embuscades nous arriverons devant Karana avec des cheveux blancs, lui répondit le Roi.
- Messire, chanta un barde, vous avez déjà les cheveux blancs !"
Sa remarque fit rire l'armée excepté les plus jeunes, le ventre trop noué pour pouvoir rire.
"Grmblbmlbl, marmonna le Roi, disons que j'aimerai arriver devant Karana avant de mourir de vieillesse...
- Mourir de vieillesse ? pour un Haut-Elfe ? ajouta le barde.
- Humpf... bon, continuons, nous rirons lorsque nous serons de retour au campement... Nous ferons une pause à la Cour Intérieur de la forteresse, nous y serons dans quelques heures. En attendant chargez les blessés et les morts sur les chevaux des valides..."
Après plusieurs heures de marche et de combats acharnés la troupe arriva à la Cour Intérieure. Les pertes étaient grandes et les clercs se mirent immédiatement au travail en invoquant la clémence d'Erollisi... Les magiciens et les archers se mirent à circuler dans les rangs en distribuant des flèches.
Baeandor tendit un fagot de flèches à un jeune rogue :
"Je... je... je ne sais pas me servir d'un arc, mais j'excelle à l'épée, lui bredouilla celui-ci.
- Je n'en doute pas mais soit tu apprends à lancer ces flèches à la main pour espérer survivre, soit tu te fais immédiatement convertir au culte d'Erollisi pour qu'elle t'empêche de te faire tuer. Nous allons affronter les généraux de Karana et leur puissance n'a rien d'une légende, si tu te trouves à portée de leur main tu es un rogue mort. Alors ne fais pas l'idiot et prends ces flèches..."
Le rogue soupira et attrapa les flèches, se demandant ce qu'il en ferait en plein combat...
Une fois l'armée remise debout par la puissance des soigneurs, le Roi énonça les directives du combat qui s'annonçait. Les deux généraux de Karana étaient des immenses colosses comparés aux autres titans de la forteresse et nul ne devait les approcher mais rester hors de portée. Seul les guerriers les plus téméraires devraient les occuper pendant que les soigneurs panseraient leurs blessures. Quoiqu'il en soit le combat sera difficile. Après une dernière bénédiction à l'attention de ses troupes, le Roi posa ses mains sur le globe en pierre au centre de la cour et disparut.
Les guerriers firent alors de même et tous disparurent alors après avoir touché le globe.
Le ranger apparut au centre d'une immense arène flanquée de quatre portails magique déversant des titans de feu en continu.
Les murs de brique étaient rouge comme le feu et le sol brûlait sous ses pieds. Tout autour de l'arène de la lave en fusion clapotait, brûlant les inconscients s'approchant trop prés du bord. Le rugissement des géants était tonitruant. Sur un côté le général de Karana tapait furieusement sur l'un des plus puissants guerriers du Roi qui, malgré son courage et sa puissance, ne pouvait s'empêcher de fléchir un peu plus sous les coups de poing. Heureusement les soigneurs étaient là pour le secourir.
A l'autre bout de la salle l'air se mit à chauffer et à crépiter tandis que les mages et les sorciers attiraient à eux le maximum de puissance magique. Une volée de boule de glace et de poison surgit de leurs mains et vint s'écraser sur l'un des portails qui explosa dans mille gerbes de feu. L'air crépita ainsi quatre fois avant que les portails ne soient tous anéantis tandis que l'armée s'acharnait à tuer les géants qui étaient apparus. Le ranger avait vite cessé de regarder le combat autour de lui et avait saisi son arc pour rejoindre les archers. Des volées de flèches allaient s'écraser contre le général, parfois accompagnées de nuages de glace lancés par les adeptes des arcanes... Certains soigneurs étaient tombés sous les coups du général, obligés de trop s'approcher du guerrier pour le soigner et celui-ci semblait au bout de ses forces et paraissait seulement vouloir se protéger sous son immense bouclier.
Soudain, le général se redressa, poussa un hurlement et s'écrasa de tout son long, tandis que les hommes se dispersaient pour ne pas se faire écraser par sa chute. Le premier général était tombé, il n'en restait plus qu'un. Et les hommes étaient épuisés...
Le Roi ordonna une pause d'une heure pour soigner tout le monde et pour se reposer, du moins s'il était possible de se reposer dans une chaleur pareille... Le ranger se remit à confectionner des flèches et repassa dans les rangs pour les distribuer. C'est alors qu'il aperçut, à l'autre bout de la salle, un elfe des bois qui attendait. Il ne faisait pas partie de l'armée et il ne faisait qu'attendre, assis en tailleur. L'archer ne chercha pas à comprendre et passa plutôt les dernières minutes de tranquillité à retendre la corde de son arc.
Le Roi se releva alors et ses généraux rassemblèrent les troupes et bientôt tous furent rassemblés autour de l'elfe inconnu. A leur approche, celui-ci demanda :
"Etes-vous ici pour restaurer la paix au sein des terres ?
- Oui, répondit le Roi, nous désirons voir le Dieu Karana pour qu'il fasse quelque chose pour ses contrées, la nature se meurt sans sa protection.
- Hélas, soupira l'Elfe, Karana ne pourra pas vous aider, vous ne pourrez même pas le voir.
- Comment ? tous ces morts pour rien ? mais où est-il donc ?
- Oh, il est là, mais il est retenu captif par un autre Dieu, Agnarr le Dieu de la Tempète. Nul ne sait d'où il vient mais il a jeté à bas Karana, l'a enfermé et a prit son apparence. Maintenant il contrôle les géants du bastion et n'a que faire du monde d'en bas, si bien que les terres sont en train de dépérir. Si vous voulez vraiment faire quelque chose il faudra tuer Agnarr, vous n'avez pas d'autre choix..."
L'armée murmura... Tuer un Dieu, et celui qui avait vaincu Karana, n'allaient-ils pas au devant de la mort sans espoir ?
"Très bien dit le Roi, nous tacherons de restaurer l'ordre alors, mènes nous à Agnarr si tu connais le chemin je te prie...
- Je ne peux que vous mener à son premier général, lui seul à les clefs de la salle du trône."
L'Elfe écarta les bras, entonna une chanson elfique et toute l'armée disparut d'un coup.
La vague de froid fit grelotter le ranger lorsqu'ils arrivèrent dans une seconde arène semblant flotter dans les cieux. Le ranger jeta un coup d'oeil par-dessus le bord mais se recula précipitamment : il n'y avait rien en dessous. Lui qui était un adorateur de la Déesse de la Terre, c'était un peu difficile à supporter cette sensation de se trouver dans le néant. Mais l'heure n'était pas à la curiosité, déjà le combat avait débuté, semblable au précédent. Le général avait invoqué des tempêtes de glace qui tourbillonnaient au sein des combattants tandis que les sorciers s'évertuaient de détruire les portails déversant des géants du froid. Le ranger réagit plus vite que la première fois et bientôt la corde de son arc se mis à claquer en cadence tandis que les flèches allaient percuter le général, insensible à ces petites piqûres. L'armée était-elle plus puissante contre un géant de glace qu'un géant de feu ? Etait-ce le fait de savoir qu'un Dieu était captif ? En tout cas le combat fut beaucoup plus court que le précédent et lorsque la terre trembla sous la chute du général, le ranger se demanda si ce tremblement ne ferait pas s'écrouler cette plate-forme voltigeant dans le vide.
Au centre de l'arène un podium s'élevait avec une tempête de comètes en son centre. Le Roi pressa ses troupes et se plaça au centre de la tempête. Une fois qu'il disparut ses soldats firent de même et bientôt il ne resta plus personne dans la seconde arène.
Le ranger se retrouva en bas d'un escalier, à l'entrée d'une troisième arène, encore plus grande que les précédentes. A l'autre bout de l'arène Agnarr attendait, un rictus déformant son divin visage aux traits de Karana. Siclayn, les phalanges crispées sur son arc et prêt à décocher la première flèche, contemplait celui qui avait usurpé le trône de son Dieu.
Autour de Agnarr d'immenses typhons tourbillonnaient et ses gardes d'élite semblaient prêt à désosser le premier téméraire qui tenterait de toucher au Dieu.
Mais la peur avait disparut des coeurs, ne subsistait que la rage et lorsque le Roi lança l'assaut, nul guerrier ne faiblit et en une seule vague se ruèrent sur les gardes d'élite.
De nouveau, les sorciers et les mages détruisirent les portails mais l'un d'entre eux semblait indestructible. Pendant ce temps les soldats avaient commencé à affronter les gardes d'élite tandis que le plus puissant guerrier du Roi tentait d'esquiver les coups d'Agnarr... Combien de temps dura le combat ? Une seconde ? Une heure ? Une éternité ? Nul ne sait vraiment, chacun avait prit le rythme. Le ranger avait les doigts douloureux à force de décocher flèche sur flèche, les adeptes des arcanes devaient s'appuyer de temps en temps contre un mur pour récupérer un peu de force. Les plus faible s'étaient écroulés d'épuisement sur leur cheval. Le guerrier qui s'occupait d'Agnarr était mort depuis longtemps, puis avait été ressuscité grâce à une bénédiction des clercs, puis était mort de nouveau. Combien de fois était-il tombé sous les coups du Dieu ? trop de fois probablement.
Mais les gardes d'élite d'Agnarr étaient tous tombés un à un et le Dieu lui même semblait avoir de plus en plus de mal à asséner ses coups titanesques sur les guerriers.
La torpeur gagna l'archer. L'instant n'était qu'une longue vibration semblant venir de la corde de leur arc, tandis que les flèches semblaient s'envoler seules vers le Dieu.
Lorsque le Dieu se mit à hurler, le ranger sortit d'un coup de sa langueur, tel un réveil en sursaut. Le Dieu tituba, chancela et s'écroula. Au moment où il toucha le sol son corps disparut dans un dernier coup de vent. L'usurpateur était tombé.
Les hommes s'écroulèrent alors, de joie ou de fatigue, pour la plupart des deux. Ils ne virent approcher Karana que lorsqu'il fut à deux pas deux, immense et resplendissant et pourtant si semblable à Agnarr. Seul son regard était différent. Ses dieux gris et profonds ne jetaient pas des éclairs, ne semblaient pas vouloir transpercer leur cible.
Le Dieu leva son sceptre et un nuage de paix s'abattit sur les soldats qui virent leur énergie rejaillir peu à peu. Alors le Dieu disparut dans un nuage tandis qu'un "Merci" résonnait encore au sein de l'arène.
Dehors et partout sur Norath, la pluie se mit à tomber.
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